14/08/2014
LA MAGICIENNE SUSANNA FRITSCHER FAIT DES BULLES DE CRISTAL AU CPM.
Le 11 juin dernier, au cours de l’inauguration presse de la magnifique expo "Formes Simples" du Centre Pompidou-Metz (CPM), Susanna Fritscher s’est prêtée au jeu de l'interview. Susanna est née en 1960 à Vienne, en Autriche. Cette Artiste minimaliste vit et travaille à Montreuil. Elle a fait les Beaux-Arts. Preuve de la reconnaissance de son Art, le Palais de Tokyo a effectué une très belle présentation de son oeuvre sonore, dans le cadre du Guest Program, le 13 mars 2013. Son travail consiste à renouveler la perception de certains espaces. Ses œuvres font écho aux architectures qu’elles investissent. Ainsi, Susanna se fond dans ses lieux d’expression, en créant un véritable dédale de salles vierges et dépouillées, conçu à partir de panneaux de verre, de Plexiglas et de film plastique, peint en blanc, dans de multiples déclinaisons, par projection au pistolet, en fines couches. Seule la touche finale au pinceau apporte une vibration, donne un sens et de l'émotion, en se jouant de la frontière ténue entre le matériel et l'immatériel. Parmi les œuvres de Susanna, on compte "Les plis, blancs sur fond blanc", "Peinture sur film Novofol©, 970x40x0,1 cm" et "Installation éclairée au néon au Musée Zadkine."
UNE ŒUVRE SUR MESURE FAITE POUR L’EXPO "FORMES SIMPLES".
Dans la partie de l’exposition "Formes Simples" dédiée au souffle, on peut lire "Le souffle, expression même de la vie, donne une forme à la temporaire viscosité du verre. Cette opération, en raison du caractère symbolique de cette matière vulnérable, s’enrichit de significations vitales dès que s’associent ces deux fragilités. Créer un volume par le souffle signifie injecter le contenu de notre propre corps dans l’objet pour lui donner son aspect définitif. Du fait des caractéristiques plastiques du matériau, l’objet est comme suspendu entre le matériel et l’immatériel." Ainsi, Susanna Fritscher en créant son chef-d’œuvre en cristal intitulé "Souffle, 2014" - une commande de la Fondation d’entreprise Hermès, réalisée en collaboration avec les artisans des cristalleries Saint-Louis, spécifiquement pour l’exposition – conçoit "un cristal soufflé à la limite de son étirement, fait avec si peu de plomb et tellement de silice qu’il est quasiment – sans perdre sa transparence – plus proche de la vapeur que notre souffle exhale que de la matière dure que le cristal évoque."
QUELQUES IMPRESSIONS DE L’ARTISTE SUR SON OEUVRE...
Susanna Fritscher précise : "L'oeuvre Souffle, 2014, est issue d'une première inspiration. Elle montre l’air figé dans le cristal, comme quelque chose qui s’échappe et qui est stoppé net. Il s’agit d’un travail de longue haleine, qui remonte à près d'un an, avec les souffleurs des cristalleries Saint-Louis. C’est le souffle du souffleur de verre immortalisé. Ce souffle saisi est d’une parfaite régularité grâce au talent incroyable de ces artisans, uniques au Monde, qui m’ont aidé à réaliser cette œuvre. Il s’agit d’une forme simple, épurée, légère comme un nuage. Cependant, c’est le contraire d’une bonne production, c’est même le chemin inverse d’une bonne production, car elle est hétérogène. Ce travail s’est fait quasiment en apesanteur, sur plusieurs semaines. On a fait plein de tests et d’essais, pour finalement obtenir des Instantanés. On a retenu trois formes parfaites, et dont celle qui est exposée. Elles sont faites à partir d’une matière en fusion, le cristal ; une matière en fusion vrillée. On dirait du sucre glacé. Cette série est sans nom. Le titre de l’œuvre exposée, "Souffle", traduit l’intemporalité du verre, en même temps que sa fragilité, mais aussi sa suspension dans l’espace ; il symbolise tout ce qui nous échappe dans cette magnifique réalisation." Et elle conclut : "La table de soutènement rajoute de la légèreté, de la pureté, un supplément d’âme, met à hauteur d’œil et de bouche, cette œuvre faite pour capter le regard, les reflets et la lumière."
© Jean DORVAL, le 13 août 2014, pour LTC ARTS.
INFO+ : www.centrepompidou-metz.fr/formes-simples L’exposition "Formes simples" a lieu jusqu’au 05 novembre 2014 dans la Galerie 2 du CPM. Il est à noter qu’à compter du 18 septembre 2014, elle se prolonge à la Grande Place, musée du Cristal Saint-Louis, à Saint-Louis-Lès-Bitche, avec l’exposition "Simples Gestes". www.saint-louis.com
© Crédit photos : photographe : Jean DORVAL pour LTC Arts 2014 ; droits pour les photos d’œuvres d’art : les Centres Pompidou-Metz et Paris - ADAGP Paris 2014 ; reproduction partielle de quelques parties du bâtiment du Centre Pompidou-Metz faite avec l’aimable autorisation de Shigeru Ban Architects et Jean de Gastines Architectes.
01:04 Publié dans LTC ARTS | Lien permanent | Tags : la magicienne susanna fritscher fait des bulles de cristal, au cpm, un été au cpm !, passez l'été à pompidou, avec le pass, phares, formes simples, 194-1999. la décennie, the clock - christian marclay, centre pompidou-metz, 1984-1999. la dÉcennie 24 mai 2014 - 2 mars 2015, formes simples 13 juin - 5 novembre 2014, les deux nouvelles expos du, centre pompidou metz, cpm, exposition photographique, degaël lesure, du 1505 au 05072014, timeless & wonderland, la galerimur, metz, ltc arts annonce l’exposition “hlysnan : the notion and politics, forum d’art contemporain, l'art dans les jardins, édith meunier, les simonets, centre pompidou-metz (cpm) organise du 26 février au 9 juin 2014, à son tour, une exposition sur les paparazzis, dans sa galerie 3, baptisée "paparazzi ! photographes, stars et artistes.", l’esthétique paparazzi, viktoria binschtok, tazio secchiaroli, ron galella, pascal rostain & bruno mouron, william klein, gerhard richter, richard avedon, raymond depardon, yves klein, cindy sherman, malachi farrell, alison jackson, kathrin günter, andy warhol | Facebook |
31/07/2014
LTC ARTS VOUS SOUHAITE UN TRèS BEL été EN NOTES MUSICALES FLEURIES.
"Des mixed-border impressionistes à perte de vue, rencontrés à Metz-Queuleu. Extraits choisis d'un des chefs-d’œuvre de Mère Nature, dans lesquels, j'ai imaginé entendre quelques notes musicales fleuries s'échapper de clochettes dispersées, pour venir tinter à mes oreilles. Un vrai bouquet de couleurs et de formes variées dédié au plaisir des seuls yeux, qui fait chanter la vue et taquine les narines avec ses parfums. Une harmonie sauvage visuelle, la campagne à la ville, rue Albert Bettanier." JD.
Crédit photos :
© Jean DORVAL pour LTC ARTS 2014.
00:48 Publié dans LTC ARTS | Lien permanent | Tags : patrice claude, la scène, 14 rue des roches, 1984-1999. la dÉcennie 24 mai 2014 - 2 mars 2015, formes simples 13 juin - 5 novembre 2014, les deux nouvelles expos du, centre pompidou metz, cpm, exposition photographique, degaël lesure, du 1505 au 05072014, timeless & wonderland, la galerimur, metz, ltc arts annonce l’exposition “hlysnan : the notion and politics, forum d’art contemporain, l'art dans les jardins, édith meunier, les simonets, centre pompidou-metz (cpm) organise du 26 février au 9 juin 2014, à son tour, une exposition sur les paparazzis, dans sa galerie 3, baptisée "paparazzi ! photographes, stars et artistes.", l’esthétique paparazzi, viktoria binschtok, tazio secchiaroli, ron galella, pascal rostain & bruno mouron, william klein, gerhard richter, richard avedon, raymond depardon, yves klein, cindy sherman, malachi farrell, alison jackson, kathrin günter, andy warhol | Facebook |
19/05/2014
METZ - LA SCèNE - LTC ARTS ANNONCE... UNE EXPO DU PEINTRE PATRICE CLAUDE.
"Mon Ami et Peintre, Patrice Claude, vous propose sa première exposition de peintures, en exclusivité, à Metz, à La Scène. Il y a mis tout son cœur. Cet homme là est sensible et exprime toute sa créativité au travers de son œuvre fertile. Il pétrit les touches de peinture avec affection, brassant les tons chauds et colorés, donnant des effets de mouvements contrôlés ou incontrôlés à ses productions originales. Il offre ainsi à l’œil du visiteur une série de toiles réalisée au cours de ces quatre dernières années. Passant du paysage à l’abstraction, il fait voyager l’amateur de son art dans son monde de beauté imaginaire. Si vous le rencontrez au milieu de ses toiles en visitant cette exposition qui a lieu jusqu’au 11 juin 2014, n’hésitez pas à lui demander de pousser la chansonnette avec vous, il est aussi chanteur de Jazz, à ses heures perdues. Jean DORVAL, pour LTC Arts."
