28/05/2012
"DE PERE EN FILS !"
Écarquillement, petites billes anthracites
Pleurs sans larmes
Plissement de paupières, façon tacite
Tu paraissais sans armes
Fragile jusqu'au bout des cils
Gémissement bredouillant
Fragile jusqu'au bout des cils
Frémissement vaillant
Délicieuse moue par ta bouche formée
Cheveux noirs ondulés, pâmés
Ta poitrine se soulevait, se rabaissait à plaisir
L'inaccessible tes doigts semblaient saisir
© Photo ci-dessus : vanille63.centerblog.net
Joues charnues qui s'exposent
Joues empourprées au gré des pauses
De menottes en petites anémones de mer
Il te fallait peloter la beauté de ta Mère !
49 centimètres de Vie animés
3 kilogrammes de Vie aimés
Sur le flanc gauche posés
Dans la couveuse déposés
© Photo ci-dessus : i-services.net
Devant l'Ecole de la Création réalisée
Parents émerveillés, arrivés
Masque du sommeil ravivé
Petit Pierre endormi, enfin apaisé !
© Jean Dorval, le 21 mai 1996, pour LTC Poésie.
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"POUR TOUJOURS, LES QUATRE SAISONS DE GORZE !"
© Photo ci-dessus : http://csport57.free.fr/spip.php?article146
Le vent souffle sur le très beau vallon où coule la Gorzia…
J’irai y reposer par un beau matin sans brume
Les animaux rencontrés, au hasard des balades d’antan, me rendront un vibrant hommage
Les arbres, sans contrainte, s’écarteront respectueusement
La buse qui veille sur moi poussera à nouveau son cri strident
Au lever comme au coucher du soleil, suivant le rite de Mère Nature,
Je continuerai à me promener dans les champs l’âme en paix
Je ne compterai plus les heures, le temps s’arrêtera pour mon plus grand plaisir
Le Semeuse fécondera toujours les terres d’abondance
Les troupeaux paisibles goûteront, encore et encore, l’herbe grasse
Et chaque moisson nourrira les jardiniers du paysage
Le pèlerinage de la Foi deviendra éternel
J’escaladerai le Mont Saint-Blin sans fin
En haut, je m’agenouillerai devant le Calvaire
Et je prierai pour le Salut du Monde
Aux pieds de Notre-Dame de Gorze, la Vierge dorée et adorée,
Je remercierai Mon Doux Seigneur de m’avoir toujours guidé ici-bas
Que ce soit en Automne, en Hiver, au Printemps ou en Eté,
Au rythme des quatre saisons de Gorze, je veux vivre ma seconde vie, une promesse sans limite d’appartenir à Ma Terre !
Au centre du monde spirituel d’une Abbaye jamais disparue de mon cœur où naquit le Chant Messin,
Respectueusement, je rejoindrai, alors, la table de ce vieil Abbé Commandataire
Et nous boirons enfin, ensemble, au Calice, le Sang du Christ, le Petit Gris de Moselle !
Jean Dorval, le 17 août 2008, pour LTC Poésie.
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LES BEST OF JD : « UNE PERLE LUMINEUSE DANS UN ECRIN DE NATURE. »
© Photo ci-dessus : http://www.voyage-campingcar.com/belgique-wallonie/abbaye-d-orval.html
Vous rêvez de prendre du recul le temps d’un week-end ? Une meilleure connaissance de vous-même serait un plus non négligeable dans votre vie ? Alors pas d’hésitation, optez pour la retraite spirituelle…
Au milieu d’une blancheur immaculée apparaît après un tournant « l’Abbaye d’ORVAL », près d’Arlon, en Belgique(1). « C’est un val d’or » resplendissant de lumière qui s’offre à la vue, en cette fin de mois de janvier 2004, serti de conifères majestueux. L’air vivifiant saisit le citadin et ouvre l’appétit. L’endroit est calme, paisible. L’homme y vit en harmonie avec mère nature et toutes les autres créatures. On distingue en cette fin d’après-midi ensoleillée les bâtiments de pierre de la vieille Abbaye, lieu de recueillement des moines trappistes qui se réclament de la Règle de Saint Benoît. Ils aspirent au silence et leur devise est « QUIS CONTRA NOS, SI DEUS PRO NOBIS »(2).
Le franchissement des murs d’enceinte se fait par une petite entrée qui communique sur une cour menant à la Porterie où un membre du personnel nous dirige vers l’Hostellerie toute proche. Tout est tenu avec goût, simplicité, on remarque bille en tête le mélange subtile des styles anciens et modernes, le travail des maîtres artisans tant dans les vitraux que dans les sculptures ou les mosaïques. Le Frère Hôtelier BERNARD J., accueillant et souriant, vous remet la clef de votre cellule, un petit logis d’environ 15 m² comprenant le stricte minimum du point de vue mobilier afin de conserver l’esprit de pauvreté qui sied à une retraite spirituelle.
Pour les repas on rejoint les autres retraitants dans la très belle salle à manger mise en valeur par une statue de la Vierge à l’enfant, une immense cheminée et de très beaux vitraux représentant des écussons. Ces moments simples se prennent dans la convivialité, en silence et en écoutant de la musique méditative. On y récite le bénédicité et les grâces. La cuisine est familial, de qualité, copieuse et équilibrée. Ces repas sont l’occasion de déguster les incontournables spécialités de l’Abbaye : la bière, le pain et le fromage d’ORVAL. Le service est assuré par le Frère Hôtelier. Par contre, on fait appel aux bonnes volontés pour aider le Frère HUGUES qui règne sur les cuisines et dont l’organisation est exemplaire, pour le débarrassage et le lavage de la vaisselle. Ce personnage haut en couleur inspire la sympathie et ces corvées collectives sont alors l’occasion de faire connaissance, on plaisante même…
Pour aller prier dans la Basilique, on a le choix entre couper par la grande cour intérieure (si le temps le permet) ou de passer par la longue enfilade de colonnades de plusieurs centaines de mètres. Dans tous les cas de figures le parcours inspire à la modestie. La Basilique est aussi un savant mélange d’ancien et de moderne. On regrettera cependant que « le tabernacle originel » ait été caché derrière d’immense tuyaux d’orgues qui en d’autres lieux trouveraient leur vraie vocation. Le silence des lieux rend amoureux de l’endroit et invite au travail d’introspection, à la prière. Les Frères se réunissent pour les offices religieux dès quatre heures du matin où ils font les Vigiles, et tout au long de la journée pour les Laudes, la Tierce, l’Eucharistie, la Sexte, la None, les Vêpres, et enfin les Complies vers vingt heures. Après… extinction des feux !
Lors d’un passage à l’Abbaye d’ORVAL il y a quatre « incontournables » : le magnifique « SALVE REGINA », chanté dans le noir, face à la Rosace éclairée représentant la Vierge à l’enfant, qui clôture les Vêpres ; les jardins disséminés un peu partout ; le jardin ZEN pour se retrouver face à soi-même ou parler à Dieu ; et la très belle bibliothèque dont les ouvrages (religion, philosophie…) sont en accès libre.
Les retraitants vont à l’Abbaye d’ORVAL pour se déconnecter du monde moderne trépidant. Ils apprécient tout particulièrement le silence des lieux, la beauté du site aussi bien du côté nature que du côté vieilles bâtisses. Il faut absolument profiter du moment pour faire de longues balades autour du site et visiter les ruines de l’ancienne Abbaye médiévale détruite pendant la Révolution Française. Sur le parcours on pensera à voir le diaporama expliquant la vie des moines, à visiter le musée et à faire une halte à la boutique où l’on retrouvera la célèbre trilogie d’ORVAL : le pain, la bière et le fromage ! Pour terminer son séjour dans la note, il ne faut pas oublier de nettoyer sa cellule avant de partir !
© Jean DORVAL, le 15/02/04, pour LTC Grands Reportages.
