05/01/2014
"ERREUR DE LIVRAISON : CUPIDON OFFRE L’AMOUR SUR UN PLATEAU D'ARGENT (heu, dans une LunchBOX en inox...) à ILA & SAAJAN."
Le "Dabbawallah", un système de livraison de "LunchBOX" "100% Made in India". (1)
Le "dabbawallah" ou "dabbawala" - de "dabba", "boîte", et "wallah", "celui qui fait" - appelé aussi "tiffin wallah" - de "tiffin" mot d’argot anglais voulant dire "lunch" - est un livreur de repas faisant partie d'un système de livraison unique au monde, basé en Inde à Mumbai (une ville appelée aussi Bombay) ; la capitale de l'État indien du Maharashtra. Cette mégapole, comptant 12.478.447 habitants en 2011, est la cité la plus peuplée de l’Inde. Elle forme avec ses villes satellites (Navi Mumbai, Bhiwandi, Kalyan, Ulhasnagar et Thane) une agglomération de 18.414.288 habitants ; ce qui lui confère la 5ème place mondiale. Le trafic routier y étant saturé, les travailleurs utilisent uniquement le train pour se rendre à leur travail et doivent quitter au petit matin leur domicile de banlieue (très éloignée) pour ne pas être en retard. Le système "dabbawallah", qui résout le problème de réchauffement des plats sur les lieux de travail, a été aussi créé afin de permettre aux épouses au foyer de ne pas avoir à cuisiner dans l'urgence, et en même temps, les repas du matin et de la mi-journée de leurs époux. De plus, cela leurs permet de suivre scrupuleusement les règles culinaires en vigueur dans leur caste. Si ce système de logistique appliquée semble simple pour le néophyte, en fait il est très complexe. Les épouses envoient les "LunchBOX" grâce aux "dabbawala" de quartier qui les collectent, les trient, les regroupent et les amènent en vélo jusqu’à la gare la plus proche. Là, d’autres "dabbawala" les mettent dans le train correspondant pour les amener en direction de Mumbai, selon une codification complexe à base de couleurs (destination, destinataire, etc.), palliant l’illettrisme desdits livreurs. A l’arrivée, les boîtes sont débarquées et remises aux "dabbawallah" locaux, qui les livrent aussitôt dans toutes les entreprises de Mumbai. Les boîtes vides sont rassemblées après le déjeuner et renvoyées à leurs expéditrices de la même manière qu'à l'aller. Ce service, qui fonctionne au plus fort de la mousson, alors que toute l'activité économique est désorganisée, est réputé pour son faible coût, sa ponctualité et sa fiabilité. Le taux d'erreur est estimé à 1 pour 16 millions, selon une étude de l’Université d'Harvard (USA) ; ce qui a conduit le Magazine Forbes à faire un judicieux parallèle avec la méthode managériale "Six Sigma" utilisée par Motorola (3,4 erreurs par million d'opérations). Les "dabbawallahs" locaux, aux deux extrémités de cette chaîne humaine de livraison, assurent un service personnalisé à leurs clientes/clients. Comme ils connaissent par cœur leur secteur de livraison, et tous les itinéraires routiers bis en cas d’embouteillage, ils se rendent toujours à destination dans des temps records. La popularité des "dabbawallahs" provient aussi de l'aversion qu’ont les Indiens pour la restauration rapide et de leur préférence pour consommer des plats traditionnels "faits maison" préparés par leurs épouses. On estime que les "dabbawallahs" approvisionnent quotidiennement près de 200.000 clients, et ce, depuis plus d'un siècle. Belle performance !
UN BOLLYWOOD MOVIE à LA TRèS BELLE DISTRIBUTION.
"The LunchBOX" (dont le titre original Hindi est "Dabba") est une romance indo-franco-allemande, écrite et réalisée par Ritesh Batra, distribuée par Happiness Distribution et sortie en France le 11 décembre 2013 ; produite par Sikhya Entertainment et Dar Motion Pictures ; et coproduite par National Film Development Corporation (Inde), ASAP Films (France), Roh Films (Allemagne) et Cine Mosaic (USA). Cette toile qui est tournée en Hindi et en Anglais (VOST), a une durée d’1h42. Son budget est d’environ 1,5 million US$. A sa Direction artistique (décors), on trouve Shruti Gupte qui a formé une équipe technique d’excellence : aux costumes, Niharika Khan ; au montage, John F. Lyons ; à la musique, Max Richter ; à la photographie, Michael Simmonds ; et au son, Michael Kaczmarek. A la distribution, on trouve de grands acteurs et de grandes actrices de la Scène Cinématographique Indienne : Irrfan Khan dans le rôle de "Saajan", Nimrat Kaur ("Ila"), Nawazuddin Siddiqui ("Shaikh"), Denzil Smith ("M. Shroff"), Bharati Achrekar ("Mme Krishnan"), Nakul Vaid ("Le mari d'Ila"), Yavshi Puneet Nagar ("Yavshi") et Lillete Dubey ("La mère d'Ila"). Ce long-métrage a déjà reçu plusieurs Distinctions : le Prix du Festival de Cannes 2013, le Grand Rail d’Or dans le cadre de la Semaine de la Critique ; et au Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2013, le Chistera du meilleur réalisateur pour Ritesh Batra et le Chistera de la meilleure interprétation masculine pour Irffan Kahn.
L’AMOUR EST DANS LA GAMELLE.
