07/11/2016
Témoignage de vie : Juliet Becca Rosa, la force des maux, l'électrochoc de la volonté !
Juliet Becca Rosa naît à Metz en 1984. Elle décroche en 2007 un diplôme de niveau III en droit, afin de devenir assistante juridique. Une profession qu'elle n'exerce finalement pas. En effet, à l'âge de 22 ans, elle est victime d'un accident de voiture, au cours duquel elle subit un violent coup du lapin. Depuis, sa santé la trahit. Ses importantes séquelles se rappellent à elle en permanence. De graves douleurs neuropathiques qui lui imposent un traitement antidouleur de longue durée, très fatigant. Elle est prise en charge par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) pour avoir de quoi subvenir à ses besoins. En 2009, elle étouffe et ressent un grand vide existentiel. Elle ne trouve plus ses repères. Elle se sent à tort inutile, en situation d'échec. Mais, contre toute attente, il en faut plus pour décourager cette battante, qui remonte la pente, et se met alors à la peinture. Ce mode de défoulement lui permet d'extérioriser ses émotions et ses ressentis, de positiver sa situation pas toujours facile à assumer, de sortir de ses peurs, et de redonner un sens à sa vie. Elle excelle vite dans cet Art lui permettant d’exprimer sa créativité. Elle maîtrise bille en tête la matière, sa matière, en créant un univers traduisant ses maux, son moi intérieur ; comme dans ses trois tableaux produits en 2015, intitulés respectivement Tormentum, Dolor (photo ci-dessus) et Vulnus. Cette thérapie par l’Art lui permet enfin d’exister. Mais, très vite ce mode d’expression, seul, ne lui suffit plus. Elle veut mettre des mots sur ses maux. Pour ce faire, en 2015, elle commence à écrire, en complémentarité de sa peinture. Et ce qui au début devait être confidentiel, devient très vite un message à faire passer aux Autres, un témoignage sur la douleur, une expérience de vie pouvant servir d’exemple à ceux qui vivent la même situation, une aide précieuse pour ceux qui veulent s’en sortir. Depuis, elle est devenue la porteuse d’un flambeau universel symbolisant l’envie d’être comme tout le monde, malgré les difficultés du handicap. C’est ainsi que son premier recueil de nouvelles est né, un accouchement dans la douleur contrôlé, baptisé Le journal d’une écorchée qui sourit, publié en 2016 par Edilivre. Un titre évocateur qui marque la volonté de cette nouvelle auteure de combattre la douleur qui la meurtrit jusqu’à l’âme. Elle rit de ses blessures, et ce, même si elle en souffre. LTC Lecture a interviewé Juliet Becca Rosa pour en savoir plus...
LTC Lecture : L’expression "écorchée qui sourit", contenue dans le titre de votre livre, symbolise totalement votre combat au quotidien, alternant entre douleur incontournable et victoire contre le mal et sur vous-même. Qu’est-ce qui vous donne une telle rage de survivre ?
Juliet Becca Rosa : Merci d'utiliser le mot "survivre", car quand on lit mes écrits on se rend compte que c'est en effet le cas. Dans mes confidences, on ressent ma souffrance physique qui, pas à pas, crée un mal de l'âme que j'essaie aussi de combattre. C'est une descente aux enfers dont je suis spectatrice, et qu'au fond j'exècre puisque mon mantra a toujours été celui de la positivité. Mon seul but est de pouvoir profiter de chaque instant.
LTC Lecture : Chaque douleur, petite ou grande, est vécue différemment par chaque être humain, selon sa personnalité et son vécu. En quoi le message de votre livre est-il universel pour aider à surmonter le handicap et la douleur au quotidien plus sereinement ?
