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23/05/2012

BEATRICE GROSS, CHEF D’ORCHESTRE DU BALLET SOL LEWITT AU CPM (en mode Lucinda Childs), LE TEMPS D’UNE EXPO.

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Le Centre Pompidou-Metz (CPM) rend hommage à l’artiste conceptuel américain Sol LeWitt (1928-2007), jusqu’en juillet 2013. Pour ce faire, il lui dédie, en Galerie 2, sur une superficie de 1.200m2, une rétrospective inédite de ses Wall Drawings (dessins muraux). D’une envergure sans précédent en Europe, ce parcours de la carrière du Maître va de ses premières à ses dernières réalisations. Les dessins sélectionnés reflètent à la fois l’extraordinaire cohérence de ses explorations systématiques (séries et combinaisons rigoureuses d’éléments géométriques) et l’étonnante diversité de sa pratique, aussi bien dans l’évolution des formes (de figures géométriques simples à ses « formes complexes » ou « continues ») que des matériaux utilisés (crayon à mine, pastel gras, lavis d’encre, peinture acrylique et graphite).

Béatrice Gross, Française de New York, a travaillé trois ans durant, sur ce défi (d'Art-)plastique, tant dans le choix des pièces exposées que dans la mise en œuvre de celles-ci. Cette commissaire âgée de 33 ans, qui a fait ses premières armes au MoMa de New York, a installé dans 16 hautes alvéoles aux murs parfaitement lisses, construites au centimètre près (en parfait accord avec la Fondation Sol LeWitt), cette exposition hors norme, à la Charte Graphique très stricte. Le parcours chronologique est pensé comme un ballet de Lucinda Childs : pas de gras, pas de bavardages, juste l'art à l'état pur ! 100% artiste !

 

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 Béatrice Gross devant une des oeuvres de Sol LeWitt.

 

INTERVIEW DE BEATRICE GROSS BY JD.

JD : Bonjour Béatrice Gross, vous exercez le métier de critique d’art indépendante à New York. Vous êtes la Commissaire de l’exposition « Sol LeWitt, Dessins Muraux, De 1968 à 2007 » qui a lieu actuellement au Centre Pompidou-Metz, et ce, jusqu’au 29 juillet 2013, et qui consacre 33 « Wall Drawings » de l’artiste (parmi les 1.200 dessins qu’il a créé), soit la plus grande exposition d’œuvres jamais réalisé sur « LE » Grand Maître. En 2013, vous organiserez une autre exposition sur le thème de l’extraordinaire collection privée d’œuvre d’art de l’artiste. Quelles sont les œuvres qui ont votre préférence dans cette collection qui va d’Eva Hesse à Steve Reich, de Robert Mangold à Hanne Dardoven, de Robert Ryman à des centaines d’inconnus, et pourquoi ?

BG : Pardonnez-moi, mais je ne veux pas préférer d’œuvre en particulier. C’est une collection magnifique qui a quelque chose de très organique. Vous savez, c’est comme une chose vivante qui évolue avec le temps. L’artiste a collectionné dès le début toutes ses œuvres. Enfant, il collectionnait déjà les timbres… « LA » Collection était vraiment une autre de ces pratiques, à côté de la pratique artistique. En plus, cette collection s’est constituée à la faveur d’échanges et de dons plutôt que d’achats. Et même, si des achats ont pu avoir lieu plus tard dans sa constitution (il y a près de 4.000 œuvres), les échanges et les dons se faisaient entre amis, entre pairs, entre gens qui se respectaient, avec des personnes que Sol LeWitt respectait particulièrement. Ces œuvres sont fascinantes avec un cœur de collection d’art minimal et d’art conceptuel, mais avec aussi de l’art post-minimal, de la peinture aborigène d’Australie, des partitions musicales qui vont de Steeve Reich à Philip Glass. Et puis, il y a du mobilier de Gerrit Rietveld, des travaux de l’Arte Povera (qui est une « attitude » artistique, plutôt qu'un « mouvement » artistique, un concept que les artistes italiens de l'Arte Povera ont toujours rejeté depuis 1967). Il a aussi de très belles œuvres de Daniel Buren, etc. Donc, cette Collection Sol LeWitt comprend beaucoup de choses. C’est pourquoi, il ne faut pas instaurer de l’hiérarchie entre ces œuvres, toutes plus importantes les unes que les autres. Sol LeWitt s’intéressait à l’Art passionnément, et on va montrer ces œuvres avec passion aussi, encore une fois sans hiérarchie.

JD : Vous n’avez vraiment pas un « Petit Coup de Cœur » pour une de ces œuvres ?

BG : Ecoutez des coups de cœur, j’en ai plein, mais c’est à titre personnel. Je crois que ce n’est pas très important. Je crois qu’il y a beaucoup de très belles œuvres qui me touchent.

JD : Juste une petite œuvre pour me faire plaisir…

BG : Il y a notamment une des œuvres de Fred Sandback. Vous savez, ce sont ces œuvres situées dans l’espace, dessinées comme un espace négatif, représentées simplement par des petits fils. Il y aussi une œuvre de Donald Judd, un artiste plasticien et théoricien, et une magnifique série d’Eva Hesse, qui a joué un rôle central dans la transformation de la sculpture dans les années 1960. Il s’agit donc d’œuvres très précieuses, très belles et très fragiles. De même, on trouve des séries exceptionnelles d’Hanne Darboven qui a participé à de nombreuses expositions internationales. Son œuvre est proche de l'art conceptuel. Il est donc très difficile de faire un choix parmi tous ces chefs-d’œuvre.

