19/02/2009
UN LIVRE, UNE SELECTION... PAR VINCENT
Un livre "référence"
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Extrait |
On m’a amenée ici, dans cette chambre, en me disant que c’était la mienne avec un sourire à encolérer Dieu. — Votre chambre, madame Jasca ! Alors, j’y suis allée de mon couplet, à l’aune de leur amabilité si bien jouée : — Mais ce n’est pas ma chambre ça, ce n’est pas à moi. Et puis ce lit, il est trop étroit, vous ne pensez tout de même pas que je vais dormir là-dedans ? Si ? Eh bien, c’est ce qu’on va voir ! — Maman, regarde, a dit Paul sans trop me regarder, il est parfait ce lit ! Avec une télécommande, il a relevé le matelas en position assise, et les ambulanciers m’y ont déposée, paquet fragile. Puis il a rangé mes affaires grosso modo en disant : — Là, tu vois, tu as une belle armoire ! Il m’a semblé qu’on dit le même genre de sottise aux petits enfants qu’on amène pour la première fois à l’école maternelle, leur paire de chaussons sous le bras ; la maîtresse se colle un sourire en travers de la figure et dit : — Tu peux les poser là, en dessous de ton portemanteau. Et le petit, le cœur étreint, hésite à se défaire de ses précieux chaussons, pour les poser « là ». Parce que là ce n’est pas un lieu, c’est nulle part. Nulle part ! — Eh bien, dit Paul, avec ton lit électrique et tes affaires dans l’armoire, te voilà installée, n’est-ce pas ? Comment dit-il ? Installée ? Installée ? Je regarde ailleurs, ostensiblement le mur d’en face. — Ce n’est pas ma chambre, pas mon lit, pas mon armoire ! Ce n’est pas ça que je veux, pas ça ! Puis, je me tais. Ma voix se mouille. Dans un sursaut de colère et de chagrin mêlés, je murmure avec un trémolo : — Pas ça ! Je vois mon Paul qui perd contenance. Il se garde bien de me demander ce que je voudrais d’autre. Comme quand il était petit, il danse d’un pied sur l’autre, pour un peu il m’avouerait tout de go une mauvaise note ou un bête chapardage de pommes. Moi pour la forme, je gronderais de cette voix sévère que je prenais alors, une gronderie si chargée d’amour qu’elle n’a jamais fait mal : je veux croire qu’elle a construit l’homme. Mais c’est pourtant cet homme-là aujourd’hui qui m’amène au mouroir. Sur ordre de son père, mon vieux mari. Il est tout embarrassé, l’homme, mais il obéit. — Pas ça ! Il marmonne : — Je t’en prie maman ! S’il te plaît ! On en a déjà parlé, non ? |
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18:49 Publié dans LTC LECTURE | Lien permanent | Tags : guten éditeur, l'arbre dehors, un livre référence, lecture, vincent maniglia, ltc, la tour camoufle | Facebook |