17/07/2010
SEBASTIEN WAGNER : UN HISTORIEN MESSIN GARANT DE LA MEMOIRE LOCALE !
Photo ci-dessus : ©Jean Dorval/LTC 2010
LTC : Sébastien Wagner, on ne vous présente plus sur Metz. Vous êtes historien, journaliste local sur France Bleue Lorraine Nord, et plus ponctuellement, vous faites des piges pour le Républicain Lorrain. Aussi, on va s’intéresser à votre activité professionnelle. Pouvez-vous nous parler de cette passion pour le journalisme, l’écriture en général ? Etes-vous finalement en correspondance avec le slogan de l’Eté du Livre 2010 « Journalisme et littérature » ?
SW : Il est vrai que j’ai une formation d’historien, mais je m’intéresse aussi à ce qui se passe autour de moi. La ville de Metz principalement… Cette passion pour le journalisme m’est venue naturellement par intérêt pour la ville et ses habitants, ainsi que pour ses projets. Le journalisme, c’est un peu de l’Histoire à l’instant présent. Donc, cela complète un peu ma passion. De même, je m’exprime au travers d’un autre moyen d’expression qui est l’écriture.
LTC : Sébastien, en 2009 au cours d’un autre interview, on avait parlé de votre dernier ouvrage, publié aux Editions Serpenoise, et qui a l’air de faire un carton au niveau des ventes : « Le Dictionnaire Historique des Rues de Metz ». Vous en êtes à combien d’exemplaires vendus actuellement ?
SW : Je crois qu’on doit en être aux alentours de 2.000 exemplaires vendus. Ce qui fait qu’il y a à peu près un messin sur 100 qui l’a à son domicile. Je n’en suis pas peu fier !
LTC : Vous vendez ce dictionnaire que « localement » ou bien arrivez-vous à « l’exporter » en dehors de Metz ?
SW : C’est essentiellement des ventes locales, mais il y a aussi des gens qui s’intéressent à des monographies. Des dictionnaires de ce type cela existe très peu, et je sais que cela intéresse des personnes qui pourront l’utiliser comme canevas afin de l’adapter à d’autres villes.
LTC : Etes-vous en lien localement avec les musées, les bibliothèques, les archives, etc. des Institutions pouvant être intéressées par ce type d’ouvrage ?
SW : Les Musées locaux, mais également les bibliothèques universitaires, ont tous ou presque cherchés à l’acquérir. Il y a juste la Bibliothèque Universitaire de Metz qui a mis longtemps à l’acheter… Il a donc fallu les relancer à plusieurs reprises.
LTC : Pouvez-vous nous dévoiler l’origine d’une rue de Metz qui a votre préférence (pas la même que l’année dernière si possible…) ?
SW : L’année dernière on avait évoqué la Rue Saint-Marie, une rue en arc de cercle, et la Rue des Murs qui est assise sur un rempart… On peut aussi évoquer des rues qui ont une origine bimillénaire. Je pense à deux rues essentielles du Quartier Outre-Seille, la Rue des Allemands et la Rue Mazelle. La Rue des Allemands est en fait l’ancienne voie romaine qui menait à Mayence et la Rue Mazelle celle allant vers Strasbourg. Il s’agit de deux rues où se rejoignaient un ancien pont saillie et un pont gallo-romain. A partir de ce point, on gagnait la ville. Ces deux pistes ont été gauloises, puis romaines. Ce sont, aujourd’hui encore, les deux axes majeurs de ce quartier, et un peu de l’entrée de la vieille Ville de Metz.
Photo ci-dessus : ©Jean Dorval/LTC 2010
LTC : Maintenant, Sébastien, si vous le voulez bien, nous allons attaquer les questions d’actualité… Chaque année, je vous sollicite afin d’avoir votre opinion sur l’évolution de la Ville de Metz. A ce propos, pensez-vous que l’inauguration du Centre Pompidou-Metz est pour la Région Lorraine, et plus localement pour la Ville de Metz, un signe de relance, non seulement culturel, mais aussi économique ?
