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17/01/2012

« PARIS-COLMAR » À LA MARCHE : UNE EPREUVE HISTORIQUE UNIQUE AU MONDE, UN DEFI HUMAIN HORS NORME !

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Le suisse Jean Linder en 1926...

 

Comme le disait si bien Jean Giraudoux : « La course à pied est aux autres sports ce que la géométrie est aux autres sciences. » L’épreuve annuelle de marche athlétique, « Paris-Colmar » le prouve ! Cette compétition d'ultra-fond, dont la distance varie entre 450 et plus de 500 km pour les hommes, et entre 300 et plus de 350 km pour les femmes et les masculins « espoirs-promotion », dure de nos jours, 4 jours et 3 nuits. Les marcheurs traversent villes et campagnes, encouragés par leurs accompagnateurs, ainsi que par leurs nombreux supporters venus spécialement pour l’occasion. Actuellement, la compétition débute à Neuilly-sur-Marne pour les hommes, après un prologue parisien qui se déroule la veille, et à Vitry-le-François pour les féminines, avec « La François 1er », pour finalement rejoindre Colmar. Une marche athlétique de l’extrême, donc, qui requiert une grande endurance physique et mentale, durant laquelle les participants doivent faire preuve non seulement d’un courage hors du commun, mais aussi savoir gérer leur alimentation et changer de vêtements, afin que la transpiration ne les brûle pas, s’ils veulent pouvoir franchir la ligne d’arrivée. « La Doyenne », comme on l’appelle, « (…) parce que c’est la plus ancienne épreuve de marche athlétique du monde (…) la plus importante et surtout la plus folle, voire inhumaine, puisque 30 marcheurs (à ses débuts, nda) sont sélectionnés en cours d’année pour (y participer, se faisait au démarrage sur 535 km, réunit les meilleurs marcheurs d’endurance mondiaux… nda) »(1). Cette compétition comprend deux arrêts obligatoires : l’un de 3 heures et l’autre d’1 heure. Tout arrêt supplémentaire de plus de 10 minutes prive à coup sûr le marcheur d’un classement sur l’épreuve. Dans les meilleures années, 8 à 10 marcheurs, seulement, sur les 30 du départ, atteignent Colmar. L’épreuve féminine venue se greffer au « Paris-Colmar » en 1988, voit les féminines rallier Colmar en empruntant le même parcours que les hommes. Elle s’effectue avec deux arrêts obligatoires, le premier de 2 heures et l’autre d’1 heure… Cette épreuve épuisante se déroule à l’allure moyenne de 8 à 9 km/h, ce qui prouve que la marche athlétique ne peut pas être confondue avec une simple promenade !

 

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ET SI ON REMONTAIT LE TEMPS AU PAS DE COURSE ?

L’histoire de la mythique marche à pied de « Paris-Colmar », comme toutes les grandes épopées sportives, s’est déroulée en plusieurs grandes étapes.

1926-1937 : Tout commence par la création du « Paris-Strasbourg ».

La course « Paris-Colmar » existe depuis 1926. Cette épreuve de marche, contrairement à ce que l’on pourrait penser ne débuta pas historiquement entre Paris et Colmar, mais plutôt entre… Paris et Strasbourg. Elle a été créée à l’initiative du français Émile Anthoine, Président du Cercle des Sports de France, l’un des précurseurs du sport français, lui-même athlète, spécialiste de la marche athlétique. La naissance du « Paris-Strasbourg » a amené, ainsi, des hommes à se mesurer aux autres, et surtout à eux-mêmes, dans une compétition magique de « Géants aux godasses (puis bien plus tard aux baskets…) de sept lieues » qui allait devenir un monument du patrimoine sportif français. A cette époque, il fallait resserrer les liens avec l’Alsace-Moselle rendues à la Mère Patrie depuis peu de temps, et célébrer par la même les exploits des « Poilus de 1914-1918 ». Aussi, le choix de l’arrivée s’est-il porté tout naturellement sur Strasbourg, symbole, par excellence, du retour à la France. A la toute première épreuve, il faut parcourir 504 km en 8 jours… Pour ce faire, le 28 Juillet 1926, cinquante marcheurs partent de la Place de la République à Paris pour rallier Strasbourg, marchant jour et nuit, presque sans aucun arrêt organisé. L'opinion publique étonnée par une telle hardiesse ne pense pas que les concurrents puissent arriver dans la capitale alsacienne dans de telles conditions. Mais, c’est sans compter sur l'ancien champion Emile Anthoine qui sait déjà qu'il a crée la plus belle épreuve sportive du genre. Pour ce faire, il a fallu le concours du journal « Le Petit Parisien », et surtout la confiance de ses dirigeants, parmi lesquels Pierre Labrie. Sur les cinquante partants sélectionnés dans différentes épreuves préparatoires, 27 terminent dans le délai de 8 jours. Le vainqueur de la première édition est le suisse Jean Linder, de Zurich, laitier de son état, qui rentre directement dans « LA » Légende sportive, et reçoit, à ce titre, en récompense de sa victoire une voiture automobile. Le second est le français Eugène Defaye qui termine sept heures après Linder, précédent Louis Godart de… 3 heures. En 1933, ce sont 50.000 spectateurs qui acclament le gagnant, cette fois-ci, « l’enfant du pays », le marcheur Alsacien Ernest Romens (1904-1954), qui sera plusieurs fois vainqueur de « Paris-Strasbourg ». Soit les 535 km réglementaires en 5 jours ! Cette marche athlétique, ayant un succès populaire énorme, se déroulera dans la bonne humeur jusqu'en 1937. Puis, elle est interrompue dans son élan par la Seconde Guerre Mondiale. L'épreuve n'est pas disputée de 1938 à 1948.