Notes :
(1) 6823 Villers-Devant-Orval, Belgique, Tél : 00-32-61-31-10-60 – Fax : 00-32-61-31-55-95 ou www.orval.be.
(1) "Qui peut être contre nous, si Dieu est pour nous."
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26/05/2012
SPECIAL REGGAE BY JD.
© Photo ci-dessus : DR http://www.blog-zik.com/sunshine-reggae
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17:16 Publié dans LTC LIVE : "LA VOIX DU GRAOULLY !" | Lien permanent | Tags : tiken jah fakoly, gainsbourg, peltre, jean dorval pour ltc live, ltc live : la voix du graoully, la scène ltc live, la communauté ltc live, si t wooz t ltc live, les concerts d'ltc live, hommage à gainsbarre, gainsbarre, serge gainsbourg, centre pompidou-metz, metz, moselle, lorraine, france, europe, ue, union européenne, législatives, présidentielles, 2012, jo de londres, jeux olympiques, de londres, mon légionnaire, montpellier, champion de france, football, metz handball, rpl 89.2, la raidio du pays lorrain, radio peltre loisirs, anciennement, une programmation originale, théâtre tangente varder, à la grange théâtre, théâtre, lachaussée, meuse, simon brouard, peter gabriel, reggae, spécial reggae, dub inc, bob marley, alborosie, groundation, danakil | Facebook |
25/05/2012
SPECIAL PETER GABRIEL BY JD.
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LES BEST OF JD : « LA CITADELLE DE BITCHE OU L’HOMMAGE RENDU A LA PORTE DE FRANCE ! »
© Photo ci-dessus : http://www.citadelle-bitche.com/site/index.php
Nichée au cœur du parc naturel régional des Vosges du nord, à la frontière entre la Lorraine et l’Alsace, une table de gré rose immuable, proéminence naturelle, bordée de tous côtés par la forêt, domine la luxuriante vallée de Bitche. Telle l’antique borne-frontière du « Breitenstein »(1), la citadelle, couronne de remparts majestueux, maternelle, protège l’ancienne citée blottie à ses pieds. Ce véritable nid d’aigle monte la garde, fixant à tout jamais la frontière aux marches de l’Est. Cette « « Porte de France » au passé prestigieux »(2) tournée vers le levant, garantit la virginale authenticité du « pré carré » si cher à Louis le 14ème. Important carrefour routier, Bitche est devenue une place forte afin d’assurer le contrôle des voies de passage de Metz et de Sarreguemines, de Sturzelbronn à Wissembourg, en direction de Pirmasens et de Deux-Ponts, et vers Ingwiller et Saverne.
UN PEU D’HISTOIRE…
« Au XIème siècle, (...) (la ville de Bitche, ndlr) fut le siège d’une puissante seigneurie qui relevait des ducs de Lorraine, qui la cédèrent en 1302 au comte de Deux-Ponts en échange de la ville de Sarreguemines. Celui-ci fit élever un château féodal sur le rocher, au pied duquel se développèrent deux hameaux : Rohr et Kaltenhausen. A la mort du dernier comte de Deux-Ponts, son gendre, le comte de Hanau-Lichtenberg, s’appropria la ville et y introduisit la réforme, ce qui fournit au duc de Lorraine un bon prétexte pour s’emparer de la cité, où siégeait le gouvernement de Deux-Ponts-Bitche, et la réunir à son territoire (1571-1572). En 1633, les suédois, alliés des français, détruisirent Rohr et Kaltenhausen et l’année suivante le maréchal de la Force réduisit le château. A plusieurs reprises les français occupèrent les lieux.»(4)
Dès la deuxième moitié du XVIIème siècle, une perpective cavalière signée du dessinateur de la Poincte donne une idée du château et de son site. L’auteur s’étant laissé emporter par son imagination a augmenté exagérément la surface du plateau, alors qu’elle n’a en réalité qu’une longueur de 400 m, pour une largeur moyenne de 33 m. Toutefois cela donne une idée générale des lieux et de précieux renseignements (la répartition des bâtiments, une série de tours de flanquement composait le mur d’enceinte, le plateau était constitué d’un seul bloc, etc. ). De ce château, vainqueur durant des siècles de tous les assauts ennemis, il ne subsistera que la base de deux tours !
« En 1679, au traité de Nimègue, la ville fut réunie à la France (…) C’est alors qu’à la place des deux hameaux ravagés par la guerre de Trente ans, Bitche prit son essor.»(4)
La réorganisation de la nouvelle frontière du royaume qui en découla rendit l’ancien château obsolète, faisant place à un nouvel ouvrage résolument moderne capable d’assurer la protection du nord-est du pays. Vauban, concepteur de la ceinture défensive du royaume, réalisa ce travail. Pour ce faire, il découpa le rocher en trois parties séparées par deux gorges profondes. La place fut très vite considérée comme imprenable, grâce à son système défensif perfectionné (série de bastions, réseau de souterrains, chemin couvert, bâtiments militaires dernier cri et armement puissant).
Cependant Bitche ne conservera que quelques années ce rôle stratégique. « Le traité de Ryswick (1697) restitua le comté (de Bitche, ndlr) au duc de Lorraine »(4), entraînant le démantèlement global des fortifications. Un régiment passa une année complète à détruire ce qui avait été édifié avec tant de peine ! Ah, si l’émission de TF1 « Combien çà coûte ? » existait à l’époque, cela ne se serait pas passer ainsi !
En 1737, lorsque la Lorraine revint à Stanilas Lesczcynski, ex-roi de Pologne et beau-père de Louis XV, la France hérita de ce qui restait du château et se réserva, suite à la convention secrète de Meudon de 1736, le droit de refortifier les principales places-fortes lorraines. La position clé de Bitche n’échappa pas au duc de Belle-Isle, gouverneur des Trois-Évêchés. Placée face au Palatinat, entre Landau et Sarrelouis, occupant le défilé des Vosges, elle devait absolument être refortifiée. A ces fins, Belle-Isle effectua de nombreux repérages pour convaincre, dès 1738, le ministre de la guerre de rétablir provisoirement le château. Les travaux de démolition des français, lors de leur précédent départ, avaient été parfaitement exécutés ; plusieurs mois furent nécessaires au dégagement des souterrains et « pour trouver la continuité de l’ancienne enceinte sur la berne »(2).
Puis en 1740, Louis XV décida la reconstruction de la citadelle. De 1741 à 1754, Les ingénieurs en chef Desboz et Chermont, sous la houlette de Cormontaigne, Directeur des fortifications, s’inspirèrent de Vauban. Grâce aux fonds importants engagés, ils le dotèrent des dernières innovations technologiques. Pendant toute la durée des travaux, plus de 100 000 livres l’an furent dépensées ! Entièrement financées par… les lorrains !
