18/11/2020
"COMMENT VAINCRE LA TENTATION ?" PAR JEAN-BAPTISTE DEFAILLES
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« COMMENT VAINCRE LA TENTATION ? »
On distingue deux sortes de tentation : l'épreuve qui est une douleur que Dieu nous envoie pour nous permettre de Lui prouver notre foi et notre confiance en Lui (ainsi, Dieu éprouve la patience de Job et la foi d'Abraham) et l'excitation au mal par laquelle le démon tente de nous faire chuter.
Avant tout nous devons souligner qu'aucun être humain n'en a été dispensé : ainsi Dieu a éprouvé la foi de Marie et de saint Joseph, et le diable a tenté Jésus dans le désert. D'autre part nous pouvons relativiser leur aspect négatif : plutôt qu'un obstacle insurmontable à la grâce, c'est un moyen pour nous de travailler notre humilité et notre confiance en Dieu.
« Il faut que vous soyez affligés par diverses tentations, afin que votre foi ainsi éprouvée... se trouve digne de louange, d'honneur et de gloire, à l'avènement glorieux de Jésus-Christ. » (Pierre, I, 6, 7)
Qu'est-ce que la tentation ?
La tentation comme excitation au mal nous intéresse au plus haut point car elle intervient constamment dans notre vie : dès que nous posons un acte, nous choisissons entre le bien et le mal ! Les moralistes lui donnent généralement trois principales causes : le démon, qui agit sur notre imagination et notre sensualité, les autres pécheurs qui tentent de nous entraîner par la peur ou la séduction, et enfin notre propre concupiscence. La tentation en elle-même n'est pas un péché (Jésus lui-même a été tenté), le péché consistant dans l'acceptation consciente et volontaire du mal et se concrétisant par un acte, qu'il soit intellectuel ou physique.
« D'abord une simple pensée s'offre à l'esprit, puis une vive image que se forme l'imagination, ensuite le plaisir et le mouvement déréglé, et enfin le consentement. Ainsi l'ennemi entre peu à peu dans l'âme, lorsqu'on ne le repousse pas dès le commencement. » (Imitation de Jésus-Christ, I, XIII, 5)
En effet la tentation suit trois phases : la suggestion tout d'abord qui est non peccamineuse parce qu'involontaire, puis la délectation et le consentement qui sont coupables car ils mettent en jeu la liberté du sujet. Tout péché est imputable à l'homme car il dispose tout d'abord de sa volonté qui lui permet de refuser une proposition que sa raison a jugé mauvaise, et d'autre part Dieu nous envoie sa grâce pour nous aider à surmonter l'épreuve, et il est de foi que Dieu ne nous tente jamais au dessus de nos forces.
Pourquoi la tentation ?
On peut évidemment se demander pourquoi Dieu permet la tentation puisqu'elle entraîne tant d'hommes en Enfer ! Pour répondre à cette question, nous mettrons en évidence le fait que par la tentation, Dieu augmente sa gloire et nous permet de nous sanctifier.
En effet la tentation procure la gloire de Dieu car elle manifeste sa puissance (ce n'est que par Lui que l'homme peut se sauver) et sa justice car c'est d'après nos actes que Dieu nous jugera.
D'autre part, elle contribue à notre sanctification car elle met en valeur notre faiblesse : quand on regarde son péché, on voit l'humanité dans toute sa réalité, misérable, de plus elle nous attache à Dieu car en même temps qu'elle nous humilie, elle nous invite à demander le secours de Dieu, elle nous purifie car elle est une pénitence très méritoire, elle nous perfectionne dans la vertu car on ne surmonte la tentation qu'en travaillant la vertu, et elle nous forme à la lutte spirituelle car elle nous éclaire sur les ruses du tentateur.