Ila Singh, une très jolie jeune femme, de la classe moyenne hindoue conservatrice de Mumbai, mère d'une petite fille, souffre d’être outrageusement délaissée par son mari qui n’en a que pour son travail, son téléphone portable [et une autre ou d'autres femme(s) ?]. Aussi, elle décide de le reconquérir par l’estomac, grâce aux conseils culinaires de sa voisine du dessus, Auntie, plus âgée qu’elle, qu’on ne voit jamais et qui veille son époux dans le coma. Les deux femmes communiquent à voix haute, toutes fenêtres ouvertes, et par le biais d’un panier en osier pour leurs échanges (épices, légumes, etc.). Ainsi, Ila concocte avec Amour, pour son homme, de nouveaux petits plats plus succulents les uns que les autres, qu’elle lui expédie en fin de matinée (pour que la nourriture reste chaude), dans les différents compartiments de SA "LunchBOX", par le système tentaculaire des "dabbawallah". Le soir venu, elle s’attend à des compliments de la part de son mari. Mais… celui-ci reste de marbre, car l’erreur de livraison d’une "dabba" sur 16 millions de boîtes livrées évoquée plus haut vient de se produire. Ainsi les délicieux menus d’Ila ne sont pas livrés à son époux, mais accidentellement à Saajan Fernandes, un homme encore séduisant, veuf, taciturne, solitaire, chrétien, et sur le point de prendre sa retraite après 35 ans à la tête du service réclamations de sa société. Ila comprend la méprise quand son mari lui précise qu’il a mangé du chou au lieu de ses courgettes aux épices. Ila glisse alors discrètement dans la "LunchBOX" (au risque que l’erreur ne se reproduise pas… et que la livraison arrive bien à son époux…), au milieu des succulents pains plats, galettes et crêpes (chapati, naan, dosa, etc.), un petit mot, afin de savoir si sa nourriture a plu à cet inconnu. Et comme l'erreur se reproduit, s'inscrit dans le temps, c’est le début d’une relation épistolaire qui voit progressivement chaque bouchée délicate se transformer en petits mots doux, en idylle fleurant bons les épices colorées aux vertus aphrodisiaques, les herbes choisies, les fruits (érotiques) et les légumes goûteux et charnus. Nos deux tourtereaux par correspondance olfactive et gustative vont ainsi transformer le plus grand des hasards en hasard heureux, métamorphosant l’épouse triste en joyeux chef de cuisine jamais à court d’idées, et le veuf mélancolique en homme au sourire retrouvé, plein d’espoir. Cette rencontre à distance, aussi belle qu’imprévue, passe d’ailleurs très vite des compliments aux confidences les plus intimes, jusqu’à faire naître une vraie complicité, voire provoquer une rencontre bien réelle… Cette romance parfumée au curry est absolument charmante, écrite avec intelligence, humanité, subtilité et humour, incarnée par des acteurs enchanteurs. Les seconds rôles eux aussi sont formidables, à l’image de Shaikh, le jeune successeur de Saajan, aussi opiniâtre qu’atypique. Ce brillant imbroglio met en exergue une société indienne séculaire immuable où l’ordre établi, les castes, les tabous sur la différence d’âge et/ou la religion, etc. perdurent à tort. Nos deux héros, que tout oppose, épris de liberté, vont formidablement faire voler en éclat tous ces préjugés, transcendant les différences, bousculant joyeusement les habitudes. Leur relation en devient d’autant plus précieuse et réjouissante qu’elle semble irréalisable. C’est l’occasion pour Ila de s’émanciper d’une existence trop linéaire et réductrice de femme au foyer, et d’illuminer sans le vouloir (du moins au début…) la vie professionnelle et sociale terriblement monotone de Saajan. Les délicieuses pauses repas qu’Ila orchestre avec bon goût, et l’irruption de Shaikh, vont remettre en cause notre futur retraité pour son plus grand bien. Ce film dans lequel tout est bon à manger prouve que certains grands changements de vie arrivent toujours quand on ne s’y attend pas. Saajan rajeunit de dix ans grâce aux spécialités d’Ila, vérifiant le célèbre proverbe lorrain "un bon cuisinier vaut dix médecins" ; ainsi que le proverbe indien "Un mauvais train peut amener à la bonne gare." Peut-on tomber amoureux de quelqu’un qu’on ne connaît pas grâce à sa nourriture ? Tel est le fil (conducteur de ce film) refermant délicatement les aubergines farcies que prépare tendrement Ila pour Saajan !
© Jean DORVAL, le 28.12.2013, pour LTC Kinéma.
Notes :
(1) Source documentaire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dabbawallah
04:21 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : lunchbox, le film, mumbai, bombay, dabba, dabbawala, lunch, inde, maharashtra, le système "dabbawallah", unique au monde, livraison de lunchbox, écrite et réalisée par ritesh batra, irrfan khan dans le rôle de "saajan", nimrat kaur ("ila"), nawazuddin siddiqui ("shaikh"), « the immigrant : ewa (cybulski) ou la seconde vie de marion (co, charlie chaplin, 1917, the immigrant le film, réalisateur, james gray, en vost, polonais, anglais, marion cotillard, joaquin phoenix donne vie à « bruno weiss » ; jeremy renner est, « belva » ; jicky schnee, « clara » ; yelena solovey, « rosie hertz » ; maja wampuszyc, « edyta bistricky » ; et ilia volok, « voytek bistricky », la statue de la liberté, lady liberty, new york, l’ecole des ashcan painters de new-york, george bellows, everett shinn, ric menello, scénariste, le directeur de la photographie du film, est le franco-iranien, darius khondji, ellis island, john axelrad, le chef monteur, happy massee, le chef décorateur | Facebook |
22/12/2013
"THE IMMIGRANT : EWA (Cybulski) OU LA SECONDE VIE DE MARION (Cotillard)."
"The Immigrant" - un très beau clin d’œil à Charlie Chaplin qui a sorti Lui aussi une toile du même nom en 1917 (1) - est projeté en France depuis le 27 novembre 2013. D’une durée d’1h57, ce drame historique sentimental américain réalisé par James Gray est à apprécier sans modération uniquement en VOST, comme une excellente cuvée cinématographique réservée aux seuls connaisseurs. Dans ce tableau vivant de Maître, Marion Cotillard tient le premier rôle en incarnant magnifiquement "Ewa Cybulski", Joaquin Phoenix donne vie à "Bruno Weiss", Jeremy Renner est "Orlando le Magicien", Dagmara Dominczyk "Belva", Jicky Schnee "Clara", Yelena Solovey "Rosie Hertz", Maja Wampuszyc "Edyta Bistricky", et Ilia Volok "Voytek Bistricky".
Pour cette péloche de rêve, James Gray a aussi participé au scénario en collaboration avec Ric Menello son coscénariste. Un vibrant hommage est rendu à ce dernier qui est décédé le 1er mars 2013 avant la sortie du film. Gray se souvient : "Je suis très heureux d’avoir pu montrer "The Immigrant" à Ric avant sa disparition. Sa mort a été une réelle épreuve pour moi. Il était très important à mes yeux, et j’espère que je l’étais pour lui. (...) Quand le scénario était terminé, sa participation prenait fin. Il ne venait jamais sur le plateau. Bien sûr, il m’arrivait de l’appeler pour lui parler d’un acteur ou d’une scène. Et à la fin, je lui montrais le film fini." Avant "The Immigrant", les deux artistes ont travaillé ensemble en 2008 sur le scénare de "Two Lovers". Menello a aussi été consultant pour Gray sur le tournage de "La Nuit Nous Appartient" en 2007.
