07/01/2014
LTC KINéMA ANNONCE...
14:23 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : ltc kinéma annonce..., les trois frères, le retour, les inconnus, e festival cinéma télérama, c'est 3€ la place du 15 au 21 janvier 2014, avec le pass dans télérama, les 18 et 15 janvier 2014, revoir les meilleurs films de 2013, « the immigrant : ewa (cybulski) ou la seconde vie de marion (co, charlie chaplin, 1917, the immigrant le film, réalisateur, james gray, en vost, polonais, anglais, marion cotillard, joaquin phoenix donne vie à « bruno weiss » ; jeremy renner est, « belva » ; jicky schnee, « clara » ; yelena solovey, « rosie hertz » ; maja wampuszyc, « edyta bistricky » ; et ilia volok, « voytek bistricky », la statue de la liberté, lady liberty, new york, l’ecole des ashcan painters de new-york, george bellows, everett shinn, ric menello, scénariste, le directeur de la photographie du film, est le franco-iranien, darius khondji, ellis island, john axelrad, le chef monteur, happy massee, le chef décorateur | Facebook |
LE FESTIVAL CINéMA TéLéRAMA : C'EST 3€ LA PLACE POUR VOIR OU REVOIR LES MEILLEURS FILMS DE L'ANNéE 2013 !
14:05 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : le festival cinéma télérama, c'est 3€ la place du 15 au 21 janvier 2014, avec le pass dans télérama, les 18 et 15 janvier 2014, revoir les meilleurs films de 2013, « the immigrant : ewa (cybulski) ou la seconde vie de marion (co, charlie chaplin, 1917, the immigrant le film, réalisateur, james gray, en vost, polonais, anglais, marion cotillard, joaquin phoenix donne vie à « bruno weiss » ; jeremy renner est, « belva » ; jicky schnee, « clara » ; yelena solovey, « rosie hertz » ; maja wampuszyc, « edyta bistricky » ; et ilia volok, « voytek bistricky », la statue de la liberté, lady liberty, new york, l’ecole des ashcan painters de new-york, george bellows, everett shinn, ric menello, scénariste, le directeur de la photographie du film, est le franco-iranien, darius khondji, ellis island, john axelrad, le chef monteur, happy massee, le chef décorateur | Facebook |
05/01/2014
"ERREUR DE LIVRAISON : CUPIDON OFFRE L’AMOUR SUR UN PLATEAU D'ARGENT (heu, dans une LunchBOX en inox...) à ILA & SAAJAN."
Le "Dabbawallah", un système de livraison de "LunchBOX" "100% Made in India". (1)
Le "dabbawallah" ou "dabbawala" - de "dabba", "boîte", et "wallah", "celui qui fait" - appelé aussi "tiffin wallah" - de "tiffin" mot d’argot anglais voulant dire "lunch" - est un livreur de repas faisant partie d'un système de livraison unique au monde, basé en Inde à Mumbai (une ville appelée aussi Bombay) ; la capitale de l'État indien du Maharashtra. Cette mégapole, comptant 12.478.447 habitants en 2011, est la cité la plus peuplée de l’Inde. Elle forme avec ses villes satellites (Navi Mumbai, Bhiwandi, Kalyan, Ulhasnagar et Thane) une agglomération de 18.414.288 habitants ; ce qui lui confère la 5ème place mondiale. Le trafic routier y étant saturé, les travailleurs utilisent uniquement le train pour se rendre à leur travail et doivent quitter au petit matin leur domicile de banlieue (très éloignée) pour ne pas être en retard. Le système "dabbawallah", qui résout le problème de réchauffement des plats sur les lieux de travail, a été aussi créé afin de permettre aux épouses au foyer de ne pas avoir à cuisiner dans l'urgence, et en même temps, les repas du matin et de la mi-journée de leurs époux. De plus, cela leurs permet de suivre scrupuleusement les règles culinaires