SW : C’est indéniablement un signe de relance culturel et économique, tant au niveau local que régional. Le Centre Pompidou-Metz - un projet pour lequel on était tous un peu dubitatif - car c’est la première fois que l’Etat décentralise une Institution comme celle-là, est une affaire qui a très bien été gérée par la Ville de Metz. Le budget n’a pas beaucoup explosé par rapport à ce qui a été prévu initialement. L’intérêt majeur du Centre Pompidou-Metz, c’est le bâtiment en lui-même. Il s’agit d’un chef-d’œuvre à lui tout seul, qui va à l’évidence faire venir beaucoup de monde. La première exposition « Chefs-d’œuvre » est exceptionnelle aussi. Le petit bémol que j’apporterais, c’est qu’il ne faut pas escompter un "effet Bilbao" à Metz, comme avec le Guggenheim. Bilbao a un million et demi d’habitants, et c’est une ville espagnole en bordure de mer. Metz, avec ses 200.000 habitants reste située à l’Est de la France, au cœur de l’Europe et frontalière. L’autre bémol que je voulais faire est que l’on a axé la communication sur les parisiens en pensant qu’ils allaient venir… Or, ils ne sont déjà pas venus avec le TGV ! Je ne pense pas qu’ils viendront pour le Centre Pompidou... Ils iront plutôt voir le Tate Londres (un musée sur l’art moderne), s’ils doivent prendre le train. Mais, certainement pas Pompidou-Metz ! Je pense qu’il faut surtout miser sur l’Allemagne et le Benelux qui sont très friands d’art contemporain et qui apprécient tout particulièrement la Ville de Metz.
LTC : Vous avez déjà visité le Centre Pompidou-Metz ?
SW : J’ai eu la chance de le visiter le 10 mai, le jour du vernissage presse (comme vous d’ailleurs Jean…), la veille de l’inauguration présidentielle, dans des conditions exceptionnelles. C’est vrai que j’ai été subjugué à la fois par le bâtiment et l’exposition, et surtout, par les vues imprenables sur Metz, depuis les galeries d’expo (le Quartier Gare, le Parvis de la Cathédrale, le Village de Queuleu et le Parc à Seille, etc.), ce qui pousse les visiteurs qui viennent uniquement pour l’Art contemporain à visiter Metz. C’est donc un « plus » indéniable et je remercie les architectes pour ce coup de génie.
LTC : Pour la venue de Nicolas Sarkosy le 11 mai dernier, lors de l’inauguration du Centre Pompidou-Metz, vous faisiez partie des journalistes accrédités, comment cela s’est-il passé ?
SW : En effet, je suis intervenu sur Radio France-Bleue Lorraine Nord, afin de commenter en direct les propos du Président de la République, par rapport à la ville, aux musées, à ce que les messins pouvaient en attendre, etc. J’ai été très déçu que le Président prononce « Metzzz » et non « Metsss », et par son discours, dans lequel il expliquait que le Centre Pompidou allait compenser le départ des militaires… Cela était un peu hors sujet, puisque le projet de Pompidou date de 2003… donc bien avant la décision de faire partir les militaires ! Ce ne sera en aucun cas une compensation, même si en termes économiques cela aura un rôle moteur de redressement, essentiel pour la ville.
INFO PLUS :
http://www.mairie-metz.fr/metz2/articles/2010/100414_mett...
LTC : Sébastien, on va encore parler du développement urbain messin. Comment voyez-vous le projet Mettis ?
SW : Ce projet est assez compliqué. On avait auparavant un Maire qui est resté longtemps en place et qui a fait énormément pour la ville, mais qui a totalement laissé tomber le PDU (le Plan de Déplacement Urbain). Il faut savoir que toutes les villes de France doivent en avoir un. En 1999, la Ville de Metz n’en avait toujours pas ! C’est dire le retard que nous avions ! Dans toutes les villes de France on a développé des tramways, car c’est ce qu’il y a de plus rapide, de moins polluant et de plus agréable pour les usagers. Dominique Gros à son arrivée, en 2008, a décidé de lancer un projet en lançant le « Busway »… Personnellement, je préfère les mots en français, car littéralement « Busway » se traduit par « voie de bus »… Une « voie de bus » qui va coûter au bas mot trois Centre Pompidou ! Est-ce que cela vaut le coût de faire un tel investissement pour gagner seulement 5 minutes sur un trajet ? Je ne le pense pas ! Je doute même que cela soit le déplacement de l’avenir. Dans tous les cas, ce sont des questions qui interrogent sur la validité, voire la légitimité, du projet. La ville de Metz ayant un cœur historique ancien, très serré, soit on adapte le transport en commun à la ville, soit on adapte la ville au transport en commun… Dans le cas précis, Dominique Gros a décidé d’adapter la ville au transport en commun. Ce n’est pas très raisonnable ! Le Moyen-Pont, notamment, l’un des sites les plus photographiques de Metz, car emblématique avec en vue de fond le vieux temple protestant, sera défiguré. Il ne sera pas le seul pour des questions d'élargissement et d'alignement des rues. Je suis donc très dubitatif sur ce projet.