J. B. R. : Je pense que pour l'instant c'est un message universel dans le cri qu'il porte. La détresse, le combat. Dix ans de douleurs, c'est un poids très lourd à porter. J'y parle aussi de certains événements difficiles de ma vie que pourtant j'ai toujours su gérer, et qui finissent par me rattraper. C'est ce qui se produit quand on perd l'énergie et l'espoir. C'est ce désespoir qui m'a donné envie d'écrire. Cela montre comme on peut essayer de se battre, même en touchant le fonds, et d'avoir un regard sur soi où on se dit "non, je ne peux pas abandonner comme ça". La suite de ma nouvelle fera part de ma lente reconstruction et de ma vision sur le monde au travers de mes douleurs, alors que je veux pouvoir évoluer à l'aube de mes 32 ans.
LTC Lecture : Que représente la couverture de votre livre ?
J. B. R. : La couverture est une illustration que j'avais faite lors d'un de mes séjours à l'hôpital fin 2013. Il représente un corps de femme meurtri. Le cœur est volontairement à droite, car je ne sais plus où j'en suis dans mes émotions. Il souffre. Le ventre est un tourbillon, un chaos, dans lequel il est facile de se laisser emporter.
LTC Lecture : Les magnifiques photos illustrant cet interview et qui vous représentent sont de Gaël Lesure, un photo-auteur de Metz. Que pensez-vous de sa manière de capter l’aura des gens et notamment la vôtre ?
J. B. R. : Gaël est un artiste au sens propre du terme. Il crée au rythme de ce qu’il perçoit à chaque instant. C'est un instinctif, comme moi, quand je peins ou j'écris. Je me retrouve dans sa façon de faire vivre l'Art. Il "capte" comme vous dites, les émotions, et elles vivent dans ses photos. Il a su saisir mon âme, et c'est totalement représentatif de ce que je suis. Cela aurait même pu être la couverture de ma nouvelle. J'avoue avoir hésité.
Juliet Becca Rosa sera en séance de dédicace, samedi 12 novembre, de 14h00 à 19h00, à la librairie Hisler-Even, 1 Rue Ambroise-Thomas, à 57000 Metz (téléphone : 03.87.75.07.11). En attendant, son bouquin est en vente, depuis mardi dernier, au rayon "témoignages". La prochaine exposition de ses toiles aura lieu au Carré d'Art, 1 rue des Jardins, à 57000 Metz (téléphone : 03.87.17.34.66) en février 2017. Venez nombreux la soutenir !
© Jean DORVAL, le 11 octobre 2016, pour LTC Lecture
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© Crédit photos : Toutes les photos illustrant cet interview sont du photographe-auteur messin Gaël Lesure. Elles ont été mises à titre gracieux sur le site LTC La Tour Camoufle avec l'aimable autorisation de l'auteur. Elles ne font pas l'objet d'une utilisation commerciale. Avec tous nos remerciements.
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22:36 Publié dans LTC LECTURE | Lien permanent | Tags : témoignage de vie : juliet becca rosa, la force des maux, l'électrochoc de la volonté !, le journal d’une écorchée qui sourit, un interview de catherine debusne, historienne, Écrivaine et illustratrice, signé jd, la pivoine rouge, anne-catherine leucart, anne villemin-sicherman transforme le metz du xviiie siècle, en scène de crimes, anne villemin-sicherman, auteure, messine, passionnée d'histoire messine, histoire, metz, tc lecture annonce, médiathèque du sablon, metz-sablon, une langue bien pendue avec darina sainciuc, metz-sablon. Édith caroline : une gueule d’amour, michaël jackson, carole romane, la vie morte, éditions amalthée, viol, social, amour du prochain, il était une fois jd au 6ème salon du livre "boulay bouq’in", ltc lecture annonce..., jean dorval pour ltc lecture, boulay bouq'in 2015, porte des allemands, manifestation estivales du livre, pascal serra, « sur la piste des primitifs – groogh nous voilà ! », yil editions, jean dorval, poète lorrain, dédicacera, son ouvrage de poésie, « le semeur de sentiments », paru chez edilivre, loÏs mÈne l’enquÊte, de l’ocÉan indien au mont saint-michel, sandra reinflet, journaliste, voyageuse | Facebook |