"Dempsey and Firpo", 1924, by George Bellows.
"1899 Winter on 21st Street", New York pastel on grey paper 51.8 x 61.9 cm, by Everett Shinn.
UN FILM RéALISTE à L’IMAGE D’UN TABLEAU DES ASHCAN PAINTERS.
Le directeur de la photographie du film est le franco-iranien Darius Khondji. Il a tourné entre autres chefs-d’œuvre : en 1997, "Alien, la résurrection" ("Alien : Resurrection") de Jean-Pierre Jeunet ; en 1999, "Prémonitions" ("In Dreams") de Neil Jordan, et "La Neuvième porte" ("The Ninth Gate") de Roman Polanski avec Johnny Depp ; en 2000, "La Plage" ("The Beach") de Danny Boyle ; en 2002, "Panic Room" de David Fincher avec Jodie Foster ; et avec Woody Allen : en 2011, "Minuit à Paris" ("Midnight In Paris"), et en 2012, "To Rome With Love". James Gray, qui fait toujours un travail préparatoire très fouillé avec ses collaborateurs avant le tournage de tous ses films, a montré à Khondji, plusieurs tableaux de George Bellows (2) et d’Everett Shinn (3) - deux peintres ayant vécu à New-York au début du XXe siècle, membres de l’Ecole des Ashcan Painters de New-York puisant leur inspiration dans la chronique et la lithographie, cherchant à capturer le réel, se plaçant en photographes du moment présent, fixant l'instantané en sépia - afin de définir avec lui la tonalité visuelle à donner à son film. De plus, pour préparer "The Immigrant", Gray s'est inspiré de l'Histoire de sa propre famille de manière lyrique sur une scénographie calquée sur l’Opéra : "En 1923, mon grand-père et ma grand-mère (venus de Russie, nda) sont arrivés aux Etats-Unis en passant par Ellis Island (où ils ont pris de nombreux clichés, nda). J’ai entendu, bien sûr, d’innombrables anecdotes sur Ellis Island, et le lieu m’a longtemps obsédé. J’y suis allé pour la première fois en 1988, avant la restauration de l’île. Tout était resté intact, comme figé par le temps. C’était une vision troublante, ces formulaires d’immigration à moitié remplis, répandus par terre… Ellis Island m’est apparue comme un endroit hanté par des fantômes, ceux de toute ma famille. J’ai donc conçu le projet d’un film qui viendrait de cette histoire." Sur trente-quatre jours de tournage de "The Immigrant", deux se déroulent sur Ellis Island dans les vrais locaux historiques, et ce, sous les yeux bienveillant de "Lady Liberty" ("Le Phare des Immigrants" qui apparaît au tout début du film dans le brouillard comme pour renforcer la difficulté de "débarquer" aux States sans invitation). Une opportunité pour Gray qui rappelle que : "(Elia, nda) Kazan a reconstitué Ellis Island pour "America, America" (1963), tout comme Francis Ford Coppola pour "Le Parrain 2" (1974), mais ils n’avaient pas pu tourner sur place. J’avais donc une chance assez unique et j’ai essayé d’être le plus fidèle possible à la réalité historique." Sur le tournage de "The Immigrant", James Gray travaille aussi avec John Axelrad, le chef monteur de ses deux films précédents : "La Nuit Nous Appartient" (2007) et "Two Lovers" (2008) ; ainsi qu'avec Happy Massee, le chef décorateur de "Two Lovers" (issu de l’école des Arts Appliqués de Paris, installé à New York, et qui a notamment été nommé au MTV Music Video Award des meilleurs décors pour le clip de Madonna "Take A Bow.").
Bruno et Ewa sur Ellis Island.
Ewa fait tout pour retrouver sa soeur restée sur Ellis Island.
Bruno "protège" Ewa...
MARION COTILLARD VéRITABLE "MUSE D’(i)OR" !
Pour ce film, Marion Cotillard a pris totalement possession du corps d’Ewa Cybulski, jusqu’aux expressions de son visage. Pour elle ce n’est pas un simple rôle, elle vit son personnage comme une seconde, voire une première nature. Gray fait sa connaissance au cours d'un dîner pour le film "Blood Ties" (sorti en 2013 et dans lequel joue Marion) de Guillaume Canet (le compagnon de "La Sirène Française") dont il a signé le scénario. C’est à ce moment qu’il décide de la faire jouer dans "The Immigrant" : "Elle est si expressive qu’elle pourrait être une actrice du muet. Bien sûr, j’ai fini par lui donner une tonne de dialogues ! (...) Il me semblait qu’elle était capable de transmettre un état d’âme d’une façon non verbale." "The Immigrant" est le premier film en langue anglaise dans le lequel la Française tient le rôle principal. Elle a déjà joué des rôles secondaires dans plusieurs films anglophones d’envergure : "Nine" en 2009 de Rob Marshall, "Inception" en 2010 et "The Dark Knight Rises" en 2012, deux films de Christopher Nolan. Dans la filmographie de Gray, c’est aussi la première fois que le personnage principal est une femme ; en effet, "Little Odessa" en 1994 compte l’histoire de deux frères joués par Edward Furlong et Tim Roth, "The Yards" en 2000 met au centre du film Mark Wahlberg, tandis que Joaquin Phoenix joue le rôle principal dans "La Nuit Nous Appartient" ("We Own The Night") en 2007 et dans "Two Lovers" en 2008.
Marion Cotillard a tellement travaillé son personnage d'immigrante polonaise qu'elle a réussi à bluffer jusqu’au réalisateur James Gray (et les Polonais eux-mêmes). D’ailleurs, il raconte à propos de son parfait accent polonais : "Un jour, j’ai demandé à l’actrice qui joue sa tante ce qu’elle pensait du polonais de Marion. Elle m’a dit qu’il était excellent, mais avait une pointe d’accent allemand. J’en ai parlé à Marion qui m’a répondu : Bien sûr, c’est fait exprès puisque mon personnage vient de Silésie, une région située entre l’Allemagne et la Pologne." Perfectionniste jusqu’au bout cette Marion !
