22/09/2014
LTC LECTURE ANNONCE...
02:29 Publié dans LTC LECTURE | Lien permanent | Tags : jean dorval, recueil de poésie, le semeur de sentiments, blake et mortimer, yves sente, andré juillard, edgar p. jacobs, alix, britannia, jacques martin, m. jailloux, m. bréda, casterman, same same but different, voyage à la rencontre de 81 femmes qui réveillent le monde, sandra reinflet, journaliste, voyageuse, écrivain, photographe, animatrice, je t'aime maintenant, qui a tué jacques prévert, hommage à colette en lecture, 60ème anniversaire de sa disparition, médiathèque de metz-sablon, une ville face &u climat, metz à la fin du moyen âge, pun, éditions universitaires de lorrraine, laurent litzenburger, 1400-1530, la magie oubliée, chapitre ii" : un roman genial signé matbak, un roman d'aventure, matbak, un ado surdoué, pur l'écriture, amateur de, lectures fantastiques, d'heroic-fantasy, mangas, shōnen, japon, les aventures d'andil, andil, le voleur notambule, et acrrobate, jean dorval pour ltc lecture, bd | Facebook |
20/08/2014
LTC LECTURE ANNONCE...
Le 5 décembre prochain, le nouvel album de Blake et Mortimer sort dans toutes les librairies. Il est signé Yves Sente et André Juillard... Les héros d'Edgar P. Jacobs sont toujours dans le vent !
INFOS+ : ederweld.fr/blake-et-mortimer-tome-23
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"RULE BRITANNIA !" (1)
Le 14 mai dernier est sorti en librairie "Britannia", le dernier Alix. Pour ce numéro 33 de la célèbre série de Jacques Martin, les auteurs Mathieu Bréda et Marc Jailloux, de l’Ecole aux Traits, ont sorti les grands moyens. Ils ont construit un très palpitant scénario, plein de rebondissements. Et Marc Jailloux, qui s’était déjà fait remarqué pour son interprétation très fidèle d’Alix dans "La Dernière conquête", reprend ses pinceaux pour une nouvelle aventure qu’on lit d’une seule traite. L’histoire pousse Alix et Enak à rejoindre le Proconsul Jules César à Port Itius dans l’extrême nord de la Gaule, alors nommé la Gaule Belgique (une terre comprise entre la Seine et le Rhin). Là, ils découvrent un gigantesque camp militaire en effervescence, et une armada de bateaux armés, prête à appareiller sous peu. Pas moins de sept légions et des centaines de navires s’apprêtent à traverser la Mare Britanicum (la future Manche…) pour envahir l’île de Britannia (l’actuelle Angleterre). César entend ainsi soumettre cette terre d’asile pour les Chefs Gaulois en rébellion réfugiés, que les Peuples Britons, par solidarité entre "cousins celtiques" soutiennent. Il veut ainsi parachever ses succès militaires et sa campagne de pacification de la Gaule, mais surtout mettre la main sur des richesses considérables qu’un commerçant (et allié ?) Briton, Viridoros, lui a fait miroiter pour financer ses ambitions politiques voraces. Pour ce faire, César tient à ce qu’Alix et Enak l’accompagnent. Ils auront pour compagnon Mancios, un jeune Prince de Britannia, dépossédé de ses terres par un puissant et dictatorial chef de guerre nommé Cassinos, qui veut faire l’union des Peuples Britons contre Rome. Mancios va guider l’expédition romaine en échange d’une alliance et d’un soutien militaire lui permettant de reconquérir son trône perdu. Mais Viridoros, qui n’inspire guère confiance à Alix, réservera quelques surprises au corps expéditionnaire… A lire et à relire !
© Jean DORVAL, le 20 août 2014, pour LTC Lecture.
Note : (1) Traduction : "Règne Bretagne !"
Grand concours Britannia,Du 30 avril au 31 décembre 2014 minuitEn partenariat avec WElondres.com |
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Partez à la découverte de l’Angleterre avec Alix en gagnant un week-end pour deux à Londres ! A gagner : Un séjour de 3 jours & 2 nuits à Londres comprenant l’hébergement et le transport A/R pour 2 personnes (jeu sans obligation d’achat, voir règlement du concours). Le traitement de vos données personnelles est soumis à la loi belge du 8 décembre 1992 sur la protection de la vie privée et fait l’objet d’une déclaration auprès de la Commission de la Protection de la Vie Privée (www.privacycommission.be). Vous bénéficiez d'un droit d'accès et de rectification des données vous concernant en vous adressant aux Éditions Casterman.
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26/06/2014
SANDRA REINFLET : UNE FEMME EN RE-CRéATION PERMANENTE.
Le 11 novembre 1981, Sandra Reinflet naît à Thionville en Moselle. Ses parents installés initialement à Hagondange (en Moselle aussi), après trois ans de fac de médecine à Nancy (Meurthe-et-Moselle) - la ville d’origine de sa mère - déménagent à Saumur, dans le Maine-et-Loire, en région Pays de la Loire, où le besoin en médecins se fait ressentir. Sandra y grandit, en se forgeant un caractère de fonceuse-rebelle. Ses parents ont quatre enfants. Elle est l’aînée. Puis, ils se séparent. Très tôt la musique est une des passions de Sandra. A 3 ans, elle décide que plus tard elle sera chanteuse. En 6ème, elle monte son premier groupe. A 12 ans, elle part pour la première fois à l’étranger : direction l’Angleterre ! Elle ne comprend pas la langue, semble perdue, pourtant elle est fascinée. Par la suite, elle est de tous les voyages scolaires, et part souvent avec son père faire des traversées de déserts en 4x4. Son parcours scolaire à Saumur est classique au début : l’École Primaire Jacques Prévert, de 1987 à 1992, le Collège Saint-André, de 1992 à 1996, et le Lycée Saint-Louis, de 1996 à 1999. Mais en terminale, elle se rend compte qu’elle n’est pas faite pour les études de lettres qu’elle suit afin de devenir enseignante. Son conseiller d’orientation lui fait alors passer des tests confirmant qu’elle aime voyager, entreprendre et parler des langues étrangères. Elle passe son bac littéraire, option arts, en 1999, et intègre l’École Supérieure Des Sciences Commerciales d’Angers. De 1999 à 2004, elle y prépare un Master en communication et marketing. Cinq ans d’études durant lesquelles elle n’a pas le sentiment d’acquérir grand chose. Elle joue cependant le jeu jusqu’en 2001, quand un grave accident de la route remet en cause son existence. Elle n’a que 20 ans, et reste entre la vie et la mort, pendant trois semaines, avec quatre côtes cassées, une péritonite et un intestin perforé. Elle se découvre mortelle. Suite à ce choc, la jolie brunette affirme : "Je me suis dis qu’il ne faut plus que j’attende pour vivre, que je n’ai pas l’éternité devant moi, que je dois enfin croire en moi et réaliser dès maintenant tous mes rêves de gosse. Cet accident me fait gagner vingt ans de vie et prendre conscience que je n’ai rien à perdre !"
"CUEILLE LE JOUR PRéSENT SANS TE SOUCIER DU LENDEMAIN !"(1)
En 2002, elle passe à l’action. Elle part avec sa meilleure amie, Yuki, étudier un semestre, à Manille, aux Philippines, toujours dans le cadre de son école de commerce. Sur place, les deux copines donnent des cours à des femmes au passé torturé (prison, prostitution, etc.). Elles se fixent pour objectif de les aider à construire des projets professionnels. Sandra précise : "Nous avons trouvé remarquable leur capacité à croire en elles, à transformer un contexte difficile en expérience positive. Nous avons parlé d’elles à d’autres femmes pour valoriser leurs parcours exemplaires." Sandra lie particulièrement amitié avec une ancienne prostituée devenue médecin. Une leçon de vie pour elle, voire une révélation, qui se traduit par l’envie de partir à la rencontre de "copines de son âge", afin de partager leur histoire. Une idée qui ne la quitte plus jusqu’à la fin de ses études et qui débouche sur le projet "81 femmes" et le livre : "Same same but different. Voyage à la rencontre de 81 femmes qui réveillent le monde." En attendant, Sandra rentre en France, et obtient son Master en 2004. La routine d’une carrière toute tracée de directrice marketing chez L'Oréal lui fait peur. Ne souhaitant pas vendre des shampoings toute sa vie, elle préfère s’engager deux ans auprès de l'association Solidarité Sida, en tant que chargée de communication pour le Festival Solidays ; une manifestation de lutte contre le Sida. Dans la foulée, elle crée son groupe et fait pas mal de petits concerts. Mais, ne tenant plus en place, car ayant toujours en tête son projet "81 Femmes", elle démissionne de Solidays et quitte le mec avec qui elle vit. Elle se met à la recherche de sponsors et monte un site Internet(2) pour publier ses futurs portraits de femmes, la matrice de son prochain livre. Le 5 avril 2006, à 25 ans, Sandra née en 81 s’envole avec Yuki, née aussi en 81, pour réaliser 81 portraits de femmes nées en 81 ; chacune équipée d’un sac à dos. La première étape de leur périple : l’Afrique du Sud.
