14/02/2017
LES BEST OF JD - à LA SAINT-VALENTIN : "QUAND ON A QUE L’AMOUR !"
Comme le dit si bien Jacques BREL, Grand Amoureux devant l’Éternel, dans sa célèbre chanson : "(…) Quand on a que l'amour Pour vivre nos promesses Sans nulle autre richesse Que d'y croire toujours Quand on a que l'amour Pour meubler de merveilles Et couvrir de soleil La laideur des faubourgs Quand on a que l'amour Pour unique raison Pour unique chanson Et unique secours (…)"
Amour passion, Amour ivresse, Amour toujours, parfois même, Amour détresse, quand ce Noble Sentiment n’est pas partagé… Le 14 février, c’est la Saint-Valentin, la Fête de tous les Amours ! Une belle occasion (entre autres, mais plus particulièrement) de témoigner à Celle ou à Celui que l’on aime, une marque de tendresse renouvelée. Une fleur, un petit cadeau, un dîner en tête-à-tête, une escapade surprise, une folle nuit d’extase, etc. Toutes les Petites et Grandes Attentions comptent pour faire plaisir à l’Autre et se faire plaisir… Dans tous les cas, ce rendez-vous se partage à Deux. Et chacun se doit de s’inscrire en parfait accord avec ses Sentiments et d’exprimer sa propre Sensibilité. Déclaration d’Amour sous le signe du Romantisme, de la Séduction, de l’Émotion… Quand la Complicité est au rendez-vous, attention cela peut faire des étincelles, voire un véritable feu d’artifice !
© Photo ci-dessus : http://je-n-oeucume-guere.blogspot.com/2009_02_01_archive...
L'HISTOIRE TÉMOIN DE L'AMOUR.
Le 14 février est le jour de la Saint-Valentin. Ce "Valentine’s Day" est considéré dans de nombreux pays comme la Fête de l’Amour et aussi… de l'Amitié. Les couples en profitent pour échanger des Mots Doux (et non des maux...) et des cadeaux comme Preuves d’Amour, ainsi que des roses rouges qui sont l’emblème de la Passion. Mais, connaît-on l’Histoire de cette "Love" journée ?
Saint-Valentin, avant de devenir un Saint, est un prêtre romain prénommé Valentin. Il vit sous le règne de l'Empereur Claude II (IIIème Siècle après Jésus-Christ). A cette époque, Rome est engagée dans des campagnes militaires sanglantes et impopulaires. Claude II, également surnommé "Claude le Cruel", ayant des difficultés à recruter des soldats pour rejoindre ses légions, décide d'interdire le mariage, car… il pense (à tort) que la raison pour laquelle les romains refusent de combattre est leur attachement immodéré à leurs Femmes et à leurs Foyers. Cependant, malgré les ordres de l'Empereur, Valentin continue à célébrer à Rome des mariages en secret. Lorsque Claude II apprend l'existence de ces mariages cachés, il fait emprisonner Valentin. C'est pendant son séjour en prison que ce dernier fait la connaissance de la fille de son geôlier, une jeune femme aveugle à qui, dit-on, il redonne la vue et adresse une lettre, avant d'être décapité, signée "Ton Valentin". Il serait mort un 14 février 268 ou 270…
Ce n'est que plusieurs siècles après, une fois l'Empire Romain déchu, que Valentin est canonisé "Saint-Valentin", en l'honneur de son Grand Sacrifice (in the name of Love), devenant ainsi le Saint-Patron de l’Amour. De ce fait, la Saint-Valentin est instituée en 496, par le Pape Gélase Ier qui interdit du même coup une cérémonie païenne peu respectueuse pour les femmes. Il décrète que la date de la Fête de Saint-Valentin se tiendra le 14 février, en lieu et place du jour, où depuis la Rome Antique on fête les Lupercales (Lupercalia) ou Festival dédié à Lupercus, Dieu de la Fertilité, des troupeaux et des bergers, et à Junon, Déesse protectrice des Femmes et du mariage romain. En fait, l’association du milieu du mois de février avec l’Amour et la fertilité date de l’Antiquité lointaine. En effet, dans le calendrier d’Athènes, dès le Vème siècle avant Jésus-Christ, la période de mi-janvier à mi-février est le mois de Gamélion, consacré au Mariage sacré de Zeus et d’Héra. C’est pourquoi à Rome, durant les Lupercalia, on célèbre des rites de fécondité, dont le plus marquant est la course des Luperques, au cours de laquelle des hommes à moitié nus poursuivent les femmes et les frappent avec des lanières de peau de bouc. Les coups de lanière reçus devant assurer aux femmes fécondité et grossesse heureuse… On dit aussi qu'à cette occasion, une "Loterie de l'Amour" est organisée, consistant à tirer au hasard le nom des filles et des garçons qui se sont inscrits pour former des couples pour le restant de l'année.