 

 

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© Photo ci-dessus : http://fr.wikipedia.org/ (« Paris-Strasbourg-Paris 1932 »)

1949-1951 : Un nouveau départ pour « Paris-Strasbourg ».

Après la Seconde Guerre mondiale, la compétition ne reprend pas avant 1949 et se déroule toujours dans le sens « Paris-Strasbourg » jusqu’en 1951. Cette renaissance est rendue possible grâce à une rencontre, celle d’Emile Anthoine et de Paul Lacroix, PDG de Sports Akileïne ; scellant ainsi un partenariat durable entre le « Paris-Strasbourg » et la marque. Le « Paris-Strasbourg » d'après guerre, c’est 300.000 spectateurs au départ de Paris, 520 km parcourus en 4 jours et 9 heures ! La première victoire revient à Gilbert Roger qui récidivera 5 fois par la suite. En 1950, Joseph Zami (dit « l’éternel second ») est le premier Martiniquais à s’imposer sur cette distance en 73h55’.

1952-1959 : On inverse le sens de la Marche !

 

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© Photo ci-dessus : http://fr.wikipedia.org/ (« Strasbourg-Paris 1957 »)

En 1952, « Paris-Strasbourg » devient… « Strasbourg-Paris ». L’épreuve se dispute à nouveau. Elle est remportée par Albert Seibert, grand champion international devant le… Martiniquais Joseph Zami. Tout se déroule parfaitement jusqu’en 1959, où les organisateurs doivent renoncer à l’organisation de la Marche, à cause de l'incompréhension des pouvoirs publics face à un tel évènement. L’épreuve est donc interrompue de 1960 à 1969, année durant laquelle Emile Anthoine décède dans sa 88ème année. La célèbre Marche est orpheline de son Créateur !

1970-1975 : Remise en Marche toujours dans le sens « Strasbourg-Paris ».

Après une décennie d’arrêt, la course est remise en marche, de 1970 à 1975, dans le sens « Paris-Strasbourg ». C'est grâce à l'insistance de Félix Levitan, Directeur du « Parisien Libéré » que la Fédération Française d'Athlétisme (FFA) et le Cercle des Sports de France (dont le Président est alors Francis Jenevein) mettent sur pied cette nouvelle épreuve, avec 28 partants. Disputée au mois de juin, cette rencontre voit la victoire d'un ancien coureur de 10.000 m reconverti dans la marche à pied, Samy Zaugg du Club de Delle ; un marcheur quasi inconnu, avec un chapeau de canotier vissé sur la tête et une jolie petite barbe. Surnommé le « Van Gogh de la marche » par les journalistes de l’époque, le Grandvellais crée la sensation forte, dès le départ de la Place Kléber, à Strasbourg, en direction de Paris, du 4 au 6 juin, en présence des stars du moment : Simon et Lebacquer. Il dévore les 512 km le séparant de Paris, en 70 heures et 4 minutes. Soit 7,3 km/h de moyenne, avec des « pointes » à 12 km/h sur la fin !