LTC : Vous parliez du PDU messin. Mais, normalement le PDU fait partie, depuis la mise en place de l’Intercommunalité, des fonctions régaliennes de la Communauté d’Agglomération de Metz Métropole. Un projet mis en place il y a quelques années déjà…
SW : Je parlais de l’époque Rausch, une période durant laquelle l’Agglomération de Metz Métropole ne s’est pas vraiment développée. JMR était particulièrement hostile à toute évolution dans ce sens, ce qui a provoqué depuis la récente élection de Jean-Luc Bohl de nombreux remous, dus à l’adaptation en cours. De plus, comme ce sont les agglos qui gèrent les transports en commun, cela devient un véritable cercle vicieux : sans agglomération pas de transports en commun, et s’il n’y a pas de transports en commun, il n’y a pas d’agglomération ! Maintenant que Metz Métropole fonctionne correctement, on essaye de développer Mettis. Est-ce le bon projet à développer, je ne le pense pas. C’est surtout le projet initialement de Dominique Gros, puis c’est devenu celui de Jean-Luc Bohl, Président de Metz Métropole. Un tel projet ne peut se faire sans l’accord de la principale ville, en l’occurrence Metz, et de l’agglomération dans son entier.
Photo ci-dessus : ©Jean Dorval/LTC 2010
LTC : Sébastien, on quitte la politique locale, pour revenir à l’écriture… Travaillez-vous actuellement sur un projet « secret » de livre ?
SW : J’ai en fait plusieurs projets en cours. Je planche sur un dictionnaire concernant la Moselle et sur lequel je ne m’étalerais pas pour des raisons de confidentialité. J’espère seulement qu’il verra le jour pour le prochain Eté du Livre… C’est beaucoup de travail, beaucoup plus que je ne le pensais. Je suis aussi sur un ouvrage collectif concernant la Ville de Metz, sur une longue période, en collaboration avec un archéologue et un médiéviste. Je pense que cet ouvrage là connaîtra beaucoup de succès - non pas que je sois trop fier de mes ouvrages - car il va combler un manque. Comme chacun sait en Histoire locale on ne vit pas de sa plume, on sert plutôt une grande cause, en l’occurrence la Ville de Metz.
LTC : Récemment vous m’avez fait connaître un auteur lorrain s’appelant Pierre Pelot. Pouvez-vous nous en parler ?
SW : C’est un auteur que je recommande. Il est présent à l’Eté du Livre. Comme vous le savez, j’ai deux passions : l’Histoire et la Littérature. L’Histoire j’essaye d’en vivre, quant à la Littérature, je suis surtout un lecteur assidu. Pierre Pelot fait partie de mes auteurs de prédilection. Il est lorrain ce qui ne gâche rien. Il est fier de ses origines et déteste le parisianisme littéraire gangréné. Pierre a une œuvre tellement abondante qu’il est incapable de vous citer toutes ses productions. Il en a plus de 200 cents… et il vient d’en publier une autre ! Il en produit en moyenne deux à trois par an. Elles sont de très bonne qualité. Il a été récompensé par de nombreux prix littéraires et doit essentiellement son succès à ses lecteurs, car il déteste et fuit les médias. Mais, je ne pense pas qu’il refusera un interview à LTC…
LTC : Je vous remercie Sébastien pour votre gentillesse et tous vos savoirs partagés, bonne journée !
SW : Merci pareillement !
© Propos recueillis par Jean Dorval pour LTC le 05 juin 2010 à l’Eté du Livre (Metz, Moselle).
00:51 Publié dans LTC LECTURE | Lien permanent | Tags : metz métropole, mettis, busway, radio france bleue lorraine nord, éditions serpenoise, sébastien wagner, historien, historien local, messin, metz, lorraine, moselle, centre pompidou-metz | Facebook |