2012 - Abstraction gestuelle 3
Format 100 x 100
NEWS+ : http://www.pclaudeartiste.com
22:20 Publié dans LTC ARTS | Lien permanent | Tags : exposition de peinture, patrice claude, la scène, 14 rue des roches, 1984-1999. la dÉcennie 24 mai 2014 - 2 mars 2015, formes simples 13 juin - 5 novembre 2014, les deux nouvelles expos du, centre pompidou metz, cpm, exposition photographique, degaël lesure, du 1505 au 05072014, timeless & wonderland, la galerimur, metz, ltc arts annonce l’exposition “hlysnan : the notion and politics, forum d’art contemporain, l'art dans les jardins, édith meunier, les simonets, centre pompidou-metz (cpm) organise du 26 février au 9 juin 2014, à son tour, une exposition sur les paparazzis, dans sa galerie 3, baptisée "paparazzi ! photographes, stars et artistes.", l’esthétique paparazzi, viktoria binschtok, tazio secchiaroli, ron galella, pascal rostain & bruno mouron, william klein, gerhard richter, richard avedon, raymond depardon, yves klein, cindy sherman, malachi farrell, alison jackson, kathrin günter, andy warhol, le commissaire de l’expo, clément chéroux, les paparazzis, une expo sur les paparazzis, xpo, exposition, regards sur l'école de paris, au musée de la cour d'or à metz, claire garnier | Facebook |
15/05/2014
DEUX (nouvelles) EXPOS SINON RIEN (à venir) AU CPM !
1984-1999. LA DÉCENNIE
24 MAI 2014 - 2 MARS 2015
L’exposition "1984-1999. La Décennie" se saisit de cette décennie qui échappe aux définitions et met en faillite les tentatives historiques. A l’écart des rétrospectives et des compilations décennales, il s’agit d’un espace biographique composé d’objets, de sons, de voix, d’images, de réflexions et de sensations.
Conçu par l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster, figure majeure de la scène artistique internationale, le paysage de l’exposition apparaît comme la modélisation d’un lieu intermédiaire, entre la ville et la nature, l’intérieur et l’extérieur, le jour et la nuit.
L’ ouvrage réalisé sous la direction de François Cusset (historien des idées, professeur de civilisation américaine à l’Université de Nanterre), coédité avec les éditions La Découverte, accompagne l’exposition.
Commissaire : Stéphanie Moisdon, critique d'art et commissaire indépendante.
FORMES SIMPLES
13 JUIN - 5 NOVEMBRE2014
L’exposition met en scène notre fascination pour les formes simples, qu’elles soient issues de la préhistoire ou contemporaines. Elle montre la façon dont celles-ci ont été fondamentales pour l’émergence de la modernité.
L’exposition lie des événements scientifiques et des découvertes techniques avec la naissance des formes modernes. Elle rapproche des sujets industriels, mécaniques, mathématiques, physiques, biologiques, phénoménologiques ou archéologiques avec des objets d’art et d’architecture, tout en confrontant ceux-ci à leurs ancêtres archaïques et à des objets naturels.
La Fondation d’entreprise Hermès est coproductrice et mécène de l’exposition "Formes simples".
Commissaire : Jean de Loisy, Président du Palais de Tokyo.
NEWS+ : http://www.centrepompidou-metz.fr/
23:42 Publié dans LTC ARTS | Lien permanent | Tags : 1984-1999. la dÉcennie 24 mai 2014 - 2 mars 2015, formes simples 13 juin - 5 novembre 2014, les deux nouvelles expos du, centre pompidou metz, cpm, exposition photographique, degaël lesure, du 1505 au 05072014, timeless & wonderland, la galerimur, metz, ltc arts annonce l’exposition “hlysnan : the notion and politics, forum d’art contemporain, l'art dans les jardins, édith meunier, les simonets, centre pompidou-metz (cpm) organise du 26 février au 9 juin 2014, à son tour, une exposition sur les paparazzis, dans sa galerie 3, baptisée "paparazzi ! photographes, stars et artistes.", l’esthétique paparazzi, viktoria binschtok, tazio secchiaroli, ron galella, pascal rostain & bruno mouron, william klein, gerhard richter, richard avedon, raymond depardon, yves klein, cindy sherman, malachi farrell, alison jackson, kathrin günter, andy warhol, le commissaire de l’expo, clément chéroux, les paparazzis, une expo sur les paparazzis, xpo, exposition, regards sur l'école de paris, au musée de la cour d'or à metz, claire garnier, co-commissaire d'exposition, interview, pleins "phares" sur le cpm !, centre pompidou-metz | Facebook |
11/05/2014
LTC ARTS ANNONCE L’EXPOSITION “HLYSNAN : THE NOTION AND POLITICS OF LISTENING” AU CASINO LUXEMBOURG, FORUM D’ART CONTEMPORAIN.
UNE EXPOSITION
DU 17.05.2014 AU 07.09.2014.
COMMISSAIRES : Berit Fischer et Kevin Muhlen
LES ARTISTES : Lawrence Abu Hamdan, Angie Atmadjaja, Kader Attia, Nina Beier & Marie Lund, Daniela Brahm & Les Schliesser, Peter Cusack, Clare Gasson, Marco Godinho, Christine Sun Kim, Brandon Labelle, Andra McCartney, John Menick, Angel Nevarez & Valerie Tevere, Udo Noll, Emeka Ogboh, Yoko Ono, Susan Schuppli, Christine Sullivan & Rob Flint, John Wynne.
Exposition, publication,
performances et workshops.
En anglais ancien, “hlysnan” signifie “écouter” avec attention et intention. Aussi, l’expo “HLYSNAN : The Notion and Politics of Listening” met-elle l’accent sur l'acte actif non seulement de l'audition - qui renvoie habituellement à une perception automatique ou passive du son - mais plus spécifiquement sur l'écoute : entendre avec intention. L'écoute nécessite une concentration attentive intensifiée, liée à la notion de désir, d'anticipation et de compréhension, à la quête d'une signification possible.
“HLYSNAN : The Notion and Politics of Listening” présente l'écoute comme action, geste, attitude et prise de position. Cette expo tente de réconcilier les pratiques audio avec les réalités sociales et politiques contemporaines, et invite le visiteur à faire l'expérience interactive du son. Une expo où il faut de l’oreille. A voir, heu… à écouter !
© Jean DORVAL, le 11 mai 2014, pour LTC ARTS.
INFO+ :
casino-luxembourg/exposition/hlysnan-the-notion-and-politics-of-listening
A VOIR à METZ...
A VOIR (aussi) à METZ...
LES BONUS D'LTC ARTS :
// 1/ Pour son quatrième anniversaire, le Centre Pompidou-Metz participe à la dixième édition de la Nuit européenne des Musées, le samedi 17 Mai 2014, en proposant un accès gratuit aux expositions de 20h00 à minuit (accès jusque 23h00). // 2/ Dans le cadre de la préparation de l'exposition 1984-1999. La Décennie, qui ouvre ses portes le 24 mai 2014, le Centre Pompidou-Metz invite son public et notamment sa communauté de fans à contribuer à l’exposition de manière originale par des dons d’objets emblématiques des années 1990. //
02:32 Publié dans LTC ARTS | Lien permanent | Tags : ltc arts annonce l’exposition “hlysnan : the notion and politics, forum d’art contemporain, l'art dans les jardins, édith meunier, les simonets, centre pompidou-metz (cpm) organise du 26 février au 9 juin 2014, à son tour, une exposition sur les paparazzis, dans sa galerie 3, baptisée "paparazzi ! photographes, stars et artistes.", l’esthétique paparazzi, viktoria binschtok, tazio secchiaroli, ron galella, pascal rostain & bruno mouron, william klein, gerhard richter, richard avedon, raymond depardon, yves klein, cindy sherman, malachi farrell, alison jackson, kathrin günter, andy warhol, le commissaire de l’expo, clément chéroux, les paparazzis, une expo sur les paparazzis, xpo, exposition, regards sur l'école de paris, au musée de la cour d'or à metz, claire garnier, co-commissaire d'exposition, interview, pleins "phares" sur le cpm !, centre pompidou-metz, phares, pablo picasso, jean dorval, jean dorval pour ltc arts, juan miró, yan pai-ming, fernand léger, expo photos by jd "deep nature" | Facebook |
22/04/2014
EXPO PHOTOS - LTC ARTS PRESENTS "DEEP NATURE" (SéRIE I - 14 PHOTOS by JD).