Tapisserie "La Dame à La Licorne",
Volet 6, "Mon seul désir".
© Photo ci-dessus : http://orfeee45.over-blog.com
ENTRÉE DE LA SAINT-VALENTIN DANS LE ROMANTISME…
Il faut attendre le haut Moyen-âge (du Vème au IXème siècle) pour que la Saint-Valentin soit associée à l'Amour Romantique. La fête est alors consacrée à l’échange mutuel de "billets doux" ou de "Valentins" illustrés de symboles puissants, tels qu’un Cœur ou un Cupidon ailé.
La première mention du jour de la Saint-Valentin avec une connotation amoureuse remonte au XIVème siècle, au Moyen-Âge - qui va du Xème au XVème siècle - en Angleterre, puis en France, où l’on croit que le 14 février est le début de la Saison des Amours chez les oiseaux. Prenant exemple sur nos charmants volatiles, les hommes consacrent ce jour aux Déclaration d’Amour faites aux Femmes. C'est ainsi que depuis, à la Saint-Valentin, chaque Valentin cherche sa Valentine pour mieux roucouler au Printemps ! Cette croyance est mentionnée dans les écrits de Geoffrey Chaucer, "Le Père de la Poésie Anglaise". Il est aussi courant durant cette période que les Amoureux échangent des billets doux et qu’ils s’appellent respectivement leur "Valentin" ou "Valentine". Un de ces premiers billets se trouve d’ailleurs à la British Library. On se remémorera pour prendre le pouls amoureux du moment de "La Dame à la Licorne" (XVème siècle), une série de six fabuleuses tentures représentant les cinq sens et "mon seul désir", autant de Vertus allégoriques de l’Amour Courtois du "Roman de la Rose" de Guillaume de Lorris, chef-d’œuvre du XIIIe siècle ; soit respectivement : Oiseuse (la Vue), Richesse (le Toucher), Franchise (le Goût), Liesse (l'Ouïe), Beauté (l'Odorat), et Largesse (A mon seul désir).
© Photo ci-dessus : http://www.devoir-de-philosophie.com/charles-orleans-prin...
De même, Othon de Grandson, lors de la deuxième moitié du XIVème siècle, Poète et Capitaine à la Cour d'Angleterre, vulgarise cette coutume dans le Monde Latin ; notamment à la Cour de Savoie, dédiant un bon tiers de sa poésie à cette nouvelle tradition. Citons pour l’exemple, quelques uns de ses écrits : "La Complainte de Saint Valentin (I et II)", "La Complaincte amoureuse de Sainct Valentin Gransson", "Le Souhait de Saint Valentin" et "Le Songe Saint Valentin". Enfin, au début du XVème siècle, Charles d’Orléans fait connaître l'œuvre d'Othon à la Cour de France. Il écrit, lui-même, plusieurs pièces (ou poèmes) dédiées à Saint-Valentin. Un héros qui tient une grande place dans son œuvre, et tout au long de sa vie, lui, l’Homme supplicié, torturé par l’Amour, qui se fait dévorer par ses Amantes (religieuses…) "En la forêt de longue attente". "La longue Complainte de Saint-Valentin" raconte comment le poète vit "la merveille du monde" (l’Amour) qu’il "servit" jusqu’à la mort. Le poème s’inspire d’une coutume anglaise inspirée des Lupercales romaines : le 14 février, tout Chevalier doit choisir une Dame et la servir fidèlement durant une année, en défendant notamment ses couleurs…
Un portrait de Georges Sand fait par Alfred de Musset.