LE TOUR DU MONDE EN 81 RENCONTRES.
Une fois dans l’avion, une seule certitude habite Sandra : "vivre l’instant présent, voyager et faire des rencontres enrichissantes." Dans chaque pays traversé, Sandra et Yuki cherchent des femmes à interviewer. Elles ne sélectionnent "que celles qui réveillent le monde, prennent des risques pour s’en sortir, vivent leurs rêves, prennent conscience de l’urgence à se réaliser, etc." Elles ont "envie de les aider sans se prendre pour les sauveuses du monde." Elles les soutiennent à leur manière en relayant leurs projets sur leur site Internet. Ainsi, du désert namibien à la piste d’un cirque australien, des montagnes népalaises au Botswana, de l’Inde au Chili, de l’Indonésie au Japon, etc. elles présentent leurs rencontres extraordinaires. Dans une prison équatorienne, elles font connaissance d’une femme, séropositive, présidente d’une association de lutte contre le Sida ; une "ex-mule" ayant transporté de la drogue pour son compagnon. A priori elle n’a plus rien à attendre de la vie, plus d’espoir. Elle ne sait pas non plus pour combien de temps elle est enfermée. Elle a perdu de vue ses enfants qui résident à Buenos Aires, en Argentine. Au début, elle souhaite mourir. Puis fataliste, elle décide de se rendre utile et de changer les choses. Enseignante de métier, elle crée alors une école pour les 200 enfants vivant avec leur mère dans cette prison. Elle donne aussi des cours d’écriture aux femmes, lance un journal pour qu’elles puissent s’exprimer, et avoir une source de revenu pour se payer des extras sans se prostituer. Elle trouve ainsi sa raison d’être dans cette prison. Il y a aussi une péruvienne, créatrice de mode, qui grâce à nos deux comparses, peut distribuer ses vêtements en France ; ainsi qu'une courageuse chanteuse zimbabwéenne handicapée, des sportives, des créatrices d’entreprise, des artistes, des leaders politiques, etc. Une nuit, au cours d’une étape dans un village équatorien, un volcan entre en éruption. Sandra et Yuki sont évacuées vers une école-refuge, sous une pluie de roches. Il y a un risque d’émanations de gaz toxiques. Les roches tombent deux heures durant. Elles en sortent indemnes. Comment ne pas y voir un signe du destin ? Sandra publie cette aventure à visage humaine, le 03 juin 2010, aux Éditions Michalon, sous le titre : "Same same but different. Voyage à la rencontre de 81 femmes qui réveillent le monde." L’exposition du même nom fait un tour de France, puis passe par Vienne, Montréal, Barcelone et Toronto. "Same same but different" est une expression que l’on entend partout en Asie, notamment en Thaïlande, voulant dire : "c’est à peu près la même chose." Quand un vendeur dans une échoppe sert du poulet à la place du bœuf, il sort un typique "Same same but different" ; qui se traduit par : "ça se mange pareil !" C’est une façon très asiatique de tout relativiser. Ce n’est pas pareil, mais cela se mange pareil ! Le titre de ce livre est donc un clin d’œil à cette expression populaire. Il colle aussi parfaitement aux femmes rencontrées, identiques par leur âge, mais cultivant toutes leur propre singularité. Sandra précise : "Ces femmes ont conscience de la précarité de la vie. Elles savent que l’instant présent est la seule chose tangible de l’existence." Cet ouvrage prouve qu’il n’y a pas de règle spécifique pour être heureux. Chaque rencontre confirme qu’à remettre ses projets à demain, il pourrait bien être trop tard pour les réaliser. Ce voyage commencé en Afrique s’achève en Asie le 03 juin 2007. Ce livre traduit aussi les sensations éprouvées par Sandra la voyageuse. Son avion au retour de Delhi vers Paris bouge trop - une expérience identique lui arrive le matin même dans un rickshaw - aussi n’arrivant pas écrire le début de son récit, elle tombe en rêverie par delà le hublot, imaginant survoler l’Amazone en regardant les courbes sinueuses de la Seine. "Voyager n’est pas une question de distance, mais juste une question de regard !" Un œil neuf que Sandra essaye de poser au quotidien sur son travail, quitte pour cela à se frotter à des domaines inconnus. Elle passe ainsi de la photographie (alors qu’elle est prédestinée à l’écriture) à la musique (alors qu’elle joue à peine de la guitare), etc. Elle aime "la mise en scène de sa vie, être en danger permanent." Ce qu’elle traduit par : "l’expérimentation du direct." Elle partage la couverture de son livre "avec une femme d’origine africaine qu’elle a rencontrée." Pour Sandra "ce voyage à deux a permis l’écriture de nombreux articles sur notre site Internet. Yuki a participé aux interviews, mais elle n’a pas écrit ce livre avec moi. Je l’ai voulu personnel, voire intimiste."
"GOODMORNING MARINE !"
De retour en France, Sandra se lance dans la musique. Un autre rêve fou de cette autodidacte qui porte le pseudonyme "Marine Goodmorning." "Un nom de scène créé (dit-elle, ndlr) à l'âge de 8 ans en chantant devant le miroir de ma salle de bain ! Deux mots d’anglais "good" et "morning" qui n’en forment plus qu’un seul. Les deux seuls que je connaisse, taillés sur mesure, pour faire carrière." Pour devenir compositrice-interprète, elle monte un autre groupe. Tout en jouant de la guitare, elle chante des paroles venues tout droit de son cœur de nana : "paraît que le réel nous rattrape, je suis sûre qu’on peut courir plus vite." Ensuite, elle part trois mois au Canada, où elle donne son premier Live. Puis, se produit dans le Métro Parisien : "un défi qui consiste à aller à la rencontre de gens qui ne t’attendent pas !" Pour "se perfectionner en solfège, guitare et composition musicale, en 2009", elle "entre au Conservatoire de Pantin." Elle "aime à croire que, tant qu’il y a de la vie, il n’est jamais trop tard pour apprendre." Son premier opus, en 10 titres, intitulé "La Boîte à Jouer", est Pop-Rock. Il sort en février 2009, et est produit par Believe et Oneshot. Les chansons de Sandra sont décalées, pleines d’humour, d’amour et de légèreté, abordant des sujets futiles et/ou graves ; à l’image de "Cosmopolitan Song", "Tecktonik à la Comedia", "Mens-moi", "Lover dose" et "Tu m’aimes comment ?" Elle sort aussi quelques clips, et travaille déjà à la réalisation de son deuxième album. Candidate heureusement malheureuse à la Nouvelle Star en 2010, sur D8, cette femme faite pour chanter son très beau répertoire sur-mesure (et non celui des autres), échappe de peu au virus du showbiz. Elle écoute du Brel et du Benjamin Biolay, et surtout Sea+Air, "un groupe allemand d’Électro-Rock que j’affectionne particulièrement, utilisant de vieux instruments, comme un clavecin. J’aime leur titre "Take Me For A Ride", que j’écoute en boucle en faisant du stop. J’ai fait leur connaissance au Portugal au cours d’un concert auquel personne n’est venu." Sandra en connaisseuse du beau verbe adore aussi la poétesse-chanteuse Mesparrow (la contraction des mots "Miss" et "Sparrow" qui se traduit par : "Mademoiselle Moineau") ; une Française qui décline son univers poétique et onirique en anglais. Un jour, un guérisseur indonésien prédit à Sandra : "À 33 ans, ça marchera pour toi. Depuis (précise-t-elle, ndlr) quand je doute de mes choix de vie, de mes projets de livres, de musique ou de photographie, que j’en ai assez de sous-louer mon appart pour pouvoir partir en voyage, je repense à cette promesse. J’attends cet âge d’or avec impatience. Cette prédiction me donne des ailes pour échapper aux épreuves. Alors, l'inspiration revient, et je reprends mon stylo, mon appareil photo et ma guitare. Je réchauffe mes pâtes en me disant que quoi qu’il arrive, je n’ai pas d’autre solution que d’avancer. Il ne faut pas que je perde de vue ma bonne étoile ! Mon rêve de môme clignote sans arrêt sous mes yeux." En attendant ses 33 ans, Sandra se fixe comme objectif de réaliser, tous les 11 du mois, jusqu’au 11/11/2014, une chanson avec un partenaire différent à chaque fois. Le premier morceau, enregistré sur un toit géorgien, à Tbilissi avec Lasha, "Temuka", est à déguster sur www.33-tour.com
"JE T’AIME PAS DU TOUT, UN PEU, BEAUCOUP, PASSIONNéMENT, à LA FOLIE, POUR TOUJOURS !"