© Crédit Photos : Jean DORVAL 1987/2014 pour LTC Arts.
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10/03/2014
"VOL DE PHOTOS à L’éTALAGE AU CENTRE POMPIDOU-METZ !"
Alors que le magazine "Closer" publiait des photos de Kate Middleton, seins nus, l’impossible se produisait, les Paparazzis s’affichaient d’eux-mêmes, dans la Galerie Haute du Palais de Tokyo de Paris, du 14 au 23 septembre 2012, le temps d'une exposition intitulée "Famous, 30 ans de photographie des paparazzis Bruno Mouron et Pascal Rostain". Cette rétrospective revenait sur trois décennies de capture d'images de Stars, dont de nombreux clichés inédits, des deux célèbres Paparazzis, qui ont à leur tableau de chasse, entre autres, et rien qu’à New York : en 1980, Isabelle Adjani et son compagnon, et en 2007, Cécilia Sarkozy et Richard Attias. Ces deux "chasseurs de têtes connues" se sont spécialisés dans les clichés inédits, nouant même des liens d'amitié avec certaines vedettes qu'ils traquent. C'était le cas avec Serge Gainsbourg, qu'ils ont shooté avec sa femme, Bambou, et leur fils "le Petit Lulu", allongés torse nu sur leur lit, rue de Verneuil, à Paris, en janvier 1986 ; une photo restée depuis dans les annales.
En écho à cette expo, plus d’un an après, le Centre Pompidou-Metz (CPM) organise à son tour, du 26 février au 9 juin 2014, une exposition sur les Paparazzis, dans sa Galerie 3, baptisée "PAPARAZZI ! Photographes, Stars et Artistes." Cette grandiose expo pluridisciplinaire, inédite, dédiée au phénomène et à "l’Esthétique Paparazzi" du début du XXe siècle à nos jours, décline pas moins de 800 œuvres (photographies, peintures, vidéos, sculptures, installations, etc.), couvre 50 ans de photographies de Stars, et raconte le métier, hors du commun, de Paparazzi.
Elle se penche sur ces "chasseurs d’images", aborde la dualité des rapports qui s’établissent entre le photographe et la célébrité, révèle l’influence du "Phénomène Paparazzi" sur la Photographie de Mode, associe les grands noms de la discipline, tels Viktoria Binschtok, Tazio Secchiaroli, Ron Galella, Pascal Rostain & Bruno Mouron, William Klein et Gerhard Richter, à des œuvres de Richard Avedon, Raymond Depardon, Yves Klein, Cindy Sherman, Malachi Farrell, Alison Jackson, Kathrin Günter ou encore Andy Warhol, qui se sont interrogés sur ce mythe moderne. Une expo en itinérance, qui définit les caractéristiques et le contour de "l’Esthétique Paparazzi", et qui ira à Francfort en juin prochain.
Le Commissaire de l’expo, Clément Chéroux, grand spécialiste des Paparazzis [il est à l’origine de "treize thèses (et demie) sur le Concept de Photographie Paparazzi"], est Conservateur au Centre Pompidou, Musée National d’Art Moderne, de Paris. Il y dirige le Cabinet de la Photographie. Historien de la Photographie, Docteur en Histoire de l'Art, il a publié plusieurs ouvrages : "L'Expérience photographique d'August Strindberg" (paru chez "Actes Sud", en 1994) ; "Fautographie, petite histoire de l'erreur photographique" (chez "Yellow Now", en 2003) ; "Diplopie, l'image photographique à l'ère des médias globalisés : essai sur le 11 septembre 2001" ("Le Point du jour", en 2009) ; "Vernaculaires, essais d'histoire de la photographie" ("Le Point du jour", en 2013) ; et "Henri Cartier-Bresson" (Centre Pompidou, en 2013). Il a été commissaire des expositions "Mémoire des camps (Photographies des camps de concentration et d'extermination nazis, 1933-1999)" (en 2001) ; "Le Troisième œil" (La photographie et l'occulte, en 2004) ; "La Subversion des images : surréalisme" (photographie, film, en 2009) ; "Shoot !" (la photographie existentielle, en 2010) ; "From here on" (en 2011) ; "Brancusi" (photographie, film, en 2011) ; "Edvard Munch, l'œil moderne" (en 2011) ; "Henri Cartier-Bresson" (en 2014) ; et "Paparazzi ! Photographes, Stars et Artistes" (2014). Pour cette expo du CPM, sur les Paparazzis, il a pour Commissaires associés, Quentin Bajac, Conservateur en Chef de la Photographie au Museum of Modern Art, de New York, et Sam Stourdzé, Directeur du Musée de l’Elysée, à Lausanne.
UNE EXPO DANS LAQUELLE ON ENTRE PAR LE TAPIS ROUGE !
Le visiteur entre dans cette expo par le "Tapis Rouge" (comme au Festival de Cannes), en déclenchant à l’insu de son plein gré, une œuvre de l'artiste Irlandais Malachi Farrell, intitulée "Interview (Paparazzi)". Il se retrouve ainsi placé de manière ingénieuse dans la peau d’une Star. Il entre directement, dès la case départ, en plein dans le mythe. A son passage, il ne peut échapper à cette machine infernale, véritable hydre mécanique à têtes multiples, bousculant tout ce qui passe à portée de ses bras robotisés incontrôlés, de ses micros inquisiteurs et de ses appareils photos crépitant de toutes parts ; le tout sur fond de foule en délire. Ce scénario, mi-violence et mi-passion, est le même que celui réservé à une Star. Le visiteur ressent parfaitement le stress et la pression générés par une meute de Paparazzis. Il passe sous les feux de la rampe, fait momentanément "La Une". Puis tout redevient calme, dès qu’il quitte la pièce, jusqu’à la prochaine proie...
Cette expo sur les Paparazzis n’a pas de parti pris. Elle n’est ni pour, ni contre. Elle se contente de faire un état des lieux en restant objective. Elle n’attaque pas non plus les Stars et encore moins les Artistes influencés par l’activité des Paparazzis. Elle pose juste des questions relatives à cette pratique dans notre société, et se déroule en trois parties : les Photographes, les Stars et les Artistes.
DES PHOTOGRAPHES TOUT FEU TOUT FLASH.
Dans la première partie de cette expo, le visiteur fait la découverte de l'univers assez peu connu du métier de Paparazzi : les origines, les méthodes et les conditions de travail, ainsi que les matériels utilisés. Dès le début du XXe siècle (aux environs de 1910), les magazines commencent à consacrer des rubriques aux célébrités du moment et à publier des photographies prises à la dérobée. C’est ainsi que naissent les premiers photographes professionnels, grâce à la démocratisation de la presse écrite, dont les prémices remontent au début du XVIIe siècle, avec l'apparition des premiers périodiques imprimés, et par la vulgarisation de la photographie dès le XIXe siècle. A cette époque, les photographes harcèlent déjà les Stars et on voit la première personne photographiée mettant la main devant son visage, afin d’éviter d’être prise en photo. Plus d’un siècle après l’essor de la presse illustrée, les Magazines "People" constituent le secteur le plus fleurissant de l’Industrie de la Presse. C’est dans le film "La Dolce Vita"(1) de Federico Fellini - sorti en France en 1960 et tourné à Rome - que le mot "Paparazzi" apparaît pour la première fois. Le héros de cette très belle toile cinématographique, "Marcello", interprété par Marcello Mastroianni, est en permanence poursuivi par un jeune photographe d’actualités répondant au nom de "Paparazzo"(2) (un rôle joué par Walter Santesso). C’est ce personnage qui a donné son nom aux "chasseurs d’images" indépendants que l’on appelle aujourd’hui les "Paparazzis". Ce mot inventé de toutes pièces aurait deux origines. La première : après la sortie du film, Giulietta Masina, la femme de Federico Fellini, au cours d’un interview accordé à l'hebdo "Oggi" (le newsmagazine de la famille italienne) précise avoir suggéré à son mari ce nom "fabriqué" à partir de deux mots italiens ["pappataci" qui veut dire "petits moustiques" ("papataceo" en patois Sicilien désigne le bourdonnement d’un moustique) et "ragazzi" qui signifie "jeunes hommes"]. La seconde : Ennio Flaianno, un des scénaristes du film et créateur du personnage de "Paparazzo", affirme, quant à lui, avoir trouvé ce nom dans le livre de voyages de George Gissing, "By the Ionian Sea", publié en 1901, et dans lequel un des personnages s’appelle "Signor Paparazzo". Le scénario du film "La Dolce Vita" s’inspire de faits divers survenus à Rome juste avant sa réalisation, dans les années 1958 et 1959. A cette époque, en plein Âge d’Or de la Cinecittà, les français et les américains tournent dans la Capitale Italienne. La Via Veneto est un rendez-vous incontournable des étrangers, ainsi que la Fontaine de Trevi (le lieu d’une scène culte de ce long-métrage dans lequel Anita Ekberg et Marcello Mastroianni pataugent). C’est aussi le temps des Stars en amusement, des starlettes en goguette s’adonnant à des streap tease mémorables dans les bars, etc. et ce, sous le feu des photographes de presse… Tous ces événements deviennent une source d’inspiration pour Fellini qui crée ainsi le profil type du Paparazzi et l’imaginaire qui va avec.