© Photo ci-dessus : http://www.creusois.com
Par la suite, la tradition de la Saint-Valentin se perd dans le Monde Latin pour être finalement réactualisée, élevée au firmament affectif, avec le Romantisme du XIXème siècle. Une époque dédiée tout particulièrement à l’Amour Passion, dans la vie quotidienne, au travers de tous les arts (peinture, poésie, musique, opéra, opérette, etc.), durant laquelle l’envoi de billets cède la place aux cartes de vœux. Une période de magnifiques idylles toute entière contenue dans ces quelques douceurs écrites, échangées entre Georges Sand et Alfred de Musset… Georges Sand confesse à Alfred de Musset : "Cher ami, Je suis toute émue de vous dire que j'ai bien compris l'autre jour que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit une preuve que je puisse être aimée par vous. Je suis prête à montrer mon affection toute désintéressée et sans calcul, et si vous voulez me voir ainsi vous dévoiler, sans artifice, mon âme toute nue, daignez me faire visite, nous causerons et en amis franchement je vous prouverai que je suis la femme sincère, capable de vous offrir l'affection la plus profonde, comme la plus étroite amitié, en un mot : la meilleure épouse dont vous puissiez rêver. Puisque votre âme est libre, pensez que l'abandon où je vis est bien long, bien dur et souvent bien insupportable. Mon chagrin est trop gros. Accourrez bien vite et venez me le faire oublier. A vous je veux me soumettre entièrement. Votre poupée." Réponse d’Alfred de Musset à Georges Sand : "Quand je mets à vos pieds un éternel hommage, voulez-vous qu'un instant je change de visage ? Vous avez capturé les sentiments d'un cœur que pour vous adorer forma le créateur. Je vous chéris, amour, et ma plume en délire couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, vous saurez quel remède apporter à mes maux."
Portrait d'Alfred de Musset.
© Photo ci-dessus : http://www.actualitte.com/pete-doherty-dans-le-role-d-alf...
A L’ORIGINE DES SYMBOLES DE L’AMOUR.
Cupidon, le cœur, la couleur rouge… La mythologie amoureuse est riche de tous ces symboles incontournables que tout le monde connaît. Mais quid de l’origine de ces logos sentimentaux ?
Antonio Canova , sculpteur (1757-1822),
"Amour et Psyché", 1787-1793.
Détail d'une sculpture sur marbre (H. 1,55). Musée du Louvre, Paris.
© Photo ci-dessus : http://arlette1941.blogspace.fr/La-legende-de-Cupidon-et-...
Cupidon fils d’un Amour divin…
Dans la mythologie romaine, et d'après de nombreux poètes, Cupidon, fils de la Déesse Vénus et du Dieu Mars, est le Dieu de l’Amour. Il est assimilé au Dieu grec Éros, bien que dans la tradition romaine il ne s'agisse plus d'une divinité primordiale. Dès que Cupidon voit le jour, Jupiter sait déjà à sa physionomie exceptionnelle tous les troubles qu'il causera, aussi il veut obliger Vénus à s'en séparer. Pour le dérober à la colère de Jupiter, cette dernière le cache dans les bois, où il suce le lait des bêtes féroces durant toute son enfance. Aussitôt qu'il peut manier l'arc, il s'en fait un de frêne, emploie le cyprès à faire des flèches, et essaye sur les animaux les traits qu'il destine aux hommes.
Puis, en grandissant Cupidon échange son arc et ses flèches en bois contre d'autres en or. Et il est chargé par Vénus, de rendre amoureuse Psyché, la jeune fille d’un Roi, dont elle jalouse la beauté. Mais, contre toute attente, Cupidon tombe amoureux de Psyché en se blessant avec l'une de ses flèches. Il propose à Psyché de vivre avec lui dans son château, rejoint sa Douce qu’à la nuit tombée afin de rester anonyme, lui demandant de ne jamais chercher à connaître son identité. Mais, piquée par la curiosité et influencée par ses sœurs, Psyché profite du sommeil de son amant pour allumer une lampe. Alors, trahi, Cupidon se réveille et s'enfuit. Psyché parviendra cependant à le retrouver au prix de toutes sortes d'épreuves pendant lesquelles plusieurs dieux lui prêtent main forte. À la suite de toutes ces péripéties, ils se marient.
Cupidon est généralement représenté comme un enfant espiègle aux traits redoutables. Il continue à être l’un des principaux symboles de la Saint-Valentin dans l’imagerie populaire contemporaine. Tout le monde sait que lorsqu’une de ses flèches vous perce, vous tombez follement amoureux de la première personne rencontrée ! Dur, dur, d’être Amoureux !