© Photo ci-dessus : http://www.bitscherland.fr
« Comme le reste du duché de Lorraine, Bitche fut rattachée à la France en 1766. Une nouvelle enceinte protégea la ville à partir de 1844 et en 1850, Bitche fut promue forteresse de première classe. »(4) Elle « vit sa défense renforcée. On l'entoura d'une nouvelle enceinte et on construisit sur la colline de la Roche-Percée un fortin, le fort Saint-Sébastien, complété par un camp retranché »(3). « Sa citadelle repoussa toutes les attaques : en 1793 face aux Prussiens… »(4)
Puis « En 1866, peu avant la guerre, il fut décidé que Bitche verrait le passage du train et que la ville serait dotée d’une gare. L’empereur Napoléon°III lui-même en avait décidé ainsi sur intervention du baron de Geiger. Cependant une polémique s’en suivit car la compagnie voulait implanter la gare trop loin de la ville. »(3) Finalement, le projet se concrétisa et « Bitche obtint gain de cause (…) la proximité de la gare fut un atout lors de la guerre de 1870. »(3) Aussi « la construction de la voie ferrée Sarreguemines-Haguenau fut entreprise (1868-l869). »(3). Cela permit « (…) de désenclaver la place et (…) l'acheminement rapide de troupes »(3) « Tous ces travaux attirèrent une forte main d’œuvre à Bitche dont le commerce local en tira un large bénéfice. Des immeubles bourgeois bordant la rue de Sarreguemines furent les témoins de cette prospérité. »(3)
© Photo ci-dessus : http://www.bitscherland.fr
UN PETIT CHEF-D’ŒUVRE DE FORTIFICATIONS MILITAIRES
L’ouvrage militaire réalisé à Bitche dépasse toute attente ! Quelle majesté ! « Ma patrie est partout où rayonne la France, où son génie éclate aux regards éblouis ! » disait Alphonse de Lamartine (extrait de « La Marseillaise de la Paix »). La citadelle symbolise à elle seule ce génie créatif français et ressemble au cœur pur d’une jeune femme refusant de se laisser conquérir. Un survol de son site laisse découvrir, outrageant, ces délicieux atours…
« Le nouveau château, appelé plus tard la Citadelle (…) comprend un plateau central bastionné, précédé à l’est par la Grosse Tête et à l’ouest par la Petite Tête. La partie la plus impressionnante est constituée par la courtine sud. C’est un bloc de rocher de 20 m de haut et de 210 m de long formant un bouclier efficace contre n’importe quel bombardement. Des séries d’obstacles devaient empêcher l’ennemi de s’en approcher : fossé sec de 2,90 m de profondeur et 5,80 m de largeur, chemin couvert avec ses traverses, glacis avec une pente de 45°. Afin de protéger cette longue courtine, on aménagea deux bastions à ses extrémités. Celui situé près de la Petite-Tête fut accolé au rocher et casematé. Par la suite, on construisit sur le plateau inférieur, au milieu de la courtine, un bastion bas qui était relié au plateau supérieur par un escalier à vis. Des poternes donnaient accès au fossé d’où des rampes permettaient de transférer des pièces d’artillerie de campagne vers les places d’armes aménagées sur le chemin couvert.
La courtine nord, construite d’après le même schéma, est pourtant moins spectaculaire. Davantage exposé aux intempéries, le rocher est protégé par un mur. Les éboulements montrent combien cette exposition à la pluie et au gel pouvait nuire à la solidité des constructions. Certes, on essayait par des saignées de canaliser les eaux de suintement, mais on n’a jamais pu enrayer de façon définitive l’action destructrice du gel lors des grands froids. Il est vrai, que ces murs, qui n’étaient que des murs de parement, même éboulés ne diminuaient en rien la force défensive du château ; l’épaisseur du rocher était tellement importante.
Les courtines courtes étaient protégées l’une par la Grosse-Tête, l’autre par la Petite-Tête. Deux ponts (…) mobiles, communiquaient à ces deux ouvrages, séparés par de profondes gorges taillées dans le rocher. Sous chaque pont, on aperçoit une caponnière qui assurait la liaison souterraine. La Grosse-Tête, monumentale, chargée de défendre toute approche du château côté nord (…) comportait un ouvrage à corne avec un balcon, situé en contre-bas. Un escalier à vis permettait d’y accéder ainsi qu’au petit ouvrage à corne du plateau inférieur. La petite-Tête est d’une conception tout à fait différente. C’est une demi-lune dont l’angle arrondi est tourné vers l’ennemi. Placé devant les bastions, elle permettait de battre le terrain. Un couronné, ensemble d’ouvrages de fortifications divers, reliés par des pas de souris, l’entourait.
Ces fortifications impressionnantes étaient complétées par un dispositif interdisant ou compliquant au maximum l’approche de l’entrée du fort. On avait ainsi aménagé (…) un ouvrage avancé, appelé queue d’hironde. (…) Les ingénieurs avaient, d’autre part, imaginé un ensemble d’obstacles qui devaient empêcher un éventuel assaillant d’atteindre le plateau supérieur : 1° Un pont-levis qui pouvait être actionné par la garnison du corps-de-garde (…) ; 2° Une rampe dénudée qui plaçait les assaillants sous le feu des défenseurs installés sur le parapet du plateau supérieur ou dans les casemates du bastion 4 ; 3° Un deuxième pont-levis, placé devant l’entrée proprement dite ; 4° Une solide porte en chêne (…) ; 5° Une herse ; 6° Un passage voûté, véritable nasse pour les attaquants (et coudé afin d’éviter l’effet destructeur d’un tir de canon, ndlr).
Toutes ces entraves, ainsi que la hauteur des remparts, empêchant toute escalade, expliquent pourquoi la forteresse de Bitche était considérée comme imprenable. »(2)
Le premier bâtiment que l’on trouve sur le plateau est le corps de garde principal, érigé en 1743 ; ainsi que d’autres constructions situées à proximité. Le magasin à poudre, représentant le point le plus sensible, est d’une conception massive, aux murs épais et aux solides contreforts. La chapelle reste le seul vestige du château construit sous Vauban. Elle présente la particularité d’être construite sur un rocher dans lequel a été creusée une immense citerne qui recueillait l’eau de pluie tombant sur le plateau. La boulangerie était un édifice à deux étages. Et l’arsenal comprenait dans ses salles voûtées les ateliers de réparation.
© Photo ci-dessus : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Sedan/143737
L’EFFONDREMENT DU SECOND EMPIRE
N’ENTAMA EN RIEN LA DETERMINATION DE BITCHE !
Pendant toute la première moitié du XIXe siècle, la population de Bitche avait connu un relatif répit qui fut interrompu par les tensions entre la Prusse et Napoléon III. Le Second Empire fut particulièrement faste pour le Bitcherland, puisque de nombreuses industries, notamment des verreries et des usines métallurgiques, s’y implantèrent et connurent une rapide prospérité.
Malheureusement, dans un contexte national et international incertain… « Le ministère Ollivier, bien que libéral, doit de plus en plus se soucier de l'extrémisme des mouvements ouvriers qui reprennent leurs grèves dès 69. En outre, l'opposition qui s'est polarisée vers le radicalisme ou le socialisme-révolutionnaire, multiplie les manifestations de rue. Sur le plan extérieur, après la victoire de la Prusse sur l'Autriche, Napoléon exige une multitude de concessions de la part de la Prusse, de telle sorte que Bismarck fait savoir que l'Empereur Guillaume refuse de recevoir les ambassadeurs français. Ceci met en émoi l'opinion française et l'Assemblée vote les crédits de guerre. »(5) De plus « la fameuse dépêche d’Ems, par laquelle " la France s’était sentie souffletée " mit le feu aux poudres. »(3) De ce fait, le 17 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse.
De l’autre côté du Rhin on attendait que cela. « Le rêve de Bismarck était l’unification de l’Allemagne sous l’égide de la Prusse et pensait qu’une guerre franco-allemande pouvait l’y aider. »(3 La défaite deux mois plus tard entraînera la fin du Second Empire…
Placé en première ligne, lors de l’éclatement de la Guerre de 1870-1871, le Pays de Bitche fut occupé dès les premiers jours. Après les défaites de Wissembourg et Woerth, les allemands pensant que les troupes françaises s'étaient retirées vers Bitche s’y ruèrent depuis Pirmasens. Or, la citadelle, assez bien pourvue en hommes et en munitions, était depuis peu sous le commandement du Colonel Teyssier. Lorsque le 8 Août, les troupes allemandes s’approchèrent de la citadelle, elles furent accueillis par des tirs d’artillerie meurtriers et durent se retirer, prévoir le siège de la place. Le Colonel Teyssier avec ses troupes composées d'un bataillon du 86e d'infanterie de Ligne sous les ordres du commandant Bousquet, de douaniers, de gendarmes et de rescapés des armées en déroute soutinrent le siège. « A plusieurs reprises, des émissaires allemands se présentèrent à la citadelle pour exiger la reddition des assiégés. La réponse de Teyssier restait invariable, il ne sortirait de la citadelle que sur ordre du gouvernement français. »(3) Au refus de la garnison de se rendre, les allemands opposèrent le feu nourrit de leur artillerie, semant mort, incendie et destruction. Deux bombardements ne changèrent rien à la décision des défenseurs. Un troisième bombardement, de 11 jours et de 11 nuits, en septembre 1870, démolit les bâtiments du fort et les trois-quarts des habitations en ville. La garnison, stimulée par l'ardeur et le patriotisme de son chef ne capitula jamais face à l'ennemi. Le Colonel Louis-Casimir Teyssier, l’héroïque défenseur de Bitche, est né à Albi le 25 août 1821. Officier militaire, il participa aux campagnes de Crimée en 1855 et d'Italie en 1859.