Cette expo vérifie aussi la mythologie qui entoure le Paparazzi, une profession fortement décriée. Plusieurs entretiens permettent de cerner les pratiques et l’éthique de ces Rois du Clic. Un questionnaire en dix-huit questions leur a même été proposé. Les réponses divergent, chacun se fixant ses propres limites, voire aucune. Les Paparazzis se présentent eux-mêmes comme étant des anti-héros de notre époque post-moderne. "Entre nous on s’appelle les rats", déclare le Paparazzi Pascal Rostain. Des extraits de films de Federico Fellini ("La Dolce Vita"), mais aussi de Paul Abascal, Dario Argento, Brian De Palma, Andrzej Zulawski et William Wyler, des années 50 à nos jours, illustrent parfaitement l’image que le public a du Paparazzi lambda : un loup solitaire aux aguets, à l’image sulfureuse, considéré comme un loser, antipathique car dénué de morale et de scrupules, un personnage sombre sorti tout droit d’une BD ou d’un film, prêt à tout pour faire du fric en fouillant dans la vie privée des Stars, etc. En clair, il est à l’inverse du Reporter de Guerre, "le beau gosse", qui lui monte au front pour défendre la Vérité. C’est donc la vérité contre le mythe ! Une situation complexe, voire ambigüe… certains Paparazzis ayant été Reporters de Guerre, à l’image de Ron Galella, né aux Etats-Unis d’Amérique le 10 janvier 1931, reconnu mondialement comme "LE" Pionnier de la Photo Paparazzi. Enrôlé dans l’aviation américaine, il participe à la Guerre de Corée, de 1950 à 1953, comme Photographe de Guerre ; puis étudie le photojournalisme à l’Art Center College of Design, de Los Angeles. Il déménage à New York en 1958 et précise : "Il a fallu que je fasse le métier de paparazzi pour échapper à la pauvreté". Nick Ut Cong Huynh dit "Nick Ut", quant à lui, est un photojournaliste vietnamien, né le 29 mars 1951. Il devient lauréat du World Press Photo 1972 pour une photo de Kim Phuc, une enfant terrorisée fuyant un bombardement au napalm et souffrant de graves brûlures. L’image choc, qu’il a prise le 8 juin 1972, est l'une des plus célèbres de la Guerre du Viêt Nam. Nick Ut est alors sur place pour l'agence Associated Press. Malgré la censure des photos représentant la nudité infantile, Nick Ut obtient le Prix Pulitzer du journalisme en 1973. Trente-quatre ans après cette terrible photo, soit en 2007, Nick Ut prend une autre photo, mais classée "people" : Paris Hilton pleure, suite à sa condamnation à Los Angeles, à 45 jours de prison pour avoir violé les termes d'une mise à l'épreuve en conduisant sans permis. Le CPM fait un parallèle entre ces deux images, afin de souligner l’évolution de l’échelle de valeurs. Le décalage entre la souffrance d’une enfant provoquée par la Guerre du Viêt Nam et les pleurs d’une Star qui a fait des bêtises volontairement est très net. Le temps qui passe met ainsi sur un pied d’égalité l’essentiel et le futile.
Olivier MIRQUET : "Paparazzi - Los Angeles. #21, #4, #14" (2009, épreuve jet d'encre).
Au rayon matériel, le Paparazzi, en bon "Sniper de l’Image", ne regarde pas à la dépense pour s’équiper. Il utilise de nos jours les fameux boîtiers photographiques, haut de gamme, réflex numériques - les appareils les plus performants du moment (rafales, zoom et qualité d'image) - associés aux super-téléobjectifs (pouvant aller jusqu'à 1200-1700mm de focale). Ce matériel lui permet de prendre des photos de très bonne qualité, à grande distance, jusqu’à un kilomètre… Il a l'avantage de pouvoir faire des gros plans éloignés en toute discrétion. Petite précision technique : le téléobjectif écrase les plans d’images, au contraire du grand angle qui les élargit. Généralement, sur le terrain, le Paparazzi est équipé de deux boîtiers, afin d'éviter toute perte de temps au cours des changements de type d'objectifs. Un temps gagné qui s'avère capital dans certaines situations en "live" (un événement, un accident, une sortie de commissariat, de concert, de boite de nuit, etc.). Pour arriver à ses fins et obtenir les clichés d'une personnalité qui feront "le scoop" ou scandale, le Paparazzi rivalise d’imagination, d'astuces et d'insolence. Il a même été jusqu’à créer, dès le XXe siècle, des fusils photographiques, des appareils photos espions cachés dans des briquets, des paquets de cigarette, etc. Un matériel que le Paparazzi utilise au stade ultime du voyeurisme, sans aucune hésitation, poussant le vice jusqu’à entrer par effraction dans le domicile de sa victime afin de lui voler des photos et faire un scoop. Cela va jusqu’à la représentation de photos de Stars sur leur lit de mort ou dans leur cercueil (Michael Jackson, Whitney Houston, François Mitterrand, etc.). La transgression de ces derniers tabous a déclenché des polémiques justifiées, dès publication. Un mauvais trip commencé en 1898 par une photo prise dans la chambre mortuaire d’Otto von Bismarck pour la revue "l’Illustration" qui finalement ne sera pas publiée, et se transformera en illustration… plus respectueuse !
Outre l'aspect matériel, l’expo montre aussi les trucs et les ficelles du métier : les planques, l’attente, les camouflages et les déguisements utilisés par le Paparazzi. Christophe Beauregard à ce sujet a fait une série de photos sur les tenues utilisées : le touriste, l’anonyme, le vieux, le GI’s en "opé", etc. Un court travail allant du commencement de ce métier aux années 80. Dans la même veine, le film-documentaire français "Reporters" tourné en 1981 par le réalisateur et reporter-photographe de l’agence Magnum, Raymond Depardon apporte aussi un témoignage important. Depardon filme le métier de reporters, caméra à l'épaule, sans commentaire, en direct. Le tournage a eu lieu le 1er et le 31 octobre 1980. Le cinéaste y suit les reporters photographes de l'agence Gamma qui couvrent les événements du mois et les actualités économique, culturelle, sportive et politique. On peut y voir notamment le candidat RPR Jacques Chirac allant à la rencontre de commerçants parisiens dans le cadre de sa campagne pour l'élection présidentielle française de 1981, le départ de Valéry Giscard d'Estaing en Chine, la campagne de Georges Marchais, la première de "Sauve qui peut (la vie)" de Jean-Luc Godard à la Cinémathèque française, Michel Rocard à la Mairie de Conflans-Sainte-Honorine, François Mitterrand au Palais du Luxembourg, la soirée Cartier Place Vendôme, Coluche au théâtre du Gymnase lors de sa conférence de presse, et Joël Le Theule (Ministre de la Défense sous Valéry Giscard d'Estaing, dans le troisième gouvernement de Raymond Barre) au Fort de Vincennes.
Mais le Paparazzi a aussi des attentes qu’il estime "légitimes". Si ces dernières ne sont pas satisfaites cela donne lieu parfois à des actions que l’on n’imaginait pas de ce côté de l’objectif… Comme le prouve cette photo de Pascal Rostain et Bruno Mouron "Paparazzis en grève devant le domicile de Brigitte Bardot, avenue Paul-Doumer, à Paris, 1965" ; "BB" délaisse les Paparazzis, alors ils manifestent pour se rappeler à son bon souvenir, l’interpellant avec des pancartes aux slogans accrocheurs, tels que : "1955 tu nous recherches, 1965 tu nous rejettes", "BB souviens-toi de tes débuts" ou encore "Bardot des photos". Une Brigitte Bardot, découverte à Cannes, en 1956, jouant à la Starlette sur la plage, afin d’être remarquée et photographiée, comme de nombreuses prétendantes au métier d'actrice, et qui, selon eux, a oublié qu’elle leur doit beaucoup… Elle qui dans les années 50 et 60 est la femme la plus photographiée de sa génération dans le monde.
"LE POIDS DES MAUX, LE CHOC DES PHOTOS !"
