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05/01/2014

"ERREUR DE LIVRAISON : CUPIDON OFFRE L’AMOUR SUR UN PLATEAU D'ARGENT (heu, dans une LunchBOX en inox...) à ILA & SAAJAN."

jean dorval pour ltc kinéma

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Le "Dabbawallah", un système de livraison de "LunchBOX" "100% Made in India". (1)

Le "dabbawallah" ou "dabbawala" - de "dabba", "boîte", et "wallah", "celui qui fait" - appelé aussi "tiffin wallah" - de "tiffin" mot d’argot anglais voulant dire "lunch" - est un livreur de repas faisant partie d'un système de livraison unique au monde, basé en Inde à Mumbai (une ville appelée aussi Bombay) ; la capitale de l'État indien du Maharashtra. lunchbox,le filmCette mégapole, comptant 12.478.447 habitants en 2011, est la cité la plus peuplée de l’Inde. Elle forme avec ses villes satellites (Navi Mumbai, Bhiwandi, Kalyan, Ulhasnagar et Thane) une agglomération de 18.414.288 habitants ; ce qui lui confère la 5ème place mondiale. Le trafic routier y étant saturé, les travailleurs utilisent uniquement le train pour se rendre à leur travail et doivent quitter au petit matin leur domicile de banlieue (très éloignée) pour ne pas être en retard. Le système "dabbawallah", qui résout le problème de réchauffement des plats sur les lieux de travail, a été aussi créé afin de permettre aux épouses au foyer de ne pas avoir à cuisiner dans l'urgence, et en même temps, les repas du matin et de la mi-journée de leurs époux. lunchbox,le filmDe plus, cela leurs permet de suivre scrupuleusement les règles culinaires en vigueur dans leur caste. Si ce système de logistique appliquée semble simple pour le néophyte, en fait il est très complexe. Les épouses envoient les "LunchBOX" grâce aux "dabbawala" de quartier qui les collectent, les trient, les regroupent et les amènent en vélo jusqu’à la gare la plus proche. Là, d’autres "dabbawala" les mettent dans le train correspondant pour les amener en direction de Mumbai, selon une codification complexe à base de couleurs (destination, destinataire, etc.), palliant l’illettrisme desdits livreurs. A l’arrivée, les boîtes sont débarquées et remises aux "dabbawallah" locaux, qui les livrent aussitôt dans toutes les entreprises de Mumbai.lunchbox,le film Les boîtes vides sont rassemblées après le déjeuner et renvoyées à leurs expéditrices de la même manière qu'à l'aller. Ce service, qui fonctionne au plus fort de la mousson, alors que toute l'activité économique est désorganisée, est réputé pour son faible coût, sa ponctualité et sa fiabilité. Le taux d'erreur est estimé à 1 pour 16 millions, selon une étude de l’Université d'Harvard (USA) ; ce qui a conduit le Magazine Forbes à faire un judicieux parallèle avec la méthode managériale "Six Sigma" utilisée par Motorola (3,4 erreurs par million d'opérations). lunchbox,le filmLes "dabbawallahs" locaux, aux deux extrémités de cette chaîne humaine de livraison, assurent un service personnalisé à leurs clientes/clients. Comme ils connaissent par cœur leur secteur de livraison, et tous les itinéraires routiers bis en cas d’embouteillage, ils se rendent toujours à destination dans des temps records. lunchbox,le filmLa popularité des "dabbawallahs" provient aussi de l'aversion qu’ont les Indiens pour la restauration rapide et de leur préférence pour consommer des plats traditionnels "faits maison" préparés par leurs épouses. On estime que les "dabbawallahs" approvisionnent quotidiennement près de 200.000 clients, et ce, depuis plus d'un siècle. Belle performance !

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jean dorval pour ltc kinéma

UN BOLLYWOOD MOVIE à LA TRèS BELLE DISTRIBUTION.

"The LunchBOX" (dont le titre original Hindi est "Dabba") est une romance indo-franco-allemande, écrite et réalisée par Ritesh Batra, distribuée par Happiness Distribution et sortie en France le 11 décembre 2013 ; produite par Sikhya Entertainment et Dar Motion Pictures ; et coproduite par National Film Development Corporation (Inde), ASAP Films (France), Roh Films (Allemagne) et Cine Mosaic (USA). Cette toile qui est tournée en Hindi et en Anglais (VOST), a une durée d’1h42. Son budget est d’environ 1,5 million US$. A sa Direction artistique (décors), on trouve Shruti Gupte qui a formé une équipe technique d’excellence : aux costumes, Niharika Khan ; au montage, John F. Lyons ; à la musique, Max Richter ; à la photographie, Michael Simmonds ; et au son, Michael Kaczmarek. A la distribution, on trouve de grands acteurs et de grandes actrices de la Scène Cinématographique Indienne : Irrfan Khan dans le rôle de "Saajan", Nimrat Kaur ("Ila"), Nawazuddin Siddiqui ("Shaikh"), Denzil Smith ("M. Shroff"), Bharati Achrekar ("Mme Krishnan"), Nakul Vaid ("Le mari d'Ila"), Yavshi Puneet Nagar ("Yavshi") et Lillete Dubey ("La mère d'Ila"). Ce long-métrage a déjà reçu plusieurs Distinctions : le Prix du Festival de Cannes 2013, le Grand Rail d’Or dans le cadre de la Semaine de la Critique ; et au Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2013, le Chistera du meilleur réalisateur pour Ritesh Batra et le Chistera de la meilleure interprétation masculine pour Irffan Kahn.

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jean dorval pour ltc kinéma 

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L’AMOUR EST DANS LA GAMELLE.