En librairie depuis le 29 novembre 2012, le deuxième livre de Sandra "Je t’aime [maintenant]", publié aux Éditions Michalon, raconte ses 24 histoires d’Amour avec des hommes, sans notion de durée. Il s’agit du portrait d’une génération qui tarde à s’installer dans la vie adulte par rejet du conformisme. "Ce livre naît dans l’avion à mon retour du Canada. Je n’arrive pas à dormir, car je songe à la platonique, mais jolie histoire d’amour vécue avec un Québécois. Il vient me chercher par surprise dans un chalet à 400 kilomètres de Montréal pour m’accompagner à l’aéroport, et avec les débris de verre de son pare-brise, il me fabrique une bague. Vous pensez que je vais le revoir ? Et bien, non ! Car pour moi une relation pour compter n’a pas besoin d’être durable, voire concrétisée. Ainsi me vient l’idée d’écrire "Je t’aime [maintenant]". Il me faut retrouver les 24 hommes ayant partagé mon Histoire d’Amour - composée d’Histoires d’Amour - depuis mon enfance jusqu’à nos jours, et raconter une heure partagée avec chacun d’entre eux, photo à l’appui. Une heure pour faire un tour de cadran, pour prouver que la durée ne donner pas de valeur à une relation. Les histoires marquant le plus ne sont pas seulement celles qui ont existé, mais aussi celles qui sont fantasmées. Ensuite, je demande à chacun de me révéler un souvenir vécu avec une autre femme, pour accepter ensemble le fait de ne pas être l’unique personne à avoir partagé l’histoire de l’autre." De son père au premier amour de bac à sable, de l’idole idéalisée devant un poste de télévision à son premier baiser, de l’amourette platonique à l'autre bout du monde à celui qui n’a pas voulu, de David l’amoureux de la cour de récré (le cancre, alors qu’elle est bonne élève) qui lui offre un pin’s Axa assurance ("un diamant perdu" dont elle rachète un exemplaire sur eBay) au premier amant, du premier amour au premier amant sans amour, des amours transfrontalières nouées dans les villes fétiches de sa jeunesse Erasmus/EasyJet (Berlin, Barcelone, Montréal, Londres, etc.) à celui qui n’a pas su, elle met tout le monde sur un pied d'égalité. "Il m’a fallu les recontacter un par un, les rejoindre parfois jusqu’en Slovénie, en Espagne, au Canada ou en Autriche. J’ai dû trouver un fil conducteur pour que chacun se reconnaisse dans mon travail. J’ai dû être sincère avec moi-même, penser au lecteur et à la manière dont il peut s’approprier l’histoire, et ne pas trahir ceux dont je parle, sans pour autant être complaisante. Le jour où j’adresse mon livre en format PDF à tous mes exs, il m’est impossible de manger. Trop de stress ! Cependant à ma grande surprise, ils sont tous enthousiastes, voire bienveillants. Cela me rassure, nous ne nous sommes pas aimés par hasard." "Dans cette cartographie du cœur, l’idée est de célébrer l’éphémère. Je me demande même parfois, si je ne préfère pas l’idée de l’Histoire d’Amour à l’Histoire d’Amour elle-même. Tous ces petits moments intenses qui m’ont marqué pour toute la vie n’ont pas de prix. Ils restent uniques. Il n’y a pas besoin de relation sexuelle pour aimer. Une relation platonique peut impacter fortement le réel. Mes exs m’ont tous fait flasher. Les retrouver maintenant a ré-impacté mon réel. En partant du vécu ce livre conjugue mes souvenirs au présent. On peut être une femme moderne, libre, avoir des amours pluriels, sans être une salope. On a tous eu de nombreuses histoires sentimentales. On n’a pas forcément "consommé", un mot que je trouve horrible."
UN CôTé CHATTE à 9 VIES !
Pour la belle Sandra "de nos jours, on peut avoir plusieurs vies en une. Je crois assez peu à la longévité en amour. Je veux vivre une redécouverte affective permanente. J’aime l’expérimentation et le geste amoureux. J’adore l’instant présent, le côté première fois, l’improvisation. J’aime que la vie soit un jeu, sinon elle devient insupportable. Il me faut quelqu’un de "tout-terrain." Erwan qui partage ma vie depuis deux ans a un peu ce profil. C’est un touche-à-tout comme moi, qui se dit : "bon à rien et un peu bon à tout, un excellent et continuel débutant." Il est écrivain. Je vis à Paris et lui est en résidence d’écriture dans le Berry. Et c’est très bien ainsi. Je ne ressens pas le couple comme un besoin. Je l’ai rencontré pendant un salon littéraire, dans une librairie nommée "La 25ème Heure". Un autre signe ! J’ai conscience que la vie passe vite, que l’on ne sert pas à grand-chose, et que l’on a tous l’illusion de vouloir laisser une trace. A contrario, j’essaye de prendre les choses à la légère, comme elles viennent, sans me poser de questions. Je saisis tous les instants fugaces de l’existence. Puis, je tends des miroirs aux autres pour partager avec eux l’infiniment intime. J’espère ainsi les pousser à s’interroger sur eux-mêmes, sur leurs amours, sur les déclics dont ils ont besoin pour réaliser leurs propres projets." Sandra donne un cours sur "Être ou ne pas être en Couple" à The School of Life Paris ; une école née à Londres en 2008 pour apprendre tout ce qu’on n’apprend pas à l’école. A propos du mariage pour tous, elle affirme : "incroyable que la question puisse encore se poser, tellement ça semble évident !"
"UN BEAU MATIN" à JACQUES PRéVERT.
"Je t’aime [maintenant]" inspire le troisième livre de Sandra. "Comme déjà précisé, j’aime le jeu en partant du réel. Aussi, pour les besoins de mon second ouvrage, je retourne dans mon ancienne école primaire, Jacques Prévert, à Saumur, pour prendre en photo David, mon ex. J’ai un choc en la retrouvant à l’abandon. C’est la guerre à l’intérieur, tout est éventré, abîmé, cassé, tagué, etc. Et curieusement, plus je prends des photos de cet endroit, plus cela devient photogénique, sans intervention de ma part. Le verre brisé, les bureaux renversés et les tags donnent une autre forme de vie à l’école. A plusieurs reprises, j'y photographie tout. Je ranime les murs. Au fur et à mesure les souvenirs remontent à la surface. Ils deviennent même un livre poétique, contrasté, montrant les photos des ruines de mon école, pleines de nostalgie, mises en parallèle avec les souvenirs légers de mon enfance, qui en deviennent drôles car totalement décalés. Je me souviens des toilettes à la turc dans lesquels je ne sais jamais dans quel sens me mettre, du savon jaune que je trouve dégueulasse car il assèche les mains (du coup je ne me les lave jamais…), de la cour de récré des grands séparée de celle des petits par un mur (après le CE2, on passe la frontière), des cours de sport où je suis nulle, etc. A un moment, on se demande ce que représente une photo. On dirait une sorte d’attache de porte faisant un cercle, ce qui fait penser à un compas. Le texte mis en face de cette image est le suivant : "Nous avions passés six mois à apprendre à utiliser un compas. De toute la vie, on ne m’a plus demandé de refaire une rosace et pour sûr en cas d’urgence j’en serai encore capable." Toutes ces petites anecdotes de l’enfance rappellent bien des choses à beaucoup de monde. Ce livre s’intitule "Qui a tué Jacques Prévert ?" Publié aux Éditions La Martinière, il est en librairie depuis le 02 janvier 2014 avec en arrière-plan, la question politique de la fermeture des écoles. "Parce qu’il y a du regroupement, parce qu’il y a moins de travail, du coup il y a plein d’écoles qui ferment." Une des raisons qui pousse Sandra à voter pour le Front de Gauche.
UN PETIT POUCET AU FéMININ QUI RETROUVE TOUJOURS SON CHEMIN.