Le seconde partie de l’expo, intitulée judicieusement "Pleins feux sur les Stars", concerne "BB", Diana, Stéphanie et Caroline de Monaco, Britney Spears, Paris Hilton, Jacqueline Onassis Kennedy et Liz Taylor. Les Paparazzis (majoritairement des hommes) traquent ces femmes-proies défrayant la chronique pour les photographier sous toutes les coutures. Dans ce cas précis, force est de constater que les Paparazzis qui focalisent sur ces huit figures féminines, des années 50 à nos jours, entretiennent une forme de machisme par le biais de leur appareil photo avec lequel ils pratiquent un viol à grands coups de zoom. Britney Spears fait les choux gras des tabloïds en 2006. Alors en plein période d’excentricité, elle régale les photographes de ses frasques. A l’époque, elle écume les boites de nuit branché es de Los Angeles, en compagnie de sa copine Paris Hilton... Un célèbre cliché la montre en tenue de soirée, et sans… culotte ! Cette scène marque les esprits au point que les artistes s’en inspireront. Jeremiah Palecek peint "Britney Spears Upskirt" (2009) et Alicia Ross "The Origin Of The World (Britney)" (2010).
Puis la scénographie de cette rétrospective passe à "l’envers du décor", côté Stars. Il s’agit de l’étude très complète des réactions des Stars (en bien comme en mal), face aux agressions constantes des Paparazzis, qui pour les prendre en photo portent atteinte à leur vie privée et à leur droit à l’image. Une intrusion souvent très mal vécue. De plus, les Stars refusent d’être prises en photo, en situation délicate et compromettante [sortie d’un commissaire, suite à une garde à vue, ou d’un tribunal, après une condamnation, en flagrant délit d’adultère (surtout si elles sont mariées), etc.]. Aussi dans ces situations délicates tous les moyens sont bons pour les Stars, afin d’échapper aux Paparazzis, et de ne pas être reconnues, comme l’utilisation d’un chapeau, d’un sac à main, d’un foulard, d’un mouchoir, d’un parapluie, etc. Arthur Fellig dit "Weegee" a shooté Charles Sodokoff et Arthur Webber, à New York, le 27 janvier 1942, dans un panier à salade. Les deux comparses afin de dissimuler leur visage utilisent leur chapeau (fac-similé, International Center of Photography, New York). Mais l’atteinte à la vie privée des Stars peut avoir d’importantes conséquences personnelles et professionnelles. Ainsi, Richard Burton et Elizabeth Taylor, seront-ils "paparazziés", en plein adultère, par Marcello Geppetti, sur un yacht au large de la côte de l'Ile d'Ischia, dans la baie de Naples, le 18 Juin 1962 (épreuve gélatino-argentique, Marcello Geppetti Media Company). Ce scandale leur vaudra une condamnation publique du Pape et de la presse, et les rapprochera. Ils tourneront huit films ensemble, se marieront et adopteront une fille.
A force d'être traqués, certains "VIP" finissent par perdre leur sang-froid, et parfois la violence se retourne contre les Paparazzis… Si l’émouvante et humaine Lady Di, lassée d’être harcelée par les Paparazzis, pleurait abondamment devant les photographes, ce qui les autorisait à titrer qu’elle était "au plus mal", tout le monde ne réagit pas comme elle. Certaines Stars deviennent même violentes. A l’instar de l'actrice et chanteuse américaine Marlène Dietrich, qui arrivant à l'aéroport d'Orly, en 1975, agresse le photographe Francis Apesteguy à coups de sac à main (une photo de Daniel Angeli, épreuve gélatino-argentique, 30 x 20 cm ; crédit photo : Collection Cécile Angeli). Un Francis Apesteguy, considéré comme le "rebelle" des Paparazzis, et qui reconnaît : "J'ai commencé par faire le matador en étant très au contact, très provocateur, mettant des banderilles à chaque coup de flash. J'attrapais quelque chose, je prenais quelque chose, je ne le rendais pas, quitte à me faire tabasser". Ce à quoi l’implacable Marlène Dietrich répond : "Mon nom commence par une caresse et finit par une claque." De même, l'inoubliable Sylvia de "La Dolce Vita" de Fellini, Anita Ekberg (prise en photo par Felice Quinto) a marqué aussi son temps en entrant en guerre contre les Paparazzis. La traque, exercée contre elle par ces derniers, termine dans la rubrique faits divers. En 1960, "Le buste" se saisit d'un arc et de flèches. Elle vise très bien. Un flash explose et une épaule est transpercée. Trois ans plus tard, c'est à coups de pistolet qu'elle chasse les importuns. Par ailleurs, l’acteur américain Sam Worthington - rendu célèbre par le film "Avatar" - frappe le Paparazzi Sheng Li, au cours d’une altercation, à New York, le 23 février 2014, devant un bar de Manhattan ; car ce dernier tente de le photographier avec sa compagne, Lara Bingle. Sam Worthington est arrêté et condamné le 26 février dernier. Il risque jusqu'à un an de prison. En attendant son procès, qui aura lieu en mai prochain, il a pour le moment interdiction d’approcher le photographe. Mais, la Palme d'Or des plus belles attaques de Paparazzis revient à Sean Penn, coutumier du fait. Il a d’ailleurs fait le récit de l’une d’entre elles dans sa biographie, écrite par Richard Kelly. En 1986, pendant un voyage en Chine, un photographe s’introduit dans sa chambre d’hôtel. Il décide alors de lui donner une bonne leçon, avec l'aide de son assistant - un coach de kickboxing - et le suspend par dessus le balcon du neuvième étage. La même année, le 28 août, les photos de Ron Galella montrent Sean Penn en train de frapper le Paparazzi Anthony Savignano au Lincoln Center New York City (Performance of "Goose and Tom Tom" ; Sean Penn and Anthony Savignano ; WireImage.com). Ron Galella se souvient à ses débuts de photographe professionnel : "à cette époque les clichés volés font partis du folklore toléré". Les stars sont souvent mises en scène, posant sous leur meilleur angle. Alors, il sera le premier à les immortaliser, loin des tapis rouges, les traquant dans leurs moindres mondanités, les attendant à la sortie des boîtes de nuit ou dans la rue, parfois caché derrière des buissons ; à l’inverse, donc, des actuelles dérives du Star-system traquant "la moindre personne vaguement connue". Ron Galella a cependant eu une relation houleuse et des ennuis en Justice avec Jackie Kennedy-Onassis qui l’a fait condamner à ne plus pouvoir l’approcher à moins de huit mètres. Il dit à propos de "sa Muse" : "Elle a fait de moi le paparazzi que je suis parce qu’elle ne posait pas." Le photographe a eu des problèmes avec d’autres Stars, comme Frank Sinatra (qui l’appelait "le rital"), Richard Burton (dont les gardes du corps l’ont passé à tabac avant de le faire jeter en prison), et Marlon Brando [qui agacé d’être suivi, un soir de juin 1973, lui assène un coup de poing qui lui défonce la mâchoire (Galella obtient d’importants dommages et intérêts au tribunal). Un an plus tard, au détour d’un événement, Galella se présente de nouveau devant Brando, mais avec un casque de footballeur américain pour se protéger ; la photo fait le tour du monde et donne lieu à un gag récurrent chez les Stars qui feignent de vouloir le frapper à chaque fois qu’il veut les photographier… ].
Autre lieux, autres "pièges à Star"… La voiture reste l’exemple type de ces lieux fermés dont la Star ne peut s’échapper. Quand elle s’y trouve coincée, elle est à la merci des Paparazzis. Ils tournent alors tout autour pour prendre des photos à volonté, sans son consentement. Cette technique donne parfois de curieux effets esthétiques, comme des reflets et des dédoublements d’images dus aux vitres des véhicules. La superposition de l’image de la Star prise au piège et de celle du Paparazzi donne aussi un genre photographique nouveau. Ainsi, l’image de Catherine Deneuve et de Serge Gainsbourg, pris en photo dans une voiture, par Patrick Siccoli, en 1982, se dédouble-t-elle (épreuve gélatino-argentique, Collection de Patrick Siccoli). Puis, il y aussi les photos de Stars prises dans leur voiture sous la pluie avec flash. Des "effets spéciaux" qui vont intégrer "l’Esthétique Paparazzi". La photo prise par Ron Galella de Bruce Springsteen à sa sortie d'un concert de Sting à Madison Square Garden en août 1988 transforme les gouttes de pluie sur la vitre de voiture flashée en champ d’étoiles stellaires. Un cliché qui a valu à son auteur une question naïve de la part de Bruce : "What are you doing here, Ron ?"
