31/05/2012
LES BEST OF JD : « PARIS BERCY : DEPECHE EN MODE LIVE. »
Voici ce que j’écrivais sur les DM lors de leur tournée française de 2006…
En cette froide soirée d’hiver, du 23 février 2006, la foule des spectateurs s’égrène lentement, vers le « POPB » (comprenez le Palais Omnisports de Paris Bercy) ; véritable joyau lumineux, vert émeraude. Au menu : Depeche Mode ! Après 25 ans de carrière, 11 albums studio et plus de 50 millions d'albums vendus, ce groupe anglais, originaire de Basildon, fondé à la fin des années 70 - véritable mythe vivant - pionnier de l’électro-pop, depuis les années 80, revient dans les bacs, dès août 2005, avec le single Precious ; et en octobre de la même année, avec son tout nouveau chef d'œuvre : Playing the Angel.
UN POPB POUR DM, SINON RIEN !
En première partie, le groupe new-yorkais The Bravery, propose trois bons quarts d’heure d’un savant cocktail, qui selon les Inrockruptibles oscille entre « le sens mélodique des Strokes, la noirceur d’Interpol, la puissance sonique des Rapture. Les Bravery ont réussi à créer un hybride parfait qui connaît aussi bien la violence sourde de Joy Division que la pop dansante de New Order et des Cure (avec quelques accents des Ramones, ndlr). »
Le « Touring the angel 2005-2006 » (une des plus importantes tournées de DM) a débuté en novembre dernier, en Floride, puis s’est étendu au reste des Etats-Unis d’Amérique. Les trois premières dates européennes furent réservées à l’Allemagne, pour une apogée hexagonale au POPB, du 21 au 23 février 2006… La suite de l’aventure se poursuivra en Scandinavie et en Europe de l’Est… Dave Gahan, Martin L. Gore et Andrew Fletcher ont joué, trois jours durant, à « guichet fermé » ; devant près de 54°000 fans parisiens ! (la capacité par représentation étant d’environ 18.000 places) En « live », jusqu'en août prochain, nos vétérans anglais de la new-wave, encore très populaires, restent une véritable machine de guerre scénique. Ils ont communié avec un public en transe. Comme U2, les DM sont les seuls à savoir assurer un vrai spectacle, en même temps, qu’un concert de rock. Toujours à la recherche d’innovations techniques et de musicalités venues d’ailleurs, ils conjuguent le contraste et le transforment en harmonie. Leur son chaloupé, entrecoupé de saccades synthétiques, provoque les mouvements du corps. Un son live, grave, strié d’aigus, qui ne laisse pas indifférent.
Au commencement du show, la sensation d’un tremblement de terre, rythmée de sons extra-terrestres, tétanise toute la structure du POPB. Puis, le groupe débarque, devant ses milliers de fans déchaînés, dans un mélange de lumières tamisées et stridentes, sur la chanson « a pain that i’m used to ». Ce concert est un savant mélange de chansons, des anciens albums et du plus récent (marqué par le divorce de Gore, sans que le résultat ne soit « particulièrement déprimant » selon l'intéressé). Le jeu de scène reste volontairement futuriste, pure fiction, voyage dans le temps, une recherche constante de l’originalité. C’est une légende synthétique, un univers psycho-punk, où les synthétiseurs sont de gros vaisseaux sur pattes, servant d’ancrage à des rangés de spots très actifs. Sur le côté gauche de la scène, une grosse tête de robot, rondelette à souhait, se fait l’écho d’écrans géants centraux, alternativement divisés en une mosaïque disparate de formes, de symboles (dont la présence incontournable de la Sainte-Croix) et de dessins au trait ; donnant un supplément d’âme aux chansons. La palette des couleurs brasse des tons chauds (violet, bleu, vert, rouge et blanc). En arrière de scène, on compte une bonne vingtaine de semi-remorques pour transporter ces différents matériels de pointe…
Les DM jouent sept de leurs nouveaux titres (dont Lilian, John the revelator, Precious… ), fondus entre un I feel you, aux accents guitarisés très trash (avec en prime une charmant brunette légèrement vêtue sur fond d’écran… ) ; un Just can't get enough, historique ; un Walking in my shoes magique ; un Leave in silence temporisé, quasiment à capella ; et un Enjoy the silence, sur fond de dessin animé.
DM OU L’AGE DE RAISON
Sur scène, les deux figures de proue du groupe, Dave Gahan, le chanteur, et Martin Gore, le leader, guitariste et compositeur, jouent sur l’opposition entre leurs deux personnalités : le « dur » et le « tendre ». Dave transcendé, à son habitude, au bout d'une ou deux chansons, révèle son torse lascif, musclé et tatoué. Ses groupies en redemandent ! Il fait toujours tournoyer, comme un leitmotive, son pied de micro dans tous les sens, et reprendre au public, en chœur, les paroles des chansons les plus connues. Martin Gore, à contrario, joue à l’ange, version Black celebration, coiffé d'un magnifique iroquois, en plumes (qui dissimule ses blondes boucles… ), et arbore deux ailes de même facture. Cet éternel « ado », coincé, naïf, voire fragile, reste si touchant avec sa voix claire… Ce voyageur interstellaire, tout luminescent de poussière de comète, que les écrans vidéo dévoilent, vous file la chair de poule ! Ambigu dans ses sentiments, il passe en peu de temps de l’émotion au fou rire, et du sourire à la tristesse. Ce poète débite nonchalant ses mélopées androgynes ; et au rappel, se paye le luxe de revenir, sur scène, en kilt de cuir. Andrew Fletcher, quant à lui, du haut de ses claviers, restera toujours l’homme de l’ombre, l’énigmatique de service… Introversion, quand tu nous tiens !
Le secret du succès avéré de DM réside, selon Gore, dans une « musique (qui, ndlr) est « réaliste » : beaucoup de nos chansons traitent des relations, et dans ce domaine, tout le monde est concerné» (cf. l’excellent article de Laurence Romance paru dans Libération du 21/02/06, « Depeche toujours mode »). Ce concert est l’aboutissement de nombreuses années de travail et de persévérence. Et comme le dit si bien mon vieux pote Arnaud, « Depeche Mode, c’est comme le bon vin, cela se bonifie avec le temps. Je les sens de plus en plus sereins ! » Alors, serait-ce l’âge de la raison et de la maturité pour DM ? A n’en pas douter ! Deux heures durant, la fête a battu son plein, avec deux rappels au final ! Ce groupe n’a pas pris une ride. Et pourtant, le temps qui passe a des raisons de me rappeler que, personnellement, j’en ai pris quelques une... En effet, le 17 décembre 1984, alors bidasse, j’avais vu mon groupe fétiche au même endroit. 22 ans déjà… mais, aucun doute sur mon engagement musical !
© Jean Dorval, le 24/02/06, pour LTC LIve.
Les prochains concerts de DM en France :
- le 24 mars 2006, au Galaxie d’Amnéville (complet depuis longtemps !),
- places actuellement en vente pour : le 29 juin 2006, Grand’Place, à Arras (concert en plein air) ; le 1er juillet 2006, dans le cadre de la 18ème édition du festival des Eurockéennes de Belfort ; et le 20 juillet 2006 aux arènes de Nîmes.
INFO+ : Les 2 sites officiels des DM...
22:27 Publié dans LTC LIVE : "LA VOIX DU GRAOULLY !" | Lien permanent | Tags : depeche mode en concert en france, tournée 2009, ltc live : la voix du graoully, jean dorval pour ltc live | Facebook |