Ce plan là un vrai tableau des Ashcan Painters !
Le Phoenix, film après film, renaît toujours de ses cendres (cinématographiques).
Joaquin Phoenix (l’Empereur Commode en 2000 dans "Gladiateur" de Ridley Scott), qui voulait arrêter le cinéma, retrouve un second souffle dans le rôle de Bruno Weiss. Il y campe un très bon "mac-héros". Un personnage dual - mi-ange, mi-démon - qui tombe éperdument amoureux d’Ewa, une de ses prostituées, qui lui échappe totalement et qu’il ne peut contrôler. Malgré, son côté très mauvais garçon, il est prêt à tout pour elle… Dès le deuxième film de Gray "The Yards" en 2000, Phoenix devient l’acteur fétiche du réalisateur.
Une femme aux aboies dans toute sa beauté : mélange d'innocence et d'endurance.
"THE IMMIGRANT" : UN INSTANTANé HISTORIQUE PLEIN D’HUMANITé !
Depuis 1994, dans tous ses films, James Gray nous régale avec du cinéma de très très haute volée, filmant New York "SA Ville", ses habitants, ses mafiosis et ses gangsters comme un artiste-reporter intimiste et généraliste à la fois, comme un témoin à qui rien ne peut échapper jusqu’au détail. Il grandit tout pour le plus grand plaisir de tous nos sens. Cette Pointure Cinématographique, qui jusqu’à présent ancrait sa filmographie dans son temps, innove en créant "The Immigrant", son premier film situé dans le passé. Dans chacune de ses toiles, il reste cependant très attaché au sujet de l'immigration à New York. C'est aussi la première fois que Gray filme Ellis Island, lieu fortement symbolique empreint d'Histoire, ayant abrité le service d'immigration de New-York jusqu'en 1954.
Marion (ou Ewa...) : ingénue, tendre et craquante à la fois !
Un "Orlando le Magicien" très années 30, fou amoureux d'Ewa (comme Bruno).
On comprend pourquoi Guillaume Canet a craqué.
"Terre Promise en (longue) vue !"
L’action se passe en 1921, au sortir de la Première Guerre Mondiale. Ewa et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la "Terre Promise" : New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de tuberculose, contre toute attente est placée en quarantaine. Ewa se retrouve seul, désemparée et désespérée. Elle tombe alors entre les griffes de Bruno, un souteneur sans scrupules (et finalement au Grand Cœur…), animateur d’un théâtre plutôt spécial… Pour sauver sa sœur, Ewa est prête à tous les sacrifices et se livre, résignée (comme de nombreuses autres femmes), à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance en elle et l'espoir en des jours meilleurs. Mais, c'est sans compter sur la jalousie maladive et incontrôlable de Bruno... "The Immigrant" est le film qui tombe à pic ; celui qui, de toute beauté et sensibilité à la fois, tant dans les rôles que dans l’image, délivre sans heurter, subtilement, son message politique : le douloureux parcours du combattant de 40 millions de candidats à l’immigration aux Etats-Unis d’Amérique, dans un temps très réduit, et dans des conditions très stressantes et inhumaines. Ce docu-fiction romancé est bonifié par la formidable interprétation d’acteurs de renom. Il confirme avec éclat que James Gray, plus que jamais, est l’un des meilleurs cinéastes de sa Génération. "The Américan Dream", cette quête au bonheur qu’Ewa traduit par un timide et charmant "I want to be happy" ("Je veux être heureuse"), est difficile à trouver, mais elle a du courage à revendre afin d’affronter les épreuves qui l’attendent. Le fil conducteur de "The Immigrant" suit une histoire d’amour impossible et de jalousie exacerbée (qui elle est bien réelle !) entre deux hommes pour posséder une femme qu’ils n’auront finalement pas. Le bain de sang, mêlé de haine et de passion, qui suivra n’en sera que plus brutal. Un mélo magistral, donc, mené de main de Maître par Gray, emprunt de pudeur dans un premier temps, et de violence contenue, puis exprimée. La fin de cette histoire n’est que le début d’une nouvelle vie, sera-t-elle meilleure ? Foncez voir ce film pour le savoir !
© Jean DORVAL, le 21.12.2013, pour LTC Kinéma.
Sources documentaires : http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Immigrant et http://www.allocine.fr
Notes :
(1) http://www.youtube.com/watch?v=GjzEdbVF4iM
(2) Bellows se forme chez le peintre new-yorkais Robert Henri. Il s'attache à représenter New York grâce à un travail sur la composition. Sa peinture particulièrement expressive, explore les faits divers, la vie quotidienne, les marges de la société et les milieux populaires, illustre la violence urbaine (illustrée entre autres par d’intenses combats de boxe), se faisant le reflet des tensions et des ambigüités de la société américaine de son temps.
(3) Everett Shinn est un peintre réaliste moderniste qui explore la représentation de la vie réelle à New-York (la rue, le théâtre, le milieu du luxe, la vie moderne, etc.).
La fuite... et après la nouvelle vie ?
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06/11/2012
« MDR LOL, TIM BURTON JOUE A FRANKENSTEIN ! »
« Frankenweenie », le dernier film de Tim Burton (Studios Disney), est la création d’un pur génie, d’un homme qui a la foi dans son œuvre. Tim Burton avec panache monte en puissance à chacune de ses productions et ce film d’animation en est la preuve supplémentaire. Et pour ce dernier volet, Tim Burton remonte aux sources de son inspiration, puisque « Frankenweenie » est la réinterprétation d’un de ces courts métrages de 1984, dans la même veine que « L’étrange Noël de M. Jack » et « Les Noces Funèbres ». Ce conte fantastique sur la destinée d’un chien ramené à la vie par son jeune maître confirme que Tim Burton est un Maître du bricolage, de l’image et de l’animation. L’Artiste, le Créateur, s’amuse comme d’habitude, comme un petit fou, à ré-explorer son univers fétiche : la Mort. Il entretient ainsi un perpétuel flirt avec l’au-delà. Il apporte par la même son interprétation très particulière de l’après-mort ; le tout dans une ambiance des plus échevelées, pleine de drôleries, de tendresse et de moqueries bon enfant, qui au final touche le spectateur au plus profond de son âme. Sparky est un chien mort-vivant qui peut viser sans problèmes l’Os-car d’or 2013 du meilleur clébard à l’écran, tant il est attachant et bon dans son rôle fait sur mesure.