Et tandis que Bitche résistait, le pouvoir accumulait les erreurs fatales ! « (…) La France est isolée diplomatiquement, ses effectifs sont minces et les défaites s'accumulent. Elle capitule le 1er septembre 1870 à Sedan, lorsque Napoléon III, ayant pris la tête du reste des troupes, est fait prisonnier. La paix sera signée le 10 mai 1871 par la nouvelle Assemblée, Bismarck ayant exigé un interlocuteur légalement reconnu. Le traité de Francfort fixe la cession de l'Alsace et de la Lorraine par la France. A Paris, le ministère qui a remplacé celui d'Ollivier, est plus autoritaire. Des groupes d'ouvriers envahissent l'Assemblée nationale, puis, avec à leur tête, les députés républicains Gambetta et Favre, ils gagnent l'Hôtel de ville et font proclamer la République. C'est l'éclatement de la Commune, le peuple parisien prend les armes. »(5)
© Photo ci-dessus : http://www.bitscherland.fr/
« Très vite, des comités de vigilance révolutionnaires et une fédération des bataillons de gardes nationales se forment dans le peuple, et s'organisent afin de reprendre le pouvoir vacant. En effet, le gouvernement et l'Assemblée se sont réfugiés à Versailles. Des élections se tiennent le 26 mars à Paris et une Assemblée communale regroupant des travailleurs et des journalistes est élue. L'unité de la nouvelle assemblée se défait bientôt et l'agitation révolutionnaire envahit Paris. D'autre part, la capitale est isolée, la campagne et les villes de provinces ne suivent pas le mouvement. Soutenus par Bismarck, les réfugiés de Versailles entrent dans Paris en mai et écrasent la résistance des barricades rapidement. L'instauration de la IIIe République suivra de près les répressions sanglantes. »(5)
Mais revenons à Bitche ! Du haut de l’actuel belvédère, situé sur le plateau, on peut s’imaginer les conditions dans lesquelles se trouvait la garnison. On remarque notamment que certaines collines environnant sont plus élevées que la forteresse, comme la Rosselle, d’une hauteur supérieure de 37 m. « Lors de la construction de la forteresse en 1710, cette position n’était pas handicapante car l’artillerie n’avait qu’une portée très limitée. Mais lors du conflit de 1870-71, cette dernière avait entre-temps fait d’énormes progrès. Les tubes rayés et une plus grande puissance de la poudre augmentèrent la portée et la précision des tirs de sorte que la forteresse de Bitche était pour les Bavarois installés sur les hauteurs de la Rosselle une cible idéale : les bâtiments furent détruits dès les premiers bombardements et les mouvements de la garnison fortement contrecarrés lors du siège. Heureusement les souterrains, dont la solidité était à toute épreuve, constituaient un abri sûr. »(2)
© Photo ci-dessus : http://tourismelorraine.canalblog.com
UN VERITABLE GRUYERE DEFENSIF
TAILLE DE MAINS D’HOMMES DANS LA ROCHE
« Une des particularité de la forteresse constitue incontestablement la diversité de son réseau de souterrains. Rares sont, en effet, les fortifications de ce type à posséder un tel dédale de casemates et de galeries taillées dans le rocher. Bien que leur construction remonte au milieu du XVIIIe siècle, ils se trouvent en fort bon état et n’ont, contrairement aux bâtiments de surface, guère souffert des nombreux bombardements. »(2)
Un petit tour des installations s’impose !
Le bastion 2, construction casematée, jumelée à deux étages, comprend des murs de 5,50 m d’épaisseur et une trappe d’aération à ouverture avec chatière située sous le terre-plein. Des anneaux au plafond rappellent qu’à l’origine le plancher était suspendu. Une fois fixé, il a permis la création d’une salle supplémentaire vite transformée en hôpital, pendant le siège de 1870-71. A l’étage inférieur, à 17 m sous le terre-plein, deux salles étaient réservées aux blessés graves. L’une d’entre elle possédait un foyer, indispensable aux soins infirmiers des malades, et des latrines.
Une pièce suit, ainsi qu’une cave à vin, puis une étroite galerie, creusée en 1870 par les douaniers affectés au fort. Mineurs improvisés, ils réussirent l’exploit de réaliser ce forage en treize semaines ; assurant ainsi la liaison souterraine continue du fort. Un autre local occupant toute la largeur du rocher servait d’étable, de moulin et d’abri. « Une porte, donnant sur le tunnel de l’entrée principale, permettait aux bestiaux de pénétrer de plain-pied dans l’étable. »(2) Après la destruction de la boulangerie du plateau supérieur, la boulangerie souterraine comprenant deux fours prit la relève, assurant à toute la garnison la fourniture en pain. Au-dessus, dans une grande pièce aménagée, pour éviter que ne moisisse la farine on stockait les sacs.
Ensuite, un immense hall servait de dortoir à huit cents hommes de troupe, durant le siège. Le froid, malgré quatre grandes cheminées, la proximité des mauvaises odeurs de l’étable, le bruit permanent, la lumière blafarde, la longueur du conflit, éprouvaient un peu plus nos courageux assiégés. Leur seule compensation, et non des moindres, résidait dans la totale sécurité qu’offrait cette pièce. Aucun obus ne pouvait l’atteindre ! La dernière salle reste incontestablement la plus belle. Crypte romane à l’échelle humaine, dédiée au repos des officiers, elle est nettement moins haute. Elle comporte aussi quatre cheminées…
Oui vraiment, « on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée admirative pour les ingénieurs de Louis XV qui, il y a deux cent-cinquante ans, conçurent ce chef d’œuvre de fortification souterraine qui sut braver le temps et les bombardements les plus violents. »(2)
© Photo ci-dessus : http://www.bitscherland.fr/Histoire/siege-1870.html
UNE FIN DE CONFLIT EPIQUE
Après plusieurs tentatives infructueuses de percer les lignes ennemies pour désenclaver la citadelle, qui coûtèrent chères en vie humaines, la garnison de 2500 hommes fut sommée à nouveau de se rendre, mais elle ne voulait toujours pas céder ! « le 9 mars 1871, le Conseil Municipal décida de faire confectionner un drapeau avec l’inscription : « la ville de Bitche à ses défenseurs : 8 août 1870 – 12 mars 1871. » Le 15 mars, au cours d’une cérémonie émouvante qui eut lieu au Camp retranché, le drapeau fut solennellement remis aux défenseurs. »(4)
Dans un dernier ordre de la Place du 23 mars 1871, le colonel Teyssier avait dit à ses soldats : « Un peu plus tard, chacun de nous sera fier de pouvoir dire "j'étais à Bitche", mes braves camarades je vous serre la main à tous et vous dis au revoir. » La citadelle « ne cessa le combat que sur ordre spécial (et écrit, ndlr) du gouvernement, le 25 mars 1871, soit un mois après la signature des préliminaires du traité de paix du 21 février 1871… »(2)Bitche invaincue, fut la seule place forte de cette terrible guerre restée française après l’armistice. Mais, la résistance héroïque de la forteresse ne put empêcher l’annexion à l’Empire allemand. Ayant obtenu les honneurs de la guerre, la citadelle ouvrit ses portes. « La garnison quitta la ville, drapeau en tête, les Allemands faisant la haie d’honneur et sous les ovations des Français. Le 26 mars, le (Colonel, ndlr) Teyssier remit les clefs de la place au colonel Kohlermann. »(4)
Les vaillantes troupes de Bitche se retirèrent avec armes et matériel afin de rejoindre l'armée française, acclamées tout le long du parcours par les populations des villes traversées. Ces fiers soldats pensaient certainement à leurs camarades tombés non loin de là, à Gravelotte ; et à ceux de Belfort qui se sont aussi battus « comme des lions », sous le commandement d’un autre héros, le Colonel Pierre, Philippe Denfert-Rochereau, gouverneur de Belfort, permettant ainsi au Territoire du même nom de rester français !
