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10/02/2010

LES "BEST OF" JD...

Voici un des articles publiés antérieurement dans la presse par JD...

VM pour LTC.

Les Choristes

 

« LES CHORISTES : UN FILM A LA FRANÇAISE COMME ON LES AIME… »

Sainte-Odile, patronne du cinéma, m’est témoin, enfin un film, vrai, qui fleure bon la France ! Une réalisation simple et belle dont on peut tous être fiers pour notre patrimoine cinématographique. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une réalisation à l’américaine dans laquelle les scènes de violences alternent avec les longueurs. Non ! C’est le film de l’Amour qu’un pédagogue éclairé porte à ses élèves, à la mode de chez nous. Cette réalisation de Christophe Barratier est une comédie touchante, un véritable petit chef-d’œuvre qui nous fait remonter le fil du temps au son des voix d’un petit groupe de chanteurs prodigieux. Il image parfaitement l’enfance de nos parents ; avec déjà, à cette époque, l’éternel conflit entre les différentes méthodes d’éducation. Le scénario a été co-écrit par le réalisateur et Philippe Lopes-Curval. Christophe Barratier a déjà été producteur délégué de : « Les enfants de lumière », « Micro Cosmos », « Himalaya » et « Le peuple des oiseaux ». En 2001, il réalise son premier film d’après la nouvelle de Maupassant « les Tombales ».


 

Les Choristes

Maître Gérard (avec à côté de lui l'adorable Pépinot)...

L’ECOLE : UN VERITABLE « SACERDOCE » POUR CLEMENT MATHIEU !

L’action se situe en 1949, Clément Mathieu, professeur de musique sans emploi, intègre un internat de rééducation pour mineurs où règne une discipline de fer. La devise de Monsieur Rachin (François Berléand), le Directeur, est : « action, réaction ». Ce qui conduit inévitablement à des conflits durs, dont l’affaire Mondain (Grégory Gatignol) est un des points culminants. Mais contre vents et marées, Mathieu s’intègre dans cet univers sordide, particulièrement répressif qui feint de maintenir l’autorité sur des élèves en situation d’échec tant scolaire qu’affectif. « L’accident de la porte piégée » arrivant au Père Maxence (Jean-Paul Bonnaire) en est la preuve criante. Mathieu, dans ce monde de brut, en tant que « pion », va se concrétiser, trouver là un véritable sacerdoce…

Lui qui croyait que tout était fini pour lui, se rend compte qu’il y a plus malheureux. Il prend en même temps que ses élèves un nouveau départ. Il adoucit le quotidien et leurs redonne un peu d’espoir, de confiance en eux, grâce à ses méthodes éducatives basées sur la tolérance ; et séduit progressivement les autres maîtres que sa vocation inspirent. Mais son supérieur hiérarchique, jaloux, n’aime pas ses méthodes, car Mathieu réussit à faire quelque chose de ces gamins. Aussi, ce dernier interdit la chorale. Mathieu entre alors en résistance, avec l’aide de ses collègues (par exemple : Chabert (kad Merad)…). Il initie clandestinement les enfants à la magie de la musique et du chant. Il ouvre là une véritable « soupape » dans la chape de plomb qui recouvre la vieille Institution. Il va progressivement transformer ces « bons petits diables » en choristes confirmés.

Mathieu va ainsi tirer un trait sur sa vie personnelle pour se consacrer entièrement à « ses » gosses. Il n’a pas un enfant, mais plusieurs… Son vieux rêve de musicien prend forme, il compose enfin pour son public (de gamins…). Il ressort son vieux papier à musique et ses vieilles partitions. Lui qui s’imaginait en manque d’inspiration se réalise à nouveau au travers des enfants. Il représente, pour nous tous, notre rêve enfoui de réussite sociale. Finalement, c’est dans l’épreuve que l’Homme se dévoile. Mathieu oppose aux coups de sifflet autoritaires de Rachin, le doux enchantement de voix d’enfants. Il fait même oublier un instant à ce vieux paranoïaque son obsession de la discipline. Ainsi, lorsque celui-ci reçoit, par erreur, « une balle perdue » des enfants, lors d’une partie de Football se déroulant dans la cours de récréation, on croit qu’il va les punir... Que nenni, au lieu de cela, il joue avec eux et oppose alors l’équipe des élèves à celle des professeurs. Le miracle s’opère en douceur...

UN ROLE TAILLE SUR MESURE POUR GERARD JUGNOT !

