18/01/2014
"NYMPHOMANIAC (PART I)" OU COMMENT ATTEINDRE LE POINT JOE !
"Nymphomaniac (Part I)", le film franco-danois hormonal à souhait, pas à bout de souffre, enflamme nos écrans depuis le 1er janvier dernier. Le Maître Lars Von Trier aborde ici la Sexualité sous tous ses aspects les plus débridés, mais aussi dans toute sa beauté, sa volupté, sans complexe. Ainsi sa Toile nous conte la folle et poétique histoire, le parcours érotique d’une Femme, de sa naissance à l’âge de 50 ans, racontée par elle-même : la très émoustillante Joe (Charlotte Gainsbourg pour les intermèdes contemporains et Stacy Martin pour les flashbacks remontant à la jeunesse). Voilà une Femme qui n’hésite pas à se classer elle-même "nymphomane". Un autodiagnostic qui sert de fil conducteur à son Aventure Sensorielle. La première scène démarre par une froide soirée d’hiver durant laquelle, le vieux et séduisant célibataire, Seligman (Stellan Skarsqard) découvre l’héroïne (Joe) dans une ruelle, allongée sans connaissance, couverte de contusions, suite à une agression. Au début, il veut appeler les secours et la police afin de la faire soigner et tenter de retrouver ses agresseurs. Mais devant son refus, il la ramène chez lui afin de lui prodiguer les premiers soins. Alors, se tisse entre eux, spontanément, un lien, une complicité qui les fait se confier l’un à l’autre sur l’histoire de leur vie respective. Joe est alitée, Seligman assis à côté d’elle sur une chaise. Et c’est là que l’on se rend compte que Lars Van Trier ne veut pas juste parler de « La Chose », pour simplement en parler, et faire de l’audience ; mais plutôt, qu’il fait de ce long-métrage une étude psychologique. Seligman interroge Joe avec beaucoup de subtilité, tout en l’écoutant patiemment, tout en comprenant immédiatement sa sensibilité de Femme fatale, en mal d’Amour permanent, et qui vit une véritable addiction au sexe. Une douzaine d'orgasmes par jour minimum !
SEXE ET GROS MENSONGES !
Petit à petit, la vie de Seligman se connecte à celle de Joe au travers de ses petites manies de solitaire un peu précieux ; mais aussi grâce aux nombres de Fibonacci qui seraient selon lui partout, jusqu’au premier rapport amoureux de Joe… "2+3=5…". Lui le "pêcheur" à la mouche va faire le parallèle immédiatement entre ses techniques de "ferrage du poisson" et celles qu’utilise Joe "la pécheuse" pour "ferrer les mâles" avec qui elle veut coucher. Dans les deux cas, chacun doit faire une "touche", et au préalable user de tous ses appâts et tactiques pour faire mordre le poisson, quitte à mentir, à leurrer. A ce moment précis, le ton du réalisateur devient plus léger, tout en devenant technique, voire humoristique. Les deux acteurs fusionnent presque. Le film qui se déroule en cinq chapitres devient pour Joe un véritable parcours initiatique à la Candide bercé de mensonges, version Éros, et pour Seligman un manuel vivant du pécheur prenant son inspiration dans les mystères de l’Art de pêcher (ou de pécher) puiser dans la vie de Joe. Le chapitre intitulé "Le parfait pêcheur à la ligne" transforme un banal sachet de chocolat en symbole de Victoire Sexuelle. Le second chapitre, "Jérôme", range arbitrairement tous les hommes dans la catégorie des "Jérôme" (sous-entendu : ces mecs ne pensent vraiment qu’à cela et sont facilement piègeables…). Le troisième chapitre, "Madame H", inverse la vapeur en permettant à une victime de Joe la nympho, briseuse de couples, de prendre sa revanche en direct et sans concession. Dans "Delirium" (4ème chapitre), Joe accompagne son père jusqu’à sa mort, ce qui ne l’empêche pas de séduire un homme d’entretien dans les sous-sols de l’hôpital pendant une pause. Enfin, dans le cinquième et dernier chapitre, "La petite école de l’orgue", ou la polyphonie de Bach et l’Amour, Joe démontre en Artiste du Sexe, qu’elle sait jouer de trois de ses meilleurs "instruments" (traduisez "amants") - comme Bach de ses notes - pour atteindre "le Point Joe". L’Amant sensible, le dominateur et le parfait Amour, en complémentarité, lui donnent des ailes ! Ce film est gonflé à bloc et choque volontairement son public comme pour le faire sortir de son train-train sexuel(1). Ses dix premières minutes d'intro déboulent à fond la caisse au son d'une BO - le pétaradant "Führe Mich" ("Guidez-moi") - interprétée par les Rammstein. Ce déluge de feu et fer musical fait mordre à l’hameçon de cette oeuvre passionnante qui tient en haleine son public du début à la fin. Pas obscène pour les gens qui ont un peu de vécu, ce film (pas porno) est cependant interdit aux moins de 12 ans. Il est présenté en France dans une version abrégée (avec l’accord de Lars Von Trier), supprimant les gros plans sur les parties génitales, afin de ne pas tomber dans l’exagération ; la version light étant déjà assez hot. "Nymphomaniac" ou comment tomber dans le piège du jeu amoureux et de la dépendance sexuelle. Voilà en tous cas un Art parfois pervers, quelque peu bestial, mais aussi (très) humain, sublimé ! Le Volume 2 du film de Lars Van Trier sort le 29 janvier prochain, il convient au préalable de voir le premier Volume pour en ressentir toute la sensualité, la quête du plaisir au féminin (et masculin).
© Jean DORVAL, le 17.01.2014, pour LTC Kinéma.
Note :
(1) Le nombre de relations sexuelles des Français est de 144 par an, si l'on en croit l'étude Durex 2003, soit 2,67 fois par semaine. Source : http://www.femina.fr/Sexo/Sexualite/Quelle-est-la-frequen...
© Photo sur la pêche à la mouche ci-dessus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pêche_à_la_mouche
00:44 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : nymphomaniac volume 1, le film, rammstein, de lars von trier, actuellement sur nos écrans, "nymphomaniac (part i)", ou comment atteindre le point joe, lars von trier, charlotte gainsbourg, stacy martin, nymphomane, stellan skarsqard, tc kinéma annonce..., les trois frères, le retour, les inconnus, e festival cinéma télérama, c'est 3€ la place du 15 au 21 janvier 2014, avec le pass dans télérama, les 18 et 15 janvier 2014, revoir les meilleurs films de 2013, « the immigrant : ewa (cybulski) ou la seconde vie de marion (co, charlie chaplin, 1917, the immigrant le film, réalisateur, james gray, en vost, polonais, anglais, marion cotillard, joaquin phoenix donne vie à « bruno weiss » ; jeremy renner est, « belva » ; jicky schnee, « clara » ; yelena solovey, « rosie hertz » ; maja wampuszyc, « edyta bistricky » ; et ilia volok, « voytek bistricky », la statue de la liberté, lady liberty, new york, l’ecole des ashcan painters de new-york, george bellows, everett shinn, ric menello, scénariste, le directeur de la photographie du film, est le franco-iranien, darius khondji, ellis island, john axelrad | Facebook |