en vigueur dans leur caste. Si ce système de logistique appliquée semble simple pour le néophyte, en fait il est très complexe. Les épouses envoient les "LunchBOX" grâce aux "dabbawala" de quartier qui les collectent, les trient, les regroupent et les amènent en vélo jusqu’à la gare la plus proche. Là, d’autres "dabbawala" les mettent dans le train correspondant pour les amener en direction de Mumbai, selon une codification complexe à base de couleurs (destination, destinataire, etc.), palliant l’illettrisme desdits livreurs. A l’arrivée, les boîtes sont débarquées et remises aux "dabbawallah" locaux, qui les livrent aussitôt dans toutes les entreprises de Mumbai. Les boîtes vides sont rassemblées après le déjeuner et renvoyées à leurs expéditrices de la même manière qu'à l'aller. Ce service, qui fonctionne au plus fort de la mousson, alors que toute l'activité économique est désorganisée, est réputé pour son faible coût, sa ponctualité et sa fiabilité. Le taux d'erreur est estimé à 1 pour 16 millions, selon une étude de l’Université d'Harvard (USA) ; ce qui a conduit le Magazine Forbes à faire un judicieux parallèle avec la méthode managériale "Six Sigma" utilisée par Motorola (3,4 erreurs par million d'opérations). Les "dabbawallahs" locaux, aux deux extrémités de cette chaîne humaine de livraison, assurent un service personnalisé à leurs clientes/clients. Comme ils connaissent par cœur leur secteur de livraison, et tous les itinéraires routiers bis en cas d’embouteillage, ils se rendent toujours à destination dans des temps records. La popularité des "dabbawallahs" provient aussi de l'aversion qu’ont les Indiens pour la restauration rapide et de leur préférence pour consommer des plats traditionnels "faits maison" préparés par leurs épouses. On estime que les "dabbawallahs" approvisionnent quotidiennement près de 200.000 clients, et ce, depuis plus d'un siècle. Belle performance !
UN BOLLYWOOD MOVIE à LA TRèS BELLE DISTRIBUTION.
"The LunchBOX" (dont le titre original Hindi est "Dabba") est une romance indo-franco-allemande, écrite et réalisée par Ritesh Batra, distribuée par Happiness Distribution et sortie en France le 11 décembre 2013 ; produite par Sikhya Entertainment et Dar Motion Pictures ; et coproduite par National Film Development Corporation (Inde), ASAP Films (France), Roh Films (Allemagne) et Cine Mosaic (USA). Cette toile qui est tournée en Hindi et en Anglais (VOST), a une durée d’1h42. Son budget est d’environ 1,5 million US$. A sa Direction artistique (décors), on trouve Shruti Gupte qui a formé une équipe technique d’excellence : aux costumes, Niharika Khan ; au montage, John F. Lyons ; à la musique, Max Richter ; à la photographie, Michael Simmonds ; et au son, Michael Kaczmarek. A la distribution, on trouve de grands acteurs et de grandes actrices de la Scène Cinématographique Indienne : Irrfan Khan dans le rôle de "Saajan", Nimrat Kaur ("Ila"), Nawazuddin Siddiqui ("Shaikh"), Denzil Smith ("M. Shroff"), Bharati Achrekar ("Mme Krishnan"), Nakul Vaid ("Le mari d'Ila"), Yavshi Puneet Nagar ("Yavshi") et Lillete Dubey ("La mère d'Ila"). Ce long-métrage a déjà reçu plusieurs Distinctions : le Prix du Festival de Cannes 2013, le Grand Rail d’Or dans le cadre de la Semaine de la Critique ; et au Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2013, le Chistera du meilleur réalisateur pour Ritesh Batra et le Chistera de la meilleure interprétation masculine pour Irffan Kahn.
L’AMOUR EST DANS LA GAMELLE.