JD : Exposerez-vous tous ces choix d’œuvres, dont vous venez de me parler, dans la future exposition sur la Collection LeWitt ?

BG : Naturellement !

JD : Donc ce sont de « vrais coups de cœur » ?

BG : Oui, ce sont des coups de cœur, fondés historiquement. Les raisons premières de ces choix sont que ces œuvres en tant que tel sont absolument magnifiques, en plus, elles étaient très importantes pour Sol LeWitt. En dernière instance, mon choix est motivé par ma préférence pour des œuvres que j’aime plus que d’autres.

 

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Wall Drawing #1171 - Cinq degrés de crayonnages : un cube sans un cube ; un cube sans un coin. Graphite.


JD : Béatrice, Sol LeWitt a organisé l’échange d’œuvres d’art partout dans le Monde, soit avec des artistes reconnus, des étrangers, des amis, des fans, etc. Ce projet faisait partie de sa pratique conceptuelle dans un exercice qui a cassé le modèle traditionnel de l’échange de biens artistiques établi par le marché de l’art et les grandes maisons internationales d’enchères. Que pensez-vous de ce « troque conceptuel » ? Pensez-vous que le Musée d’Art Moderne de Paris pourrait faire de même avec d’autres musées afin de varier l’offre des œuvres exposées au Centre Pompidou-Paris ou Metz ?

BG : Je ne peux absolument pas me prononcer pour le Musée d’Art Moderne de Paris, ni pour le Centre Pompidou-Paris ou Metz. Par contre, je peux vous parler de Sol LeWitt, un peu plus, si vous le souhaitez…

Cette pratique de la collection, je crois que chez lui, c’est une chose intuitive. Comme je vous le disais, Sol LeWitt était un collectionneur né. Il a commencé par les timbres, et puis il a continué très vite avec des œuvres, car c’est un passionné d’art, car c’était un artiste aussi, bien sûr ; mais surtout, parce que c’était un artiste passionné par l’art des autres, qui était extrêmement curieux, extrêmement généreux. Quant à savoir si c’est « une grande déclaration » sur le Marché de l’Art, c’est possible. Sol LeWitt, même si on ne s’en rend pas compte au premier abord en regardant ses œuvres, était quelqu’un qui avait des positions très marquées (même politiquement), à l’image de sa fameuse idée selon laquelle les artistes conceptuels sont d’avantage mystiques que rationalistes.

Sol LeWitt est très radical. Il avait été d’ailleurs un des tous premiers dans les années 60 à proposer de se détacher du Système des galeries commerciales, et de fonder une galerie dirigée par des artistes qui pourraient ainsi gérer leur propre carrière. Mais, comme vous le savez, cela ne s’est pas vraiment fait. Aussi, Sol LeWitt a travaillé avec beaucoup de loyauté avec un très grand nombre de galeristes, comme Samuel Lallouz. Ce rapport au marché de l’art, je crois qu’il l’a vécu avec beaucoup de simplicité, mais aussi avec beaucoup de réalisme. Il a travaillé avec des galeristes formidables, qui ont fait des travaux et un travail de soutien vraiment admirable. Mais, Sol LeWitt n'a jamais voulu travailler en exclusivité pour quelqu'un. C’est pour cela qu’il a multiplié ses interlocuteurs à travers le monde pour s'occuper de son travail. Cela ne l'a pas empêché de leur accorder à tous une loyauté sans faille et durable.

 

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Wall Drawing #340A - Dessin en six parties. Le mur est divisé horizontalement et verticalement en six carrés égaux, bordés et séparés par des bandes blanches de 6 pouces (15 cm). A l'intérieur de chaque carré, une figure géométrique à l'extérieur de laquelle se trouvent des lignes parallèles noires horizontales, et à l'intérieur de laquelle se trouvent des lignes parallèles noires verticales. Toutes les lignes sont distantes de 1 pouce (2,5 cm). Les lignes horizontales ne pénètrent pas dans les figures - Pastel noir.


JD : Vous habitez à New-York et Sol LeWitt a démarré à New-York… Cela suscite quoi chez vous ?

BG : Comme beaucoup d’autres artistes Sol LeWitt est né à Hartford, pour être exact, dans le Connecticut. Il est vrai, qu’il a passé une grande partie de sa vie et de sa carrière à New-York…

JD : Au Musée d’Art Modern de New-York notamment…

BG : Effectivement, mais assez brièvement, pour que très rapidement il puisse vivre de son Art. Il a habité aussi en Italie dans les années 80. C’est quelqu’un qui a beaucoup voyagé. Il montrait énormément ses oeuvres, dix à douze expositions par an, depuis les années 70. Vous imaginez le travail colossal, à la fois en terme de création, et en terme d’exposition à montrer et à organiser, notamment à New-York, où je vis, une ville fantastique et très avant-gardiste.

 

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Béatrice Gross.


JD : Merci Béatrice pour cet interview, bonne journée.

BG : Je vous remercie Jean.

© Propos recueillis, le 07 mars 2012, par Jean Dorval, pour LTC Arts, au Centre Pompidou-Metz.

 

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INFO PLUS SUR L’EXPO :

http://www.centrepompidou-metz.fr/node/13802 

© Crédit photos : Jean Dorval pour LTC 2012, Jean Dorval pour LTC 2012/Shigeru Ban Architects et Jean de Gastines Architectes, pour les photos représentant le Centre Pompidou-Metz, et Jean Dorval pour LTC 2012/Adagp, Paris 2012.