19/09/2009
LUNEVILLE : LE CHATEAU DES LUMIERES SORT PETIT A PETIT DE L’OMBRE…
© Photo ci-dessus : les ruines encore fumantes du Château des Lumières chateaudeslumieres.com
Un véritable deuil national s’est abattu sur la Lorraine dans la nuit du 02 au 03 janvier 2003. "Le petit Versailles Lorrain" (le Château de Lunéville construit en 1703 par l’architecte français Germain Boffrand), comme l’appelait Voltaire (qui y a longtemps séjourné), partait en fumée avec toutes ses collections (faïences, tapisseries, etc.), suite à un gigantesque incendie. Et comble du désespoir, les vents forts du moment s’acharnaient à rendre plus virulentes les flammes, réduisant ainsi les pompiers à l’impuissance face à la catastrophe.
Ce grand incendie a démarré dans la partie du château appartenant au Conseil Général. Il ravagea deux tiers des parties appartenant au Ministère de la Défense, deux tiers des appartements princiers, un tiers des bâtiments du Conseil Général, toute la toiture de l'aile sud-est et la chapelle royale. Les toits en s'effondrant ont provoqué l'éboulement d'importants éléments de maçonnerie.
Des mesures de première urgence prises dès 2003 ont visé à assurer la sécurité des visiteurs, pour un coût de 3 millions d'euros. En 2004, débuta une étude pour la restauration du château, sous le patronage de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques (qui assure la maîtrise d'œuvre) Pierre-Yves Caillault. Les travaux ont été financés par le Ministère de la Défense et le Conseil Général de Meurthe-et-Moselle (grâce au versement de subventions, d’assurances, de crédits européens… et de dons de particuliers). Précédemment, six incendies majeurs ont déjà causés de graves dégâts au Château (1719, 1744, 1755, 1814, 1849 et 1961).
ACTUELLEMENT, LE PLUS GRAND CHANTIER DE RESTAURATION PATRIMONIALE D’EUROPE !
Les Autorités ont de suite très bien réagi en injectant 100 millions d’Euros pour restaurer ce patrimoine unique réduit en cendres. Cette campagne va durer près de 15 ans… La chapelle ducale reste un chantier prioritaire qui a mobilisé, il y a 5 ans déjà, près d’une vingtaine d’artisans spécialisés. Sa façade en vitraux, datant du 18ème siècle, un véritable chef-d’œuvre, comprenait à l’intérieur une vingtaine de vitraux et en tout 150 panneaux. Ces verres d’exception à la facture particulière, fabriqués traditionnellement, ont été restitués à l’identique. Selon Pierre-Yves Caillault "Tout est dans les petits détails, on procède comme un archéologue à un travail de reconstitution sur plans d’archives, photos, etc." (in l’émission "Des Racines et des Ailes", sur France 3 le 16/09/09). Le verre doit être translucide, avoir un miroitement, une planéité, comprendre des bulles et des cordes, ce qui prouve qu’il n’est pas fabriqué industriellement, mais manuellement. Il y aussi une recherche d’harmonie dans la réutilisation de ce verre blanc. Une « couleur » utilisée entre le 16ème siècle et le 17ème siècle qui permettait de mettre en valeur la lecture de la liturgie, notamment celle du Missel. Ce savoir-faire ancestral, qui se transmet de génération en génération, Pierre-Yves Caillault est allé le chercher chez les Maîtres Verriers de l’ancienne Abbaye Saint-Just-sur-Loire.
© Photo ci-dessus : chateaudeslumieres.com
Sur la couverture d'ardoise, des épis de faîtages dorés à la feuille d'or rehaussent avec fierté un ouvrage exceptionnel.
La menuiserie, quant à elle, a aussi été refaite selon les règles de l’art et la tradition séculaire. De véritables artistes du bois ont sculpté ici bas poutres maîtresses et autres éléments de charpente. Les tailleurs de pierre, qui viennent de Remiremont dans les Vosges, ne sont pas restés sur la touche. Ils ont extrait, une à une, les pierres malades (souvent rougies suite au léchage des flammes ou fragilisées suite à leur arrosage continu pour éteindre l’incendie) pour les remplacer avec une patience à toute épreuve. Un des Maître Tailleur indique "celui qui commence le remplacement d’une pierre termine son travail jusqu’au bout. C’est une question d’honneur, un repère, une preuve que nous avons été à l’ouvrage." Par la même, les Maîtres Doreurs qui ont œuvré sur les gardes-corps, les balcons, etc. ont fait un travail qui n’a pas changé depuis des siècles. La feuille d’or est préparée sur coussin à dorer, posée au peigne fin et fignolée au pinceau. Les Établissements Gohard, des Maîtres Doreurs qui travaillent dans le monde entier (sur la Statue de la Liberté à New-York, en Iran, au Château de Versailles, etc.), savent épouser amoureusement la matière, recouvrir délicatement les objets. Un métier où il faut savoir garder "le fripé" des formes et penser à ne pas oublier de "feuiller" jusqu’aux creux, afin d’éviter les ombres qui se voient souvent de loin. La chapelle petit à petit a retrouvé son allure ducale … euh royale, dès février 2009. A ce jour, la moitié de l’aile incendiée est restaurée et l’aile sud a perdu ses échafaudages. Il reste encore 4 ans de travail minimum, 10 ans en tout ! Le jardin à la française n’a pas été oublié. Il voit ses allées redessinées et les plantations à la bonne saison s’épanouir à foison.
Dix pots à feu, finement sculptés, ornent la balustrade.
TEL UN PHOENIX, LE CHÂTEAU DES LUMIÈRES DE LUNÉVILLE, EST RENÉ DE SES CENDRES
De nombreux corps de métiers, de haut niveau, ont donc participé à la Renaissance du Château des Lumières. Elle fait la fierté de Pierre-Yves Caillault et de son équipe d’artisans chevronnés. Les premiers travaux achevés sont conformes à qu’était le Château. Lunéville respire à nouveau. Tous ces hommes d’honneur, qui ont toute la Lorraine derrière eux, s’y étaient engagés. Ils ont tenu parole ! L’ouvrage est de nouveau lumineux à souhait et surtout majestueux. Cela a de nouveau de la gueule ! Du haut du Ciel, ce vieux Stanislas et son fameux Nain ne doivent pas en croire leurs yeux. Tous les travaux côté jardins sont terminés, il ne reste plus qu’à achever ceux situés côté cour. Alors à vos bons cœurs Mesdames et Messieurs ! J’invite, tous ceux qui le peuvent, à faire des dons sans compter !
© Jean Dorval, le 16 septembre 2009, pour LTC Patrimoine.
In<FOS+ :
Le site du Château des Lumières : chateaudeslumieres.com
Devenir co-reconstructeur (appel aux dons) : chateaudeslumieres.com
Sources infos : wiki/Château de Lunéville
15:24 Publié dans LTC GRANDS REPORTAGES | Lien permanent | Tags : luneville : le chateau des lumieres sort petit à petit de l’ombr, le château de lunéville, lunéville, lorraine, meurthe-et-moselle, la plus grand chantier de restauration d'europe, appel aux dons, stanislas, le nain de stanislas, jean dorval pour ltc patrimoine | Facebook |