Ila Singh, une très jolie jeune femme, de la classe moyenne hindoue conservatrice de Mumbai, mère d'une petite fille, souffre d’être outrageusement délaissée par son mari qui n’en a que pour son travail, son téléphone portable [et une autre ou d'autres femme(s) ?]. Aussi, elle décide de le reconquérir par l’estomac, grâce aux conseils culinaires de sa voisine du dessus, Auntie, plus âgée qu’elle, qu’on ne voit jamais et qui veille son époux dans le coma. Les deux femmes communiquent à voix haute, toutes fenêtres ouvertes, et par le biais d’un panier en osier pour leurs échanges (épices, légumes, etc.). Ainsi, Ila concocte avec Amour, pour son homme, de nouveaux petits plats plus succulents les uns que les autres, qu’elle lui expédie en fin de matinée (pour que la nourriture reste chaude), dans les différents compartiments de SA "LunchBOX", par le système tentaculaire des "dabbawallah". Le soir venu, elle s’attend à des compliments de la part de son mari. Mais… celui-ci reste de marbre, car l’erreur de livraison d’une "dabba" sur 16 millions de boîtes livrées évoquée plus haut vient de se produire. Ainsi les délicieux menus d’Ila ne sont pas livrés à son époux, mais accidentellement à Saajan Fernandes, un homme encore séduisant, veuf, taciturne, solitaire, chrétien, et sur le point de prendre sa retraite après 35 ans à la tête du service réclamations de sa société. Ila comprend la méprise quand son mari lui précise qu’il a mangé du chou au lieu de ses courgettes aux épices. Ila glisse alors discrètement dans la "LunchBOX" (au risque que l’erreur ne se reproduise pas… et que la livraison arrive bien à son époux…), au milieu des succulents pains plats, galettes et crêpes (chapati, naan, dosa, etc.), un petit mot, afin de savoir si sa nourriture a plu à cet inconnu. Et comme l'erreur se reproduit, s'inscrit dans le temps, c’est le début d’une relation épistolaire qui voit progressivement chaque bouchée délicate se transformer en petits mots doux, en idylle fleurant bons les épices colorées aux vertus aphrodisiaques, les herbes choisies, les fruits (érotiques) et les légumes goûteux et charnus. Nos deux tourtereaux par correspondance olfactive et gustative vont ainsi transformer le plus grand des hasards en hasard heureux, métamorphosant l’épouse triste en joyeux chef de cuisine jamais à court d’idées, et le veuf mélancolique en homme au sourire retrouvé, plein d’espoir. Cette rencontre à distance, aussi belle qu’imprévue, passe d’ailleurs très vite des compliments aux confidences les plus intimes, jusqu’à faire naître une vraie complicité, voire provoquer une rencontre bien réelle… Cette romance parfumée au curry est absolument charmante, écrite avec intelligence, humanité, subtilité et humour, incarnée par des acteurs enchanteurs. Les seconds rôles eux aussi sont formidables, à l’image de Shaikh, le jeune successeur de Saajan, aussi opiniâtre qu’atypique. Ce brillant imbroglio met en exergue une société indienne séculaire immuable où l’ordre établi, les castes, les tabous sur la différence d’âge et/ou la religion, etc. perdurent à tort. Nos deux héros, que tout oppose, épris de liberté, vont formidablement faire voler en éclat tous ces préjugés, transcendant les différences, bousculant joyeusement les habitudes. Leur relation en devient d’autant plus précieuse et réjouissante qu’elle semble irréalisable. C’est l’occasion pour Ila de s’émanciper d’une existence trop linéaire et réductrice de femme au foyer, et d’illuminer sans le vouloir (du moins au début…) la vie professionnelle et sociale terriblement monotone de Saajan. Les délicieuses pauses repas qu’Ila orchestre avec bon goût, et l’irruption de Shaikh, vont remettre en cause notre futur retraité pour son plus grand bien. Ce film dans lequel tout est bon à manger prouve que certains grands changements de vie arrivent toujours quand on ne s’y attend pas. Saajan rajeunit de dix ans grâce aux spécialités d’Ila, vérifiant le célèbre proverbe lorrain "un bon cuisinier vaut dix médecins" ; ainsi que le proverbe indien "Un mauvais train peut amener à la bonne gare." Peut-on tomber amoureux de quelqu’un qu’on ne connaît pas grâce à sa nourriture ? Tel est le fil (conducteur de ce film) refermant délicatement les aubergines farcies que prépare tendrement Ila pour Saajan !
© Jean DORVAL, le 28.12.2013, pour LTC Kinéma.
Notes :
(1) Source documentaire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dabbawallah
04:21 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : lunchbox, le film, mumbai, bombay, dabba, dabbawala, lunch, inde, maharashtra, le système "dabbawallah", unique au monde, livraison de lunchbox, écrite et réalisée par ritesh batra, irrfan khan dans le rôle de "saajan", nimrat kaur ("ila"), nawazuddin siddiqui ("shaikh"), « the immigrant : ewa (cybulski) ou la seconde vie de marion (co, charlie chaplin, 1917, the immigrant le film, réalisateur, james gray, en vost, polonais, anglais, marion cotillard, joaquin phoenix donne vie à « bruno weiss » ; jeremy renner est, « belva » ; jicky schnee, « clara » ; yelena solovey, « rosie hertz » ; maja wampuszyc, « edyta bistricky » ; et ilia volok, « voytek bistricky », la statue de la liberté, lady liberty, new york, l’ecole des ashcan painters de new-york, george bellows, everett shinn, ric menello, scénariste, le directeur de la photographie du film, est le franco-iranien, darius khondji, ellis island, john axelrad, le chef monteur, happy massee, le chef décorateur | Facebook |
22/12/2013
"THE IMMIGRANT : EWA (Cybulski) OU LA SECONDE VIE DE MARION (Cotillard)."