Mais, les réactions des Stars face aux Paparazzis ne sont pas que négatives. Elles débouchent plus qu’on ne le croit sur un petit jeu de connivence. La très belle série de photographies, en noir et blanc, de Raymond Depardon, montrant Richard Gere en 1980, après la sortie du film "American Gigolo", illustre parfaitement cette face cachée de la relation Stars/Paparazzis. Le playboy est sur son petit nuage, les mains dans les poches de son pantalon, sa veste portée à la cool, la cravate et le col de chemise mal ajustés, lunettes noires… Rien ne peut changer son naturel, il est totalement détaché du Paparazzi qui le mitraille… Là, le sujet est passif. Il vit tout simplement ! Erich Salomon apporte aussi de l’eau au moulin. Il est un des tous premiers Paparazzis. Il a eu une activité constance, et une production de photos volées très importante. Une anecdote croustillante lui est arrivée. L’action se passe en août 1931. Depuis trois ans le photographe allemand s’introduit dans toutes les conférences et autres réunions internationales, ramenant des photographies de personnalités politiques en vue, plus surprenantes les unes que les autres, et ce, en toute discrétion. Aristide Briand, alors Ministre des Affaires étrangères, discute avec plusieurs hommes politiques, dans les salons du Quai d'Orsay, de ses indiscrétions. Mais Erich Salomon qui rode dans les parages, le doigt sur le déclencheur, photographie Aristide Briand au moment où il parle de lui. La phrase d’Aristide Briand, pris par surprise, et la photo qui en découle, resteront célèbres. Aristide Briand pointe du doigt Erich Salomon, et s’exclame : "Ah, il est là, le roi des indiscrets !"
(Photo : « Erich Salomon, Aristide Briand seeing the hidden photographer, Paris 1931 » - Erich Salomon Archives/Berlinische Galerie, Landesmuseum für Moderne Kunst, Fotografie und Architektur. © Bildarchiv Preußisher Kulturbesitz).
Au sujet de la relation Stars/Paparazzis, on oppose souvent le rejet à la connivence, et pourtant, la plupart du temps, les deux sont intimement liés pour donner un rejet dit "de connivence". Le célèbre doigt d’honneur de Mick Jagger des Rolling Stones est un marqueur personnel, une signature. Dans ce cas, le geste d’insulte devient un "rejet-connivence", très porteur en termes de vente de photos, comme sur la photo de Ron Galella intitulée "Mick Jagger et Jerry Hall quittant la Mizuno Gallery, de Berverly Hills, le 16 janvier 1983" (épreuve gélatino-argentique, Courtesy Ron Galella/A. Galerie). Mais, la connivence entre Stars et Paparazzis ne s’arrête pas là. Tazio Secchiaroli, l'un des plus grands photographes italiens du XXe siècle - ayant bossé pour plusieurs agences de chroniques romaines - à ses débuts, en 1968, est contacté par Sophia Loren, car… suite à la naissance de son premier fils, Carlo, la Star craint pour sa vie privée et veut casser le scoop. A ces fins, elle lui donne rendez-vous au photographe, dans un parc, pour qu’il fasse les quelques photos tant convoitées.
Enfin, pour étudier le contexte évolutif d’une vie de Star paparazziée, le Suédois Ulf Lundin, un photographe expérimental, réalise en 1996 une étude fascinante : la série de photos "Pictures of a Family". Une famille "exemplaire et stable" est "paparazziée" comme une Star toute une année. Le résultat est surprenant. Il démontre que le visiteur (un lecteur de la presse people comme les autres…) est formaté par les images Paparazzis prises au téléobjectif. Au fur-et-mesure que l’expérience progresse, les personnages deviennent des "coupables idéals", leur stress devient omniprésent. Quand l’enfant tombe de vélo, cela devient une scène de crime. Quand la femme marche en forêt avec son enfant sous le bras, cela passe pour une fuite, et quand elle sort de chez elle, elle se sent observée. Le mari n’est plus naturel dans ses expressions, l’anxiété se lit dans son regard, etc. Progressivement cette famille "bien sous tous rapports" semble avoir quelque chose à cacher, alors que ce ne sont que des impressions. Cette expérience prouve qu’en de telles circonstances, l’être humain lambda devient parano, se met dans la peau d’une Star, révèle une tension insoutenable. L’image négative, qui en résulte, illustre parfaitement notre rapport conditionné à l’info, le règne du "tout-surveillance" et le rôle prépondérant des Paparazzis dans ce type de démarche.
DéTOURNEMENT (ARTISTIQUE) D’OBJETS VOLéS.
En associant les grands noms de la Discipline "Paparazzi" à des travaux d’Artistes qui se sont interrogés sur ce mythe moderne, l’expo a pour ambition de définir les caractéristiques d’une "Esthétique Paparazzi". Le téléobjectif produit un style de photo que l’on dirait prise "derrière la vitrine d’un aquarium". Cette esthétique plate, "à la Paparazzi", a fasciné les Artistes et les a même inspirés. "Et comme l'Art recycle à peu près tout, les Artistes contemporains se sont à leur tour inspirés des Paparazzis pour créer des œuvres", explique Clément Chéroux, le Commissaire de l'exposition. Aussi, le troisième et dernier volet de cette expo concerne-t-il les formes d’appropriation de l’Imagerie des Paparazzis. Cette appropriation se fait dans le contexte du Pop Art, un mouvement artistique né en Grande-Bretagne au milieu des années 1950, sous l'impulsion de Richard Hamilton et Eduardo Paolozzi. A la fin des années 1950, le Pop Art américain émerge à son tour avec Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, Jasper Johns et James Rosenquist. L'expression "Pop Art" vient de l’abréviation de "Popular Art". L’expression est utilisée pour la première fois en 1955 par Lawrence Alloway, un critique d'art britannique, faisant partie de l'Independent Group ; un groupe d'intellectuels travaillant sur le rôle de la technologie dans la société. Ce mouvement créé sous l'impulsion de John McHale, artiste et sociologue, donne vie au Pop Art en Angleterre, conteste les traditions, affirme que l'utilisation d'éléments visuels de la Culture Populaire, produits en série, se fait dans la continuité des "Beaux-Arts". De même, il affirme en enlevant l’objet de son contexte, en l’isolant et/ou en le combinant avec d'autres objets, qu'il est plus facile de le contempler. Ce mouvement se caractérise surtout par l’influence qu’il puise dans la société de consommation. Un principe que les américains vont mettre en évidence, au travers de la publicité, des magazines, de la BD, de la télévision, de la mode, de l'architecture, du dessin, etc. Toujours à l’avant-garde, le Pop Art utilise des procédés et produits nouveaux (acrylique, sérigraphie, etc.) et des techniques picturales réservés jusque là aux industrielles. Les couleurs sont vives et décalées par rapport à la réalité. Andy Warhol, s'approprie des objets de la vie courante (une bouteille en verre, une canette de soupe, un carton de lessive, etc.) pour les transformer en œuvres d’art. Dépassant le principe d'unicité de l'œuvre d'art qui servait à en fixer la valeur, le Pop Art bouscule l’Art en général. Il utilise des symboles populaires afin de désacraliser l'œuvre d'art élitiste qui ne traite que des "sujets nobles". De Mickey Mouse à Marilyn Monroe, en passant par Mick Jagger et James Dean, les idoles deviennent avec le Pop Art des icônes neutres ou engagées, selon l'artiste. Jasper Johns, quant à lui, prendra comme source d’inspiration la culture publicitaire. Les artistes du Pop Art s’approprieront aussi les photos des Paparazzis ; Gerhard Richter et Richard Hamilton notamment. Richard Hamilton en 1972 conçoit sa célèbre "Swingeing London 67 series" en présentant des variations de photographies connues de Mick Jagger, issues de la presse à scandale, en route pour le tribunal pour possession de cannabis. Les techniques utilisées sont le pochoir et le collage.