« Le 10 mai 1871 fut signé le traité de Frankfort qui confirmait l’annexion de la Lorraine, Bitche devenait une ville du « Reichsland ». D’après ce même traité, les sujets français qui désiraient garder la nationalité française pouvaient quitter le territoire occupé. Devant l’ampleur des demandes, les Allemands cherchèrent à compliquer les procédures pour décourager ceux qui avaient « opté ». Finalement 110 personnes quittèrent Bitche dans le cadre de cette procédure. »(4) L'annexion forcée de 1871 a été très mal vécue par la population locale et nationale.
© Photo ci-dessus : http://www.bitscherland.fr/Histoire/siege-1870.html
Le siège de la Citadelle de Bitche dura en tout 230 jours ! Avec une garnison disparate, elle a su résister victorieusement aux attaques d'un ennemi dix fois supérieur en nombre. La ville martyrisée, incendiée par les obus, vît sa population chuter de 2700 à moins de 1000 âmes, dont seulement 119 hommes valides ! La ville, détruite à 80 % comptait : « 121 immeubles (…) complètement détruits et 184 partiellement. »(3). « Les troupes françaises revinrent à Bitche (seulement… , ndlr) le 22 novembre 1918. »(3) La ville était à nouveau ruinée. « Le 5 janvier 1919, le drapeau remis au (Colonel ndlr) Teyssier fut ramené par son fils Jean Teyssier. »(3)En 1871, la commune ayant été arrachée au territoire national, aucune récompense ne put lui être décernée pour son héroïque résistance. Nos officiels rattrapèrent ce retard, le 14 juin 1919, quand fut confirmé son retour dans le doux foyer de la Patrie. Elle reçut alors la Légion d'honneur. « Le 22 août 1919, le Président de la République Poincaré rendit visite à Bitche pour lui remettre officiellement (…) (cette décoration, ndlr). »(3)
Suite à son esprit de sacrifice pour la France, la ville de Bitche peut inscrire sous l’écu de ses armoiries, sur une banderole en lettres d’or la devise de Nancy : « Qui s’y frotte s’y pique » ou la devise particulière : « Je mords derrière comme devant ». Le Colonel Teyssier a été pour le peuple de France une sincère figure de proue de la résistance nationale. « La gloire a sillonné de ses illustres rides le visage hardi de ce grand Cavalier qui porte sur son front que nul n’a fait plier le hâle de la guerre. »(6) Exemple à méditer…
© Jean Dorval, le 13/12/2004, pour LTC Grands Reportages.
Notes :
(1) appelée aussi « la Pierre des Douze Apôtres », à Meisenthal (Moselle)
(2) «Bitche et son pays » - édition française – Bonechi
(3) <www.ville-bitche.fr>
(4) Moselle - Metz et le Pays Messin, Pays de Bitche, Nied, Sarrebourg, Saulnois, Trois Frontières et Bassin Houiller (Casterman/Serpenoise) – le Guide
(5) <http://tecfa.unige.ch/>
(6) José Maria de Heredia : « Les Trophées »
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TRANCHE DE VIE PAR JD : "L'APRES P'TIT DEJ' OUVRIER..."
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LACHAUSSEE EN MEUSE : DECOUVERTE DU THEATRE TANGENTE VARDAR A LA GRANGE THEATRE
Simon Brouard vous invite à connaître l'activité de diffusion et de programmation artistique du "Théatre Tangente Vardar", à la Grange Théatre. Il veut sensibiliser les gens au "spectacle vivant"...
Alors, voici les coordonnées du THEATRE TANGENTE VARDAR A LA GRANGE THEATRE :
6 rue de Riauvaux 55210 LACHAUSSEE
Tél. : 03.29.89.90.23
INFOS PLUS :
http://www.theatre-tangente-vardar.com
JD pour LTC LIve.
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LES BEST OF JD : « MARIEULLES-VEZON EN MOSELLE : UN ILOT DE TERROIR PRESERVE ! »
L'église fortifiée de Marieulles.
© Photos ci-dessus : http://fr.wikipedia.org
« Travaillez, prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins. (…) le travail est un trésor »(1) A moins de 15 km, au sud-ouest de Metz, la petite route des « Vins de Moselle », témoin du dur labeur des vignerons, serpente par Lessy, Scy-Chazelles, Vaux, Ancy-sur-Moselle, Dornot, Novéant-sur-Moselle… pour déboucher sur le village de Marieulles-Vezon. Les deux localités, séparées à l’origine, ont été réunies en une seule commune qui se fond dans un paysage de vallons croisés.
DES MONUMENTS SPIRITUELS…
Marieulles possède l’église Saint-Martin, datant du XIIIème siècle. Son clocher fortifié -°une tour massive, à trois étages et fenêtres de tirs - faisait partie de l'ensemble des églises fortifiées du Pays Messin, destiné à retarder une armée s'avançant sur Metz et à protéger les habitants des pillards. A l'intérieur, on peut admirer un chœur avec oculus (ouverture arrondie ou en forme d'œil) du XVème siècle. Cette église a été remaniée au XVIIIème siècle. Vezon quant à lui s’enorgueillit de sa chapelle terminée au début du XVIème siècle par les moines de Saint-Clément, et dédiée à Saint-Léonard ; saint patron fêté le 6 novembre et invoqué pour la libération des prisonniers, depuis les Croisades. En 1908, la chapelle est rénovée ; on y rajoute des vitraux (dons des familles du village) ; un autel en métal (le précédent était en pierre) provenant d'une paroisse de Montigny-lès-Metz (certainement de l’église Saint-Privat, datant du XIème siècle, et qui fut détruite) et la sacristie (abattue en 1994, car elle compromettait la stabilité du clocher). En 1922, on baptise la cloche en « ré » : « Jeanne d'Arc ». La fontaine dénommée « La Phhote » (prononcer « la Pschotte ») date du XVIIIème. Cette dernière aurait attiré les femmes enceintes en pèlerinage pour son eau ferrugineuse (classée de nos jours « non potable ») assurant une heureuse délivrance ; de même, la tradition prétend qu’elle guérissait les maux de gorge. Enfin, on s’intéressera aux calvaires de la commune. Sur Vezon on trouve le plus ancien, daté de 1796, situé au Paquis ; et celui du chemin de Corny, érigé en 1979 par les habitants, en remplacement d’une croix brûlée naguère par les allemands. Dans la même veine, à Marieulles, en face du cimetière, est érigée une très belle croix de bois (non datée), sertie de sapins, avec un Christ très expressif en métal ; et à la Croix Maréchal, un bel édifice mentionne pieusement : « O Christ, notre salut et notre foi, 1967 ».
Le vignoble de Marieulles-Vezon.