© Photo ci-dessus : http://www.themaninthemoviehat.com/frankenweenie-burton-s...
SPARKY AUDACIEUX FRANKENSTEIN JR.
Après la mort soudaine de Sparky - son chien et meilleur ami, qu’il adore - le jeune Victor (un personnage émouvant et sensible) se tourne vers la Science pour le ramener à la vie ; en lui apportant au passage quelques modifications… Victor dépassé par sa découverte, va tenter de cacher sa « création maison ». Mais, suite à la fugue de Sparky, les camarades de Victor, ses professeurs et la ville toute entière vont découvrir que redonner la vie peut entraîner quelques monstrueuses conséquences... Avec en fin de bobine, un petit clin d’œil à « Van Helsing » - le film fantastique américano-tchèque de Stephen Sommers de 2004 - quand la population enragée et armée de torches veut tuer « Frankenweenie » en brûlant le moulin surplombant la ville où il s’est réfugié, ce film s’érige naturellement en plaidoyer contre l’intolérance et en faveur de l’Amour que peuvent se porter un être humain et un petit animal plein de malice. Un film donc pour tous ceux qui connaissent la douleur d’avoir perdu un proche (à quatre pattes). 1h27 d’évasion, accessibles dès 10 ans, que l’on regarde avec beaucoup d’intérêt et de plaisir (canin).
© Jean DORVAL, le 06.11.2012, pour LTC Kinéma.
21:21 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : frankenweenie, tim burton, studios disney, les noces funèbres, sparky, victor, l’étrange noël de m. jack, film fantastique, skyfall, james bond, angleterre, espionnage, my names is bond, fête ses 50 ans, grande rétrospective, à toronto, canada, le 23ème opus, de la série, réalisateur, sam mendes, daniel craig, bérénice marlohe, jane eyre, charlotte brontë, cary joji fukunaga, mia wakisowska, michael fassbender, « hatchi » le film, une comédie américaine, france, tirée d’une histoire vraie, réalisée en 2009, par lasse hallström, le chocolat le film, johnny depp, juliette binoche, 2000, terre neuve le film, kevin spacey, julianne moore, paul young, joe jackson, u2 le groupe, jean dorval, jean dorval pour ltc live, ltc live : la voix du graoully, la scène ltc live, la communauté ltc live, listen to your eyes en ltc live | Facebook |
04/11/2012
« CODE SKYFALL : MORT DE BOND, « M. » SUR LE GRIL, MI-6 OUT… »
Ceux qui aiment en intro de leur « BOND » préféré, les traditionnelles courses poursuites vont être servis avec « Skyfall » (sortie nationale le 26 octobre 2012). En effet, dans le 23ème volet des aventures du plus célèbre espion anglais, « Double°O°Seven », le réalisateur Sam Mendes a mis toutes ses tripes et toute son expertise. Le résultat est tout simplement grandiose. On passe d’une moto roulant à fond la caisse à un train fonçant à tombeau ouvert, des rues jouxtant la Mosquée Bleue aux toits du Grand « Bazaar » (en turc dans le texte) d’Istanbul, d’une cascade époustouflante à un carambolage plus torride encore, d’un tir fourni de mitraillette à balles à uranium appauvri à la destruction apocalyptique d’un véhicule, etc. En clair, les prouesses technico-numériques rivalisent les unes avec les autres en direct, les scènes à mach 21 s’enchainent sans cesse, les matériels et les acteurs s’en prennent plein la gueule, etc. Le tout pour notre plus grand plaisir ! Toutes les bonnes vieilles ficelles du genre sont ici réunies, avec cette fois-ci, encore plus d’envie de la part du réalisateur et de toute son équipe de techniciens infernaux d’en mettre plus que plein la vue aux fans d’effets très spéciaux d’action à réaction. Un scénario certes classique mais qui a le bon goût de scotcher les spectateurs dès le début dans leur siège (jusqu’à « The End »). Le générique (et sa chanson), cependant, est un peu (beaucoup) décevant, trop sanguinolent et trop "déjà vu" dans sa symbolique et sa scénographie. Il donne, sans grande originalité, l’impression d’être tourné dans l’aquarium d’un restaurant chinois, sans effets spéciaux (vraiment) nouveaux. Mais rassurez-vous, c’est juste un petit clin d’œil aux génériques des très vieux opus de la célèbre saga… On notera aussi dans ce numéro le retour (très positif) de l’Aston Martin DB5, immatriculée « FMP 7B » (une des plus sexy James Bond Cars). Avec, Elle, par contre, pas de mauvaises surprises : en avant les gadgets rétros toujours au top !
« 007 » FETE SES 50 ANS. « CHAMPAGNE ! »
James Bond est ici une fois de plus incarné par Daniel Craig. Le célèbre espion de « Sa Gracieuse Majesté », qui fête cette année ses 50 ans, comme tous les bons millésimes, s’expose dans une très belle rétrospective, jusqu’au 20 janvier prochain à Toronto. Cette Première nord-américaine a été inaugurée juste avant la sortie du film. Avec ce long métrage, qui ne semble pas durer ses 2h23, tant on est pris dans le feu de l’action, Bond nous est servi à point, heu pardon… à maturité. Le héros des héros, rebelle par excellence, nous montre de plus ses faiblesses, dont… il fait finalement sa force, grâce à une persévérance et une force physique hors du commun. A cela, vous rajoutez tous les ingrédients qui font le succès de ce grand événement cinématographique, qui passionne son Public depuis 1962, année de lancement de « James Bond Contre Dr. No », un film de Terence Young, avec Sean Connery et (huuummm !!!) Ursula Andress (la pin-up qui sort de la mer avec un joli bikini blanc). Et voilà, comment perdure le Mythe de Celui qui dit tout le temps : « My name is Bond… James Bond. »
UNE PETITE « BOND » D’ADRENALINE.