Ila Singh, une très jolie jeune femme, de la classe moyenne hindoue conservatrice de Mumbai, mère d'une petite fille, souffre d’être outrageusement délaissée par son mari qui n’en a que pour son travail, son téléphone portable [et une autre ou d'autres femme(s) ?].lunchbox,le film Aussi, elle décide de le reconquérir par l’estomac, grâce aux conseils culinaires de sa voisine du dessus, Auntie, plus âgée qu’elle, qu’on ne voit jamais et qui veille son époux dans le coma. Les deux femmes communiquent à voix haute, toutes fenêtres ouvertes, et par le biais d’un panier en osier pour leurs échanges (épices, légumes, etc.). Ainsi, Ila concocte avec Amour, pour son homme, de nouveaux petits plats plus succulents les uns que les autres, qu’elle lui expédie en fin de matinée (pour que la nourriture reste chaude), dans les différents compartiments de SA "LunchBOX", par le système tentaculaire des "dabbawallah". Le soir venu, elle s’attend à des compliments de la part de son mari. Mais… celui-ci reste de marbre, car l’erreur de livraison d’une "dabba" sur 16 millions de boîtes livrées évoquée plus haut vient de se produire. lunchbox,le filmAinsi les délicieux menus d’Ila ne sont pas livrés à son époux, mais accidentellement à Saajan Fernandes, un homme encore séduisant, veuf, taciturne, solitaire, chrétien, et sur le point de prendre sa retraite après 35 ans à la tête du service réclamations de sa société. Ila comprend la méprise quand son mari lui précise qu’il a mangé du chou au lieu de ses courgettes aux épices. Ila glisse alors discrètement dans la "LunchBOX" (au risque que l’erreur ne se reproduise pas… et que la livraison arrive bien à son époux…), au milieu des succulents pains plats, galettes et crêpes (chapati, naan, dosa, etc.), un petit mot, afin de savoir si sa nourriture a plu à cet inconnu. lunchbox,le filmEt comme l'erreur se reproduit, s'inscrit dans le temps, c’est le début d’une relation épistolaire qui voit progressivement chaque bouchée délicate se transformer en petits mots doux, en idylle fleurant bons les épices colorées aux vertus aphrodisiaques, les herbes choisies, les fruits (érotiques) et les légumes goûteux et charnus. Nos deux tourtereaux par correspondance olfactive et gustative vont ainsi transformer le plus grand des hasards en hasard heureux, métamorphosant l’épouse triste en joyeux chef de cuisine jamais à court d’idées, et le veuf mélancolique en homme au sourire retrouvé, plein d’espoir. Cette rencontre à distance, aussi belle qu’imprévue, passe d’ailleurs très vite des compliments aux confidences les plus intimes, jusqu’à faire naître une vraie complicité, voire provoquer une rencontre bien réelle… Cette romance parfumée au curry est absolument charmante, écrite avec intelligence, humanité, subtilité et humour, incarnée par des acteurs enchanteurs. Les seconds rôles eux aussi sont formidables, à l’image de Shaikh, le jeune successeur de Saajan, aussi opiniâtre qu’atypique. Ce brillant imbroglio met en exergue une société indienne séculaire immuable où l’ordre établi, les castes, les tabous sur la différence d’âge et/ou la religion, etc. perdurent à tort. lunchbox,le film,mumbai,bombay,dabba,dabbawala,lunch,inde,maharashtra,le système "dabbawallah",unique au monde,livraison de lunchbox,écrite et réalisée par ritesh batra,irrfan khan dans le rôle de "saajan",nimrat kaur ("ila"),nawazuddin siddiqui ("shaikh"),« the immigrant : ewa (cybulski) ou la seconde vie de marion (co,charlie chaplin,1917,the immigrant le film,réalisateur,james gray,en vost,polonais,anglais,marion cotillard,joaquin phoenix donne vie à « bruno weiss » ; jeremy renner est,« belva » ; jicky schnee,« clara » ; yelena solovey,« rosie hertz » ; maja wampuszyc,« edyta bistricky » ; et ilia volok,« voytek bistricky »,la statue de la liberté,lady liberty,new york,l’ecole des ashcan painters de new-york,george bellows,everett shinn,ric menello,scénariste,le directeur de la photographie du film,est le franco-iranien,darius khondji,ellis island,john axelrad,le chef monteur,happy massee,le chef décorateurNos deux héros, que tout oppose, épris de liberté, vont formidablement faire voler en éclat tous ces préjugés, transcendant les différences, bousculant joyeusement les habitudes. Leur relation en devient d’autant plus précieuse et réjouissante qu’elle semble irréalisable. C’est l’occasion pour Ila de s’émanciper d’une existence trop linéaire et réductrice de femme au foyer, et d’illuminer sans le vouloir (du moins au début…) la vie professionnelle et sociale terriblement monotone de Saajan. lunchbox,le filmLes délicieuses pauses repas qu’Ila orchestre avec bon goût, et l’irruption de Shaikh, vont remettre en cause notre futur retraité pour son plus grand bien. Ce film dans lequel tout est bon à manger prouve que certains grands changements de vie arrivent toujours quand on ne s’y attend pas. Saajan rajeunit de dix ans grâce aux spécialités d’Ila, vérifiant le célèbre proverbe lorrain "un bon cuisinier vaut dix médecins" ; ainsi que le proverbe indien "Un mauvais train peut amener à la bonne gare." Peut-on tomber amoureux de quelqu’un qu’on ne connaît pas grâce à sa nourriture ? Tel est le fil (conducteur de ce film) refermant délicatement les aubergines farcies que prépare tendrement Ila pour Saajan !

 

© Jean DORVAL, le 28.12.2013, pour LTC Kinéma.

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Notes :

(1) Source documentaire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dabbawallah

 
 

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