© Photo ci-dessus :http://cadeaux-creation.com/coeur-rouge-en-metal-a-suspen...
"Le Cœur à ses raisons…"
Depuis l’Antiquité, et peut-être même avant, la sagesse populaire comme les savants faisaient du cœur le siège des émotions : Courage, Peur, Amour, Sagesse… sans doute en raison des variations du rythme cardiaque lorsque l’on ressent les dites émotions. Aussi, les expressions faisant intervenir le cœur sont-elles nombreuses, comme "avoir bon cœur", "avoir la sagesse du cœur", "mettre du cœur à l’ouvrage", "avoir le cœur gros ou léger", "avoir mal au cœur", "avoir le cœur sur la main, voire d’or, ou au contraire de pierre", "apprendre par cœur", "vouloir de tout cœur" ou "avoir le cœur net" (et aujourd'hui "le Cœur.Net"...). La religion Catholique en fait elle-même bon usage avec le "Cœur Sacré de Jésus" et le "Cœur Immaculé de Marie" qui représentent respectivement l’Amour Divin et la Pureté. Mais les médias et le marketing l’exploitent le plus avec la célébration permanente du "coup de cœur". Depuis des années, on voit même apparaître ce symbole, un peu partout, à commencer par le célèbre "I ♥ Paris", la capitale de l’Amour. L’origine la plus plausible de cette graphie du cœur serait que ce symbole originel évoque les parties charnues sensuelles féminines, la fécondité et la fondation d’un foyer. Ces formes prometteuses et engageantes dessinées par les Vikings sous forme d’un "M" arrondi, pour se rappeler leur Promise, évoluèrent à leurs deux extrémités du bas pour finir par se rejoindre et fermer le symbole, devenant ainsi au fil des siècles le cœur que nous connaissons tous…
Le cœur de couleur rouge quant à lui est synonyme d’Amour fidèle depuis l’Antiquité. Après tout, ce cœur ne bat-il pas "la chamade" lorsque l’on rencontre l’Être Aimé ? C’est sans doute à partir de cette constatation, toute simple, que tout à commencé. Des battements de cœur à partager bien sûr avec "SA" Moitié, pour voir la vie en rouge, euh pardon… en rose !
Rose, blanc, rouge… les couleurs de la transe !
La tradition symbolise la Saint-Valentin au travers des couleurs rose, blanc et rouge. Le rose exprime la tendresse, la joie et le bonheur. Le blanc est la couleur de la pureté par excellence. Le rouge évoque la passion ardente, le dévouement et la loyauté.
© Photo ci-dessus : http://doucemaman.centerblog.net/jolie-et-pure-rose-rouge
Rose Vénus, Amour délicat !
Fleur préférée de la Déesse Vénus, la rose délicate symbolise l’Amour. Rouge, elle suggère la passion et la force des sentiments. Rose, l’Amour secret. Blanche, la discrétion et la pureté.
ALORS, AMOUR "TOUJOURS" ???
Contrairement à ce que pourrait nous laisser croire le titre de la comédie romantique, "L'amour dure trois ans", actuellement sur les écrans, du réalisateur Frédéric Beigbeder, si on veut que l’Amour dure toute la Vie, il faut beaucoup donner, croire, offrir, pardonner (dans les deux sens), et accepter l’Autre tel qu’il est, et non tel qu’on voudrait qu’il soit ! Pour éviter le feu de paille, un conseil : avant de se lancer, apprendre à se connaître ! Apprendre à se connaître mutuellement afin de redonner un sens vrai à la Saint-Valentin et contredire ses détracteurs. Ainsi, donc, l’Amour, symbolisé par ce jour pas les comme les autres, redeviendrait magique, pure quintessence spirituelle, offrande de Sentiments à partager, et non, contrairement à certaines idées reçues, une affaire commerciale, une affaire de gros sous ! Sauf pour ceux qui le veulent bien ! Sauf pour ceux qui ont perdu la part du Rêve Amoureux ! On peut être pauvre et fêter dignement la Saint-Valentin qui est, et reste, la Fête des Sentiments, des Petites et Grandes Attentions envers l’Être Aimé, de l’Amour quoi ! Et ce, même, s’il est vrai que l’on doit aussi s’aimer tout le reste de l’année ! La Saint-Valentin, c’est non seulement l’Amour, mais c’est aussi le Partage à Deux, une Poésie à vivre en 3D, sortir l’Être aimé "à la maison" ou en dehors de ses Pénates. L’amour n’a pas de prix, sauf peut-être celui du goût de l’effort retrouvé, celui d’aimer véritablement, sans se lasser l’Un de l’Autre, comme une Promesse faite au Pont des Arts à Paris en mettant un gros cadenas sur l’une des grilles…
© Jean DORVAL, le 13 février 2012, pour LTC Grands Reportages.