Enfin la tentation nous permet d'acquérir du mérite, et ainsi une récompense. Comme le rappelle la formule « o felix culpa » (« ô heureuse faute »), c'est grâce à la faute d'Adam et Eve que Jésus s'est incarné pour racheter le péché des hommes, et c'est par la tentation que nous méritons le ciel. C'est ce qui fait la dignité de l'homme : l'homme est libre de ses actes, contrairement à l'animal qui obéit à son instinct, et par là il peut choisir son bonheur ou sa perte. C'est un don de Dieu car sans la liberté, nous n'aurions aucun mérite à aller au Ciel ! Cela nous ramène à la parabole du coureur de stade de Saint Paul. En un siècle où le relâchement des mœurs est prôné, la vertu de force, indissociable de la virilité, tend à disparaître, et nous pouvons nous féliciter d'avoir une occasion quotidienne de nous dominer.
« J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. Il me reste à attendre la couronne de justice qui m'est réservée, et que le Seigneur, juge, me rendra en ce jour. » (II Tim., IV, 7, 8)
Comment vaincre la tentation ?
Il y a tout d'abord des moyens généraux : en suivant l'adage « qui n'avance pas recule », nous pouvons dire que c'est en pratiquant la vertu que l'on prévient les chutes prochaines. En premier lieu la pratique de l'humilité est indispensable, car elle nous permet de mettre notre confiance non en l'homme mais en Dieu, puis la prière fréquente et la fuite de l'oisiveté qui réduit les moments de tentation.
D'autre part il y a des moyens particuliers : la connaissance de son défaut dominant, par exemple, est indispensable car elle permet de se préparer à lutter contre les tentations les plus fréquentes. Mais il y a surtout une attitude à prendre durant les différentes phases de la tentation.
Avant la tentation, il faut fuir les occasions de péché, et contre les péchés de la chair, il faut s'appliquer à dominer la chair : le jeûne et le sacrifice sont autant de moyens d'acquérir une maîtrise de son corps. C'est avant la tentation que l'on prépare le combat, aussi ce moment de calme est-il essentiellement voué à sa préparation.
Pendant la tentation, la fuite s'impose, ainsi que la prière.
Après la tentation, si on a chuté, c'est l'occasion de se repentir et de s'humilier, et surtout de tirer les conséquences de la chute, de façon à ne plus se laisser posséder... Ainsi la chute ne doit pas être regardée comme une fatalité mais comme un tremplin : c'est par l'erreur que nous apprenons à lutter contre et que nous nous fortifions.
Avant de conclure, rappelons que Dieu ne permet le mal que pour en tirer un bien plus grand encore. Si la chute est un mal en soi, elle peut être l'occasion pour un homme de bonne volonté de s'ouvrir à la Grâce par l'humilité et le repentir, et de s'ouvrir à l'espérance par la foi en la miséricorde. Bien sûr il ne faut pas négliger la vertu (on ne se moque pas de Dieu), mais il est nécessaire de rappeler, contre le pharisaïsme des fanatiques de la vertu qui se glorifient dans la vertu dont ils font une fin, que nous ne serons pas jugés selon une comptabilité des bonnes et des mauvaises actions mais sur notre désir de Dieu. Evidemment on ne peut prétendre L'aimer qu'en accomplissant Sa volonté, mais la vertu n'est que le moyen de se disposer à aimer Dieu par la grâce. Ainsi la religion ne doit pas être perçue comme une série d'interdits mais comme la quête du Bien Absolu, dont les péchés sont autant de privations : il n'est qu'une manière d'être victorieux des chutes, c'est de vouloir être heureux et de se persuader que notre bonheur est incompatible avec le péché car il nous prive de Dieu.
En permettant les chutes, Dieu nous invite à Lui faire confiance et à renoncer à cette quête stérile de la vertu sans charité qui n'est que le cache-sexe de l'orgueil.
En conclusion, nous ferons nôtre la paradoxale maxime du cardinal Mercier « Dieu ne nous a pas demandé de vaincre, mais de combattre » éclairée par l'invitation de Sainte Jeanne d'Arc « combattez et Dieu vous donnera la victoire ». COURAGE !
© Jean-Baptiste DEFAILLES, le 11 janvier 2010, pour LTC.
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