Chaque été, Sandra part explorer l’Europe, en stop, avec sa copine Aurélie, 28 jours durant, soit la durée d’un cycle menstruel de femme. Exit "le look routarde, vive le voyage en petite robe légère", surtout s’il fait chaud… Elle sème des petits cailloux, comme le Petit Poucet, dans chaque véhicule qui la prend en autostop, et dans les lieux qu’elle visite (la Basilique Sainte-Sophie, etc.). Elle partage ses aventures dans la presse et sur le site "Les P’tites Poucettes."(3) Globetrotteuse dans l’âme, elle a déjà à son palmarès un Paris-Istanbul et un Berlin-Odessa ; "sans carte, ni guide, sans itinéraire, de hameaux en métropoles, au bon vouloir des automobilistes et des hôtes solidaires rencontrés sur les routes. 50 voitures nous prennent en stop entre Paris et Istanbul, en 2013, avec nos sacs à dos et une ardoise Velleda pour noter notre destination." En voyage, Sandra n’oublie pas de prendre ses livres, que du contemporain : Erri De Luca, Jérôme Ferrari, Carole Martinez, etc. "Accessoirement" Sandra est "Journaliste". Le mercredi sur France Inter dans l’émission "Le non-invité du jour", elle tire le portrait de personnes croisées au bout du monde, au coin de la rue ou au détour d'un rêve, qui ne sont jamais invitées dans l'émission, ni dans aucune autre. Ce sont des magiciens construisant des cathédrales avec des allumettes, des créateurs de festins à base de knackis, des one-man-shows de blagues carambar, etc. Ce sont des gens "extra" et "ordinaires", capables de prendre le superflu au sérieux et le sérieux à la légère. En 2014, à 32 ans, Sandra devient l’une des marraines de "3ème Lieu" ; le rendez-vous thionvillois (Moselle) des savoirs et d’échanges culturels, où elle anime un atelier d'écriture et de créativité. Avec le titre surréaliste, mais bien réel, "d'Inventeuse d’histoires vraies", sur sa carte de visite, cette décrocheuse de lune, hors du temps, dévoreuse d'expériences inédites et de rencontres gourmandes, persiste et signe. Eclectique professionnellement parlant, tous les métiers qu’elle exerce lui vont comme une petite robe légère. Elle passe son temps à modeler la réalité, à assumer son inconstance. Avec différents outils qu'elle invente, elle l’observe, la capture et joue avec, faisant sienne la devise de Brel "être vieux sans être adultes."(4) Elle raconte l'éternité à travers le temps qui passe, l'univers à travers des visages rencontrés, "en changeant de média à volonté comme un enfant pour être débutant à chaque fois." Sandra "aime jouer. Une affaire très sérieuse, un jeu qui va bien au-delà du paraître. Je me fixe des règles de jeu très strictes, modelant un réel que j’adore, car il m’appartient totalement. Plein de gens font de la fiction car ils ne supportent pas le vrai monde. Ils s’en inspirent mais le transforment inévitablement. Personnellement, j’aime que l’idée littéraire influe sur la vie et inversement. Je vis une interactivité permanente." En parallèle, elle "enchaîne les séminaires de créativité dans des entreprises" ; sa "principale source de revenus." Elle est responsable, depuis novembre 2013, de la Société Sandra Reinflet, située dans le 18ème à Paris, spécialisée dans les arts du spectacle vivant. "Dès que je commence quelque chose, on me dit que c’est bien, mais n’étant pas perfectionniste, je ne deviendrai jamais excellente dans un domaine précis. Je ne suis pas assez travailleuse. J’aime trop que les choses soient drôles et légères." Sandra ne sait pas ce qu’elle fera demain, ni le mois prochain. Elle célèbre au quotidien "son instabilité organisée, sa quête de liberté sans limites." Adepte de l’autodérision, Sandra, qui rit tout le temps, parle beaucoup, s’enthousiasme vite, et se remémore comment ses amis s’amusent de la voir les jours de gueule de bois, quand elle trouve, enfin, un rythme de vie normal…
© Jean DORVAL, pour LTC Lectures, le 26.06.2014 (d’après un interview réalisé au Festival "Littérature et Journalisme", le 12 avril 2014).
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Notes :
- 1) Citation extraite d'un poème d’Horace,
- 2) www.81femmes.org
- 4) In "La Chanson Des Vieux Amants" (1967).
© Crédit photos : Jean Dorval 2014, Sandra Reinflet.
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14/06/2010
ANNE DE RANCOURT : UN ECRIVAIN NON-CONFORMISTE A BIEN AGITER AVANT DE LIRE !
Photo ci-dessus : © Jean Dorval 2010.
LTC : Bonjour Anne de Rancourt, comment passe-t-on du métier de prof à celui d'écrivain ?
AdR : Tout d'abord, bonjour aux lecteurs d'LTC. Suis-je passée du métier de prof à celui d'écrivain ? Eh bien non, ce n'est pas ainsi que cela s'est passé ! En fait, c'est contigu. Je dirais même que ce n'est pas l'un sans l'autre. Le métier de prof me permet de vivre et de nourrir ma nombreuse famille, puisque j'ai quatre garçons. Par contre, je ne peux pas m'arrêter d'écrire... et ne peux pas encore gagner ma vie grâce à mon écriture, puisqu'il faut vendre beaucoup de livres pour cela ! Aussi, je ne suis pas passée de prof à écrivain d'un coup de baguette magique, car j'écris depuis toujours... Si l'on vous lisez mon livre « Un mètre quatre », vous verrez que cela fait longtemps que j'écris. En fait, je crois même que je suis née avec un stylo à la main ou presque. Pour moi, l'écriture est une sorte de respiration, un besoin. Je crois que si je restais plusieurs mois sans écrire, je deviendrais extrêmement désagréable avec tout le monde. Il me manquerait vraiment quelque chose.
LTC : Vous êtes prof de français ?
AdR : Non, je suis prof d'allemand. Mais, j'ai commencé par enseigner le français. A cette époque, j'écrivais déjà, mais je ne pensais pas publier un jour. Dans mon existence, j'ai écrit beaucoup de nouvelles, de contes et de lettres. J'aime beaucoup les lettres. Tous ces écrits sont à ce jour non publiés. Cependant, j'ai déjà eu un projet de recueil de lettres avec Le Seuil Editions qui n'a pas abouti, pour des raisons indépendantes de ma volonté. Je ne renonce cependant pas à l'idée de le faire. J'ai aussi un projet de roman où il y a une partie épistolaire, un genre que j'affectionne tout particulièrement.
Donc, pour revenir à votre question initiale... Il n'y a pas d'un coté le métier de prof et de l'autre le métier d'écrivain. L'un ne va pas sans l'autre. Un jour je prendrai ma retraite (ce qui ne saurait tarder), comme tout le monde, à ce moment, là, je me consacrerai totalement à l'écriture.
Photo ci-dessus : © Jean Dorval 2010.
LTC : Présentez-nous vos maisons d'édition : Buchet Chastel et Chiflet & Cie...
Ce sont deux maisons d'édition parisiennes. Buchet-Chastel fait partie du Groupe Méta-Editions/Groupe Libella, un gros groupe d'édition qui marche très bien. Cette collection est dirigée par Pascale Gautier qui s'occupe essentiellement de littérature française. Quant à Chiflet & Cie, cette collection appartient aux Editions Hugo et Cie. Elle ne produit que de l'Humour, des sujets de société pris à contre-courant, politiquement incorrects, caustiques, vus de manière légère, afin de mettre des coups de pieds dans la fourmilière.
LTC : Donc contre les idées reçues...
AdR : Absolument et cela me correspond tout à fait !
LTC : Anne vous avez publié trois livres. « Un mètre quatre » est le plus récent. « Comment élever un ado d'appartement » reste celui qui vous a fait connaître au Grand Public. Il y a aussi « Je suis ronde et j'aime ça ! », un appel à la tolérance... Pouvez-vous nous en parler et nous dire ce qui a inspiré de tels ouvrages d'actualité ? Relèvent-ils de votre expérience personnelle et/ou de celle des autres ?