"The Immigrant" - un très beau clin d’œil à Charlie Chaplin qui a sorti Lui aussi une toile du même nom en 1917 (1) - est projeté en France depuis le 27 novembre 2013. D’une durée d’1h57, ce drame historique sentimental américain réalisé par James Gray est à apprécier sans modération uniquement en VOST, comme une excellente cuvée cinématographique réservée aux seuls connaisseurs. Dans ce tableau vivant de Maître, Marion Cotillard tient le premier rôle en incarnant magnifiquement "Ewa Cybulski", Joaquin Phoenix donne vie à "Bruno Weiss", Jeremy Renner est "Orlando le Magicien", Dagmara Dominczyk "Belva", Jicky Schnee "Clara", Yelena Solovey "Rosie Hertz", Maja Wampuszyc "Edyta Bistricky", et Ilia Volok "Voytek Bistricky".
Pour cette péloche de rêve, James Gray a aussi participé au scénario en collaboration avec Ric Menello son coscénariste. Un vibrant hommage est rendu à ce dernier qui est décédé le 1er mars 2013 avant la sortie du film. Gray se souvient : "Je suis très heureux d’avoir pu montrer "The Immigrant" à Ric avant sa disparition. Sa mort a été une réelle épreuve pour moi. Il était très important à mes yeux, et j’espère que je l’étais pour lui. (...) Quand le scénario était terminé, sa participation prenait fin. Il ne venait jamais sur le plateau. Bien sûr, il m’arrivait de l’appeler pour lui parler d’un acteur ou d’une scène. Et à la fin, je lui montrais le film fini." Avant "The Immigrant", les deux artistes ont travaillé ensemble en 2008 sur le scénare de "Two Lovers". Menello a aussi été consultant pour Gray sur le tournage de "La Nuit Nous Appartient" en 2007.
"Dempsey and Firpo", 1924, by George Bellows.
"1899 Winter on 21st Street", New York pastel on grey paper 51.8 x 61.9 cm, by Everett Shinn.
UN FILM RéALISTE à L’IMAGE D’UN TABLEAU DES ASHCAN PAINTERS.
Le directeur de la photographie du film est le franco-iranien Darius Khondji. Il a tourné entre autres chefs-d’œuvre : en 1997, "Alien, la résurrection" ("Alien : Resurrection") de Jean-Pierre Jeunet ; en 1999, "Prémonitions" ("In Dreams") de Neil Jordan, et "La Neuvième porte" ("The Ninth Gate") de Roman Polanski avec Johnny Depp ; en 2000, "La Plage" ("The Beach") de Danny Boyle ; en 2002, "Panic Room" de David Fincher avec Jodie Foster ; et avec Woody Allen : en 2011, "Minuit à Paris" ("Midnight In Paris"), et en 2012, "To Rome With Love". James Gray, qui fait toujours un travail préparatoire très fouillé avec ses collaborateurs avant le tournage de tous ses films, a montré à Khondji, plusieurs tableaux de George Bellows (2) et d’Everett Shinn (3) - deux peintres ayant vécu à New-York au début du XXe siècle, membres de l’Ecole des Ashcan Painters de New-York puisant leur inspiration dans la chronique et la lithographie, cherchant à capturer le réel, se plaçant en photographes du moment présent, fixant l'instantané en sépia - afin de définir avec lui la tonalité visuelle à donner à son film. De plus, pour préparer "The Immigrant", Gray s'est inspiré de l'Histoire de sa propre famille de manière lyrique sur une scénographie calquée sur l’Opéra : "En 1923, mon grand-père et ma grand-mère (venus de Russie, nda) sont arrivés aux Etats-Unis en passant par Ellis Island (où ils ont pris de nombreux clichés, nda). J’ai entendu, bien sûr, d’innombrables anecdotes sur Ellis Island, et le lieu m’a longtemps obsédé. J’y suis allé pour la première fois en 1988, avant la restauration de l’île. Tout était resté intact, comme figé par le temps. C’était une vision troublante, ces formulaires d’immigration à moitié remplis, répandus par terre… Ellis Island m’est apparue comme un endroit hanté par des fantômes, ceux de toute ma famille. J’ai donc conçu le projet d’un film qui viendrait de cette histoire." Sur trente-quatre jours de tournage de "The Immigrant", deux se déroulent sur Ellis Island dans les vrais locaux historiques, et ce, sous les yeux bienveillant de "Lady Liberty" ("Le Phare des Immigrants" qui apparaît au tout début du film dans le brouillard comme pour renforcer la difficulté de "débarquer" aux States sans invitation). Une opportunité pour Gray qui rappelle que : "(Elia, nda) Kazan a reconstitué Ellis Island pour "America, America" (1963), tout comme Francis Ford Coppola pour "Le Parrain 2" (1974), mais ils n’avaient pas pu tourner sur place. J’avais donc une chance assez unique et j’ai essayé d’être le plus fidèle possible à la réalité historique." Sur le tournage de "The Immigrant", James Gray travaille aussi avec John Axelrad, le chef monteur de ses deux films précédents : "La Nuit Nous Appartient" (2007) et "Two Lovers" (2008) ; ainsi qu'avec Happy Massee, le chef décorateur de "Two Lovers" (issu de l’école des Arts Appliqués de Paris, installé à New York, et qui a notamment été nommé au MTV Music Video Award des meilleurs décors pour le clip de Madonna "Take A Bow.").