Gérard Jugnot trouve dans ce film un rôle à sa hauteur. Cet acteur sympathique ne laisse vraiment pas indifférents les cinéphiles avertis, depuis son film « Monsieur Batignole » sorti en 2002. Il est émouvant, sensible, attachant ; sachant être, tout à la fois, ferme et diplomate avec des enfants en difficulté, dont la sensibilité ne demande pas mieux que d’être mise en valeur. Dans son rôle de maître de chorale, il a le geste délicat, rassurant, presque mystique. Il devient même l’inspirateur du futur grand chef d’orchestre Pierre Morhange et le père adoptif d’un adorable Pépinot (Maxence Perrin) qui attend désespérément à la grille de l’internat ses parents tués pendant la guerre. Avec sa tête de brave type, Mathieu sait aussi parler aux mamans des élèves, et surtout à l’une d’entre elles, Violette Morhange (Marie Bunel), dont le charmant minois ne laisse pas indifférent.

Les Choristes

Gérard au diapason !

UN MAGNIFIQUE FILM NOSTAGIQUE ET SINCERE…

Ce film est, selon Gérard Jugnot, « sans mièvrerie, emprunt d’une grande puissance d’émotion et d’évocation ; il a le charme de la craie sur le tableau… le charme du souvenir de ces enfances moisies que nous avons tous vécues ». Ce film est nostalgique, extrêmement sincère, atypique, dans la droite ligne de ce que produit Jacques Perrin. Barratier a le goût pour le vieux cinéma français, avec tous ces acteurs qu’on appelait « les excentriques », dont Noël-Noël, dans sa réalisation de « la cage aux Rossignols ».

Le décor est simple, dépouillé. Il symbolise la France d’après-guerre. Les images tournées dans les mûrs plâtreux et mal lavés de cet internat auraient presque pu être filmées en noir et blanc, afin de donner plus de caractère au film. Ces bancs cirés, ces tables d’écoliers avec leurs encriers, ce tableau noir, ce squelette à l’entrée de la classe, ces vieux ustensiles… ce cas pratique de calcul, ces jeux désuets dans la cours de récréation, cette morale si délaissée de nos jours… respirent l’air du temps qui passe, étouffent presque le spectateur d’émotion tant ils font plaisir à voir ; car disparus de nos jours de l’univers de nos charmantes petites têtes blondes. Mais peu importe ce genre de film reste immuable pour les gens qui se font une certaine idée de la France !

Les Choristes

Jean-Baptiste Maunier...

DES VOIX, RIEN QUE DES VOIX !!!

Bruno Coulais a dirigé et composé la musique du film, Christophe Barratier a écrit certaines des chansons. Les voix des enfants dans ce film vous saisissent aux tripes. On se sent entraîné, comme par une vague qui vous remonte de la pointe des pieds vers le haut du crâne. Il y a comme une sorte de résonance magnétique qui vous transcende. Le chœur du public bat la chamade à l’écoute de ces p’tits gars là. En passant par « In Memoriam », « Caresse sur l’océan », « La nuit » et « Vois sur ton chemin », on est transporté, à capella, dans un tourbillon d’émotions musicales. Puis, alternant les rythmes, le réalisateur nous surprend avec des airs entraînants comme « Lueur d’été » ou « Cerf-volant », et devient amuseur avec « Compère Guilleri » et « Nous sommes de fond de l’Etang ».

La magnifique voix de Jean-Baptiste Maunier (dans le rôle de Pierre Morhange), douze ans, un physique de jeune premier, retient particulièrement l’attention du spectateur ; ainsi que la prestation collective de ses camarades. Les petits chanteurs de Saint-Marc se révèlent dans toute leur splendeur.

Les Choristes

Jacques Perrin à la baguette (Pierre Morhange adulte)...

UN FILM QUI FAIT PASSER « DE LA GRISAILLE »… AU « SOLEIL »

« Le film commence dans la grisaille et se termine avec le soleil » a déclaré Gérard Jugnot. La réaction du public ne s’est pas faite attendre : « çà tire les larmes des yeux », « c’est très beau », « envoûtant », « plein d’amour et de tendresse », « j’ai retrouvé un peu de mon enfance », « c’est du Louis Malle »… Alors, allons tous soutenir le cinéma français ! Surtout quand celui-ci remet au bout du jour nos valeurs universelles d’antan : le sport, le chant, la musique, l’amitié, le respect de l’autre, le travail, l’assiduité, la discipline… On aimerait bien voir refleurir dans nos écoles d’aujourd’hui, ces garants de la paix sociale et de la cohésion nationale.

© Jean Dorval, le 27.05.2004

Source photographique : © Pathé distribution