29/05/2012
« UNE BUSE ECLAIREUSE ME MONTRE LE CHEMIN. »
© Photo ci-dessus : pagesperso-orange.fr
Voici venu le temps des moissons !
Ô belle contrée fécondée par la Semeuse aux quatre points cardinaux
La faux et la batteuse achèvent la récolte du fruit de tes entrailles, en cette fin de juillet prometteuse
Par ailleurs, la charrue façonne une terre repue de fertilité qui a tout donné
Combien de roues de paille déferlent des pentes vallonneuses de Gorze la mosellane ?
Territoire d’alternance baigné de soleil et inondé de pluies diluviennes
Œil divin, rayonnant, perçant l’horizon bleuté
Chaleureux guide réveillant les sens permis, léchant le cheminement d’une folle randonnée
Je suis à la fois en campagne et à l’orée du moi
© Photo ci-dessus : http://www.etymologie-occitane.fr/2011/06/abes-abet/
Escorté par une buse, aux cris rassurants, à la recherche d’une proie…
Je respire à pleins poumons, à deux doigts de l’émoi
Mêlé aux champignons, sous lesquels chantent les elfes, aux bouquets de fleurs épars
Le chardon, symbole de la Lorraine, montre fièrement ses couronnes naissantes ou écloses
Le chardon chante une ode dédiée à Otto de Habsbourg
Des clochettes violettes recouvrent par transparence des fées au regard malicieux
Coquelicots et fruits indomptés rougissent de timidité à mon passage
Boutons et étoiles, dorés ou mauves, parsèment un sublime tapis de nature byzantine
Ronces gonflées de mûres charnues et juteuses
Orties, arbrisseaux, feuillages rebelles rampants, touffes d’herbes,
Cailloux ruisselants dans les coulées de boues figées
Mon épopée sauvage et glorieuse me conduit, me perd, volontairement, dans le monde des animaux, au cœur de la Grande Feuillue, loin des petits hommes et de leurs villes maudites, oppressantes et stériles
Recul nécessaire à une parfaite reconstitution intérieure et donc extérieure
Feu de Dieu sur cette vallée chevelue où règne l’espoir
Enfin, je peux m’élever, grimper sur mon Solutré, consacré à Saint-Belin, ma source du Bonheur
Laissant derrière moi quelques tâches de paysage, le terroir gras de Lorraine, où paissent de magnifiques bovins, qui semblent convoiter du regard les rouleaux blonds dévalant les collines avoisinantes
Nous sommes sur la route du lait…
© Photo ci-dessus : http://www.cartesfrance.fr/carte-france-ville/57254_Gorze.html
Ici, je suis déjà né dans une autre vie
Ici se trouve mon destin d’homme de la glaise
Au milieu des paysans qui façonnent les étendues chocolatées, domestiquées du Grand Est, à grands coups de fourchette géante
Au milieu des bûcherons, coiffeurs de l’Antre : la Croix aux-loups
Je caresse ma Terre Promise, couchée telle une belle soumise
Le mouvement perpétuel de ma vie s’arrête, je fais le point
Puis le vent m’entraîne, me pousse vers l’avant
Je suis le papillon cherchant toujours plus de lumière
La descendance me suit, attentive, elle se réfugiera bientôt dans ce temple de verdure préservé, afin de retrouver la paix
Je lui apprends à respecter ce dédale de survie, d’amour infinie
Sur les traces de nos guerriers ancêtres résonne la quête identitaire
Si le sanglier ne se montre pas aujourd’hui, par contre, une biche gracieuse nous rend hommage sans fuir
Pas gaillards, clairière isolée, nous fusionnons avec les esprits de nos Pères
A l’ombre de chênes-cathédrales, séculaires, et au milieu d’autres rois de la Toison Sylvaine, je rends Justice à notre plus longue mémoire, tel un Saint-Louis conservateur ; tandis que passe une limace rouge-orangé étirant, majestueusement, à mes pieds son temps unique
Je n’ai vraiment rien à faire du monde de la consommation, puisque je suis pourvu d’un sixième sens : ma Terre de Gorze !
Je m’étire un instant, allongé sur une bute, demeure d’éternité, où je peux m’assoupir - après une petite collation bien méritée - « Les quatre fils Aymon » pour gardiens d’un songe où je refais le monde…
© Jean Dorval, le 24/07/07, pour LTC Poésie.
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