05/02/2018
LES INTERVIEWS D'LTC LIVE BY JD... KEVIN KAZEK : LA VOIX CLAIRE(-obscure) DES SEYMINHOL.
On ne présente plus Kévin Kazek (malgré sa nouvelle coupe de cheveux...). C’est LA superbe Voix claire du groupe de Metal Symphonique Progressif Seyminhol. Au chant et aux narrations, depuis 1991, Kévin s’est prêté au jeu des questions et des réponses avec LTC LIve, à l’occasion de la sortie le 19 janvier 2018, du second clip des Seyminhol, Behind the Mask, qui annonce la parution de l’album Ophelian Fields pour le 22 février 2018...
LTC LIve : Tu adores te ressourcer dans des édifices en ruine. Qu’éprouves-tu dans ces lieux abandonnés chargés d’Histoire ?
Kévin : L'avantage d'une ruine, c'est qu'elle constitue souvent un témoignage authentique d'une époque. Restaurer, c'est faire perdurer un bâtiment où une oeuvre d'art au risque de dénaturer son identité intrinsèque. Pour l'historien de l'art Elie Faure, "il faut laisser mourir les ruines" et donc, selon moi, les monuments qui sont abandonnés à leur propre histoire. Bref, j'aime me ressourcer dans ces endroits désolés, souvent recouverts de végétation parce qu'ils donnent une couleur romantique, dans le sens littéraire du terme, au présent. J'aime les atmosphères à l'anglaise, les "gothic novels" et toute cette production des écrivains du XIXe siècle anglais ou français. Les paysages et les édifices qu'ils décrivent sont le reflet d'une âme, d'un état d'esprit et d'un esthétisme pur. Le choix des ruines dans nos clips par exemple sert à rappeler l'ancien temps, celui d'Hamlet père et de la chevalerie. C'est un moyen de marquer par une césure forte le passage du moyen âge vers l'époque moderne. Finalement, au contact de ces pierres centenaires, l'insignifiance de notre passage sur terre est exacerbée. La ruine dans sa décrépitude perdure et garde son identité alors que nous disparaissons sans laisser de traces. Il n'y a rien de plus ressemblant qu'un crâne avec un autre crâne. Je me faisais cette réflexion très récemment en circulant dans les catacombes de Paris. Finalement, Hamlet dans son monologue sur la mort et la fin de toutes choses, tenant une boîte crânienne dans sa main, traduit très bien cette idée.
LTC LIve : D’où te vient cette passion pour Hamlet, une des plus célèbres pièces de Shakespeare ?
Kévin : Et donc cette passion pour Hamlet, plus que pour Shakespeare d'ailleurs, vient de mon intérêt pour la littérature gothique. D'une certaine manière, ce livre pose les bases de toutes les productions les plus sombres et les plus fantastiques que connaîtra le monde littéraire au cours du XIXe siècle. J'ai trouvé mon ouvrage en parcourant le texte de Shakespeare. Il y a tout ici, et c'est superbement amené : ambiance lugubre, complots, meurtres, folie, désespoir, amour. Bref, c'est un bonheur de lire et relire cette tragédie. Je dois dire qu'avec Le château d'Eppstein, un roman de Dumas, Jane Eyre de Charlotte Bronte et, peut-être, le Dracula de Stoker, je tiens là ma tétralogie parfaite.
LTC LIve : Combien de temps faut-il pour mettre en musique Hamlet de Shakespeare, tant pour The Wayward Son que pour Ophelian Fields ? As-tu suivi fidèlement le déroulé de la pièce ou as-tu été plus libre dans ta démarche, voire dans l’interprétation ?
Kévin : Il faut généralement deux ans pour écrire un disque. Nous avons tous d'autres activités et bien que nous ne soyons pas professionnels dans le sens de ceux qui vivent de leur musique, les gens et les organismes avec lesquels nous travaillons considèrent que notre démarche artistique est professionnelle et légitime. Ils attendent donc de la qualité, un son correct, une pochette digne de ce nom et des morceaux solides. Pour ce qui concerne le sujet maintenant. Au départ, nous devions faire un seul album sur Hamlet. Nous souhaitions également proposer une musique orchestrale et grandiloquence avec des titres inspirés par l'ambiance de nos deux premiers albums (Northern Recital et Septentrion's Walk). C'était un retour aux sources avec toutefois d'autres influences que nous voulions plus modernes et plus progressives. Bref, pour "The Wayward Son", j'ai respecté le déroulement logique de la pièce en choisissant de mettre en lumière les moments emblématiques de cette tragédie : apparition du spectre, découverte de l'assassinat du roi grâce aux comédiens arrivés au château, réflexion d'Hamlet sur la mort, mort d'Ophélie, départ d'Hamlet, duel final, etc. Je voulais coller au livre et conserver un fil conducteur cohérent. Il y a aussi toutes les tirades les plus connues qui rythment l'album notamment l'incontournable "to be or not to be".
LTC LIve : Dans l’album The Wayward Son sorti en 2015, Hamlet, qui est le personnage principal de la pièce de Shakespeare, occupe légitiment la place d’honneur. Dans l’album Ophelian Fields, qui sort prochainement, pourquoi avoir mis en avant plus particulièrement Ophélie ?
