17/10/2024
LTC LIVE PRESENTE... THE STRANGLERS A LA CARTONNERIE DE REIMS...
LES STRANGLERS FONT SAUTER
TOUS LES BOUCHONS (D’OREILLES) DE CHAMPAGNE !
En ce mercredi 16 octobre 2024, je débarque à la gare de Reims, vers 9h15. Les cheveux aux vents (MDR !). De noir vêtu com d’hab. Les Dr. Martens claquant sur le trottoir. Que c’est bon ! J’adore ces moments de Liberté chérie et de grâce adorée pendant lesquels je sais que la Music me possède d’âme et de corps. Le Title Duchess (6) résonne dans mes écouteurs. Petit repérage des lieux, récupération de ma chambre d’hôtel, quelques courses pour tenir le coup à la supérette du coin et première visite à La Cartonnerie. Ce soir, j’ai rendez-vous avec The Stranglers. Leur bus est déjà là… Photos… Puis, un des roadies des Etrangleurs sort fumer une clope ; sa coiffure punkie défraichie. J’échange quelques mots en langue de Shakespeare avec lui. Décidément : « Punks not dead ! »
Vidéo : White Stallion by The Stranglers
Vidéo : Cloudy Mornings by DÉVORE
▪ AVANT LES ETRANGLEURS,
DÉVORE NOURRIT SA DANSE-PUNK ÉLECTRO-SYNTHÉE
20h00 pétantes, la première partie des Stranglers est assurée par Dévore ; deux Strasbourgeois à la Dance-Punk teintée d’Electro-Synthé. Un duo né en 2021 de la fusion de Föze et de… Dévore. Jimy DE HAESE et Bastien GRIAT « dévorent » (d’où le nom du groupe) toutes les sonorités dispos au buffet à volonté de leurs instruments de musique, afin d’en extraire le meilleur. Silent Park - un premier EP, sorti en mai 2024, composé entre Paris, Berlin et la capitale Alsacienne - revisite une multitude d’influences : New-Wave et Musiques Électroniques des 90’s, Drum and Bass, Jungle, Trip-Hop (Massive Attack notamment), Hip-Hop débridé (tel celui de Neneh Cherry), Musiques Minimalistes ; mais aussi le groupe Blonde Redhead ou les compositeurs Josef K et Philip Glass. La ligne musicale de Silent Park surprend par son alternance d’accélérations et de flottements graves. Dans ce Duo Post-Punk, Jimy excelle à la guitare et au chant, complété par la palette multicolore des notes du saxophone et des synthés de Bastien. Sons hybrides qui débrident Dévore dans la création de sa Dance-Punk. Un Sax joué différemment. Instrument à vent dissocié de son groove Jazzy habituel. Pratiqué désormais au prisme des Musiques Minimalistes. Utilisé comme un synthé, de manière carrée, droite, linéaire… il perd son phrasé langoureux de base. Il en devient tranchant. Les synthés magnifient le Dub par rajouts d’effets sonores (comme le Delay, un effet audio consistant à répéter plusieurs fois un son, tel un écho) ; et par réverbération acoustique des instruments (persistance du son dans un lieu après l'interruption de la source sonore ; mélange d'une quantité de réflexions directes et indirectes donnant un son confus décroissant progressivement). L’utilisation notamment du synthé Roland TB-303 sur le morcif People - emblème de l'Acid House, musique électronique dérivée de la House des 80’s – permet une distorsion des basses produites en bidouillant savamment les potentiomètres. En Live, le batteur Baptiste se joint à Dévore. Véritable « boîte à rythmes » oscillant entre set-up hybride, perçus acoustiques, toms et pads. La Signature Dévore bonifie le Post-Punk et la New-Wave. Les lignes de basse accrochent. La guitare fuse. Le saxophone questionne par ses intonations. Une Liberté d’expression frisant l’ivresse. Les textes anglais pimentent le tout. Cloud Mornings suinte le Post-Punk des 70’s, le côté sombre de Joy Division et de The Cure. Bien sûr, les Stranglers influencent aussi le Duo, comme Jimy le confesse au début de leur Live rémois-émois…
Vidéo : This Song by The Stranglers
THE STRANGLERS FONT UN CARTON
A LA CARTONNERIE POUR LEUR 50 ANS EN NOIR…
The Stranglers 50 Years in Black, The anniversary european tour 2024-2025, démarré en UK, est passé aussi par de prestigieuses Scènes hexagonales en octobre 2024 : L’Aéronef (Lille), L’Olympia (Paris), La Belle Electrique (Grenoble), Paloma (Nîmes), La Coopérative de Mai (Clermont-Ferrand), Nancy Jazz Pulsations Festival (Nancy), La Cartonnerie (Reims), La Briquetterie (Strasbourg) et Ouest Park 2024 (Le Havre). Cinq autres dates ont clôturé cette tournée en Belgique, Allemagne, Pays-Bas et Luxembourg. Créés en 1974, les Stranglers – 100% British - sont originaires de Guildford, dans le Surrey, en Angleterre. Difficilement classables dans un style musical défini ; ils oscillent, d’un album à l’autre, du Rock au Post-Punk, du Rock-Electronique à la New-Wave, de la Pop-Rock au Punk-Rock, du Rock-Indépendant aux intonations de Jazz, de Reggae, de Soul ou de Rhythm and Blues. Les Stranglers conservent une mauvaise réputation : « Pas vraiment Punks ! », « Trop vieux ! », « Ils jouent trop bien », « Des provocateurs ! », etc. Des qualités qui pourtant leurs ont fait garder avec panache le cap, contre vents et marées, durant cinq décennies.
