15/07/2015
Tania Mouraud dans le rétroviseur du CPM.
Autodafé, 1968.
Le Centre Pompidou-Metz (CPM) organise dans sa Galerie II, du 04 mars au 05 octobre 2015, une rétrospective en deux actes sur Tania Mouraud, placée sous le commissariat d’Hélène Guenin et d’Elodie Stroecken, respectivement responsable et chargée de coordination du Pôle Programmation.
Tania Mouraud médite sur Initiation Space N° 5 (2013-2015).
. Acte I : Un parcours dans le CPM. – Cette monographie sur Tania Mouraud valorise les différentes périodes et cycles de l’Artiste, selon la scénographie suivante : "Un supplément d’espace pour un supplément d’âme", One more night, Les gens m’appellent Tania Mouraud, La fonction de l’art, Percevoirdiscerneridentifierreconnaître, Le silence des héros, et Ad Nauseam. Elle couvre l’ensemble de la carrière de Tania Mouraud, de l’Autodafé de 1968 dans la cour de l’hôpital de Villejuif – provocation émancipatrice mettant fin à ses premières années de pratique picturale et laissant place à ses espaces d’initiation et de méditation des 70’s - à des œuvres plus actuelles. Le parcours artistique et personnel sans concession de Tania est jalonné de remises en cause. Elle n’hésite pas à dire : "Quand on est au bout d’un processus, il faut savoir se remettre en danger et se relancer dans un nouveau projet artistique."
Tout au long de sa vie, on découvre des figures tutélaires militantes de l’Histoire de l’Art Contemporain qui l’ont influencé, comme le Groupe Zéro et Joseph Beuys ; mais aussi Jackson Pollock, qui a marqué Tania "au fer rouge !" Au travers de plus de 70 œuvres exposées, dont certaines sont issues de la collection personnelle de l’Artiste, se dévoile progressivement un portrait engagé de Tania Mouraud. Une artiste au caractère bien trempé, magnifique dans sa Créativité. Pour l’occasion, de nombreuses pièces historiques sont réactivées, avec notamment des photos-textes, des travaux sur le langage des 70’s, la totemisation, les rapports esthétiques entre l’art et la guerre, et les limites de la perception par l’écriture (cf. les Mots de forme en 1989).
Ad Nauseam (2014).
. Quatre œuvres symbolisent particulièrement cette expo. - À partir de 1998, Tania se sert de la photographie, de la vidéo et du son, en lien étroit avec la peinture, pour questionner différents aspects de l’histoire et du vivant. Dans cette veine, Sightseeing, réalisé en 2002, marque son temps par son côté percutant. Ce film en noir et blanc, tourné à l’arrière d’une voiture aux fenêtres embuées, dans un paysage enneigé, sur des sonorités de clarinette klezmer, après plusieurs longues minutes devient soudainement un plan final silencieux. Un portail et des barbelés marquent l’entrée du camp de concentration du Struthof à Natzweiler en Alsace. A la suite, Ad Nauseam (2014) - une installation audiovisuelle monumentale, présentée au MAC/VAL (le Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne), de septembre 2014 à janvier 2015 - est montrée dans une version adaptée au contexte de la rétrospective. Une pièce majeure de Tania coproduite avec l’IRCAM (l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) dans le cadre d’une résidence de l’artiste, entre 2013 et 2014, qui montre en continu les images de destruction d’une usine de recyclage, ponctuées des bruits industriels qui en découlent.
Autre époque, autre œuvre : Tania propose en 1969 d’installer dans toutes les habitations standardisées des plans espaces et chambres de méditation. Pour la première fois, 13 de ses projets sont réunis dans cette monographie. Une part d’utopie d’une Tania Mouraud qui veut "se construire un monde où je pourrai mourir en paix." Dans cette optique, One More Night (1970), une autre chambre de méditation, reste emblématique, grâce à sa reconstitution. Cette œuvre sonorisée sur fréquence 200 hertz se compose de gradins et d’une fosse aux mesures de l’Artiste. Réalisée initialement pour l’exposition éponyme, à la galerie Rive Droite de Jean Larcade, à Paris, cette recherche, basée sur la quête du sens, reste pour Tania : "un supplément d’espace pour un supplément d’âme". Un environnement rare pour l’époque en France, à l’inverse des États-Unis d’Amérique. Enfin, Initiation Space n° 5 (2013-2015), est centrée sur une plateforme carrée. Cette assise épurée, évoquant un long galet poli, invite le visiteur à s’asseoir. On s’y installe les jambes croisées dans la posture du lotus, comme Bouddha, et on peut y faire une médiation zen. Un espace non fermé, pensé 40 ans après les espaces et chambres de méditation, toujours axé sur l’introspection.