La dernière mission en date de Bond tourne mal et plusieurs agents infiltrés du MI-6 se retrouvent exposés à la vengeance de leurs ennemis dans le monde entier. Dans la foulée, le siège du MI-6 est rasé par une mystérieuse explosion, qui force « M. » à mettre à l’abri l’Agence la plus connue du monde (avant la CIA, na !). Ces graves événements ébranlent son autorité. Remise en cause dans ses méthodes de travail par les plus hautes Autorités du pays - et dont Mallory (son futur successeur…), le nouveau Président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité - la N°1 du Renseignement Anglais est sur le grill. Désormais menacée tant de l’intérieur que de l’extérieur par un terroriste « haut de gamme », le très mystérieux « Raoul Silva » (un rôle de dingue tenu sur mesure par Javier Bardem), elle marche sur des œufs (explosifs) et voit soudainement sa vie menacée. Il ne reste plus à « M. » qu’à remettre son existence entre les mains de son seul homme de confiance : l’ineffable Bond, et ce, même si elle l’a trahi… (et tué). Plus que jamais, « Double°O°Seven » va devoir agir dans l’ombre (de « M. »), avec l’aide d’Eve Moneypenny (cela ne s’invente pas…), un agent tout terrain (aux « gadgets » physiques très convainquants). Le duo - qui (pour une fois) s’en tiendra à un petit rasage à l’ancienne, très « hot », de Bond - se lance alors sur la piste du fameux "Raoul". Il lui faut identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel de ce méchant en gants blancs…
En conclusion, il faut avouer que le rôle de la James Bond Girl de « Skyfall », « Séverine », est tenu avec brio par la « pitite française » (« cocorico !!! ») Bérénice Marlohe. Cette brunette très « Waaooouuh !! » est, comme qui dirait, une féline-caline. Tout un programme ! Huuummm Bérénice ! Couché le loup de Tex Avery ! « FFiiiiiiiiiiiiiiiiiOUiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! » (sifflement affirmé) et « Yaaaouuhh !!! » (grande explosion de joie admirative). « That's all, folks ! » THE END… (couché le loup ! bruits de coups…)
© Jean DORVAL, le 04.11.2012, pour LTC Kinéma.
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13/08/2012
« MAUX D’AMOUR… MOTS D’AMOUR POUR JANE EYRE. »
« Jane Eyre » est le premier roman publié par la romancière britannique Charlotte Brontë (1816-1855). Débuté en août 1846, ce chef-d’œuvre est achevé un an plus tard. Edité par la Maison Smith, Elder and Co, le 16 octobre 1847, sous le pseudonyme de « Currer Bell », son succès est immédiat, et provoque même la parution précipitée de deux romans des sœurs de Charlotte : « Les Hauts de Hurlevent » d’Emily Brontë et « Agnès Grey » d’Anne Brontë… Le réalisateur américain de talent Cary Joji Fukunaga, pas avare de beaux sentiments, vient d’adapter cette magnifique œuvre littéraire au Kinéma (à voir dans son jus, en VOST). Et il en a fait un très beau film sentimental que le poète romantique anglais John Keats aurait pu introduire tant le phrasé des deux Amants est grandiose et sublime :
« J’implore votre merci – pitié – amour ! – oui, l’amour !
L’amour miséricordieux qui n’excite pas les désirs,
Qui n’a qu’une pensée, ne vagabonde jamais, l’amour sincère,
Sans masque, et quand il se montre – sans aucune tâche !
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Oh ! que tout cela soit à moi, -tout – soit mien !
Cette forme, cette beauté, cette douce, cette légère marque
D’amour, votre baiser, - ces mains, ces yeux divins.
Ce sein brûlant, éclatant de blancheur, prometteur de mille plaisirs, -
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Vous-même – votre âme – par pitié donnez-moi tout.
Ne me refusez pas un atome d’atome, ou je meurs,
Ou, si je vis, peut-être, votre esclave infortuné
-----------
Oubliera, plongé dans une langoureuse détresse,
Le but de son existence – le palais de mon esprit
Perdant son goût, et son ambition aveugle ! »(1)
LETTRES DE NOBLESSE, LETTRES D’AMOUR…
Même, si dans ce long métrage, la rigueur de l’Aire Victorien refroidit un peu les ardeurs, il n’en reste pas moins que l’essentiel est là dans cette toile impressionniste en clair obscur : une rencontre entre un homme et une femme qui ne sont pas de la même classe sociale, mais qui pourtant tombent amoureux. Entre eux l’alchimie est immédiate. Le regard « d’Elle » est timide, mais rend déjà les armes. Le regard « d’Lui » est sûr et certain de son choix, et il fait mouche ! Elle n’a rien, il a tout. Elle est belle, il est beau, en dedans comme en dehors. Le charme opère ! La très belle campagne anglaise fera le reste, avec ses tonalités et ses lumières particulières, servant de décor divin à ce film d’une beauté époustouflante. L’Amour est dans le verger ! Il y a du respect dans cette relation, de la retenue, du partage, de l'harmonie, une découverte progressive de l’Autre… Un petit quelque chose de plus, de pur, d'essentiel, qui fait toute la différence, qui fait que cette relation va durer contre vents et marées, et ce, pour la Vie. Même la séparation ne peut les séparer ! Un exemple à suivre dans notre siècle de mal amour…
JANE EYRE AU PAYS DU MERVEILLEUX AMOUR.
Jane (interprétée par la succulente et craquante australienne Mia Wakisowska, qui interprète à ravir Alice dans « Alice au pays des merveilles » de Tim Burton) est engagée comme gouvernante de la petite Adèle, chez le riche Edward Rochester (joué par Michael Fassbender, un irlandais dont la mère est la descendante directe de Michael Collins, un des meneurs de la Guerre d'indépendance irlandaise). Cet homme ombrageux, tumultueux et passionné, qui campe l’archétype du personnage romantique ne tarde pas à être sensible aux charmes, à la fraîcheur, et à la spontanéité de la jeune femme. C'est le début d'une folle passion, bouleversante, que je vous conseille d’aller vivre en direct dans votre salle de Kinéma préférée.
© Jean Dorval, le 13 août 2012, pour LTC Kinéma.
Notes :
(1) Extrait de « A Fanny. » de John Keats (1795-1821), in « Poèmes d’Amour » (1820).
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27/06/2012
LES BEST OF JD : "A METTRE TROP D'EAU POUR LES ELEPHANTS, ON TROMPE ENORMEMENT LE SPECTATEUR !"