AdR : Le tout premier ouvrage que j'ai publié c'est « Comment élevé un ado d'appartement ». L'idée est partie d'un gag téléphonique avec Jean-Loup Chifflet, le Directeur de la Collection. Comme mes enfants faisaient beaucoup de bruit et que je n'entendais pas bien ce que disait Jean-Loup, je leurs ai dit de manière très détachée : « maintenant cela suffit, allez jouer sur l'autoroute ! » Ce qui bien sûr ne se dit pas quand on est une bonne mère... Jean-Loup a cependant éclaté de rire et m'a dit : « Oh la la ! C'est comme cela que vous parlez à vos enfants ? » Je lui ai répondu : « on voit bien que vous n'y connaissez rien, c'est une race à part, des ados, catégorie d'appartement » Là, il a éclaté à nouveau de rire et comme ce sujet lui convenait, il m'a répondu : « voilà un très bon sujet pour un livre ! » Et sur le ton de la boutade, j'ai proposé de rédiger un guide d'élevage pour ados. Cette aventure a démarré ainsi ! Un jour ou l'autre, ce bouquin concerne toutes les familles. Il est structuré comme un guide pour élever un animal domestique très particulier, voire de compagnie... Il y a l'alimentation, le toilettage, la cage, comment les occuper, comment les faire sortir, et aussi comment les faire rentrer, ce qui est très compliqué... Ce livre est adapté au théâtre depuis le mois de février dernier. La première a eu lieu grâce à une compagnie suisse à Lausanne. Les droits ont aussi été rachetés par le metteur en scène de théâtre Hélène Zidi-Chéruy, la fille de Claude Zidi, dont le projet d'adaptation est en cours. Je ne sais pas si cela est terminé et quand cela sera joué. J'espère juste que cela sera réalisé à Metz un jour... Dans tous les cas de figure, c'est très touchant de voir un texte que l'on a écrit joué au théâtre.
LTC : Tous ces gens font-ils les adaptations avec vous ?
AdR : Non ! Les droits en cours sont rachetés. Par contre, le contrat d'adaptation stipule que mon nom et le titre original doivent toujours être cités, l'esprit du texte conservé et les nombreux clins d'œil restitués.
Pour revenir à la question... Chronologiquement, le second ouvrage est « Je suis ronde et j'aime ça », publié aussi chez Chiflet et Cie. Mon but dans ce livre était de dire en « gros », si je puis me permettre... (rire collectif)
LTC : Sans jeu de mots, bien sûr !
AdR : Avec « jeu de mots » car... il y en a marre que l'on essaye toujours de toutes nous formater. Il faut obligatoirement que nous rentrions dans un calibre spécifique, des canons de « beauté » irréfutables, un moule stéréotypé, une uniformisation dictatoriale de « LA » Silhouette. Cela est inacceptable ! Et moi qui ai des rondeurs, j'ai eu envie de dire avec ce livre : « Stop ! Foutez-moi la paix, laissez-moi vivre ! ». D'ailleurs, le chanteur Mika, n'interprète-t-il pas « Big Girl (You Are Beautiful) », le film « L'Amour extra-large » de Bobby Farrelly ne tord-il pas le cou à quelques idées reçues sur les femmes dites « grosses », et Maryflor Flowell ne réalise-t-elle pas des vêtements Haute-Couture pour les femmes fortes ?
LTC : Perso, j'ai aussi quelques rondeurs... (rire complice).
AdR : Personnellement, je trouve cela très sympathique, confortable et sensuel...
De plus, « Je suis ronde et j'aime ça » est un livre que les messieurs aiment bien offrir à leur compagne. En général, ils se prennent une baffe en s'entendant dire : « eh bien, dis-moi en plus que je suis grosse ! » Ce à quoi ils s'empressent de répondre : « mais, non tu es belle ! » Avant d'acheter ce livre, je conseille donc aux messieurs de lire la page 75, afin de s'informer sur l'Amour avec une femme ronde. Il s'y trouve notamment un très bel extrait des « Mille et une nuits... »
LTC : Ce livre vise-t-il à décomplexer les femmes « rondes » ?
AdR : Non, car ce n'est pas un livre de résignation ! C'est un écrit sur la joie de vivre tel que l'on est physiquement. Ce n'est donc pas réducteur... comme si je vous disais, par exemple : je regarde vos longs cheveux blonds... (autre fou rire commun)
LTC : Merci pour moi qui n'ai plus beaucoup de cheveux ! (ton humoristique)
AdR : Ce que je veux dire par là, c'est qu'il faut accepter les gens tels qu'ils sont et non pas comme on voudrait qu'ils soient. Y'en a marre des diktats de la pub, des médias et consorts ! Je ne pense pas que si je pèsais dix kilos de moins, je serais quelqu'un de mieux, de plus intelligent, de plus aimant, plus digne d'être aimée, une meilleure compagne ou mère, etc. Je suis une femme comme les autres, avec mes défauts et mes qualités, mais en plus avec des caractéristiques physiques différentes qui font toute ma richesse d'Etre Humain à part entière, ayant le droit d'exister et méritant autant le respect que n'importe quelle personne répondant aux canons de beauté actuels. Bien sûr le regard des autres compte, mais c'est surtout le nôtre qui est déterminant ! Ce livre est un véritable appel à la tolérance. Il ne suffit pas seulement d'accepter l'autre, il faut l'aimer tel qu'il est ! Et surtout, il faut s'aimer soi-même tel que l'on est ! A cet effet, je propose des exercices de regard dans la glace, comme si on regardait un tableau, mais sans se juger... car souvent le regard le plus méchant reste celui que l'on a sur soi-même. Pour être accepté par les autres finalement, il faut changer notre propre perception de nous-mêmes et arrêter de dire : « je suis trop ceci, trop cela... » Notre regard fait celui des autres. Nos proches ne doivent pas nous regarder comme « gros » ou « maigre », mais tel que nous sommes. Soit ils nous aiment globalement, soit ils ne nous aiment pas du tout ! Vous savez on n'est pas obligé d'être aimé et désiré par tout le monde. Il faut de tout pour faire un monde !
LTC : Il est curieux de constater que dans une société moderne comme la nôtre qui prône la tolérance à tout bout de champ, avec une culture de communication incroyable, inégalée au cours de l'Histoire, il reste difficile de faire accepter les personnes qui ont des formes... Finalement, le regard est beaucoup plus dur maintenant, véritable dictature inhumaine !
AdR : En effet, le regard de nos contemporains est très réducteur. Du coup, il faut que l'on soit tous rangés dans la même case, sous peine d'être exclus. J'ai ressenti une similitude d'attitude dans le monde de l'édition, car étant aussi romancière, je me suis retrouvée cataloguée « auteur rigolo » avec mes trois ouvrages. Il est très dur alors de se défaire de ce type d'étiquette, tendant à faire oublier que je sais aussi écrire des romans !
La preuve ? Je vais vous présenter maintenant « Un mètre quatre », mon dernier livre paru, un roman... Ce dernier vient de sortir très récemment en Livre de Poche, dans la Collection Pocket. C'est mon préféré et j'ose prétendre qu'il s'agit de littérature. C'est un livre dont l'argument initial est autobiographique dans la mesure où cela parle d'une petite fille de sept ans, Nanou, découvrant l'écriture, la lecture...
LTC : Occupations très rares de nos jours pour un enfant...
AdR : Effectivement, ce sont deux occupations de plus en plus rares, surtout chez les jeunes publics. Il faut faire lire les enfants, leur lire beaucoup d'histoires, si l'on veut qu'ils sachent écrire. De cette manière, les enfants structurent leur pensée. La lecture est pour eux très constructive (fixation de l'orthographe et de la grammaire) et fait fonctionner l'imagination, et ce, à l'inverse de la passivité qu'ils peuvent avoir devant un écran de TV ou d'ordinateur. Là, tout est prémâché, formaté, prêt-à-penser, sans effort... On ne peut y imaginer une voix, un regard, etc.
De plus, dans « Un mètre quatre », la petite Nanou, qui est très joyeuse, aime beaucoup vivre. Sa Tante Alice, un personnage que j'ai inventé qui est un peu une marraine-fée, ne s'appelle pas Alice par hasard...
LTC : Cela fait-il référence à « Alice au Pays des Merveilles », le fameux conte se déroulant dans un monde féérique ?
AdR : Tout à fait et cette féérie rend justement la vie plus douce à cette petite Nanou qui est malade. Cette info est à prendre sur la pointe des pieds et du bout des lèvres, car ce n'est pas un livre sur la maladie. Nanou écrit à la première personne sa vie dans son petit cahier... Un enfant ne juge pas sa propre vie, il n'a pas la distance nécessaire lui permettant de dire : « c'est grave », « c'est pas bien », « j'ai pas de chance », etc. En fait, il vit. Le livre s'intitule « Un mètre quatre », car Nanou observe sa vie de sa hauteur... Elle est une toute petite fille, sa taille est tout en bas de la courbe que l'on voit sur les carnets de santé. Ce qui fait dire à sa sœur ado, Valentine, qui est assez brutale avec elle, qu'elle est « normale, mais pas beaucoup... ». Mais, pour la fameuse Tante Alice « la taille, on s'en fout ! » Et pas à cours de situations cocasses, la fameuse Tante se lâche en n'hésitant pas à faire les pieds au mur avec Nanou. Quand soudainement sa robe tombe... A la vue de sa culotte, c'est le fou rire général ! Ce livre c'est donc l'esprit de jubilation, une manière de survivre, avec un fond d'émotions, puisque cette petite gamine est malade.