© Photos ci-dessus : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr
…DES HOMMES SPIRITUEUX
La Moselle fait partie de ces terroirs de plus en plus appréciés, dans l’Est de la France, en Allemagne et au Luxembourg, pour ses qualités viticoles. Elle doit tout au fleuve du même nom qui a creusé son lit en son sein, tempérant ainsi la rigueur climatique des flancs de ses coteaux, accueillant une multitude de petites parcelles ; véritable objet de culte ! Des vignes de Vezon, en 1945, il ne restait plus que 2 hectares… Depuis, les familles Jaspard(2), les précurseurs, et Oury-Schreiber(3), de nouveaux exploitants, ont replanté l’arbre de Bacchus. Le vignoble, dont les grappes juteuses et charnues sont encore cueillies à la main, est conduit sur deux hectares en système bourguignon bas, de haute densité chez les Jaspard ; et sur quatre hectares, en vignes hautes, de conduite alsacienne, pour les Oury-Schreiber. Marieulles-Vezon, c’est aussi le berceau de l'appellation « Vin de Moselle » OVDQS (Appellation d'Origine Vin Délimité de Qualité Supérieure), et ce, grâce aux frères Jaspard, formés durant l'occupation à l'école Bourguignonne. Ici-bas se côtoient vins blancs, gris, rosés, rouges et champagnisés - selon la méthode traditionnelle - issus de cépages très divers : auxerrois, pinot blanc, gris et noir, gewurztraminer et gamay. Jusqu’à une période récente, chaque deuxième dimanche d'octobre, une fête des vendanges (avec messe) avait lieu, afin de déguster le célèbre « Petit gris de Vezon » ; événement traditionnel malheureusement abandonné faute de bénévoles pour l’organiser ! Cela n’empêche cependant pas les connaisseurs de se régaler à bonnes lampées, de ce vin bourru, blanchâtre, aux fines subtilités - tout juste tiré des cuves - parfumant onctueusement le fromage de tête ; et accompagnant à ravir la charcuterie lorraine, la tête de veau, ainsi que la quiche Lorraine. D’autre part, les Côtes de Vezon, domaine de Pierre Maucourt(4), sont constituées de vergers dont les fruits, la Poire-Williams, la Reine-Claude, la Quetsche, et particulièrement la Mirabelle, sont distillés pour fabriquer des eaux de vie. Alors, à gorge déployée chantons le feu sucré qui nous fait tourner la tête !
L'Auberge de Vezon.
© Photos ci-dessus : http://www.maitresrestaurateurs.com/aubergedevezon/
LARD DE LA CUISINE…
La visite en plein air de ce village ouvrant l’appétit, une bonne table reconstituera les forces du visiteur épicurien. Et comme le dit si bien un dicton local : « Les gens de Vezon sont à table jusqu’au menton ». Aussi, pour le prouver et se faire plaisir aux papilles, l'auberge de Vezon(5), tenue par M. et Mme Germain, située au centre du village, est une véritable corne d’abondance et un havre de paix. On vous y propose une cuisine traditionnelle, de nombreuses spécialités « maison » (régionales ou non, comme la tête de veau, le magret de canard aux mirabelles… ) servies en intérieur dans un cadre rustique, et aux beaux jours, sur une belle terrasse surélevée. On prie instamment le Chef de remitonner ses délicieux pieds de porc, panés ou farcis, accompagnés de patates sautées et d’un lit de salades. En vin, vous goûterez, bien sûr, le fameux « Petit gris de Vezon ». D’autre part, sur les hauteurs de Marieulles, Aurélia et Roland(6) assurent, pour les marcheurs une formule plat du jour et dessert (cochon de lait ou queue de bœuf en gelée, fromage de tête au gris de Vezon, terrine de porc aux trompettes de la mort… et tarte aux fruits de saison). Là aussi, que du frais et du « fait maison » !
Au pays du « Moselle », les travailleurs de la Terre Sacrée usent plus vite leurs godillots que le temps les pierres des monuments. Assurément « Le goût est le bon sens du génie »(7) Français. Mais là encore « Il faut (…) avoir de l’âme pour avoir du goût »(8) ! Ainsi, selon ce principe millénaire, ces lieux, élus de toute éternité, vérifient quotidiennement que le spirituel se confonde bien avec le spiritueux, afin d’élever les âmes, et ce, pour la plus grande gloire du Créateur ! Le sang de la vie reste le sang de la vigne !
© Jean Dorval, le 17/07/06, pour LTC Grands Reportages.
NB : L’accès à Marieulles se fait de la D67 par Arry (côté N57), et celui de Vezon, par la D68 (bifurcation à Fey sur la D66), sortie d’autoroute n° 29
Notes :
(1) Extrait de « Le Laboureur et ses Enfants » de Jean de la Fontaine
(2) Georges Jaspard, propriétaire récoltant, 28 rue des Vignerons 57420 Vezon ; tél. : 03.87.52.80.19 (ouvert la semaine après 18h00 et le samedi de 08h00 à 19h00)
(3) Domaine Oury Schreiber, producteur de Vin de Moselle, 29 rue des Côtes, 57420 Marieulles-Vezon ; Tél. : 03.87.52.09.02, Fax. : 03.87.52.09.17 ; E-mail : oury.pascal.viticulteur@wanadoo.fr ; visite et dégustation (réservation pour les groupes) du dimanche au jeudi de 07h30 à 19h30, le vendredi de 15h00 à 19h00, le samedi de 10h00 à 12h00 et de 17h00 à 18h00
(4) Distillerie « Côtes de Vezon », Pierre Maucourt (production, distillation, commercialisation et dégustation) 2 rue des Vignerons 57420 Vezon, tél. : 03.87.52.80.72, fax. : 03.87.52.09.07 ; visite guidée, sur rendez-vous, « A la découverte de la Mirabelle de Lorraine », en passant par les vergers, le cuveur à fermentation et la distillerie ; pour tout public, toute l’année
(5) Restaurant Auberge de Vezon, 58 rue des Vignerons, 57420 Marieulles-Vezon ; Tél. :°03.87.69.91.98 ; fermeture : mardi soir, mercredi toute la journée et dimanche soir
(6) Bar Restaurant « Le Coutiat Bar » (cuisine du terroir) 1 place Saint-Martin 57420 Marieulles ; tél. : 03.87.52.93.27 ou aurelia.houpert@wanadoo.fr (service du lundi au samedi midi, le soir et le dimanche sur réservation)
(7) Extrait d’« Essai sur la littérature anglaise » de Chateaubriand
(8) Extrait de « Réflexions et Maximes » de Vauvenargues
Sources documentaires :
et http://www.saveursdumonde.net/ency_10/france/lorraine.htm
- « Le Guide : Moselle, Metz et le Pays Messin, Pays de Bitche, Nied, Sarrebourg, Saulnois, Trois Frontières et Bassin Houiller », publié par Casterman/Serpenoise (1995)
- « Petit futé, Lorraine-Vosges 2004-2005 » édité par les Nouvelles Editions de l’Université
- remerciements à : un ecclésiastique souhaitant garder l’anonymat, M. Pierre MUEL (Maire de Marieulles-Vezon), M. Henri GELIX (un passionné d’histoire locale) et M. l’Abbé René Mayeur (l’ancien curé du village)
11:32 Publié dans LTC GRANDS REPORTAGES | Lien permanent | Tags : jean dorval, jean dorval pour ltc, jean dorval pour ltc grands reportages, poète lorrain, régionalisme, à scy-chazelles, faites le plein de, bon vivre, la revue lorraine populaire, rlp, nrl, la nouvelle revue lorraine, auberge, au petit tonneau, petit gris, de moselle, novéant, gorze, la gorzia, centre pompidou-metz, metz, moselle, lorraine, france, europe, ue, union européenne, législatives, 2012, présidentielles, jo de londre, londres, juex olympiques, de londres, montpellier, champion de france, footbal, metz handball, la dame de scy, madame pifflinger, opéra, opérette, musique classique, robert schuman, le père de l'europe, les best of jd, marieulles-vezon, « vin de moselle », ovdqs | Facebook |
LES BEST OF JD : « A SCY-CHAZELLES, FAITES LE PLEIN DE BON VIVRE. »
Perché sur le Mont Saint-Quentin, sur les Côtes de la Moselle, se trouve la mère patrie du petit vin de Scy : le pittoresque village de Scy-Chazelles. Dès le 3ème siècle, l’empereur romain Probus autorisa la culture de la vigne dans le nord de la Gaule. A l’époque, le vin des Côtes de la Moselle était acheminé par les navigateurs de la Moselle. Au Moyen-Age, les abbayes et seigneuries poursuivirent l’œuvre romaine. Du 18ème siècle jusqu’au milieu du 19ème siècle, le vignoble mosellan assure l’essentiel des revenus des villages. Puis arrive le déclin, dû à la révolution industrielle ; mais surtout aux ravages du phylloxera, du mildiou et de l’oïdium. Il faudra attendre la publication d’un décret du Ministère de l'Agriculture, en 1986, officialisant le label d'appellation d'origine Moselle et la production des VDQS (Vin Délimité de Qualité Supérieure), pour que ressuscite le vin de Scy.