Un autre tournant intervient dans l’Art, en 1962, lorsque le photographe de mode Richard Avedon, s'inspirant des photos volées du couple Richard Burton/Elizabeth Taylor, réalise toute une série de photos à la "manière des Paparazzis" pour une ligne de vêtements. "Avec sa mise en scène tumultueuse et échevelée, c'est devenu un modèle du genre. William Klein l'admirait énormément", indique Clément Chéroux. Puis, au début des années 1970, François-Marie Banier se met à la photographie. Parmi les diverses personnalités dont il a tiré le portrait, on trouve : Nathalie Sarraute, Samuel Beckett, Madeleine Castaing, Vladimir Horowitz, Silvana Mangano, Joyce Carol Oates, Pascal Greggory, Isabelle Adjani, Caroline de Monaco, Sophie Marceau, Johnny Depp, Vanessa Paradis, Marlon Brando et Liliane Bettencourt. Les photos qu’il a faites de Samuel Beckett, célèbre écrivain, poète et dramaturge irlandais d'expression française et anglaise, prix Nobel de littérature, à Paris, sont particulièrement intéressantes par leur sincérité. De même Viktoria Binschtok, Julian Baron ou Barbara Probst font aussi référence à des formes visuelles caractéristiques de "l'Esthétique Paparazzi". Avec Viktoria Binschtok, à force de surimpression, on fini d'ailleurs par se demander qui est le plus "paparazzié". Mais il n'y a pas que les milieux artistiques qui se sont appropriés cette esthétique et ont cherché à se mettre dans la peau d’un Paparazzi. Depuis les années 1960, l’attitude des chasseurs d’images fascine bon nombre d’artistes et de photographes de mode qui, le temps d’un projet, cherchent à jouer au Paparazzi. Dans son essai "La photographie de mode et l'esthétique du paparazzi", Frédéric Monneyron montre que l'univers de la mode s'est emparé très tôt des signes extérieurs de cette esthétique. Dès le début des années 1960, les photographes Richard Avedon et William Klein, et plus récemment Alexi Lubomirski ou Christian Leseman, ont été les premiers à se transformer en Paparazzis à l’occasion d’une campagne de mode. Ils jouent sur le rôle de représentation du "model" et sur l'ambiguïté entre la mise en scène et la spontanéité. Richard Avedon, en 1962, lui, propose de prendre des modèles, de les habiller avec des vêtements de grands couturiers, de leurs faire prendre la pause afin de recréer des scènes "à la paparazzi". Il s’approprie ainsi à son tour "l’Esthétique Paparazzi" (le baiser volé sur un banc public, seuls dans la foule, le bain de foule, etc.). Enfin, la fin des années 1970 marque un vrai renouveau artistique, et en 1979, Warhol, dans son ouvrage "Andy Warhol's Exposures", publie pour la première fois des clichés pris à l’aide d’un simple appareil Minox, découvert en 1976. Ces images de la Jet-Set et des milieux artistiques qu’il fréquente, vu sous un autre angle, réalisées sans le moindre souci de composition, sont à mi-chemin entre la pratique Paparazzi et celle du photographe mondain. Exposée dès 1980 au Ludwig Museum de Cologne et au Stedelijk Museum d’Amsterdam, cette série, poursuivie de manière compulsive, marque le début de la reconnaissance de Warhol photographe. Ce dernier affirme qu’une bonne photographie est une photo "nette, montrant une personne publique se livrant à des actes privés". Cette définition volontairement non-artistique de la photographie rejoint celle donnée à la fin des années 1950 par le Paparazzi Rino Barillari : "Quand il y a le personnage, rien d’autre ne compte, parce qu’une photo documentaire qui montre l’événement, même si elle est laide, vaut bien plus qu’une image artistiquement composée."
(A).
Parallèlement, de nombreux artistes dont l’Américain Gary Lee Boas, l’Anglaise Alison Jackson ou encore le Collectif Autrichien G.R.A.M. (Günther Holler-Schuster, Ronald Walter, Armin Ranner et Martin Behr, dits "G.R.A.M.") collectionnent également les Stars "à la manière des Paparazzis". Le Collectif G.RA.M. créé en 1987, poursuit dans son travail une analyse des codes photographiques. Lors d’une résidence à la Villa Arson de Nice, ses quatre membres jouent au Paparazzi en photographiant de belles femmes sur la plage avec des objectifs de longues focales, pour faire croire au public à la présence d’une célébrité venue incognito ; un travail montré en 2006 au Centre de la Photographie de Genève (CPG) à l’occasion des 50 Jours pour la Photographie à Genève (50JPG), durant l’exposition "Photo-Trafic". Plus récemment, les G.R.A.M. conçoivent une série de réinterprétations de scènes de violence physique issues de l'actualité des Parlements européens, à partir de photos de presse ["Paparazzi (Barack Obama)", 2008, et "Hohes Haus, Kiev"(cf. A), 2011, C-print, 183 x 263 cm]. Une expo sur ce sujet intitulée "Café Paparazzi" voit le jour à la Courtesy Christine Koenig Galerie de Vienne, du 18 Juin au 1er août 2009. Les G.R.A.M. ont même transformé St-Trop, Genève et Hollywood en Scène Paparazzi ! Leur sigle est en néon, c’est le "Paparazzi Café" ; car en Autriche le café est le lieu consacré à la lecture de la Presse Paparazzi.
Comble du voyeurisme, Pascal Rostain & Bruno Mouron se sont intéressés au contenu des poubelles des Stars. Ils ont ausculté et photographié leurs détritus (et ceux de plusieurs familles sur tous les continents). Grâce à leur travail, les chercheurs qui étudieront la société de consommation dans quelques siècles n’auront pas besoin de chercher bien loin pour tout savoir des habitudes de cette époque ; toute cette société étant contenue dans "les cornes d’abondance" que sont les sacs-noirs-poubelles. Les archives de ces deux Paparazzis sont classées comme l'Herbier de Carl Von Linné, le grand nomenclateur suédois (1707-1778). Tous ceux qui voient leurs photos deviennent à leur tour entomologistes. Au début, ils s’intéressent de manière pudique (comme s’il s’agissait de leurs propres poubelles), puis ils se lâchent, commentent et jugent. Les poubelles de Madonna et de Mel Gibson sont passées au peigne fin, et deviennent des œuvres d’art exposées, sans complexe. Dans la "pro-vocation", Alison Jackson imagine des scènes de Paparazzis improbables, comme "Bush With Rubik’s Cube" (2005) (l’ex-Président américain jouant au Rubik’s Cube ; œuvres photographiques et mannequin) ; "Diana figer up" (2000) (Lady Di en train de faire un doigt d’honneur), "Marilyn Wank Window Bars" (2002) (Marylin Monroe en train de se caresser) ; "The Queen On The Loo" (2003) (la Reine d’Angleterre sur "le trône") ; etc. Avec ses photos, Alison provoque volontairement le public, en faisant naître en lui, l’envie de découvrir des photos qu’il aimerait voir dans la réalité et qu’il ne verra jamais. Le peintre de Street Art, Keith Haring, lui, détourne une photo de Madonna, prise dans la presse, pour en faire une œuvre destinée au couturier Jean-Charles de Castelbajac. Il s’agit de son dernier dessin, imaginé juste avant sa mort, en guise d’invitation pour le défilé automne-hiver 1990-1991 du créateur.
Le "Kiosque" conclut ce magnifique parcours durant lequel on apprend énormément de choses, comme à chacune des expos du CPM. Cette dernière section interroge les us et coutumes des magazines qui diffusent les photographies de Paparazzis. Une presse dite "people", à la typographie clinquante, aux "Unes" tape-à-l’œil, qui commandite les Paparazzis. Une industrie qui a ses propres règles, évoluant avec le temps. C’est (Di) "Bunte" (le magazine allemand) contre "Paris Match" (l’hebdo français) qui se disputent un public spécifique, le public Paparazzi. Car c’est bien connu, dans l’actuelle société, tout le monde veut tout savoir sur son voisin, et tout sur la vie privée des Stars.
Dénonçant cette culture de l’indiscrétion, voir de la délation, l’artiste Américain Jonathan Horowitz, né en 1966, travaille à New York tant la vidéo que la sculpture, l’installation sonore et la photographie. Il étudie de façon critique "les cultures" (politique, show bizness, cinéma, guerre et consumérisme). Par exemple, à partir de "found footage" (traduction : "enregistrement trouvé"), il récupère des pellicules déjà impressionnées dans le but de réenregistrer des films dessus aux fins de surimpression. Diplômé de l'Université de Wesleyan en 1987, Horowitz se spécialise, visualise et juxtapose spatialement des éléments du cinéma, de la télévision et des médias, pour révéler les connexions et les pannes entre ces modes de communication qui se chevauchent. En septembre 2005, le "Daily Mirror" publie une photo de kate Moss qui, sans complexe, se prépare un rail de coke au cours d’une soirée privée. L’image fait le tour du monde en quelques heures. Le mannequin Anglais perd ses plus gros contrats (H&M, Burberry et Chanel). En 2006, Jonathan Horowitz détourne cette couverture du tabloïd anglais – le "Daily Mirror" (le "miroir quotidien") - en réalisant une sérigraphie sur un vrai miroir (37,50 x 29,30 x 0,60 cm). Il superpose la typographie du "Cocaïne Kate" avec le vide du miroir, un vide très vite comblé par les reflets de la "Une" du "Daily Mirror", accrochée sur le mur d’à côté, et du visiteur devenant lui-même sujet de cette "Une". Au final, cette œuvre crée une image multiprojectionnelle.
Dans la même veine, à partir des années 1980, plusieurs artistes femmes, comme Malin Arnesson, Cindy Sherman ou Kathrin Günter interrogent "la place de l’artiste en tant que star". Kathrin Günter est photographe. Elle étudie la photographie à l'Université des Sciences Appliquées d’Hambourg. En 2000, avec sa première série baptisée "Star Shots", elle remporte le Prix BFF du meilleur diplôme photographique des Universités Allemandes. Après de longs séjours en Italie, en Espagne et en Angleterre, en 2006, elle retourne en Allemagne, où elle vit depuis à Berlin. Elle explore toujours dans son travail le comportement des Stars, le phénomène de la Photographie Paparazzi, et celui indissociable de l'auto-mise en scène. Ses recherches ludiques sont axées sur la "pensée-graphique expérience", la photographie, les mystères non résolus, et certains phénomènes de la photographie de la fin du XIXe siècle, et du début du XXe siècle. Elle se met en scène dans "Star Shots Magazine" (couverture et photographies) en décembre 2007. L’expo du CPM se termine sur un travail effectué sur les années 90, étudiant le rapport de Berlusconi avec les Paparazzis. Si "il Cavalière" s’en sert pour sa promotion, et au cours de toutes ses campagnes électorales, finalement ils finiront par causer sa perte, avec la révélation de plusieurs affaires gênantes (sexe et corruption).