Le Silence Des Héros (1995-1996). 250 bannières enroulées reposent contre un mur, scandant l'espace avec leur alternance de couleurs et de formats. Une parade muette, un mouvement de contestation étouffé laissant place aux projections du visiteur.
. Acte II : Un parcours dans la ville de Metz. - A partir du 27 juin 2015, la rétrospective se poursuit sous la forme d’un parcours dans neuf lieux et institutions partenaires présentant divers aspects de l’œuvre de Tania Mouraud, en complément de l’exposition du Centre Pompidou-Metz. Cet itinéraire dévoile des œuvres emblématiques de l’artiste à travers la ville de Metz, et mène le visiteur à la Galerie d’Exposition de l’Arsenal, la Chapelle des Templiers, Saint-Pierre-aux-Nonnains, Faux Mouvement – Centre d’Art contemporain, au Frac Lorraine, au Musée de la Cour d’Or – Metz Métropole, aux galeries Toutouchic et Octave Cowbell, et aux vitrines du magasin Galeries Lafayette. Dans le cadre d’une collaboration d’une durée d’un an, des ateliers sont également proposés aux étudiants de l’École Supérieure d’Art de Lorraine en présence de l’Artiste. Pour finir, l’expo s’étend un peu plus loin encore... Depuis le milieu des années 1990, la carrière de Tania Mouraud est étroitement liée à Metz, grâce au soutien régulier du Frac Lorraine, acquéreur par exemple, en 1995, de l’œuvre anthologique, City Performance N°1 (1977).
Une réalisation qui consiste en une campagne d’affichage dans l’espace public, faisant apparaître le mot "NI" sur 54 panneaux publicitaires de 4 X 3 m, initialement dans Paris. Tania affiche ainsi son "désaccord avec une société glorifiant l’avoir au dépend de l’Humain." Une œuvre qui initie en 2005 le projet monumental HCYS ?, installé sur un mur aveugle du Musée de la Cour d’Or. A l’occasion de l’actuelle exposition sur Tania Mouraud, la campagne d’affichage City Performance N° 1 a été réactivée dans l’ensemble de l’agglomération messine.
One More Nigh (1969-2015).
. Une œuvre en construction permanente. - Cette expo honore les 50 ans de carrière de Tania Mouraud, en livrant en direct une centaine de ses œuvres au public, offrant ainsi une rétrospective sans précédent dans sa forme et inédite dans son déploiement. Tania Mouraud refusant tout rattachement à un courant ou à un dogme depuis les 60’s n’a jamais cessé de faire évoluer son œuvre. Multidisciplinaire, elle explore alternativement la peinture, l’installation, la photographie, la performance, la vidéo, le son, etc. autour d'un principe constant, qu’elle affirme et réaffirme : "J’interroge les rapports entre l’art et les liens sociaux." Tania reste en cela un témoin de son temps, un témoin du vécu !
© Jean Dorval, le 14 juillet 2015, pour LTC Arts.
Renseignements : centrepompidou-metz/tania-mouraud ; taniamouraud.com ; un catalogue accompagne l’exposition faisant une large place aux écrits de l’Artiste et incluant des documents inédits.
© Crédit photos : photographe : Jean DORVAL pour LTC Arts 2015 ; droits pour les photos d’œuvres d’art : les Centres Pompidou-Metz et Paris - ADAGP Paris 2014 ; reproduction partielle de quelques parties du bâtiment du Centre Pompidou-Metz faite avec l’aimable autorisation de Shigeru Ban Architects et Jean de Gastines Architectes.
Sightseeing (2002).
12:34 Publié dans LTC ARTS | Lien permanent | Tags : jean dorval pour ltc arts, tania mouraud dans le rétroviseur du cpm, centre pompidou-metz, cpm, tania mouraud, une rétrospective, du 4 mars au 5 octobre 2015, au centre pompidou-metz, by jd, bientôt... très bientôt... un reportage sur la rétrospective sur, et un interview de tania, signés jd, le programme du centre pompidou-metz, 2015, vitrine éphémère, collectif d'artistes, artisans, créatifs, et passionnés, vous invite, vernissage, vendredi 03 octobre 2014, à partir de 17h00, la magicienne susanna fritscher fait des bulles de cristal, au cpm, un été au cpm !, passez l'été à pompidou, avec le pass, phares, formes simples, 194-1999. la décennie, the clock - christian marclay, 1984-1999. la dÉcennie 24 mai 2014 - 2 mars 2015, formes simples 13 juin - 5 novembre 2014, les deux nouvelles expos du, centre pompidou metz, exposition photographique, degaël lesure, du 1505 au 05072014, timeless & wonderland, la galerimur, metz, ltc arts annonce l’exposition “hlysnan : the notion and politics, forum d’art contemporain, l'art dans les jardins, édith meunier, les simonets, centre pompidou-metz (cpm) | Facebook |