29/10/2013
« LA VIE D’ADèLE (ou de Miss P. ?). »
Le 9 octobre dernier est sorti le dernier film d’Abdellatif Kechiche(1) « La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2 » (durée : 2h59), avec dans les rôles principaux les talentueuses Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. Cette romance française, qui vire au drame, est librement inspirée de la BD française, de Julie Maroh, publiée par Glénat, en mars 2010 : « Le Bleu est une couleur chaude. ». Elle a remporté la Palme d'Or au Festival de Cannes 2013 et en France est interdit aux moins de 12 ans avec avertissement. Une interdiction qui aux States touche les spectateurs de 17 ans et moins, même accompagnés. Mais l’application de cette interdiction varie en fonction des Etats. Ainsi, si les salles de l'Idaho, au Nord-Ouest des States, ne diffusent pas « La Vie d'Adèle » (la loi de cet Etat interdisant les films comportant des scènes de sexe explicites), par contre, le cinéma d’art et d’essai IFC Center à New York autorise les adolescents à découvrir ce film ludique.
DEUX FLEURS DU MAL éPANOUIES POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE.
Au tournant des années 2000, Adèle a 15 ans. Cette jeune fille au visage d’Ange, qui me rappelle étrangement une ex-petite amie (d’une vingtaine d’années à l’époque), est perdue et mal dans sa peau, comme beaucoup de Djeuns de sa génération, face aux incertitudes de la Vie. Malgré sa timidité naturelle et son regard fuyant, Adèle, même en retrait, envoûte les gens qui l’entourent. Son look cool, ses cheveux châtains remontés en fouillis organisé (dans lesquels il manque presque une dreadlock rebelle), son goût prononcé notamment pour le reggae, son adhésion à la modernité, son engagement pour une école et une société plus égalitaire, etc. la rende pour beaucoup sympathique, voire attirante. Adèle est fraîche, naïve, sensible, tolérante, d’une gentillesse exemplaire et dotée d’un sex appeal irradiant-hot. Cependant, elle est en quête de l’Amour, et pas n’importe lequel, le vrai ! Et elle débute sa vie sexuelle par une interrogation légitime : une fille ça sort uniquement avec des garçons ? Pas si sûr ! Et soudainement lorsqu’elle croise Emma, une délicieuse Garçonne, plus âgée qu’elle, aux cheveux bleus, tout s’effondre autour d’elle, sa vie bascule totalement et elle découvre le mot « Certitude ». Ses caresses solitaires vont la conduire de fantasmes en fantasmes à la très belle Emma, dont le sourire lui fait perdre tous ses moyens. Cette Ame Sœur va lui faire découvrir et vivre le Désir, la Passion et l’Amour ; trois raisons d’exister souvent réunis véritablement ensemble qu’une seule fois dans la Vie de chaque Etre Humain. Sa libido surdimensionnée, qu’elle n’assouvit pas dans les bras d’un homme, elle l'apaise finalement, comme un trésor, dans ceux d’Emma. Le regard détourné va faire alors place à un regard éclairé, tourné vers l’émerveillement. Cette chevauchée lesbienne à la hussarde va lui permettre de découvrir sa Féminité, de se révéler en tant que Femme-Adulte, tout en conservant une éternelle fragilité et un visage de gamine innocente. Face au regard des autres Adèle grandit alors, se cherche, se perd, se trouve... et se reperd.
UNE CHEVAUCHéE EROTIQUE D’AMAZONES-LOVE.
Cette Toile de Maître est rythmée par une musique mélancolique. On y remarque la présence de la chanson « I Follow Rivers » de Lykke Li. Par contre, on en sait moins sur les musiques instrumentales qui déshabillent certaines scènes du film, notamment celle du premier et mémorable regard échangé entre Adèle "La Muse" et Léa "L'Artiste". L’instrument que l’on entend s’appelle un « hang » ou « hang drum ». Abdellatif Kechiche, lors d’une conférence de presse au New York Film précise : « Un jour par hasard, j’ai rencontré un musicien qui jouait d’un instrument qui avait un son très mélancolique et en le mettant dans la scène, j’ai pensé que ça pourrait créer cette émotion forte pendant la rencontre. Je crois que la musique à ce moment-là participe de l’émotion dans la rencontre. » Loin des clichés convenus, loin d’être un film X, ce long métrage est une œuvre homosentimentale, qui filme une Histoire d’amour sous tous ses aspects et sous tous ses angles. Deux femmes s’aiment et elles le prouvent. Elles sont belles dans leurs transports urbains amoureux et se donnent l’Une et l’Autre, l’Une à l’Autre, l’Une pour l’Autre, à l’envie, avec beaucoup d’Humanité, et sans pudeur, en se transcendant jusqu’à en perdre raison. Leur Union est un rodéo sexuel doublé d’une passion dévorante dans laquelle chacune des protagonistes va se brûler les ailes et se briser le cœur. Au travers de cette étude sur les relations saphiques, le réalisateur nous prouve que « les histoires d’Amour (comme le dit si bien Rita Mitsouko dans sa chanson) finissent mal en général », et ce, qu’elles soient homos ou hétéros. Il nous parle des différentes étapes d'une relation sentimentale tendant vers la routine : la rencontre, la séduction, la passion, l’habitude, la trahison, la souffrance et la séparation. Ce film est un étendard revendicatif arc-en-ciel pour la Diversité Sexuelle et qui murmure aux oreilles des spectateurs « Il ne faut jamais dire : fontaine, je ne boirai pas de ton eau.».
© Jean DORVAL, le 29.10.2013, pour LTC Kinéma.
Note :
(1) Abdellatif Kechiche a changé de producteur à chacun de ses films : « La Faute à Voltaire » (2000 - Flach Film), « L'esquive » (2003 - Lola Films & Noé Productions), « La Graine et le mulet » (2007 - Pathé ), « Vénus noire » (2009 - MK2) et « La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2 » (2013 - Wild Bunch).
01:02 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : la vie d'adèle ou de miss p., la vie d'adèle - chapitres 1 et 2, léa seydoux, adèle exarchopoulos, le dernier film d’abdellatif kechiche, cette romance française, qui vire au drame, est librement inspirée de la bd française, de julie maroh, publiée par glénat, en mars 2010, « le bleu est une couleur chaude. », bd, palme d'or 2013, festival de cannes, 2013, le majordome, le film, 24 juillet 2013, sortie de, "wolverine, le combat de l'immortel.", les inconnus annoncent leur retour, réalisé par david moreau ii, pierre miney, gilles cohen, sortie nationale, le 06 mars 2013, virginie efira, 20 ans d'écart le film, jean dorval pour ltc kinéma, l'or noir, jean-jacques annaud, arabie, song for whoever, the beautiful south, pop-rock, punk, new-wave, rock industriel, françois dal's, laurent garnier, techno musik, les duos ltc live : l'instant musikal, omd, jean dorval pour ltc live, ltc live : la voix du graoully, la communauté ltc live, la scène ltc live, a-ha | Facebook |