Vidéo : Duchess by The Stranglers
▪ QUATRE FANTASTIQUES SANS BEMOL. - Actuellement, Jean-Jacques BURNEL dit « JJ » est au chant et/ou à la basse depuis 1974. Sa basse à la fois mélodique et incisive caractérise un Son-Stranglers dans la veine des bassistes Punk et New-Wave. Auteur-compositeur et producteur franco-britannique, BURNEL a créé les dix-huit albums studio du groupe, deux opus solos et la BO de deux films. Le départ inattendu d’Hugh CORNWELL - ex-guitariste et chanteur des Stranglers - aurait pu provoquer la fin du groupe. Mais BURNEL, avec son humour caustique et sa faconde habituelle, s’est mis à la barre permettant aux Stranglers de rebondir. BURNEL, plus jeune membre du groupe à sa création, est désormais le dernier du Band original. Baz WARNE, ex-bassiste du The Toy Dolls (un groupe Punk) est à la guitare et/ou au chant depuis 2000. Il n’a rien à envier à Hugh CORNWELL, l’ex-guitariste et chanteur du groupe, dont la carrière solo n’a pas décollé depuis son départ en 1990. Toby HOUNSHAM, quant à lui, est au chant et aux claviers depuis 2021. Il reste dans les pas du virtuose Dave GREENFIELD (ex-claviériste du groupe), décédé lui aussi. Il délivre de rapides arpèges, joués sur orgue Hammond, synthétiseur, piano ou clavecin. Enfin, fidèle à la frappe du légendaire Jet BLACK (ex-batteur décédé des Stranglers), Jim MACAULAY est à la batterie depuis 2013.
Vidéo : Waltzinbalck (intro), Toiler on the Sea, etc. by The Stranglers
▪ IMAGINARIUM STRANGULATION. – A La Cartonnerie, les Stranglers entrent sur Scène au son du monumental Waltzinblack (1), ouvrant rituellement leurs Lives ; éclairés en autres de trois lustres baroques géants ornementaux. Un morceau rappelant que les Stranglers offrent à un public fidèle un voyage initiatique dans leur Imaginarium. BURNEL produit toujours la première note. Entrée fracassante des Etrangleurs habillés de la célèbre tenue des Meninblack (1). BURNEL précise : « Nous portons des Dr. Martens, nous sommes habillés en noir. Nous sommes les Stranglers. » Rien de nouveau sous le light show embrasant l’espace de faisceaux en alerte. Ambiance rougeoyante maxi-mâle ! BURNEL jovial lance : « Merci d’être venu ce soir célébrer les 50 ans des Stranglers. Certains de nous ne sont plus là. Mais dans la mort, il y a la vie ; et dans la vie, il y a la mort. » Puis, il descend de scène savourer une flûte de Champagne avec des fans.