Sources documentaires :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Valentin et le journal "Le Républicain Lorrain".
INFO+ :
Cinq breuvages-maison APHRODISIAQUES pour la SAINT-VALENTIN : http://lesjardinsdepomone.be
© Photo ci-dessus : http://paris-ile-de-france.france3.fr
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11/06/2016
SPECIAL TRADITIONS LORRAINES : LE MARIAGE.
Tenues de mariage lorrain traditionnel.
© L’image ci-dessus est soumise aux droits d’auteur et a été mise sur LTC à titre gracieux, pour illustrer cet article, avec l’aimable autorisation de son Auteure : Madame Catherine Debusne, Historienne, Écrivaine et Illustratrice. Avec tous nos remerciements pour son aide précieuse. http://la-rebelle.over-blog.com/2015/11/j-en-ai-marre-qu-...
Coutumes lorraines : la demande en mariage
"La demande en mariage, suivie de fiançailles, passait souvent par l'emploi de mots spécifiques, désignant le promis et la promise, comme ceux de fèchenot et fèchenotte, ou encore de vauzenot et vauzenotte, dont l'origine se perd dans la nuit des temps (avec peut-être, pour le second, le mot vôze désignant un bouquet). Cela dit, la demande faite et acceptée, devait, dans la région de Metz, être officiellement renouvelée le matin même du mariage. La mariée, une fois habillée, attendait donc aux côtés de ses parents la visite de son futur époux et de son père, qui allaient réitérer publiquement la demande ou du moins se livrer à un simulacre... La suite de cet article, publié le dimanche 6 août 2006 dans le supplément dominical du "Républicain Lorrain", se trouve sur :
http://en-passant-par-la-lorraine.over-blog.com/categorie...
Une néo d'Anna des Naudin, pour LTC.
Sur le même sujet, à lire ou à relire l'article de Jean Dorval sur "Le Mariage Lorrain", publié à l'époque dans la Revue Lorraine Populaire de Jean-Marie CUNY...
"LE MARIAGE TRADITIONNEL LORRAIN."
"Il est des lieux où souffle l’Esprit…", l’esprit de nos ancêtres bien sûr, mais aussi celui de nos traditions enfouies sous le poids des siècles. Notre Lorraine natale si chère à Maurice Barrès et à nos aïeux a été le berceau de nombreuses coutumes locales. En passant par la Lorraine, les invasions et les guerres ont fait fructifier notre histoire. Riches du brassage de notre culture et de celle de nos hôtes, des générations entières ont été témoins de cet enracinement qui a marqué notre territoire régional. Au travers des vestiges, des monuments historiques et de la culture, mais aussi des mœurs, le lorrain a su démontrer sa capacité à fusionner dans l’originalité, à nourrir une forte identité. Malgré un tempérament rude qui trouve son expression la plus vive dans le travail au champ, à la mine ou aux hauts-fourneaux, le "caractère lorrain" n’est pas incompatible avec la bonne humeur, ce qui procure de nombreuses occasions d’amusement. Le mariage lorrain est un de ces points de repères socioculturels incontournables. Et c’est sans doute pour défendre, entre autres, ces traditions festives que nos aïeux se sont sacrifiés souvent au champ d’honneur, embrassant ainsi la "terre charnelle" si chère à Charles Péguy ; terre de difficultés, mais aussi de grands bonheurs !
La noce lorraine, en dehors d’être une cérémonie religieuse chrétienne, comportait une série de rites et de coutumes issus de la nuit des temps, d’un fond paysan très marqué. Nous allons en évoquer quelques aspects.