LA DAME DE SCY
L’auberge « Au Petit Tonneau », une des plus vieilles maisons de Scy-Chazelles, fut dès 1750, une coopérative vinicole royale, jusqu’à la Révolution. Au XIXème siècle, successivement s’y installèrent des vignerons, des marchands de vin et des cafetiers-restaurateurs. En 1945, la reprise d’activité est assurée, on rajoutera même un jeu de quilles et une épicerie. En 1962, M. et Mme Pifflinger en font l’acquisition ; leur fille Brigitte a pris la suite.
Cet établissement original, qui fait café, tabac, épicerie, est accessible par une terrasse verdoyante, dont la vigne grimpante rajoute au cachet. L’entrée débouche directement sur le tabac et l’épicerie, dont l’originalité oscille entre les plaques de publicité anciennes, les gravures d’Albert Haeffli et la diversité des produits régionaux vendus ; comme la charcuterie lorraine (saucisson, fuseau, jambon, pâté lorrain, tourtes… ), les gâteaux ou tartes « maison » de saison (pommes, rhubarbe, mirabelle, fromage blanc… ), les mirabelles au sirop, le vin gris de Scy ; et même, le petit « dépannage », voire un peu de brocante.
Dans la pièce attenante, on découvre le café. Ici, Robert Schuman, le « Père de l’Europe », qui a vécu et a été enterré à Scy-Chazelles, s’arrêtait souvent. Ce cadre « authentique », aux allures de bistrot, séduit de suite par ses tons chauds, son ambiance intimiste. La cheminée, c’est « l’âme de la maison ! », précise La Dame de Scy, entourée de meubles anciens ; de faïence lorraine ; de nappes, rideaux et lampes au motif Vichy blanc et rose ; d’un mur de pierre patiné ; de poutres apparentes ; d’un antique poêle allemand Karl Hauffen en céramique ; d’un vieux comptoir en zinc ou de représentations de scènes naturalistes. Dans ce décor d’un autre siècle, on peut déguster des spécialités lorraines (sur commande uniquement), comme le cochon de lait en gelée servi avec la salade de pommes de terre (Recette que Madame Pifflinger Brigitte a communiqué à Jean-Marie Cuny pour son célèbre ouvrage « la cuisine lorraine » paru en 1971) et une bonne bouteille de vin de pays ; que dans le temps on aurait rempli à la cave, directement au tonneau.
La Dame de Scy, adepte des arts culinaires, se passionne aussi pour la musique ; alors n’hésitez pas à lui parler de jazz, de musique classique, d’opéra et d’opérette. Comme quoi esprit et estomac sont souvent liés… Alors prêt à réserver une bonne table ?
© Jean Dorval, le 01/04/06, pour LTC Grands Reportages.
Les coordonnées de l' Auberge "Au Petit Tonneau" :
5 rue Saint-Nicolas 57160 – Scy-Chazelles,
Tél. : 03.87.60.02.24 (fermé le lundi).
Sources documentaires :
- Le recueil « Vieilles maisons au Mont Saint-Quentin », par le Mouvement Culturel du Ban-Saint-Martin (1998)
- Les sites :
http://www.mairie-scy-chazelles.fr/accueil.asp
et http://www.vin-de-moselle.com
© Crédit photos : Jean Dorval 2006, pour LTC.
Deux vues intérieures de l'Auberge...
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23/05/2012
HOMMAGE A GAINSBARRE BY JD...
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BEATRICE GROSS, CHEF D’ORCHESTRE DU BALLET SOL LEWITT AU CPM (en mode Lucinda Childs), LE TEMPS D’UNE EXPO.
Le Centre Pompidou-Metz (CPM) rend hommage à l’artiste conceptuel américain Sol LeWitt (1928-2007), jusqu’en juillet 2013. Pour ce faire, il lui dédie, en Galerie 2, sur une superficie de 1.200m2, une rétrospective inédite de ses Wall Drawings (dessins muraux). D’une envergure sans précédent en Europe, ce parcours de la carrière du Maître va de ses premières à ses dernières réalisations. Les dessins sélectionnés reflètent à la fois l’extraordinaire cohérence de ses explorations systématiques (séries et combinaisons rigoureuses d’éléments géométriques) et l’étonnante diversité de sa pratique, aussi bien dans l’évolution des formes (de figures géométriques simples à ses « formes complexes » ou « continues ») que des matériaux utilisés (crayon à mine, pastel gras, lavis d’encre, peinture acrylique et graphite).
Béatrice Gross, Française de New York, a travaillé trois ans durant, sur ce défi (d'Art-)plastique, tant dans le choix des pièces exposées que dans la mise en œuvre de celles-ci. Cette commissaire âgée de 33 ans, qui a fait ses premières armes au MoMa de New York, a installé dans 16 hautes alvéoles aux murs parfaitement lisses, construites au centimètre près (en parfait accord avec la Fondation Sol LeWitt), cette exposition hors norme, à la Charte Graphique très stricte. Le parcours chronologique est pensé comme un ballet de Lucinda Childs : pas de gras, pas de bavardages, juste l'art à l'état pur ! 100% artiste !
Béatrice Gross devant une des oeuvres de Sol LeWitt.
INTERVIEW DE BEATRICE GROSS BY JD.
JD : Bonjour Béatrice Gross, vous exercez le métier de critique d’art indépendante à New York. Vous êtes la Commissaire de l’exposition « Sol LeWitt, Dessins Muraux, De 1968 à 2007 » qui a lieu actuellement au Centre Pompidou-Metz, et ce, jusqu’au 29 juillet 2013, et qui consacre 33 « Wall Drawings » de l’artiste (parmi les 1.200 dessins qu’il a créé), soit la plus grande exposition d’œuvres jamais réalisé sur « LE » Grand Maître. En 2013, vous organiserez une autre exposition sur le thème de l’extraordinaire collection privée d’œuvre d’art de l’artiste. Quelles sont les œuvres qui ont votre préférence dans cette collection qui va d’Eva Hesse à Steve Reich, de Robert Mangold à Hanne Dardoven, de Robert Ryman à des centaines d’inconnus, et pourquoi ?
BG : Pardonnez-moi, mais je ne veux pas préférer d’œuvre en particulier. C’est une collection magnifique qui a quelque chose de très organique. Vous savez, c’est comme une chose vivante qui évolue avec le temps. L’artiste a collectionné dès le début toutes ses œuvres. Enfant, il collectionnait déjà les timbres… « LA » Collection était vraiment une autre de ces pratiques, à côté de la pratique artistique. En plus, cette collection s’est constituée à la faveur d’échanges et de dons plutôt que d’achats. Et même, si des achats ont pu avoir lieu plus tard dans sa constitution (il y a près de 4.000 œuvres), les échanges et les dons se faisaient entre amis, entre pairs, entre gens qui se respectaient, avec des personnes que Sol LeWitt respectait particulièrement. Ces œuvres sont fascinantes avec un cœur de collection d’art minimal et d’art conceptuel, mais avec aussi de l’art post-minimal, de la peinture aborigène d’Australie, des partitions musicales qui vont de Steeve Reich à Philip Glass. Et puis, il y a du mobilier de Gerrit Rietveld, des travaux de l’Arte Povera (qui est une « attitude » artistique, plutôt qu'un « mouvement » artistique, un concept que les artistes italiens de l'Arte Povera ont toujours rejeté depuis 1967). Il a aussi de très belles œuvres de Daniel Buren, etc. Donc, cette Collection Sol LeWitt comprend beaucoup de choses. C’est pourquoi, il ne faut pas instaurer de l’hiérarchie entre ces œuvres, toutes plus importantes les unes que les autres. Sol LeWitt s’intéressait à l’Art passionnément, et on va montrer ces œuvres avec passion aussi, encore une fois sans hiérarchie.