Vidéo : The Stranglers
▪ UN VERITABLE GENERIQUE DE TITRES - 21h00, la setlist anniversaire des Stranglers enchaîne la discographie du groupe ; de 1977 [année du premier album, Rattus Norvegicus (2)(3)] à 1986 [année du Tube planétaire Always the Sun (4)]. Des refrains faisant vibrer les tympans des 1.200 fans présents. Les Stranglers n’ont jamais respecté la règle Punk de produire des chansons de moins de trois minutes. Ils s’étendent toujours sur de longues pistes, démontrant ainsi leur capacité à faire durer les harmonies. Les anciens Hits et les nouveaux Titres des albums du groupe défilent. Voici les principaux Morcifs joués ce soir : Toiler on the Sea (5) balance toute sa puissance créatrice. Le vibrant Peaches (3) répand une des meilleures lignes de basse de l’Histoire Musicale. Le corbeau des Vikings veille en conquérant sur cette nouvelle tournée européenne… Duchess (6) brûle les planches, agite la foule pour mieux en mélanger la pulpe. WARNE parade. Sa guitare devenant plus lourde, mordante. BURNEL en écho lance des coups de pieds en l’air. Frappe sa basse du poing. A l’atterrissage, un N'Emmenes Pas Harry (6), plus apaisé, permet de reprendre son souffle en écoutant les paroles. Walk on By (5), composée initialement par Burt BACHARACH en 1964 et chantée par Dionne WARWICK - reprise la même année en version soul par Isaac HAYES - est une des plus belles créations de tous les temps. En 1978, les Stranglers l’adaptent au format Rock. Water (7) sert son refrain en expresso crémeux. This Song (7) invite à surmonter la douleur et les peines de cœur en se préparant à un nouveau départ. White Stallion évoque aussi la douleur et les difficultés du passé, permet d’aller de l'avant, de retrouver la paix et d’apprendre de ses erreurs. La métaphore du refrain - « It seems we'll be kissing in the rain » - fait retrouver joie et bonheur dans les difficultés. Golden Brown (8), valse jouée au clavecin, sortie en Single en 1982 - auquel la maison de disques Liberty ne croyait pas – s’écoute avec délectation. Let Me Introduce You to the Family s’exclame en Pogo (8). Time to Die (9), une folle embardée Rock poétique évoque Leonard Cohen. La beauté des mots est sublimée par les riffs des guitares style 60’s. Always the Sun (4) est entamé en communion par toute la salle. Les enceintes crashent soudainement un 5 Minutes (10) pêchu qui déroute. Puis, le show se termine vers 23h00 en queue de poisson électrique....
▪ LES ETRANGLEURS ONT TENU EN HALEINE LEUR PUBLIC PRES DE 2H. – Avec une scénographie et une musique rodées The Stranglers font mouche à tous les coups. Une soirée bénie pour les fans de déflagrations hypersoniques. Les Stranglers s’inscrivent dans la pure tradition Punk-Rock britannique des 70’s. Ils délivrent un Live intemporel nourri de basse et de guitare lourdes-saturées. Durant les rappels BURNEL remercie de nouveau le public d’être venu fêter les 50 ans du groupe. Une magie qui culmine au final sur le génialissime No More Heroes (10). Un titre sorti en opposition au Heroes de David Bowie (1977). Un des plus grands succès des Stranglers qui illumine la voûte stellaire de Reims. Hanging Around (3) assaisonne la salle, grave et sombre, sans crier gare. BURNEL conclue : « On va jouer pour vous le tout premier morceau écrit par les Stranglers alors que nous jouions dans les pubs au nord de Londres et que nous étions un groupe de Rock. » Et le public de s’époumoner en chœur sur le refrain de… Go Buddy Go (3).
© Jean DORVAL, pour LTC Live, le 16 octobre 2024.
POUR LIRE CET ARTICLE EN PDF :
The Stranglers à La Cartonnerie Reims 16.10.2024 by Jean DORVAL pour LTC LIve.
PS : Le Prochain rendez-vous d’LTC LIve : Peter Hook & The Light.
Notes sur les Stranglers : (1) Le 5ème album : The Gospel According to the Meninblack (1981) ; (2) Hommage au rongeur trapu, symbole du Band ; (3) Le 1er album : Rattus Norvegicus (1977) ; (4) Le 9ème album : Dreamtime (1986) ; (5) Le 3ème album : Black and White (1978) ; (6) Le 4ème album : The Raven (1979) ; (7) Le 18ème album : Dark Matters (2021) : (8) Le 6ème album : La Folie (1981) ; (9) Le 11ème album : In The Night (1992) ; (10) Le 2ème album : No More Heroes (1977). 5 Minutes est un de trois titres bonus rajoutés lors de la réédition de l’album en CD (2001).
21:58 Publié dans LTC LIVE : "LA VOIX DU GRAOULLY !" | Lien permanent | Tags : ltc live, wednding present, the chameleons, the cure, molchat doma, jean dorval, journalisme, poésie, songs of a lost world, the stranglers, dévore, la cartonnerie, reims | Facebook |