04/02/2013
« LA FILLE (surgie) DE NULLE PART (et d’ailleurs)… »
« La Fille De Nulle Part » est un drame français fantastique, d’une durée de 91 minutes, qui sort sur nos écrans le 6 février 2013. Réalisé par Jean-Claude Brisseau, ce film raconte l'histoire de Michel, professeur de mathématiques à la retraite - une sorte de gros ours mal léché, vivant seul, depuis le décès de sa femme - occupant toutes ses journées à l’écriture d’un essai sur les croyances qui façonnent la vie quotidienne ; à l’image d’une de ses répliques : « Une nuit, en me réveillant et me retrouvant seul, nu, démuni devant le vide de ma condition… pour calmer mon angoisse, je me suis mis à prier Dieu auquel je ne crois pas… » Les rôles principaux sont tenus par Virginie Legeay (Dora, la blonde incendiaire), Jean-Claude Brisseau (qui se met en scène en incarnant un Michel authentique), et Claude Morel (l’ami de Michel).
UNE RENCONTRE BAROQUE.
La rencontre à l’impromptu de Dora, mystérieuse Inconnue, va bouleverser la vie de Michel à tout jamais. Tout démarre par l’agression de cette muse sublime, intensément désirable, trouvée par Michel sur le bas de sa porte, baignant dans son sang, suite à une agression. Cette jeune femme sans domicile fixe, il va l’héberger le temps nécessaire à son rétablissement. Voici le point de départ de cette histoire extraordinaire, de cette rencontre d’exception, de cet idylle qui rallume le feu sacré chez cet homme quelconque totalement envoûté par cette femme, mi-ange mi-démon, aux pouvoirs très étranges... Car si la présence de Dora apporte un peu de fraîcheur dans la vie de Michel, peu à peu, l’appartement (celui de Jean-Claude Brisseau dans la vie réelle), jusqu’à lors réputé tranquille, devient vite le théâtre de phénomènes paranormaux. Depuis l’apparition de Dora, subitement sans explications, l’écriture du livre de Michel s'accélère sur un rythme endiablé, les idées fusent en même temps que d’étranges manifestations surviennent… Michel est comme possédé. Les interrogations qu’il pose dans son ouvrage semblent bouleverser un monde parallèle au sien… plein de fantômes qui soudainement entrent en interaction avec lui… Des évènements étranges qui, par contre, ne semblent pas inquiéter Dora, un peu comme si « ces mystérieuses rencontres avec l’invraisemblable » lui étaient familières, à l’image d’un Victor Hugo pratiquant le spiritisme au quotidien dans sa maison de Jersey.
LA DAMNATION DE FAUST SELON BRISSEAU.
Dora naturelle et attentive à l’extrême, par sa simple présence, établit très vite un dialogue constamment évolutif avec Michel son nouveau complice. Ces deux êtres humains torturés – le solitaire à jamais inconsolable de la disparition de sa femme, et la nymphe sans attache, surgie de nulle part - vivent, allez savoir pourquoi, à ce moment précis de leur existence : « LA » Rencontre. Celle qui redonne tout son sens au destin, ravive l’appétit d’exister jusqu’alors enfoui, interpelle et redonne envie de se dépasser. Cette toile de vie, c’est un peu la Belle et la bête à huis clos, Faust prêt à se damner en accéléré pour celle qu’il aime. A eux deux, Michel et Dora, dépassent les apparences physiques, la barrière de l’âge, pour ne s’attacher qu’à la quintessence de leur relation, à l’aura que chacun d’entre eux dégage. C’est-à-dire cette incroyable force de l’âme, cette attirance réciproque soutenue, un charme indéniable à partager à deux. Cet attachement passionné, dès sa naissance, dépasse les conventions avec une rare intensité. Entre ces deux là, c’est immédiatement : « à la vie à la mort ! » Cette œuvre, jouée avec brio dans l’alcôve théâtrale et chaleureuse de cet appart rempli de rayonnages de bouquins et de films, remue les tripes de « A » à « Z ».
BRISSEAU S’ERIGE EN MAITRE DU TEMPS QUI PASSE (et qui ne se rattrape pas…).
Ce film qui a vu le jour grâce au cachet perçu pour le dernier passage à la télévision de « Noce Blanche » (un autre film de Jean-Claude Brisseau, réalisé en 1989, avec Vanessa Paradis, en personnage principal, et qui traite de l’Amour impossible entre une adolescente et son professeur de philosophie) est un merveilleux foisonnement d’inventivité, un concentré d’émotions énergisantes à décapsuler de suite, balancé entre réalisme, symbolisme et mysticisme. Ce film en toute liberté reflète la personnalité de son réalisateur jusqu'au moindre détail. Ce dernier a d’ailleurs reçu le Léopard d’Or du 65ème Festival de Locarno (en Suisse), consacré au cinéma d'auteur. Jean-Claude Brisseau ne s’est jamais autant investi pour un film et cela se ressent, tant il arrive à communiquer sa flamme à son public. Ce chef-d’œuvre du 7ème Art, il le nourrit de son histoire personnelle, avec pudeur et hardiesse à la fois, de ses propres douleurs, doutes, et de sa soif insatiable de connaître l’Autre. En se mettant lui-même en scène dans le rôle de Michel, avec Virginie Legeay à la réplique, Brisseau souligne puissamment les liens de connivence profonds unissant ses deux personnages, dépassant par la même le rapport habituel liant deux acteurs. Cette symbiose affective émouvante et tragique reste unique, fantasmagorique et ponctuée par la douceur de la 5ème Symphonie de Gustav Mahler. Les images de ce long métrage s’enchaînent, bercées de poésie, du début à la fin, renforçant le caractère secret, tinté d’une certaine nostalgie du temps qui passe. Un temps qui passe et qui ne se rattrape pas, un sentiment d'impuissance magnifiquement illustré par ce film. Un film sur la fuite en avant du temps, à voir et revoir à l’infini !
© Jean DORVAL, le 04 février 2013, pour LTC Kinéma.
PS : Jean-Claude Brisseau sera le vendredi 8 février 2013, à 18h30, au Caméo Ariel, à Metz, et à 20h30, au Caméo Commanderie, à Nancy, pour présenter son film.
21:41 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : la fille de nulle part, la sorcière rouge présente, noce blanche, le film, virginie legeay, claude morel, jean-claude brisseau, réalisateur et acteur, le kinéma français, le cinéma, éalisé par david moreau ii, pierre miney, gilles cohen, sortie nationale, le 06 mars 2013, virginie efira, 20 ans d'écart le film, jean dorval pour ltc kinéma, l'or noir, jean-jacques annaud, arabie, musique traditionnelle arabe, musique marocaine, fnair, lost boy! a.k.a jim kerr, song for whoever, the beautiful south, pop-rock, punk, new-wave, rock industriel, françois dal's, laurent garnier, techno musik, les duos ltc live : l'instant musikal, omd, jean dorval pour ltc live, ltc live : la voix du graoully, la communauté ltc live, la scène ltc live, a-ha, le groupe, centre pompidou-metz, metz, moselle, lorraine, musik, zizik, musique, jardinot | Facebook |