JD : Vous n’avez vraiment pas un « Petit Coup de Cœur » pour une de ces œuvres ?
BG : Ecoutez des coups de cœur, j’en ai plein, mais c’est à titre personnel. Je crois que ce n’est pas très important. Je crois qu’il y a beaucoup de très belles œuvres qui me touchent.
JD : Juste une petite œuvre pour me faire plaisir…
BG : Il y a notamment une des œuvres de Fred Sandback. Vous savez, ce sont ces œuvres situées dans l’espace, dessinées comme un espace négatif, représentées simplement par des petits fils. Il y aussi une œuvre de Donald Judd, un artiste plasticien et théoricien, et une magnifique série d’Eva Hesse, qui a joué un rôle central dans la transformation de la sculpture dans les années 1960. Il s’agit donc d’œuvres très précieuses, très belles et très fragiles. De même, on trouve des séries exceptionnelles d’Hanne Darboven qui a participé à de nombreuses expositions internationales. Son œuvre est proche de l'art conceptuel. Il est donc très difficile de faire un choix parmi tous ces chefs-d’œuvre.
JD : Exposerez-vous tous ces choix d’œuvres, dont vous venez de me parler, dans la future exposition sur la Collection LeWitt ?
BG : Naturellement !
JD : Donc ce sont de « vrais coups de cœur » ?
BG : Oui, ce sont des coups de cœur, fondés historiquement. Les raisons premières de ces choix sont que ces œuvres en tant que tel sont absolument magnifiques, en plus, elles étaient très importantes pour Sol LeWitt. En dernière instance, mon choix est motivé par ma préférence pour des œuvres que j’aime plus que d’autres.
Wall Drawing #1171 - Cinq degrés de crayonnages : un cube sans un cube ; un cube sans un coin. Graphite.
JD : Béatrice, Sol LeWitt a organisé l’échange d’œuvres d’art partout dans le Monde, soit avec des artistes reconnus, des étrangers, des amis, des fans, etc. Ce projet faisait partie de sa pratique conceptuelle dans un exercice qui a cassé le modèle traditionnel de l’échange de biens artistiques établi par le marché de l’art et les grandes maisons internationales d’enchères. Que pensez-vous de ce « troque conceptuel » ? Pensez-vous que le Musée d’Art Moderne de Paris pourrait faire de même avec d’autres musées afin de varier l’offre des œuvres exposées au Centre Pompidou-Paris ou Metz ?
BG : Je ne peux absolument pas me prononcer pour le Musée d’Art Moderne de Paris, ni pour le Centre Pompidou-Paris ou Metz. Par contre, je peux vous parler de Sol LeWitt, un peu plus, si vous le souhaitez…
Cette pratique de la collection, je crois que chez lui, c’est une chose intuitive. Comme je vous le disais, Sol LeWitt était un collectionneur né. Il a commencé par les timbres, et puis il a continué très vite avec des œuvres, car c’est un passionné d’art, car c’était un artiste aussi, bien sûr ; mais surtout, parce que c’était un artiste passionné par l’art des autres, qui était extrêmement curieux, extrêmement généreux. Quant à savoir si c’est « une grande déclaration » sur le Marché de l’Art, c’est possible. Sol LeWitt, même si on ne s’en rend pas compte au premier abord en regardant ses œuvres, était quelqu’un qui avait des positions très marquées (même politiquement), à l’image de sa fameuse idée selon laquelle les artistes conceptuels sont d’avantage mystiques que rationalistes.
Sol LeWitt est très radical. Il avait été d’ailleurs un des tous premiers dans les années 60 à proposer de se détacher du Système des galeries commerciales, et de fonder une galerie dirigée par des artistes qui pourraient ainsi gérer leur propre carrière. Mais, comme vous le savez, cela ne s’est pas vraiment fait. Aussi, Sol LeWitt a travaillé avec beaucoup de loyauté avec un très grand nombre de galeristes, comme Samuel Lallouz. Ce rapport au marché de l’art, je crois qu’il l’a vécu avec beaucoup de simplicité, mais aussi avec beaucoup de réalisme. Il a travaillé avec des galeristes formidables, qui ont fait des travaux et un travail de soutien vraiment admirable. Mais, Sol LeWitt n'a jamais voulu travailler en exclusivité pour quelqu'un. C’est pour cela qu’il a multiplié ses interlocuteurs à travers le monde pour s'occuper de son travail. Cela ne l'a pas empêché de leur accorder à tous une loyauté sans faille et durable.
Wall Drawing #340A - Dessin en six parties. Le mur est divisé horizontalement et verticalement en six carrés égaux, bordés et séparés par des bandes blanches de 6 pouces (15 cm). A l'intérieur de chaque carré, une figure géométrique à l'extérieur de laquelle se trouvent des lignes parallèles noires horizontales, et à l'intérieur de laquelle se trouvent des lignes parallèles noires verticales. Toutes les lignes sont distantes de 1 pouce (2,5 cm). Les lignes horizontales ne pénètrent pas dans les figures - Pastel noir.
JD : Vous habitez à New-York et Sol LeWitt a démarré à New-York… Cela suscite quoi chez vous ?
BG : Comme beaucoup d’autres artistes Sol LeWitt est né à Hartford, pour être exact, dans le Connecticut. Il est vrai, qu’il a passé une grande partie de sa vie et de sa carrière à New-York…
JD : Au Musée d’Art Modern de New-York notamment…
BG : Effectivement, mais assez brièvement, pour que très rapidement il puisse vivre de son Art. Il a habité aussi en Italie dans les années 80. C’est quelqu’un qui a beaucoup voyagé. Il montrait énormément ses oeuvres, dix à douze expositions par an, depuis les années 70. Vous imaginez le travail colossal, à la fois en terme de création, et en terme d’exposition à montrer et à organiser, notamment à New-York, où je vis, une ville fantastique et très avant-gardiste.
Béatrice Gross.
JD : Merci Béatrice pour cet interview, bonne journée.
BG : Je vous remercie Jean.
© Propos recueillis, le 07 mars 2012, par Jean Dorval, pour LTC Arts, au Centre Pompidou-Metz.
INFO PLUS SUR L’EXPO :
http://www.centrepompidou-metz.fr/node/13802
© Crédit photos : Jean Dorval pour LTC 2012, Jean Dorval pour LTC 2012/Shigeru Ban Architects et Jean de Gastines Architectes, pour les photos représentant le Centre Pompidou-Metz, et Jean Dorval pour LTC 2012/Adagp, Paris 2012.
20:10 Publié dans LTC ARTS | Lien permanent | Tags : jean dorval pour ltc arts, ltc arts, sol lewitt, exposition, rétrospective, monographie, dessins muraux, wall drawing, de 1968 à 2007, les structures, buren, les sculptures, presse, centre pompidou-metz, metz, moselle, lorraine, france, europe, ue, union européenne, interview, hélène guenin, responsable, du pôle programmation, laurent le bon, directeur, béatrice gross, la commissaire, de l'exposition, expo, colors, noir et blanc, louvain, le m muséum, collaboration, vasarely, cinétiques, arts visuels, arts modernes, les conceptuels, lobe, julio le parc, gianni colombo, formes géométriques, la ligne, évolution, carrière, commissaire de l'exposition | Facebook |