LTC : Quelle maladie a-t-elle ette petite Nanou ?
AdR : Elle ne connaît pas le nom de sa maladie, mais ce n'est pas cela l'important ! On comprend cependant qu'il s'agit d'une maladie grave, car elle va souvent à l'hôpital. Elle raconte au jour le jour ce qu'il lui arrive sous forme d'évocation. Il y a certes des moments sont poignants. Elle écrit dans son petit cahier, avec un style propre aux enfants, celui qui veut tout dire d'un coup, celui d'une gamine qui revient de l'école et que l'on ne peut plus arrêter dans son récit décousu : « eh ben, eh ben... la maîtresse elle a dit que... n'était pas gentil... et puis au goûter j'ai eu... » En clair, toutes les idées s'enchaînent dans le désordre... Cela déroute un peu en début de lecture, puis on s'y fait vite. Les lecteurs eux-mêmes précisent que cela renforce le côté poignant de l'ouvrage, puisque cela touche aux émotions propres à l'Enfance et à celle des... lecteurs.
LTC : C'est la petite fille qui sommeille encore en vous qui se révèle dans ce roman ?
AdR : Elle ne sommeille pas, elle est toujours présente.
LTC : Il s'agit de vos souvenirs personnels...
AdR : Oui, il s'agit de mes souvenirs de petite fille - ce qui constitue le point de départ de ce roman - car j'ai été malade longtemps étant jeune. Les médecins, comme c'était une maladie rare, parlaient à mots couverts. Ce qui ne m'empêchait pas de passer pour « Miss Questions Multiples ». J'étais très curieuse, ce que je suis toujours d'ailleurs. De plus, Nanou a un compagnon dont elle ne se sépare jamais : son dictionnaire. Elle va y puiser des mots qui l'interrogent en permanence, ce qui au final soûle la Tante Alice. Cette dernière lui dit même : « je vais te bâillonner ! » Puis de fil en aiguille, Nanou cherche ce que veut dire le verbe « bâillonner »... Le rythme de lecture de ce livre est très sautillant, voire pétillant de joie et de malice. Mais, il y a aussi des moments un peu durs. Je n'ai pas écrit ce livre avec ma vision d'adulte, mais en gardant mon regard d'enfant, ce qui préserve cet ouvrage du mélodrame. Le récit n'aurait pas eu la même signification si Nanou faisait « Un mètre soixante-cinq ». Il n'aurait pas été aussi naïf, mais plutôt compassionnel, et je ne voulais pas de cela. Etant mère de famille, l'idée que l'un de mes enfants puisse être malade comme cela, comme je l'ai été, me torture rien que d'y penser ! C'est horrible ! Malgré tout, j'arrive dans ce roman à positiver complètement le traumatisme. D'ailleurs mon imagination débordante me vient de cette période où j'étais beaucoup allongée, où j'avais le plafond pour seul paysage. Les sons étaient différents. Il y a même eu une période durant laquelle je ne pouvais plus lire... car c'était trop risqué. A ce moment, j'ai commencé à inventer des histoires dans ma tête, puis je les ai rédigées plus tard. En écrivant, cela m'a permis de faire table rase du passé. Ce n'est plus de la douleur, mais cela relève de l'expérience. C'est pourquoi ce livre m'est tellement précieux. J'ai beaucoup travaillé et retravaillé dessus. Ce bouquin par rapport à sa mouture initiale a été allégé. Je suis très contente de cette exigeance d'écriture. Je continuerai dans ce sens pour mes prochains ouvrages.
LTC : Alors, vous qui avez fait travailler votre imagination durant toute votre enfance, avez-vous vu le dernier film de Tim Burton dont le titre est... « Alice au Pays des Merveilles » ?
AdR : Non, je ne l'ai pas vu.
LTC : Que vous apporte l'écriture ? Partagez-vous cette expérience avec vos élèves de Lycée ? L'écriture n'est-elle finalement pas une façon de communiquer et de sourire aux Autres en continu ?
AdR : Complètement ! Je croix que c'est effectivement une main tendue. Hier, sous le chapiteau de l'Eté du Livre 2010, des élèves sont venus me voir. Au début, je vous avoue que je n'osais pas évoquer cette expérience d'auteur au lycée, pensant qu'il valait mieux la déconnecter de mon travail de prof. En fait, c'était une erreur, puisque je suis enseignante et... écrivain. Deux métiers indissociables à mes yeux ! Maintenant, j'ai changé d'attitude et ne me gêne plus d'en parler à mes élèves. Cela leur permet d'avoir un autre point de vue sur moi. Quand ils me voient derrière mon stand avec mes livres, ils sont un peu intimidés, c'en est même rigolo ! Durant ces rencontres, je n'ai pas du tout le même rapport avec eux qu'en cours. In fine, je suis aussi intimidée qu'eux. Alors, lecteurs potentiels ou pas mes élèves ? Certains d'entre eux n'hésitent pas à venir se faire dédicacer un de mes livres après les cours. C'est toujours très, très touchant.
Que m'apporte l'écriture ? Eh bien, comme je le disais tout à l'heure, il s'agit d'un mode de vie, d'une respiration. Etant prof, je ne peux pas me permettre d'écrire tous les jours, car j'ai mes cours à préparer et à assurer (des copies à corriger) et ma vie de famille à vivre. Je me consacre aussi à mes ami(e)s. Et je suis chroniqueuse, pigiste, pour le journal La Semaine.
LTC : Ce sont vos premiers fans vos élèves ? Vos inspirateurs dans certains cas ?
AdR : Mes élèves m'ont beaucoup inspirée, notamment à propos du chapitre sur la colonne vertébrale, dans « Comment élever un ado d'appartement ? » Je me demande toujours s'ils en ont une... vu les positions corporelles voûtées qu'ils adoptent. On dirait qu'ils sont comme dégonflés, sans ossature ni musculature... Forcément, une fois que mes élèves se retrouvent dans ce livre cela les amuse : « Mdr, Lol ! » Par la même, cela décrispe les parents. Les ados se retrouvent à un tel point dans ce livre qu'ils me disent souvent : « c'est pas possible vous l'avez écrit dans ma chambre ce bouquin ! »
D'autre part, je me souviens qu'au début de ma carrière, j'enseignais le français, et là, je me suis régalée, car avec deux classes de 4ème, deux années consécutives, dans deux collèges différents, on a participé à un concours d'écriture que l'on a remporté. C'était d'autant plus émouvant que l'on avait travaillé près de six mois sur l'écriture d'une nouvelle, pour recevoir un jour un télégramme nous annonçant que l'on avait gagné sur tout le Grand Est de la France. Il y a tout de même 13 départements à battre ! Nous étions premiers sur 800 projets... J'étais vraiment fière d'eux ! En plus pour des élèves un peu en difficulté, c'était vraiment génial comme expérience !
Certaines de mes anciennes élèves viennent aussi me revoir sur les stands où je dédicace mes livres. Je les ai eues il y a 20 ans en classe, pourtant elles n'hésitent pas à me dire : « vous vous souvenez que vous m'avez eue comme élève ? » Allez savoir ! C'était des gamines et maintenant ce sont des jeunes femmes ! Mères de famille de surcroît ! Une de mes anciennes élèves m'a même dit : « à cause de vous maintenant j'écris ! » Ca va, c'est une accusation que je veux bien assumer. (rire)
LTC : Accusation qui n'est pas mensongère...
AdR : Qui n'est pas mensongère du tout ! Effectivement, vous me demandiez en début d'interview si l'écriture était un lien. Eh bien oui, c'est un mode de communication génial s'adressant à tout le monde, qu'on sache écrire ou non, qu'on aime lire ou non. On peut lire simplement de petits passages, voire trois mots de suite, cela restera toujours de la lecture !
LTC : Et dans La Semaine vous faites quoi comme type d'article ?
AdR : Plutôt des chroniques culturelles, des comptes rendus de spectacles, des rencontres avec des réalisateurs, des cinéastes, des acteurs, des auteurs, parfois des billets d'humeur...