Dans son dernier film « De l’eau pour les éléphants » (sortie nationale le 04 mai 2011), Francis LAWRENCE s'est donné les moyens de réussir une grande fresque historique (et romantique). Il signe, là, un véritable chef-d’œuvre, avec le sens du détail qu’on lui connaît. L’image est très travaillée (presque de la photo d’art), les décors sont soignés, la reconstitution de la vie du cirque très réaliste. On ressent parfaitement les soubresauts du petit monde du cirque, en fait une véritable ville en mouvement perpétuel, dans les grands espaces américains, grâce au train, avec sa hiérarchie cruelle, quasi-animale, où seuls les plus forts gagnent. L’exploitation humaine qui en découle n’en est que plus inhumaine : violence, rivalité, problèmes sociaux graves, etc.
LE « LAWRENCE NOUVEAU » EST LA !
Ce long métrage représente un changement radical de registre pour Francis LAWRENCE qui, après la science-fiction et l'adaptation de « Je suis une légende » de Richard MATHEWSON, avec Will SMITH dans le rôle de Robert Neville, se lance désormais dans un drame romantique. Ce film est une adaptation du roman historique à succès, « Water for Elephants » (« De l'eau pour les éléphants »), de la canadienne Sara GRUEN, paru aux États-Unis en 2006, traduit de l'anglais par Valérie MALFROY, publié en France en 2007 chez Albin Michel. Une toile dans laquelle LAWRENCE donne la vedette à un quatuor d’acteurs : Robert PATTINSON (dans le rôle de Jacob JANKOWSKI), le héros de la saga « Twilight » ; la blonde incendiaire Resse WITHERSPOON (Marlène, l’épouse d’August), Christoph WALTZ (August), et l’éléphante Rosie !
UNE DECEVANTE HISTOIRE (D’AMOUR), BANALE, VIDE DE SENS…
Autant être franc de suite, le résultat du scénario de ce film n’est pas à la hauteur de l’ambition affichée par le réalisateur, côté Romantisme. Le scénario est prévisible en permanence, du début jusqu’à la fin. Cela en devient même gênant, tellement c’est flagrant ! On devine l'histoire dès les premiers tours de manivelle, et on sait comment sera la chute, dès l’arrivée du héros dans la troupe du cirque. Un film, donc, sans surprise, qui ne réussit pas vraiment à nous emballer. Une belle réalisation esthétique, certes, mais à qui il manque LE « Petit Plus » qui nous transporte, nous fait rêver, voire craquer. L’atterrissage en est que plus dur pour ceux qui s’attendaient à être transcendés. Une grande déception qui malgré de nombreuses situations émouvantes… nous refroidit. La passion torride n’est jamais palpable entre nos deux tourtereaux (PATTINSON et WHITERSPOON). Un couple fade, sans brio ni panache, qui ne crève pas l’écran. Pourtant, ils sont beaux, ils jouent bien, ils avaient tout pour réussir, mais entre eux, il n’y a pas d’alchimie, de fusion. Par contre, comble de l’ironie, la relation entre le personnage de Robert PATTINSON et l’éléphante Rosie est beaucoup plus touchante, émouvante. Et Reese WITHERSPOON, dans son rôle, a de meilleures scènes avec Christoph WALTZ, son époux psychopathe. C’est le monde à l’envers !
UNE HISTOIRE A VOIR QUAND MEME (pour s’occuper 01h55min…) !
Le film démarre en 1931, en pleine « Grande Dépression », aux Etats-Unis d’Amérique. A la suite d'une tragédie familiale, Jacob JANKOWSKI, un jeune étudiant en école vétérinaire, se retrouve subitement ruiné, obligé de tout quitter. Il rejoint par hasard, dans sa fuite en avant, un cirque itinérant. Il se fait accepter en échange des soins qu'il prodigue aux animaux, mais ne tarde pas à tomber sous le charme de Marlène, la belle écuyère, qui est aussi l'épouse du directeur du cirque, un être d'une extrême violence et totalement incontrôlable…
Mais, derrière la magnificence et la magie du cirque, Jacob découvre vite un univers impitoyable, pitoyable et miséreux. L’arrivée d’une éléphante nommée Rosie va tout faire basculer et sauver le scénar de la catastrophe. Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine Rosie bouscule tout sur son passage, et provoque un fatal rapprochement entre Marlène et Jacob qui doivent préparer un nouveau spectacle avec elle. Ce numéro doit permettre de renouer un temps avec le succès et de renflouer les caisses vides du cirque. Mais, Marlène et Jacob tombant amoureux, sous les yeux du terrible August, cela les met rapidement en danger et ils doivent fuir. La fuite sera tout aussi décevante que leurs sentiments, mais vous n’êtes pas obligé de me croire !
© Jean Dorval, le 24 mai 2011, pour LTC Kinéma.
INFOS PLUS :
http://www.deleaupourleselephants-lefilm.com/
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04/06/2010
PREFEREZ TOUJOURS « L’ORIGINAL » A LA « COPIE CONFORME » !
« Copie Conforme » (titre original : « Copia Conforme ») est un drame (franco-italo-iranien), d’1h46, sorti en France le 19 mai 2010, et réalisé par Abbas Kiarostami. Le casting est de toute beauté. Dans les rôles principaux ont trouve le duo de charme composé de la lumineuse Juliette Binoche (Elle) et du brillant William Shimell (James Miller). Les rôles secondaires sont occupés par : Jean-Claude Carrière (l’homme de la place), Agathe Natanson (la femme de la place), Gianna Giachetti (la patronne du café), Adrian Moore (le fils), Angelo Barbagallo (le traducteur), Andrea Laurenzi (le guide), Filippo Troiani (le marié) et Manuela Balsimelli (la mariée).
L'éternelle incompréhension
entre le "Monde des Hommes"...
...et le "Monde des Femmes".
UN JEU DE ROLE DANS LEQUEL ON NE DEMELE PLUS LE VRAI DU FAUX…
« Copie Conforme » est le premier film que le réalisateur iranien, Abbas Kiarostami, tourne en dehors de son pays natal. Ce dernier y met en scène un couple d’acteurs encore jamais vu à l’écran : l’actrice française Juliette Binoche et le baryton anglais William Shimell. Il nous conte, ainsi, l’histoire de James (un charmant intellectuel torturé), écrivain anglais, qui donne en Italie, à l'occasion de la sortie de son dernier livre, une conférence ayant pour thème les relations étroites entre "l'original" et "la copie" dans l'art. A cette occasion, il rencontre une jeune femme magique, nature et sensuelle (Elle), d'origine française, galeriste, qui l'entraîne pour quelques heures dans les ruelles d'un petit village italien, du sud de la Toscane. Un délicieux et authentique décor romantique !