Tout d’abord en Lorraine on aimait à chanter comme nous le prouve ces extraits de "La réveillée" (arrangement de Jean Poinsignon) et de la "Romance d’Audun-le-Roman" (datée de 1850) : "Réveillez-vous belle endormie, réveillez-vous car il est jour, mettez la tête à la fenêtre, vous entendrez parler d’amour", "Adieu, fleur de jeunesse, puisque me faut la quitter la nobl’qualité de fille, père et mère, m’les faut quitter".
Les Lorrains se plaisaient aussi pendant les réunions de famille à raconter des histoires ou "fiauves" en patois roman. Ces derniers consistaient en une satire de la vie quotidienne des gens. Goûtons notre plaisir en lisant le "PTIOT CUGNOT"(arrangement de Jean POINSIGNON) :
"Quand je suis venu au monde,
Radigadi radigado,
Quand je suis venu au monde,
Dans mon beau Longeaux (1)
J’ai tout de suite regardé,
Radigadi radigado,
J’ai tout de suite regardé,
Par un petit trou
Mais quand j’ai vu mon père,
Radigadi radigado,
Mais quand j’ai vu mon père,
Avec des sabots
Je m’suis dit ton pauvre diable,
Radigadi radigado,
Je m’suis dit mon pauvre diable,
De toutes les façons t’es foutu."
De même en 1912, nos anciens chantaient lors de repas prolongés des compositions musicales incantatoires mettant en scène la loi de la nature. Dans certaines d’entre elles, une chèvre ou une oie se faisait dévorer par un loup. Dans d’autres, plus cocasses, la chèvre embrochait le loup pour se défendre et l’oie pinçait ses parties afin d’éviter d’être dévorée.
Le mariage lorrain était aussi l’occasion d’invoquer les Divinités païennes, tout en restant dans un cadre "très catholique". Cette dualité des comportements semble être le résultat de l’étonnante alchimie dont a hérité notre contrée. Nous ne sommes donc pas à une contradiction prêt !
Les bacchanales, peintes par William-Adolphe Bouguereau (1825-1905).
© Photo ci-dessus : http://www.mondragon-plus.com/pas_vu12.htm
Dans nos régions de l’Est, le mot mariage évoque les Bacchantes s’adonnant au culte de Bacchus (Dionysos pour les Grecs, fils de Zeus et de Sémélé). Ce Dieu Romain de la végétation, et en particulier de la vigne et du vin, se trouve vénéré au travers de cérémonies appelées Bacchanales. Certaines représentent l’union de deux Êtres. Cette croyance en Bacchus met en scène, dans la coutume lorraine, le mystère de la renaissance ou "Liber Pater". Bacchus déchiqueté à sa naissance par Héra (femme de Zeus et de surcroît Déesse grecque du mariage) a été sauvé par son père, qui pour se faire l’a mis en dedans sa cuisse. Cette croyance contribuera au développement de la tragédie et de l’art lyrique, mais aussi au cérémonial du mariage lorrain.
La jarretière.
© Photo ci-dessus : http://www.zankyou.fr/p/la-jarretiere-de-la-mariee-jeu-et...
Quatre rites symbolisent cela dans notre tradition : le vin aphrodisiaque, la jarretière, les cérémonies de la chaussure et du pain. Le vin aphrodisiaque était servi en rôtie (c’est-à-dire accompagné de tranches de pain). Fait à base de poivre, de cannelle et de miel, il était donné aux mariés, une fois "leur petit nid d’amour" découvert ou au petit matin lorsqu’ils émergeaient des bras de Morphée. La jarretière, quant à elle, apparue au XVIème Siècle en Lorraine, se trouvait être l’enjeu d’une course entre les hommes du village. Le vainqueur partageait ce trophée entre tous les participants en guise de porte-bonheur. Le rituel de la chaussure symbolisait l’érotisme et le spirituel. L’érotisme car la mariée se faisait déchaussée en public. A l’époque, on tournait de l’œil à la vue d’un mollet mignon ! Le spirituel, car les mariés mettaient de l’argent dans "la chaussure" pour acheter les Pénates (en mythologie romaine, ce sont les Divinités du foyer). Ce "rachat" de la chaussure donnait lieu ensuite à des jeux et gages. Le pain quant à lui, tradition paysanne par excellence, était offert par une femme enceinte à la mariée, avec une phrase d’accompagnement flattant la fécondité et la richesse matérielle à venir : "puisse-t-il faire beaucoup de profit."