Kévin : Avec "Ophelian Fields", à paraître le 23 février 2018, sur le label finlandais Lion music, c'est beaucoup plus libre. Bien que la logique de suivre les actes et les scènes de la pièce dans leur ordre soit respectée, je focalise essentiellement l'attention sur le personnage d'Ophélie et je propose dans chaque titre une sorte de condensé des émotions et des intrigues qui créent cette oeuvre théâtrale atypique. Le caractère féminin de cette pièce est toujours resté centré sur Ophélie en la présentant seulement comme petite fille enamourée et lunaire. Mais, selon moi, Ophélie est la vraie héroïne de l'histoire, celle qui déclenche toutes les situations et toutes les sensations des protagonistes. Hamlet se donne un but non pas, après l'apparition du spectre de son père, mais pour prouver qu'il est un homme à Ophélie. Ses actes sont ensuite guidés par l'attitude étrange de cette très jeune fille qui apparaît très tôt comme une observatrice des errances et des travers des adultes et comme une entité qui prépare Hamlet à devenir un homme, dans le sens de celui qui assume son rang. Bref, elle est une muse, un exemple, un mystère, un but pour tous les personnages de cette pièce. Certains supposent même qu'elle est une sorte de magicienne, de fille de bois maîtrisant parfaitement le langage des fleurs et les éléments naturels. Ce disque lui rend hommage.
© Image ci-dessus :
Le tableau La Mort d'Ophélie (1852) de John Everett Millais
qui se trouve à la Tate Gallery de Londres.
Source : Wiki/Ophélie_de_Millais
LTC LIve : Que penses-tu du tableau La Mort d'Ophélie (1852) de John Everett Millais qui se trouve à la Tate Gallery de Londres, et qui a inspiré la poésie Ophélie d’Arthur Rimbaud en 1891 ?
Kévin : J'adore cette toile de Millais, tout simplement parce que mon style de peinture préféré est celui des pré-raphäelites comme Burne-Jones, Rossetti, Leighton ou Waterhouse. Il y a dans cette mise en scène beaucoup de beauté malgré le caractère dramatique du moment. Les couleurs sont extraordinairement bien posées et Ophelie flottant sur l'onde fait corps avec la végétation. C'est une excellente interprétation de la défunte dont le rôle de "dame nature" est récurent dans la pièce de Shakespeare. Ici, on ne sait pas vraiment si la mort a déjà frappé ou si Ophelia se laisse happer par les eaux. Les fleurs qu'elle maintient encore dans sa main constituent une piste sérieuse.
LTC LIve : Dans l’album Ophelian Fields, le style musical est plus direct. Les Seyminhol y réaffirment leurs racines Rock, Hard-FM, Gothiques, Atmosphériques, Heavy-Thrash et Progressives. Ce mélange d’ambiances reste leur marque de fabrique. Si les Seymihol devaient faire évoluer leur style musical, quelles seraient leurs nouvelles références ? Et pourquoi ?
Kévin : Avec ce disque, nous puisons dans toutes nos influences musicales comme l'illustre le titre de notre clip "Behind the Mask" dont l'introduction est très typée Hard FM. Il y a toujours une touche de musique symphonique et des rythmiques très lourdes qui rappellent parfois certains groupes de Black Metal. Mais ce qui ressort de cet album, c'est le Côté Progressif beaucoup plus marqué. Et, si nous devions évoluer davantage, c'est sans doute vers la Musique Progressive que nous nous dirigerions. Mais ce serait plus Rock. Nous aimerions proposer un vrai disque de Rock Progressif comme ce que pouvait faire Quenn, Marillion, Yes, ou Rush. Bref, il y a encore beaucoup de choses à expérimenter.
LTC LIve : Pour finir en clin d’œil cet interview. Toi qui es un fan d’Hamlet. Alors... To be or not to be ?
Kévin : Question complexe. La tirade renvoie à la fois à l'idée de finitude et de disparition mais il faut aussi l'entendre comme un appel à agir et à réaliser des choses sur terre. Il ne faut pas être spectateur de sa vie. Il faut avancer, avoir des projets, des rêves et des revendications. L'immobilisme et l'inaction sont des abîmes. En cela Ophélie est celle qui agit, qui montre la voie jusque dans sa mort qu'elle a, selon moi, déclenchée. Donc "être" assurément pour changer les choses, marquer son temps, et avoir la naïveté de croire à une forme d'immortalité. N'est-ce pas le but de l'homme? En somme, on parle ici de l'évolution de l'espèce humaine, de sa capacité à dépasser sa condition mortelle pour créer du rêve, de l'espérance mais parfois, aussi, de l'illusion.
© Jean DORVAL, le 5 février 2018, pour LTC LIve.
inFOS+ :
Wiki/Seyminhol & Seyminhol.net
Dès que l'Info tombe, LTC LIve annoncera les dates de la prochaine tournée des Seyminhol...
16:22 Publié dans LTC LIVE : "LA VOIX DU GRAOULLY !" | Lien permanent | Tags : skid row, nightwish, seyminhol joue hamlet pour la sortie de son nouveau cd, jean dorval, jean dorval pour ltc live, metz : les seyminhol fusionnent avec hamlet, luxembourg, luxembourg ville, ltc live annonce..., anastacia, ruk 2015, festival rock um knuedler, omd, metz, simple minds, étienne daho, roxy music, jealus guy, mike brant, la communauté d’ltc live, absolute ltc@live, kévin kazek, l'interview, moussafir, interview du groupe moussafir du 18.05 2015, by jean dorval pour ltc live, the chameleons, new order, ltc live : music is my drug !, ltc live : la music comme on veut, quand on veut !, billy idol, tout est bon dans ltc live !, ltc live annonce : manu katché sera au 11ème marly jazz festival, marly, moselle, le républicain lorrain, jean dorval pour ltc, bon jovi, les brumes ou la nuit ? les brumes !!!, ltc live : la voix du graoully, tot, monaco, no, new-order, toto, paul young, semblant the band | Facebook |