Bruno et Ewa sur Ellis Island.
Ewa fait tout pour retrouver sa soeur restée sur Ellis Island.
Bruno "protège" Ewa...
MARION COTILLARD VéRITABLE "MUSE D’(i)OR" !
Pour ce film, Marion Cotillard a pris totalement possession du corps d’Ewa Cybulski, jusqu’aux expressions de son visage. Pour elle ce n’est pas un simple rôle, elle vit son personnage comme une seconde, voire une première nature. Gray fait sa connaissance au cours d'un dîner pour le film "Blood Ties" (sorti en 2013 et dans lequel joue Marion) de Guillaume Canet (le compagnon de "La Sirène Française") dont il a signé le scénario. C’est à ce moment qu’il décide de la faire jouer dans "The Immigrant" : "Elle est si expressive qu’elle pourrait être une actrice du muet. Bien sûr, j’ai fini par lui donner une tonne de dialogues ! (...) Il me semblait qu’elle était capable de transmettre un état d’âme d’une façon non verbale." "The Immigrant" est le premier film en langue anglaise dans le lequel la Française tient le rôle principal. Elle a déjà joué des rôles secondaires dans plusieurs films anglophones d’envergure : "Nine" en 2009 de Rob Marshall, "Inception" en 2010 et "The Dark Knight Rises" en 2012, deux films de Christopher Nolan. Dans la filmographie de Gray, c’est aussi la première fois que le personnage principal est une femme ; en effet, "Little Odessa" en 1994 compte l’histoire de deux frères joués par Edward Furlong et Tim Roth, "The Yards" en 2000 met au centre du film Mark Wahlberg, tandis que Joaquin Phoenix joue le rôle principal dans "La Nuit Nous Appartient" ("We Own The Night") en 2007 et dans "Two Lovers" en 2008.
Marion Cotillard a tellement travaillé son personnage d'immigrante polonaise qu'elle a réussi à bluffer jusqu’au réalisateur James Gray (et les Polonais eux-mêmes). D’ailleurs, il raconte à propos de son parfait accent polonais : "Un jour, j’ai demandé à l’actrice qui joue sa tante ce qu’elle pensait du polonais de Marion. Elle m’a dit qu’il était excellent, mais avait une pointe d’accent allemand. J’en ai parlé à Marion qui m’a répondu : Bien sûr, c’est fait exprès puisque mon personnage vient de Silésie, une région située entre l’Allemagne et la Pologne." Perfectionniste jusqu’au bout cette Marion !
Ce plan là un vrai tableau des Ashcan Painters !
Le Phoenix, film après film, renaît toujours de ses cendres (cinématographiques).
Joaquin Phoenix (l’Empereur Commode en 2000 dans "Gladiateur" de Ridley Scott), qui voulait arrêter le cinéma, retrouve un second souffle dans le rôle de Bruno Weiss. Il y campe un très bon "mac-héros". Un personnage dual - mi-ange, mi-démon - qui tombe éperdument amoureux d’Ewa, une de ses prostituées, qui lui échappe totalement et qu’il ne peut contrôler. Malgré, son côté très mauvais garçon, il est prêt à tout pour elle… Dès le deuxième film de Gray "The Yards" en 2000, Phoenix devient l’acteur fétiche du réalisateur.