LTC : Quel était votre dernier sujet en « billet d'humeur » ?
AdR : En fait, c'était plutôt un « billet de bonne humeur » à propos de ma vision du Centre Pompidou-Metz...
LTC : Avez-vous aimé la visite du Centre Pompidou-Metz ?
AdR : Oui, j'adore ce nouveau musée. Tout y est magnifique, tant au niveau architectural qu'artistique ! On manque de superlatifs pour le décrire.
LTC : C'est quoi votre tableau préféré dans l'expo « Chefs-d'œuvre ? » ?
AdR : J'ai été très touchée par les trois « Bleus » de Juan Miro.
LTC : Ceux qui terminent l'expo temporaire...
AdR : Oui, j'étais vraiment éblouie.
LTC : Il y a de très belles tâches noires ou rouges inscrites en suspension sur ces trois œuvres très planantes.
AdR : De plus, elles sont installées exactement comme le voulait Miro, avec peu de champ de vision, peu de recul, ce qui fait que l'on plonge d'office dans ce très beau bleu ciel. C'est si près et lointain à la fois... Aucune vitrine ou barrière sépare le public de ces œuvres majeures, au point que l'on serait presque tenté de les toucher. Ce qu'il ne faut bien entendu pas faire ! Voilà ce que j'appellerais : « renforcer la proximité avec l'art ! ».
LTC : Merci pour cet interview consacré au site LTC.
AdR : C'est moi qui vous remercie !
© Propos recueillis à l'Eté du Livre de Metz par Jean Dorval pour LTC Lecture, le 05 juin 2010.
02:18 Publié dans LTC LECTURE | Lien permanent | Tags : interview anne de rancourt, jean dorval pour ltc lecture, été du livre 2010, lecture, metz, moselle, lorraine, écrivain, comment éléver un ado d'appartement, la coupe du monde de football | Facebook |
07/06/2010
EURYDICE REINERT CEND, POETESSE, DEFENSEUSE DES DROITS DES FEMMES ET DE L'AMOUR AU PLUS-QUE-PARFAIT !
Photo ci-dessus (la très belle Eurydice à la dédicace...) :
© Jean Dorval pour LTC
LTC : Bonjour Eurydice Reinert Cend, nous sommes dans le cadre prestigieux de l'Eté du Livre 2010, le rendez-vous littéraire messin incontournable. Vous êtes venue y promouvoir vos ouvrages. Aussi, je vous remercie de bien vouloir vous présenter aux lecteurs d'LTC, puis j'aimerais que vous parliez de votre œuvre littéraire et que vous me disiez pourquoi vous êtes devenue « écrivain », et non pas « écrivaine », un terme que vous n'aimez pas...
ERC : Bonjour et merci de me recevoir. Et bien tout d'abord, je suis poétesse, car j'ai l'âme poétique avant toute chose. Mais, je suis aussi romancière, essayiste et conteuse. Je suis devenue écrivain, tout simplement, parce que j'ai commencé par beaucoup lire. Et à force de lire, j'ai eu également envie d'écrire, de parler de la vie de façon à intéresser les gens, et également à pouvoir faire passer des messages sur des sujets qui me touchent profondément, et qui me sont chers. Par exemple, je dénonce les injustices et les difficultés de la vie, mais prône aussi la beauté de cette même vie.
LCT : Quels genres d'injustices dénoncez-vous ?
ERC : Je suis très sensible aux violences faites aux femmes. Le droit d'aimer est un de mes chevaux de bataille. Malgré les épreuves, j'explique qu'il faut toujours chercher à surmonter ses propres difficultés relationnelles, toujours essayer de se surpasser, afin d'être en quête du meilleur chez l'Autre.
LTC : Pensez-vous que les violences faites aux femmes sont une constante de l'Histoire de l'Humanité ou est-ce un phénomène plus récent ?
ERC : Malheureusement de nos jours, avec la difficulté qu'a l'homme à pouvoir s'identifier dans un rôle masculin type, et bien nous nous retrouvons dans un climat de violence extrême. Le cliché social est si bouleversé, que l'homme a du mal à se positionner par rapport à la femme, puisque de nos jours la femme travaille, est soi-disant l'égal de l'homme...
LTC : a son indépendante financièrement aussi...
ERC : Absolument ! En théorie tout va bien, mais, en pratique il y a encore un très gros travail psychologique à faire, afin que l'homme se sente bien dans sa peau, d'autant plus qu'il n'a plus à faire vivre seul le foyer, mais juste à devenir le partenaire de sa compagne. A ce propos, je pense qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir... à l'image de ces célébrités qui s'en prennent à leurs femmes ou compagnes d'un soir... et dont on entend parler dans les média. Ces hommes, là, font perdurer un symptôme social qu'il faudra arriver à moment donné à endiguer, grâce à la communication, la prévention, l'éveil, etc. A l'inverse, force est de constater, qu'il y a de plus en plus d'hommes qui deviennent sensibles à cet autre regard qu'il convient désormais de poser sur la femme, et qui la valorisent en tant qu'être humain à part entière. Cela leurs apportent énormément à tous points de vue.
LTC : Un récent sondage dénonçait le fait que 90% d'hommes ne faisaient rien à la maison... Ce qui laisse à la postérité 10% d'hommes « bien éduqués »... N'est pas finalement la faute des pères ou des mères qui dès le début éduquent mal leurs enfants en ne leurs apprenant pas à participer aux tâches ménagères ?
ERC : Malheureusement dans un foyer, dans un couple les rapports sont très, très complexes. La maman a beau vouloir bien éduquer son ou ses enfant(s), s'il y a derrière elle, en permanence, un papa dont l'autoritarisme empêche la transmission de ces valeurs, et bien elle n'aboutira à rien. Dans un couple, l'éducation se fait ensemble. Quand on est deux à parler d'une même voix, le résultat est beaucoup plus constructif. Je pense que le manque d'éducation de certains hommes provient principalement du conflit subsistant entre les parents...
LTC : Si on se réfère à ce sondage précisant que 10% seulement des hommes participent aux tâches ménagères et à ce que vous dites, il y aurait 90% d'hommes autoritaires... et donc 90% de femmes ne pouvant pas transmettre des valeurs saines...Ce n'est pas très réaliste !
ERC : Je ne crois pas que l'on puisse voir cela ainsi... Vous savez dans la vie, quelques soient les valeurs que l'on a envie de transmettre, et en tenant compte que chaque enfant a sa propre sensibilité, on arrive au résultat escompté ou non. En fait, ce sont des paris que l'on fait sur la vie, en espérant y arriver du mieux que l'on puisse. Pour ce faire, il faut être sain d'esprit, exemplaire... Une notion qui peut aussi se discuter d'un point de vue métaphysique. Il faut dans tous les cas être porteur de bien pour la Société, afin de pouvoir s'y intégrer au mieux.
LTC : En plus, avoir reçu une mauvaise éducation ne justifie en rien de ne pas changer d'état d'esprit une fois adulte...
ERC : Tout à fait, d'ailleurs je ne crois pas que les clichés que l'on véhicule sur les enfants maltraités - reproduisant des schémas familiaux violents - aident ces derniers à sortir de leurs problèmes. Bien au contraire, ils ne leurs permettent pas de sortir de la spirale infernale de la violence. Il faudrait mieux valoriser ceux qui refusent cette terrible et horrible oppression. La sensibilité de l'être humain doit lui permettre de tendre vers le meilleur, afin de s'ouvrir sur une vision positivée de la société.
LTC : Vous êtes très motivée par la dénonciation de toutes ces injustices. Est-ce que cela fait appel à votre expérience personnelle et/ou aux témoignages d'autres personnes ?
ERC : Je fais appel à des témoignages et m'intéresse à ce qui se passe dans le monde de nos jours. On a beau parler partout de progrès social, de la place de la femme dans la Société, on se rend compte au final dans le quotidien des femmes, que leur vie de tous les jours n'est pas aussi mirobolante qu'on voudrait nous le laisser entendre. La « Modernité » est un bien grand mot, c'est pourtant le thème de cet Eté du Livre 2010, posant la question « Modernité... et alors ? ». Je dirais tout simplement « chiche à la Modernité ! », à condition qu'elle intègre un réel progrès social pour les femmes...
Photo ci-dessus : © Jean Dorval pour LTC
LTC : Comme vous venez de le préciser si justement, le thème de cet Eté du Livre 2010 est « Modernité... et alors ? ». Quels sont les autres rapports entre les quatre ouvrages que vous avez publiés et cette question complexe ?