En 1972, les organisateurs innovent en rajoutant un prologue de 12 km organisé la veille du départ de l’épreuve. Et en 1976, pour son 50ème anniversaire, la compétition couvre 533 km et se déroule de Paris à Strasbourg. Le départ, Place de la République à Paris, se fait dans la plus pure tradition de 1926, avec une arrivée triomphante sur la prestigieuse Place Kléber de Strasbourg, incarnée par le belge Rinchard qui fait une entrée triomphale avec une moyenne horaire record de 7km 709/h.

1977-1980 : « Strasbourg-Paris » dans la continuité !

L'année 1977 reprend le parcours classique « Strasbourg-Paris » jusqu’en 1980. A ce moment historique, des difficultés apparaissent entre les organisateurs et la Ville de Strasbourg qui décide de diminuer significativement son aide matérielle, ce qui met les organisateurs dans l'obligation de rechercher une autre ville collaboratrice. C’est alors que le Maire de Colmar, Monsieur Gerrer, signe un accord d'organisation avec le Conseil Général du Haut-Rhin, la Région d'Alsace et la Société du Tour de France cycliste. « Paris-Colmar » est né !

En 1981, « Strasbourg-Paris » devient « Paris-Colmar »…

En 1981, sous l’impulsion de Francis Jenevein et pour les raisons déjà évoquées, « Strasbourg-Paris » devient donc « Paris-Colmar ». Cette première édition propose ses 513,5 km de performance et un nouveau souffle. Elle est gagnée par le belge Roger Pietquin, en 65h10’ pour 513 km 500.

Dans la foulée, dès 1982, quelques femmes tentent l’aventure, démontrant un courage étonnant en se frottant aux hommes, confirmant ainsi la dynamique de l’épreuve. Annie Van der Meer, une institutrice hollandaise, « précurseur au féminin », s’arrête brillamment au Km 180. Elle renouvelle l’exploit en 1983. Elle est alors la première femme à terminer la course. Elle couvre la distance de 518 km en 77h40’. Un exploit remarquable ! En 1986, la française Edith Couhé, sélectionnée sur « des critères masculins », parcourt 380 km. Mais, se trouve stoppée en raison des délais. Il apparaît, alors, évident aux organisateurs qu'il était nécessaire de se pencher sur l’aspect trop rigoureux de la participation. Une remise en cause devient urgente !

En 1988, changement de cap et d’itinéraire, et mise en place d’une course féminine, ouverte, aussi, aux licenciés français seniors ou vétérans, véritable tremplin pour une éventuelle et future participation à « Paris-Colmar à la marche ». La première de cette épreuve se déroule entre Paris et Contrexéville. Elle est remportée par la même Edith Couhé qui couvre les 360 km en 52h27’. Puis, en 1989, dans sa deuxième édition, cette course se déroule entre Épernay et Colmar. Une épreuve disputée conjointement avec l'épreuve masculine - dans laquelle 6 concurrentes ont pris le départ - et qu’Edith Couhé gagne en couvrant les 376 km, en 52h51’. La deuxième est Arlette Touchard (53h57’). En juin 1990, un essai est organisé sur 340 km, de Châlons-en-Champagne à Colmar. Il est reconduit jusqu'en 2006. En 2007 et 2008, un nouvel itinéraire est défini entre Neuilly-sur-Marne et Colmar sur 315 km. Enfin, à partir de 2009, cette course est baptisée « La François 1er », reliant Vitry-le-François à Colmar (280 km) ; affirmant ainsi de manière forte qu’il n’y a qu’un seul « Paris-Colmar à la marche », et qu’il ne s’agit non pas d’un « Paris-Colmar bis », mais bien d’une épreuve totalement indépendante.

En 1989, côté hommes, l’édition de « Paris-Colmar » se poursuit sur 524 Km. En 1992, Jean-Claude Perronnet, mal voyant, réussit l’exploit de parcourir 200 km avec l’aide de ses accompagnateurs, et grâce à un appel lancé sur les ondes d’Europe 1 par Dominique Souchier. En 2002, la première édition « Promotion » sur 360 km permet aux hommes qui n’ont pu se qualifier pour « Paris-Colmar », de participer à un kilométrage plus restreint.

 

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La marche « Paris-Colmar » se dispute généralement au mois de juin. Elle s’est déroulée du 04 au 07 juin 2003. Elle n’a pas eu lieu en 2004. Par contre, elle a fait parler d’elle du 08 au 11 juin 2005, du 31 mai au 03 juin 2006 et du 07 au 10 juin 2007. Un millésime 2007, où pour la première fois, depuis 1983, deux féminines sont au départ, réalisant une performance exceptionnelle : Kora Boufflert (451 km en 63h19’) et Sylviane Varin (451 km en 66h24’). A la suite, la course prend la route du 18 au 21 juin 2008, et du 17 au 20 juin 2009.