Une femme aux aboies dans toute sa beauté : mélange d'innocence et d'endurance.
"THE IMMIGRANT" : UN INSTANTANé HISTORIQUE PLEIN D’HUMANITé !
Depuis 1994, dans tous ses films, James Gray nous régale avec du cinéma de très très haute volée, filmant New York "SA Ville", ses habitants, ses mafiosis et ses gangsters comme un artiste-reporter intimiste et généraliste à la fois, comme un témoin à qui rien ne peut échapper jusqu’au détail. Il grandit tout pour le plus grand plaisir de tous nos sens. Cette Pointure Cinématographique, qui jusqu’à présent ancrait sa filmographie dans son temps, innove en créant "The Immigrant", son premier film situé dans le passé. Dans chacune de ses toiles, il reste cependant très attaché au sujet de l'immigration à New York. C'est aussi la première fois que Gray filme Ellis Island, lieu fortement symbolique empreint d'Histoire, ayant abrité le service d'immigration de New-York jusqu'en 1954.
Marion (ou Ewa...) : ingénue, tendre et craquante à la fois !
Un "Orlando le Magicien" très années 30, fou amoureux d'Ewa (comme Bruno).
On comprend pourquoi Guillaume Canet a craqué.
"Terre Promise en (longue) vue !"
L’action se passe en 1921, au sortir de la Première Guerre Mondiale. Ewa et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la "Terre Promise" : New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de tuberculose, contre toute attente est placée en quarantaine. Ewa se retrouve seul, désemparée et désespérée. Elle tombe alors entre les griffes de Bruno, un souteneur sans scrupules (et finalement au Grand Cœur…), animateur d’un théâtre plutôt spécial… Pour sauver sa sœur, Ewa est prête à tous les sacrifices et se livre, résignée (comme de nombreuses autres femmes), à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance en elle et l'espoir en des jours meilleurs. Mais, c'est sans compter sur la jalousie maladive et incontrôlable de Bruno... "The Immigrant" est le film qui tombe à pic ; celui qui, de toute beauté et sensibilité à la fois, tant dans les rôles que dans l’image, délivre sans heurter, subtilement, son message politique : le douloureux parcours du combattant de 40 millions de candidats à l’immigration aux Etats-Unis d’Amérique, dans un temps très réduit, et dans des conditions très stressantes et inhumaines. Ce docu-fiction romancé est bonifié par la formidable interprétation d’acteurs de renom. Il confirme avec éclat que James Gray, plus que jamais, est l’un des meilleurs cinéastes de sa Génération. "The Américan Dream", cette quête au bonheur qu’Ewa traduit par un timide et charmant "I want to be happy" ("Je veux être heureuse"), est difficile à trouver, mais elle a du courage à revendre afin d’affronter les épreuves qui l’attendent. Le fil conducteur de "The Immigrant" suit une histoire d’amour impossible et de jalousie exacerbée (qui elle est bien réelle !) entre deux hommes pour posséder une femme qu’ils n’auront finalement pas. Le bain de sang, mêlé de haine et de passion, qui suivra n’en sera que plus brutal. Un mélo magistral, donc, mené de main de Maître par Gray, emprunt de pudeur dans un premier temps, et de violence contenue, puis exprimée. La fin de cette histoire n’est que le début d’une nouvelle vie, sera-t-elle meilleure ? Foncez voir ce film pour le savoir !
© Jean DORVAL, le 21.12.2013, pour LTC Kinéma.
Sources documentaires : http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Immigrant et http://www.allocine.fr
Notes :
(1) http://www.youtube.com/watch?v=GjzEdbVF4iM
(2) Bellows se forme chez le peintre new-yorkais Robert Henri. Il s'attache à représenter New York grâce à un travail sur la composition. Sa peinture particulièrement expressive, explore les faits divers, la vie quotidienne, les marges de la société et les milieux populaires, illustre la violence urbaine (illustrée entre autres par d’intenses combats de boxe), se faisant le reflet des tensions et des ambigüités de la société américaine de son temps.
(3) Everett Shinn est un peintre réaliste moderniste qui explore la représentation de la vie réelle à New-York (la rue, le théâtre, le milieu du luxe, la vie moderne, etc.).
La fuite... et après la nouvelle vie ?
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