ERC : « L'Abécédaire de l'Amour pour Lui » et « L'Abécédaire de l'Amour pour Elle » sont deux livres consacrés, l'un aux hommes et l'autre aux femmes. Cette séparation s'impose, car nous n'avons pas la même manière de raisonner. On ne peut pas parler à l'homme de la même façon qu'on le fait à la femme, surtout du point de vue relationnel.
LTC : Ce n'est pas un peu réducteur comme point de vue, ne serait-il pas mieux de faire un ouvrage permettant le rapprochement des deux parties ?
ERC : Non pas du tout, car comme vous le savez « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus... » d'après John Gray...
LTC : Ce point de vue est stéréotypé et archiconnu !
ERC : Pour revenir à votre question du début, il y a toujours dans mon œuvre un lien entre tradition et modernité. Je pense qu'il faut nous nourrir du passé pour tendre résolument vers le futur. Le présent n'étant qu'une conjonction de la façon dont on arrive à lier ces deux visions du temps. A ce titre, on peut toujours apprendre du passé. Et justement parce que je suis une femme de mon temps, je sais que l'on ne vit plus la relation amoureuse homme/femme comme à l'époque de nos parents et de nos grands-parents. Désormais, la communication doit être le noyau dur d'une relation aboutie. Quand on est deux, il n'y a pas que le sexe en partage, même si les médias nous rabâche le contraire quotidiennement...
LTC : A ce propos, un des stands de l'Eté du Livre vend un « Dictionnaire des expressions sexuelles »...
ERC : Justement au lieu de nous rabattre les oreilles avec des thématiques aussi réductrices, il vaudrait mieux s'intéresser à la question dans ses aspects les plus intimistes. Non pas pour s'immiscer dans la vie privée des gens, mais plutôt pour révéler l'aspect humain d'une relation amoureuse, née de plusieurs facteurs concordants et qui peuvent être porteurs autant de positif que de négatif. Que l'on se retrouve juste pour passer un bon moment ou pour s'apprécier vraiment, in fine, qu'est-ce que l'on ressent véritablement au bout du compte ? En clair comment faire de ces moments intimes des moments privilégiés. C'est cet aspect là qui m'intéresse de développer.
LTC : Vous préférez que les gens vivent une belle histoire finalement...
ERC : Oui, car je pense que s'il est beau de faire l'Amour, il ne faut pas faire que cela, afin de pouvoir construire une relation durable. C'est notre fragilité humaine que nous mettons ainsi en jeu, nos corps ont leurs limites. Ce partage se doit d'être un instant précieux, relevant pratiquement du mystique. Faire l'Amour doit être un acte extraordinaire, non plus réduit à des moments de performances sportives. On ne fait pas l'Amour pour l'hygiène, on fait l'Amour car l'on partage avec une personne des sentiments. Ce partage de l'intimité doit être inoubliable, exceptionnel. Il ne doit pas s'épuiser dans la durée et doit pouvoir se renouveler comme au premier jour. J'en appelle donc à l'enrichissement de la relation amoureuse, à son nourrissement quotidien et à l'intelligence du cœur. Je pense qu'avant toutes choses le bon sens devrait primer sur l'instinct primaire. La Coucherie devient l'actuel Credo au détriment du sentiment et c'est dommage.
LTC : Mais, vous êtes un peu à rebours de tout ce qui se vit actuellement, vous croyez encore à « l'Amour éternel » ? N'était-ce pas valable à une époque où l'on vivait en moyenne une trentaine d'années ? Aujourd'hui, ne peut-on pas dire, vu l'allongement de la durée de la vie, que l'on vit plusieurs « Amours éternels » ?
ERC : (rires) Votre question est d'autant plus embarrassante que je pense que... quitte à vivre longtemps, autant vivre le mieux possible. Eternel ou pas, on doit essayer de faire en sorte que l'Amour soit porteur de Bien. Donc, la durée n'a pas d'importance, pour peu que la sincérité, le feeling et le respect soient présents. Il faut se sentir véritablement porter l'un vers l'autre en tant que couple. Faire de ces moments, un acte d'une beauté rare (je ne suis pas poétesse par hasard...). Donner du sens à sa vie, fuir la fadeur, la tiédeur, ne pas prendre pour modèles les stéréotypes médiatiques, etc. permet de développer la beauté de deux êtres complémentaires. Là où il y a de l'Amour, il y a forcément de la beauté.
Mais, pour revenir à votre question initiale... et le lien que l'on peut trouver entre mes écrits et la modernité... Dans le roman « Le droit d'aimer, ou un peu d'amour, s'il vous plaît », je parle de la Lorraine d'avant et après la Seconde Guerre Mondiale. Le message que je cherche à y faire passer est celui d'une femme dont le parcours s'appuie sur une histoire familiale douloureuse. Et justement, pour se sortir de ce lourd fardeau, elle doit avancer, seule, mais elle doit avancer pour tenir. Elle va ainsi puiser la force nécessaire à trouver son propre chemin vers le bonheur et elle réussira. Donc, il y a souvent de l'optimisme dans mes écrits. Le lien entre le passé, le présent et l'avenir est souvent présent. Donc, je le répète, je suis d'accord avec la Modernité, tant qu'elle ne tue pas l'Humain qui est en nous. C'est le message fort, le point central, le trait d'union entre tous mes ouvrages.
Pour finir, je vais vous parler de mon roman intitulé « M'aimeras-tu ? L'impérissable quête (volume 1) ». Cette histoire démarre au Ier Siècle, post-Jésus Christ, en prenant naissance dans l'ancienne Judée. Elle parviendra jusqu'à notre époque dans les prochains volumes, en passant d'un continent à l'autre dans un voyage aussi bien géographique que spirituel, mais aussi historique, puisque c'est un récit qui se nourrit de légendes, d'Histoire et d'une très large part de rêve. C'est en fait le début d'une véritable saga...
Photo ci-dessus : ©Jean Dorval pour LTC
LTC : J'ai bien compris que « M'aimeras-tu ? » aura une suite en plusieurs volumes... Avez-vous déjà commencé à les rédiger ?
ERC : C'est vrai que je m'y suis déjà attelé et je vais essayer de ne pas décevoir mes lecteurs. Cela prend du temps et j'espère que d'ici la fin de l'année, voire début 2011, le deuxième volume sera publié.
LTC : Rien d'autre sur le feu ?
ERC : Si, par ailleurs, j'ai un recueil de contes qui est en train de se finaliser, des contes africains puisque je suis originaire du Bénin... J'ai aussi un projet d'Opéra de Baudelaire qui est mon poète préféré. Pour moi, Baudelaire, c'est « THE » Poète ! Il m'a donné l'envie d'écrire par la beauté de ses propos. Dans sa poésie, chaque pied a sa place. On passe d'un alexandrin à la prose toute en finesse. Cela mérite toute notre attention. Les gens ont tendance à se détourner de la poésie, car ils ne rechignent à se frotter à genre littéraire qu'ils estiment complexes... et pourtant. Le texte de cet opéra est déjà en cours de rédaction, charge après à un réalisateur de le mettre en scène.
LTC : Vous n'aimez pas aussi Verlaine qui est né à Metz ?
ERC : Bien sur que si ! C'est un de mes poètes préférés ! Mais, je garde un faible pour Baudelaire, car nous avons la même fibre sensitive. Quand je lis du Baudelaire, je rêve les yeux ouverts J'aurais aimé être une petite souris, à son époque, afin de tenter de voir comment il faisait pour écrire d'aussi belles choses et comprendre ce qu'il vivait à l'instant même où il écrivait. Baudelaire correspond véritablement à ce que je ressens. C'est un peu comme si on s'était toujours connu. Il est éternel au travers ses ouvrages.
LTC : Eurydice vous êtes à la fois éclectique et passionnée. Est-ce bien raisonnable tout cela ?
ERC : (fou rire) Je crois que ce qui plaît aux gens qui découvrent l'auteur que je suis (hors Lorraine bien sûr, car dans la région les gens ont déjà eu l'occasion de m'entendre sur Radio Jérico et de lire à mon propos dans le Républicain Lorrain), c'est justement l'éclectisme et la passion pour ce que je fais. Je n'ai jamais désiré ressembler à une icône people, j'ai mon propre cheminement et je remercie tous ceux qui se reconnaissent dans cette approche.
LTC : Je vous remercie Eurydice pour votre disponibilité, votre sincérité et votre gentillesse.
ERC : C'est moi qui vous remercie.
© Propos recueilles par Jean Dorval pour LTC Lecture, le 04 juin 2010.
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