UNE EXPO EN 3 PARTIES SANS PARTI PRIS.
La preuve est faite, grâce à cette expo, que les Paparazzis recherchent la discrétion, afin de ne pas être repérés par les personnes qu'ils photographient, et de manière à ce qu’elles conservent une attitude naturelle pour pouvoir les shooter. Pour arriver à leurs fins, ces photographes de l'impossible peuvent se cacher, se déguiser, suivre leur cible à distance, établir une planque dans un véhicule ou se camoufler en extérieur. Les personnes photographiées sont des personnalités connues du show-business et de la politique : "les Stars". Elles ont maintenant l’habitude de voir des photos d'elles-mêmes dans les magazines "people", style "Closer, "Voici", (Di) "Bunde", etc. Elles lisent parfois ces revues avec le sourire (comme Drew Barrymore...), mais souvent elles déposent plainte contre les Magazines People en question quand ils portent gravement atteinte à leur vie privée. En cas de grosse pression, due à une traque incessante, certaines Stars deviennent violentes verbalement et physiquement contre les Paparazzis. Cette expo se penche sur ce métier de "chasseur d’images", en abordant les rapports complexes qui s’établissent entre le Paparazzi et la Star, celle-ci devenant tour à tour proie ou complice, voire metteur en scène des photos qui sont prises d’elles. "L’esthétique Paparazzi" influence jusqu’aux shootings de la photo de mode. Cette exposition d’envergure du CPM dédiée aux Paparazzis, Stars et Artistes (qui s’en inspirent) transforme le visiteur en voyeur indirect, décomplexé et éclairé à la fois. Elle fait la part belle aux clichés, à l’audace et aux méthodes peu scrupuleuses des Pros de la planque : Ron Galella, Daniel Angeli, Sébastien Valiela, Bruno Mouron & Pascal Rostain, etc. Depuis les années 1960, les photographes shootent les Stars de près, au flash, "en opé commando", jusqu’à la confrontation s’il le faut. "Ces contraintes donnent du mouvement, de l'intensité à l'image", souligne le Paparazzi Sébastien Valiela. Richement illustrée, passionnément dans son sujet, l'exposition de Metz n'élude ni la difficulté du travail des Paparazzis, ni la souffrance infligée aux Stars. Récemment, dans une lettre publiée par le "New York Magazine", et sur "Vulture" (le site du "New York Magazine"), l'acteur américain Alec Baldwin, 55 ans, comme un coup desemonce, annonce qu'il quitte la vie publique, par lassitude d'être pourchassé par les photographes. Il est fatigué et le fait savoir. Il désire se concentrer sur l'essentiel : être comédien et vivre en paix avec sa famille. Il souhaite avoir une vie normale, sereine, loin des polémiques qui ont particulièrement marqué son année 2013. Clément Chéroux, le Commissaire de l’expo, précise : "La figure du paparazzi dans la culture populaire est celle d'un voyou. Il est devenu le double négatif du reporter de guerre, le côté obscur de la profession. On voulait dépasser cette vision et analyser ce phénomène d'un point de vue historique, éthique et esthétique." Il y a certes les chasseurs et leur gibier, mais il y a aussi, désormais, le citoyen lambda ; un abominable voyeur-bis qui se délecte, journalièrement, du tableau de chasse offert par les Magazines People. Un "Monsieur tout-le-monde" qui s’y met aussi à ses heures perdues, grâce à la démocratisation des appareils photos et à Internet, et qui shoote sans vergogne, à son tour, les Stars qu’il croise (et/ou les personnes ordinaires), sans leur consentement. Des Paparazzis en herbe improvisés ? Une situation confirmée par "Le Parisien" le 19 mai 2012, qui titre : "Nous sommes tous des paparazzis", et précise même : "Vous croisez une star dans la rue ? Dites-le à vos amis. Le réseau social Los People, disponible sur les Smartphones, et qui permet à ses membres de s'échanger des tuyaux sur les personnalités." Comme quoi le vrai problème dans tout cela reste toujours le respect du droit à l’image, et le respect tout court. On a de l’éthique ou l’on n’en a pas, amateur ou pro ! Aujourd’hui, les technologies permettent à chacun d’être un Paparazzi. Il suffit d’être présent au bon moment et de prendre "ZE" Photo et le tour est joué. Les chaînes d’info en continu (BFMTV, I-Télé, LCI, etc.), grandes pourvoyeuses de scoops (photos et vidéos), reçoivent l’essentiel de l’info à sensation de cette manière, via Internet. Cette concurrence a cassé le prix des cachets par deux, voire plus ! Maintenant, il faut vraiment sortir du lot, être plus rapide que tout le monde (d’où l’intérêt d’avoir un bon réseau d’informateurs) et avoir tous les culots, pour gagner sa vie correctement en tant que Paparazzi. In fine, comme le disaient certains photographes présents à l’inauguration de cette expo du CPM, à propos des Paparazzis : "C’est une chasse, t’appuies sur le déclencheur, tu photographies, tu photographies, etc. Puis, après seulement tu recadres !" L’affirmation "Puis, tu touches la thune !" pourrait clore ces propos. Mais la citation qui sera la meilleure des conclusions à cet article, et là, on est véritablement dans le meilleur des mondes... C'est celle qui transforme l’utopie en réalité et réconcilie de manière intelligente les Paparazzis et les Stars : "J'essaie d'être aimable envers les paparazzis, après tout ils ont une famille à nourrir et si me prendre en photo peut permettre à leurs enfants d'avoir ce qu'ils veulent et bien ça me va." Et c’est signé de la chanteuse : Demi Lovato. Merci Demi pour cette très belle preuve de tolérance qui réconcilie tout le monde !
© Jean DORVAL, le 06.03.2014, pour LTC Arts.
INFO+ :
CPM : 03.87.15.39.39 ou www.centrepompidou-metz.fr
Sources documentaires :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paparazzi
Le dossier de presse du Centre Pompidou-Metz sur l’expo.
"Paparazzi ! Photographies, Stars et Artistes", ouvrage collectif réalisé sous la direction de Clément Chéroux, coédition Flammarion et Centre Pompidou Metz.
Notes :
(1) Traduction : "La Douceur De Vivre".
(2) En italien, le mot "Paparazzi" est le pluriel de "Paparazzo". En France, en fonction des dictionnaires on peut écrire un "Paparazzi" ou des "Paparazzis".
© Crédit photos : photographe : Jean DORVAL pour LTC Arts 2014 ; droits pour les photos d’œuvres d’art : les Centres Pompidou-Metz et Paris - ADAGP Paris 2014 ; reproduction partielle de quelques parties du bâtiment du Centre Pompidou-Metz faite avec l’aimable autorisation de Shigeru Ban Architects et Jean de Gastines Architectes.
PS : J’ai paparazzié le Commissaire de l’expo Clément Chéroux… VOICI mon reportage-photos réalisé pendant ses différents interviews, le jour de l'inauguration de l'expo. Hihihiii !!! On ne se refait pas ! C’est moi le (seul et l’unique) Paparazzi. Qu’on se le dise ! JD.
03:33 Publié dans LTC ARTS | Lien permanent | Tags : "vol de photos à l’étalage au centre pompidou-metz !", centre pompidou-metz (cpm) organise du 26 février au 9 juin 2014, à son tour, une exposition sur les paparazzis, dans sa galerie 3, baptisée "paparazzi ! photographes, stars et artistes.", l’esthétique paparazzi, viktoria binschtok, tazio secchiaroli, ron galella, pascal rostain & bruno mouron, william klein, gerhard richter, richard avedon, raymond depardon, yves klein, cindy sherman, malachi farrell, alison jackson, kathrin günter, andy warhol, le commissaire de l’expo, clément chéroux, les paparazzis, une expo sur les paparazzis, xpo, exposition, regards sur l'école de paris, au musée de la cour d'or à metz, claire garnier, co-commissaire d'exposition, interview, pleins "phares" sur le cpm !, centre pompidou-metz, phares, pablo picasso, jean dorval, jean dorval pour ltc arts, juan miró, yan pai-ming, fernand léger, anish kapoor, galerie talents d'art, à metz, les phares, charles baudelaire, "la fiancée aux seins nus.", arne mattson, "elle n’a dansé qu’un seul été." | Facebook |