Il est à noter que jusqu'en 2009, le Cercle des Sports de France organise l’épreuve, sous le contrôle de la Fédération Française d’Athlétisme, avec d’une part le soutien financier de collectivités locales et territoriales, de quelques partenaires, et d’autre part, le dévouement d’une équipe de bénévoles réunis autour du Directeur de l’épreuve Hervé Delarras. Hervé Delarras démissionne de ses fonctions le 21 juin 2009. La Marche n'est pas organisée en 2010.

 

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En 2011, « Paris-Colmar » devient « Paris-Neuilly-sur-Marne 440 km à la marche » !

En 2011, après une interruption d'une année, « Paris-Colmar » renaît avec la création de l'Association « Paris-Colmar à la marche »(2) qui a délégation du Club de Neuilly-sur-Marne Athlétisme (en Seine-Saint-Denis) pour son organisation. La compétition se retrouve inscrite aux épreuves du calendrier de l’International Association of Athletics Federations (l'IAAF). D’où le nouveau nom de l’épreuve : « Paris-Neuilly-sur-Marne 440 km à la marche. »

Du 22 au 25 juin 2011, la Marche est donc relancée sur les routes du Grand Est de la France. Son prologue se déroule le 22 juin, en début d'après-midi, dans les rues de Paris. Et la compétition débute logiquement à Neuilly-sur-Marne en direction de Colmar. Le directeur de l'épreuve est Jean Cécillon. Une voiture d'un montant supérieur à 12.000€ récompense les vainqueurs des deux compétitions. L'épreuve est internationale et les Européens de l'Est sont nombreux parmi la cinquantaine de participant(e)s. Le vainqueur, le Russe Osipov, inscrit pour la deuxième fois son nom au palmarès, parcourant les 439 km en 56h46’. Soit 7,73 km/h de moyenne !

 

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Le vainqueur 2011 de l’épreuve, le Russe Osipov, qui inscrit pour la 2ème fois son nom au palmarès.

 

LA « DOYENNE » CHERCHE DES SPONSORS POUR 2012 !

In fine, et pour la petite histoire, les sportifs les plus titrés du « Paris-Colmar » sont le Polonais Adam Urbanowski avec dix victoires dans les années 1990 et 2000, le Français Roger Quemener qui totalise sept victoires principalement dans les années 1980, et la Française Édith Couhé, qui remporte les cinq premières éditions de la compétition féminine à partir de 1988. Le dernier Français lauréat est Noël Dufay, en 1993. 518 km en 62 heures ! « Cocorico ! » Le prochain « Paris-Neuilly-sur-Marne-Colmar, 440 km à la marche » se déroulera du 20 au 23 juin 2012. Pour pouvoir continuer d’exister, il a besoin, bien sûr, de bénévoles, mais aussi de sponsors et de mécènes généreux. Et Jean Giraudoux de conclure : « Croyez (bien, nda) que le bon coureur qui sait évaluer du premier coup la distance qu’il a à parcourir sait aussi évaluer la longueur de sa vie. (aussi, nda), Il s’entraîne en conséquence »(3) C’est pourquoi, « LA » Doyenne a besoin de toutes les bonnes volontés, pour continuer, à l’avenir, à faire rêver les foules, et ce, à grands pas !

© Jean Dorval, le 17 janvier 2012, pour LTC SPORTS.

 

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Infos plus sur le « Paris-Neuilly-sur-Marne-Colmar, 440 km à la marche » :

Association « PARIS-COLMAR à la marche », 4 Route de la Noue, 91190 GIF-SUR-YVETTE, Tél. : 01.70.56.06.85, Portable : 06.11.37.59.45 ; adresse administrative : 32 rue Garibaldi, 94100 Saint-Maur-des-Fossés, Tél. : 01.48.86.17.52 ; http://www.pariscolmaralamarche.fr/

Sources documentaires et crédit photos :

http://www.pariscolmaralamarche.fr/

http://dominique.alvernhe.free.fr/historique.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal

http://www.marchons.com/archives/marchons/paris-colmar-1999.html

Notes :

(1)   Source le journal : « l’Observatoire du mouvement »,

(2)   Association créée entre les laboratoires Asepta, siégeant à Monaco, producteurs et distributeurs de la marque Akileïne et partenaires Premium de l'épreuve depuis 1949, et la Sarl SBE - Sports Business Entertainment - de Gif-sur-Yvette.