Mais, faisons un peu d’étymologie ! Jadis un tiers des mariages était consommé avant de passer à l’Eglise. Tout enfant conçu ainsi procurait au futur papa un certain prestige qui lui valait d’être surnommé "godard" (du latin "galudare" qui signifie "le réjouit"). Le "godard" aux yeux de tous vérifiait la fameuse expression catholique "Liebe ist eine gnade !" (traduction : "l’amour est une grâce !"). Cela était un véritable don du ciel selon la tradition lorraine. Alors, si vous connaissez un ami dont le nom est "Godard", vous saurez quel mode de vie avaient choisi ses ancêtres !
D’autre part, dès son baptême l’enfant lorrain était consacré aux Divinités agraires tels Sylvain (Dieu romain protecteur des bois et des champs) et Perséphone (Reine des Enfers, Déesse grecque du Monde souterrain qui réapparaît pour créer les saisons). On pendait à cette occasion, au dessus du berceau, le bouquet du Baptême. Cela invitait Mère Nature à être généreuse. Le bouquet de mariage était, quant à lui, dédié à la Vierge Marie.
© Photo ci-dessus : http://www.au-jardin.fr/post/Chevre-au-col-du-Granier
Une autre coutume avait son importance : "la chèvre". Cette tradition d’origine païenne renforçait l’esprit de famille. A l’époque, le mariage était une grande fête villageoise durant laquelle on unissait deux êtres et leurs familles ! Les nouveaux époux, afin de débuter leur nouvelle vie dans de bonnes conditions, recevaient de riches présents tels des rouets, des terres, des troupeaux (vaches, moutons…), des fermes, des bois, des meubles (bahuts lorrains…). Aussi, les enfants non mariés restant dans les familles, voyant cet important étalage de richesses, pouvaient imaginer mourir dans le plus grand dénuement… Pour palier aux éventuels états d’âme, chaque marié rétrocédait des cadeaux pour marquer la solidarité familiale. Le présent qui revenait fréquemment était une "guey" (en roman), une "gaib" (en germanique), ou plus simplement "une chèvre" (en français). Au début, on offrait une bête vivante, puis apparurent des figurines faites à base de poireaux frais, de confiseries (pâte d’amandes, chocolat ou sucre soufflé) ou de bois.
Les distractions n’étaient pas uniquement spirituelles car la gastronomie tenait une place importante. On mangeait des mets délicats : pâtés, tourtes, matelote de METZ, cochon de lait en gelée, quiche lorraine, langue de bœuf, carpe à la juive, oie en daube, coq au vin gris, brioche ; et plusieurs succulents desserts, dont les œufs à la neige et à l’orange, ou le "Torté" qui reste le plus typique. Cette pâtisserie intermédiaire entre le gâteau et la brioche était préparée dans la région de Moyeuvre, sur les rives de l’Orne, pour toutes les fêtes et les grandes occasions, dont les mariages (voir l’excellente recette sur le livre de E. Auricoste de Lazarque : "Cuisine messine"). Dans le Pays-Haut Mosellan, ce gâteau se nommait le "Wété". Il pouvait s’accommoder d’amandes, était offert par le marié à tous ses invités, accompagné d’un verre de vin. On en donnait même aux gens extérieurs au mariage !
Tous ces comportements conviviaux trouvent leur origine dans la durée des mariages qui pouvaient aller jusqu’à trois jours consécutifs. Il fallait bien occuper tous les convives et surtout les nourrir ! Ces coutumes nous rappellent qu’avoir des racines, quelque soit notre région française d’origine, est un bien des plus précieux que nous nous devons de défendre. Au travers des âges, nos traditions et nos valeurs, même si elles ne sont pas rester figées, ont forgé notre spécificité. Elles sont irremplaçables et ce n’est pas la monoculture mondialiste qui saurait relever le gant ! Si nous ne réagissons pas très vite nous y laisserons tous notre âme. Un pays qui ne conserve pas son passé, ne peut vivre le présent et n’a pas d’avenir. Il est tout simplement voué à disparaître. Tout le monde aura été prévenu !
© Jean DORVAL, le 15/06/04, pour LTC Grands Reportages.
Notes :
(1) Un village proche de Bar-le-Duc dans la Meuse.
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