Mystique féminine et conséquences...
Le mystère féminin étant ce qu'il est... soudainement, rien ne va plus. « Elle » s'amuse à faire passer James pour son mari, un homme trop souvent absent et qui surtout… la délaisse. L'écrivain se prête au jeu… Mais, ce n'est pas sans risques ! Et bientôt, un problème majeur va surgir : la dualité qui va opposer ces deux protagonistes à la fois avertis et à fleur de peau. Ce jeu devient alors dangereux, cruel à certains moments, à la limite du supportable... Et tandis que la tension monte crescendo, il devient très difficile de démêler le vrai du faux, dans une histoire qui alternativement monte en volume, puis se tasse... A ce moment précis, on ne distingue même plus « l’original » de « la copie », la réalité de la fiction. Mais, est-ce bien, là, le « vrai » fil conducteur de cette toile ? Ou bien le réalisateur essaye-t-il, plus simplement, de nous entraîner dans les méandres sans fin des oppositions homme/femme ? Dans tous les cas, voici une histoire qui invite à la réflexion, à prendre du recul. Un scénario haletant, sans fioritures, axé uniquement sur « LA » Relation entre un homme et une femme ordinaires, mais dont la rencontre devient extraordinaire et universelle, en même temps qu'elle vire au drame. En quelques sortes, c’est l’Histoire particulière d’Elle et de James, mais cela pourrait être tout aussi bien la Vôtre ou celle des Autres. Etre à tout le monde sans appartenir à personne, voilà ce qui fait l’originalité de ce film...
© Jean Dorval, pour LTC Kinéma, le 03 juin 2010.
Une femme désabusée, belle dans sa solitude...
09:40 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : jean dorval pour ltc kinéma, copie conforme le film, un drame, abbas kiarostami, réalisateur, un jeu de rôle | Facebook |
08/12/2009
LES HISTOIRES D’AMOUR (capitalistiques) FINISSENT MAL EN GéNéRAL…
« Capitalisme : Une Histoire d’Amour » (titre original : "Capitalism : A Love Story"), un documentaire politico-économique et social, américain, d’une durée de 2h07, a été réalisé, scénarisé et écrit par Michael Moore. Ce grand bonhomme a produit cette excellente toile revendicative en collaboration avec Kathleen Glynn. Michael Moore dans ce long métrage examine à la loupe, avec un œil à la fois humain pour les humbles et sévère envers les profiteurs - comme il l'a fait il y a vingt ans avec « Roger and Me » - les méfaits de l’ultralibéralisme, le démantèlement organisé de l’outil de production américain pour faire « place » à de « nouvelles valeurs » fondées sur le « tout crédit », le matérialisme outrancier et le non-respect de l’Environnement. Il compare à juste titre ces décisions égoïstes des nantis au mal le plus extrême, au diable. L'impact des politiques économiques sauvages menées principalement sous Reagan et Bush Junior (mais aussi sous Bush père et Clinton, mais il ne dit pas…), sous l’influence des lobbies des grosses entreprises américaines (qui étendent au travers le Monde leurs méfaits socio-économiques, broyeurs d’écosystèmes), est indéniablement pervers et nocif. Ces exploiteurs sans scrupules pourrissent la vie des simples travailleurs (considérés comme du matériel) en organisant méthodiquement, inhumainement et légalement (avec l’aval du Système et grâce à des Lois abusives…) leur faillite personnelle, en leurs faisant prendre des crédits à taux usuriers et non fixes. Tous ces gens se sont retrouvés à la rue, ruinés, sans que cela ne provoque d'états d’âme dans une classe dirigeante aux ordres des vendeurs de misère. Michael Moore dénonce aussi dans ce brûlot anticapitaliste (mais, qu’on se rassure le communisme mortifère n’est pas plus à glorifier…) les liens unissant de nombreux banquiers au pouvoir en place, en abordant le plan de relance de l'économie qui a coûté plusieurs milliards aux contribuables de son pays. Au nom du Peuple Américain souverain, il va même jusqu’à simuler l’arrestation de ces coupables-profiteurs (protégés par la nomenklatura systèmisante) et tenter de leur demander le remboursement du produit de leur racket… Michael se sert de son bagou jusqu’au bout, en entourant les sièges sociaux luxueux et flambants neufs de ces grands trusts planétaires de bandes plastiques jaunes avec marquage noir, utilisées par la Police américaine, délimitant les scènes de crimes Outre-Atlantique : « crime scene do not cross ». Enfin, à travers l'exemple d'entreprises coopératives, de familles expropriées ou de celui de travailleurs de Chicago ayant occupé leur usine afin d'être payés de leur dû, Moore révèle à la face du Monde que l'amour que les Américains ont toujours porté à leur système économique est mort. Des millions de nouveaux pauvres qui viennent s’ajouter aux millions de pauvres déjà existants deviennent de fait des contestataires, prêts à tout pour être respectés par les élites. Cela sent l’insurrection permanente ! Michael balance à froid ce qui ne va pas aux States (et ça fait mal !) et contribue, ainsi, par des notes d’humour (noire…) à faire passer son message dénonciateur d’inégalités, jusqu’à payer de sa personne tout au long du film. Cette honteuse situation américaine organisée grandeur « pas Nature » a contaminé la France, l’Occident, toute l’Humanité. C’est ce qu’on appelle « La Crise ». A chaque fois que les Grands de ce Monde toussent et se réunissent, ou qu’explose une bulle financière, les Altermondialistes tirent la sonnette d’alarme. A bon entendeur salut !
© Jean Dorval pour LTC Kinéma.
00:22 Publié dans LTC KINEMA | Lien permanent | Tags : « capitalisme : une histoire d’amour », « capitalism : a love story », documentaire politico-économique et social, anticapitalisme, anticommuniste, ultralibéralisme, michael moore, réalisateur, film, cinéma, kinéma, jean dorval pour ltc kinéma | Facebook |